Lautre jour elle a reçu un texto : « Slt sa va, je voulais te dire que tu baise b1. W. ».
Pour nimporte quelle femme, normalement, cest un compliment.
Mais elle, ça la fait hurler de
désespoir.
Elle avait beau retourner la phrase dans tout les sens, faire des anagrammes abracadabrants, il manquait un p pour lire pardon et un x pour excuse.
La dernière fois quils sétaient vus, cétait 2 mois et demi plus tôt. Ils avaient passé la nuit à lhôtel. Toujours très classe, il lui avait laissé le soin de réserver la chambre (avec promesse de partage).
Une nuit agréable pour elle et apparemment très satisfaisante pour lui. Au petit matin, à son réveil, elle lui avait dit doucement bonjour.
Sans réponse, elle avait réitéré. Il avait alors grogné :
- Je ne vois pas pourquoi je te dirais bonjour, vu quon a passé la nuit ensemble.
- Ben
parce que cest gentil, cest tout
- Oh la la, sétait-il esclaffé, ça ce sont des trucs quon dit quand on a 60 ans, pas quand on en a (
) !
- Quel
con ! avait-elle répliqué, incrédule.
Sur ce, elle lui avait tourné le dos et pensait que ses reniflements répétés allaient lui indiquer quil avait poussé le bouchon un peu loin.
Que nenni.
Il avait ajouté :
- Tu ne vas pas pleurer parce que je ne tai pas dit bonjour, quand même ?
Sans un mot, elle était allée prendre sa douche et chialer un bon coup.
Quand elle était sortie de la salle de bains, il était parti.
Elle a payé la chambre, tenté de lappeler en vain.
Elle est restée sans nouvelles pendant deux mois et demi jusquà ce texto.
Vous comprenez mieux ?
Mais ... pas de confusion, cest POUR LUI quelle était désespérée !
Elle, il y a longtemps quelle a dépassé ce stade, désormais elle observe, encaisse, collecte, empile, compile,
(parfois aussi « ventile et disperse façon puzzle », genre Tata Flingueuse !)
Elle aurait de quoi faire un mémoire.
Un mémoire sur les handicapés de la parole, enfin sur les hommes qui ONT DES PROBLEMES POUR PARLER AUX FEMMES.
Cet homme-là, dès le début, elle sétait dit que c'était un sujet intéressant.
A part « bonjour », « encore » et « au revoir », jamais un mot plus haut que lautre. Pas dappels intempestifs entre leurs rencontres, le type discret à souhait, enfin
sauf quand il y avait urgence.
Dans ces cas-là, il lui envoyait des messages. Ultra courts, les messages, visiblement il avait un peu de mal avec lécrit aussi. Ah non, pardon
une fois il avait dépassé les 4 mots, lorsquelle lui avait dit quelle voulait rompre car elle ne trouvait pas souvent leur relation très satisfaisante.
Il lui avait répondu : « Ah mais moi ça ne me dérange pas que tu ne jouisses pas
! »
Déjà là, nimporte quelle femme aurait fui, mais elle, elle sest sentie
comme investie dune mission.
Ouais
! « Il faut sauver le soldat William ! », cest comme ça quil sappelait.
Elle sétait mise alors à lui égrener avec patience et parcimonie quelques conseils, à lui inculquer quelques notions basiques de psychologie féminine.
Pour son anniversaire, il avait eu droit à la version en BD des « hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus ».
Et de temps en temps, mine de rien, elle lui faisait écouter « Try a little tenderness » (mmm
Otis !)
Au bout de quelques semaines de ce régime intensif, il lui avait semblé sentir un soupçon damélioration
un frémissement.
Ils commençaient à tenir de petites conversations. Si, si
!
Une fois même, de fil en aiguille (comme on dit
) ils étaient allés jusquà quelques confidences sur leurs enfances respectives qui nétaient pas très rigolotes.
Et puis, quand elle lui lisait les histoires quelle écrivait, il aimait bien
Tout ça
Mais là, patatras ! Avec ce texto, elle eut le sentiment très net quil avait rechuté et quil faudrait tout reprendre à zéro. Ca la beaucoup affectée
Et puis
bon, cétait trop de boulot, elle a jeté léponge.
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