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je dis la vérité c'est tout, si c'est trop dur à supporter faut pas poser de questions par Lola lola

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Réédition Colum McCann ne délivre pas d’écrits vains. Tous ses ouvrages sont des bijoux, polis, travaillés, à multiples facettes chatoyantes. « Et que le vaste monde poursuive sa course folle* » entre dans la catégorie des livres précieux. Le roman débute avec l’histoire d’un homme qui marche sur un câble d’acier entre les deux tours du Word Trade Center, seul élément authentique du roman, fil tendu comme un lien invisible entre tous les personnages et aussi comme une image terrible et magique à la fois. Nos vies toujours en suspens, prêtes à basculer dans le vide ou à rebondir, funambules de nos propres existences, nous avançons en équilibre précaire. Le fil se déroule et une galerie de personnages, plus intenses les uns que les autres, expose ses doutes, ses blessures, ses douleurs. La noirceur n’est jamais loin chez McCann mais son écriture est si lumineuse, si limpide, si puissante que l’éclat contrebalance la mélancolie. Il semble écrire comme il respire et il aurait pu dans ce dernier roman continuer à l’infini, prendre n’importe quelles personnes habitant dans un immeuble du Bronx, ou à Park Avenue et faire naître un personnage. Chacun de ses livres, romans ou nouvelles, est reconnaissable par son style singulier et pourtant aucun ne se ressemble. Peintre de la modernité, il évolue, ne retombe pas dans des mécanismes d’écriture, habile, agile, il manie la plume avec dextérité, et son stylo comme un balancier lui donne la possibilité de regagner la terre ferme. Nous, il nous fait voyager, suspendus à ses mots, passagers éphémères et fragiles de ce vaste monde, témoins empathiques des vies brisées qu’il nous conte. Artiste de la pensée, fugace, qu’il parvient à saisir et à transcrire, Colum Mc Cann taille des joyaux, il passe à nos doigts une bague colorée, sertie d’une pierre que nous pouvons suivant l’angle de la lecture, voir se ternir ou briller. * Note de l’auteur : « Et que le vaste monde poursuive sa course folle vers d’infinis changements » est emprunté au poème Locksley Hall d’Alfred Lord Tennyson, lui même influencé par les Mu’allaquât, ou « les Suspendues », sept longs poèmes arabes du VI siècle.

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