Parmi les dommages collatéraux de la guerre en Irak, en avril 2003, il y a eu une véritable catastrophe culturelle et archéologique qui pourrait se comparer à la destruction des grands bouddhas dAfghanistan par les talibans.
Jai parlé des dizaines de milliers dobjets archéologiques du Musée national irakien qui ont été dispersés, volés, rachetés, transférés un peu partout dans le monde. Quinze mille pièces de collection avaient même été volées sous les yeux de larmée américaine. Certaines avaient plus de neuf mille ans.
LIrak fut le berceau des civilisations. Cest donc lune des terres les plus riches de larchéologie mondiale. Or, tout ce beau patrimoine a été dilapidé avec les aléas de la guerre.
Je considère cependant que les centaines de milliers de vies humaines perdues sont évidemment bien plus graves que quelques tablettes en cunéiforme dont jai pu voir quelques épatants exemples à lexposition sur Babylone il y a deux ans au Louvre.
Voir :
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=69739
Après une réouverture en février 2009, le musée vient de refermer ses portes pour de gros travaux de rénovation (sécurité, éclairages, air conditionné etc.).
Depuis plusieurs années, trois enquêteurs du musée recherchent toutes les pièces perdues et essaient de les récupérer mais cest parfois juridiquement long. En tout, cinq mille pièces ont pu retrouver leur musée dorigine à Bagdad. Mais parfois, certains de ces objets ont été de nouveau perdus dans un entrepôt après leur rapatriement (on en a ainsi retrouvés qui ont croupi pendant plus dun an dans un bâtiment dépendant du Premier Ministre ).
La dépêche de lAFP du 22 septembre 2010 est cependant assez amusante pour être citée : « Le 7 septembre, le ministère des Affaires étrangères a ainsi reçu 500 pièces, dont plusieurs centaines de tablettes couvertes de caractères cunéiformes miraculeusement sauvées des ruines du World Trade Center après le 11 septembre 2001 ».
Cest quand même assez curieux : la guerre a eu lieu effectivement à la suite des attentats du 11 septembre 2001, mais seulement en 2003. Comment les tablettes pouvaient-elles donc faire un voyage non seulement dans lespace mais aussi
dans le temps ?
Lexplication, sans doute, cest quil ne sagissait pas de tablettes volées du musée, mais dobjets issus des nombreux autres vols que subit lIrak depuis plusieurs décennies dans douze mille sites archéologiques recensés.
Après, il faudra expliquer comment des tablettes en argile très fragiles (qui ont durci par des incendies, ce qui leur a permis de résister au temps) ont pu préserver leur intégrité dans un tel désastre du World Trade Center. Avaient-elles été placées dans des coffres extrêmement blindés ? Les humains y ont tous péri mais pas lhistoire quils auraient conservée.
En fait, il s'agit de trois cent soixante-deux tablettes au format de carte à jouer interceptées par la douane américaine en mars 2001 et placées dans un coffre au sous-sol du WTC. Elles dateraient de 2030 av. JC et comporteraient des reçus commerciaux, des poèmes, des prédictions futuristes... et elles n'ont pas encore été vraiment étudiées par les chercheurs.
Le pillage archéologique de lIrak nest pas le seul : pendant longtemps, beaucoup de pays (en particulier la France, la Grande-Bretagne et lAllemagne) ont pillé lÉgypte ancienne.
Aujourdhui, limpressionnant Zahi Hawass (secrétaire général du Conseil suprême des antiquités égyptiennes et vice-ministre de la Culture en Égypte) a même réussi récemment à récupérer quelques pièces égyptiennes stationnées en France. Le ministre de la Culture français, Frédéric Mitterrand, na pas bronché et en a accepté le rapatriement. Ce nest que justice.
Liens...
La dépêche sur le Musée national irakien :
http://minilien.fr/a0lqhn
Le mystère des tablettes du WTC :
http://www.nytimes.com/2010/09/16/arts/design/16tablets.html
Sur Zahi Hawass :
http://minilien.fr/a0lqhp
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