Ma santé me joue quelques tours ; je lis dans la salle dattente du médecin un vieux « Psychologie magazine» (dont l'investissement est bien amorti si j'en juge son état) qui me livre le paradoxe du désir et de lamour : lamour demande de la proximité, de la confiance, du connu alors que le désir a besoin de distance, de mystère, dinconnu.
Serait ce la quadrature du cercle, la mission impossible que de faire durer amour et désir ? alors subitement, je comprends pourquoi tu as décidé de te sacrifier, partir au bout du monde alors que tu navais pas la moindre envie de quitter ton petit bout de jardin, ton lit douillet et ta petite femme chérie, tout ça, cétait pour préserver le futur : mettre de la distance entre nous pour faire perdurer le désir coûte que coûte.
Mais il faut que tu reviennes rapidement, ça nest plus possible.
« Les raisins de la colère » ont pris leau, dautres bouquins aussi dailleurs, il va falloir soccuper de cette fuite dans le bureau avant que les murs ne se couvrent de nénuphars.
Le frigo nest plus que lombre de lui-même depuis que tu nes plus là pour le remplir.
Ma maison est un royaume mais elle se transforme peu à peu en campement, les objets samoncellent en un bric-à-brac dangereux car plus personne ne se préoccupe de les ranger.
Bien sûr le désir est là plus que jamais, ma boite de réception ne se transforme jamais en boite de déception quand jy trouve tes messages.
La nuit je cherche ton corps pour me coller contre lui, surtout dailleurs depuis quil commence à faire un peu plus froid.
Quand tu mappelles, ta voix résonne en moi, la faire durer
encore, la sentir se déployer, prendre corps, tournoyer autour de moi, sengouffrer sous mes vêtements, remonter le long de ma colonne vertébrale, me faire frissonner, effleurer ma joue, mes lèvres, ne plus la laisser partir
En conséquence, tu lauras compris, je pense quil nest vraiment pas nécessaire que tu prolonges ton absence.
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