Depuis une vingtaine d'année sur les chantiers de construction à l'export je ne fais que constater un vieillissement de la moyenne d'âge des personnels expatriés. Il est maintenant devenu très rare de trouver des gens de moins de 50 ans, voire 60 la plupart du temps.
J'ignore l'origine de ce phénomène que je déplore.
A mon arrivée sur le site de cette ferme éolienne ce qui m'a le plus surpris c'est la jeunesse des expatriés, rare sont ceux de plus de 35 ans.
Cette jeunesse fait du bien à vivre, elle fait même sourire parfois tant on sent bien que quelques uns sont convaincus d'être les maîtres d'uvre du sauvetage de la planète.
Pourtant au milieu de toute cette jeunesse il y a deux vieux « machins » de presque 60 ans chacun.
Ce sont les deux responsables au contact des trois entreprises Éthiopiennes qui exécutent certains travaux.
Au départ il y avait un jeune gars plein de bonne volonté qui n'a pas vraiment senti venir les pièges tendus par les partenaires, pressé par les délais les deux vieux furent conviés à remettre la machine en route sur d'autres bases.
Je suis l'un des deux, avec comme autres expatriés dans l'équipe Lionel le savoyard de 38 ans, responsable des forages pour les ancrages de haubans, Bénédicte adorable petite parisienne de 32 ans responsable des essais de sol, Mathilde la très dynamite Stéphanoise de 23 ans responsable de la conformité des plans et de certaines tâches très techniques.
Autour de nous les équipes topos, un peu de secrétariat, un gars du planning et évidemment nos partenaires Éthiopiens dont nous essayons d'améliorer les performances.
A force de patience et de pédagogie on y arrive.
En dehors du boulot pas grand chose pour moi, le soir quand je rentre à la maison il est 18 h et je suis rincé, les infos sur le net, un peu de pcc et à 21 h au plumard. Les coms je les rédige au chantier pendant l'heure de pose du midi après deux sandwich omelette, tomates, oignons et piments verts.
J'aime beaucoup ma maison, une chambre avec salle de bain et toilettes, une pièce à vivre, une cuisine, à peine 70 m2 qui me vont très bien. Au départ on m'avait proposé une immense baraque avec au moins six chambres et quatre salles de bains, refus clair et net : pas question, j'ai assez vécu tout seul dans des immenses baraque et ça me déprime complètement.
Chance cette maison a un jardin, c'est très rare ici où les Éthiopiens ont la sale manie de tout bétonné, j'aurai aussi beaucoup aimé une maison sans clôtures mais ça ici ça n'existe pas..
Hier soir j'ai repiqué mes premières courges, dans la semaine ce sera au tour des gombos et des melons.
La petite Bénédicte qui termine sa mission la semaine prochaine me disait ce matin: de retour à Paris je vais être toute triste de retrouver une ville sans chèvres, sans âne, ni vaches, ni dromadaires, ni moutons...
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