Il lança un coup de pied dans larbre.
- Aïe!, protesta le végétal.
Haussant les épaules, remontant son col, il traversa la rue dune pirouette sans se préoccuper de la circulation. Des injures pneumatiques crissèrent sur lasphalte luisante, un tintamarre klaxonique retentit dans lair mouillé du soir.
Il poursuivit son chemin, chapeau enfoncé sous ses sourcils gras, yeux rivés sur le bout de ses chaussures trop grandes sous le vent sifflant dans le sourd brouhaha de la ville. Son pardessus râpé, cent fois rapiécé, battait ses cuisses au rythme de son pas dégingandé.
Il lui fallait retrouver la piste
Il ny avait plus de temps à perdre, il lui fallait retrouver SA piste
Il descendit sur le quai quil longea un moment. Plongeant la main dans sa poche, il sentit la présence métallique rassurante contre lui. Il la serra du bout des doigts dans le creux de sa paume
Il refréna pourtant cette impulsion de la sortir et de souffler dedans, conscient que pour le moment il devait rester encore transparent comme une ombre sil voulait la trouver, la suivre, y entrer peut-être? Il cala alors la trompette au plus profond de la poche. Il jeta également la marguerite qui ornait sa boutonnière
La transparence dune ombre
Quelques roulements de tambour vibraient au loin, une voix nasillait dans un haut-parleur. Il seffaça par réflexe contre le mur, respiration suspendue, bouche pincée, yeux fixes. Des individus passèrent, certains pressés par la pluie, dautres légers, formant tous un cordon distendu sur un même sillon; des couples, des groupes damis, des familles, quelques solitaires
Il tira bénéfice de lenveloppe brumeuse du soir, personne ne remarqua sa silhouette collée au mur.
La pluie redoubla et les derniers passants pressaient le pas. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites, des rictus sagitèrent sur sa face, sa respiration reprit; inspiration par le nez, expiration par la bouche, la ventrale celle des bébés, celle qui apaise, celle qui était devenue la sienne après toutes ces années.
Regard à gauche, regard à droite; il profita de ce quil ny avait plus de passants pour décoller du mur et suivre de loin la foule qui commençait à se réduire et qui lamenait, cétait certain, vers elle. . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La lumière devient vive, les sons assourdissants quand,
, , les yeux aveuglés par les projecteurs,
, , les oreilles saturées par la musique,
il prend son élan,
soulève le rideau
et dans une culbute
. . . entre
, , sous un tonnerre dapplaudissements.
* * * * * * * Sa vie recommençait
* * * * * * *
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