Quantcast
Channel: Les commentaires de Pointscommuns.com
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5180

T'es pas cap ! par Christensem

$
0
0
Elle m'observe. C'est certain. Tout l'intrigue. Surtout la fumée de ma clope qui fait son cinoche dans la lueur bleue de la téloche. Avec l'élégance d'une ballerine elle déploie prudemment ses longues pattes grêles. Puis elle s'immobilise, une canne en l'air. Comme un chien d'arrêt. Sa méfiance me fascine. Son reflet sur les dalles de faïence l'inquiète. Elle est sublime de monstruosité. Lorsqu'elle reprend sa course mécanique et silencieuse , la pénombre et les lueurs de l'âtre l'accompagnent quelques instants. Puis elle disparaît. Sacrée araignée! A l'époque des culottes courtes et des écorchures aux genoux, ta silhouette repoussante m'aurait probablement aidé à gouter aux lèvres de Sophie. L'intouchable Sophie pour qui rien n'était jamais assez dur, assez dégoutant pour obtenir ses faveurs. En ce temps là, les jours de pluie, pour tromper l'ennui mes jeunes cousines et leurs copines avaient pris la curieuse habitude de monnayer leurs «charmes» en nous lançant des défis aussi scabreux qu'abjects. Pour un petit baiser sur le coin des lèvres c'était à qui serait cap d'affronter les recoins les plus effroyables du grenier. Ceux où la pénombre dissimule les bestioles les plus hideuses. Des noirceurs diaboliques tapies au fond d'ignobles toiles d'araignées distendues par la poussière. Revenir de l'enfer avec une proie comme butin vous intronisait immédiatement prince de ces demoiselles. Votre tignasse couronnée des reliques poussiéreuses de votre combat devenait un passeport pour le monde des filles... Brandir à la pointe de son épée la dépouille palpitante d'un monstre velu, vous ouvrait le jardin secret des plus farouches. A ce jeu j'étais le premier. Et pourtant ! Ma bravoure était simulée. En fait j'étais un grand trouillard. Mais la perspective de pouvoir assouvir mes obsessions me donnait des ailes. Je me lançais à l'assaut des ténèbres en tremblant comme une feuille. Mon désir de chair tendre faisait le reste. J'en ai dévoré des bouches humides. J'en ai croqué des lèvres au goût de framboise. J'étais le premier à débusquer les monstres les plus repoussant... mais j'étais aussi le premier à dénicher les langues les plus timides derrière le rempart des appareils dentaires! Et si je surmontais ma nausée pour plonger la main dans les tanières les plus infectes... C'était juste pour glisser les doigts sous leurs corsages. Chaque fois qu'une araignée se recroquevillait à la pointe de mon glaive c'était un nouveau téton qui s'étirait sous ma caresse... Ce soir pauvre bestiole, tu peux cavaler sans crainte. Ces foutus jeux de gosses sont bien loin à présent. J'ai suffisamment tiré le diable par la queue. Et quand je veux me faire plaisir je me met au clavier et j'attrape ma souris. Autre temps, autre chasse. Les donzelles que je chope sur cette toile là n'ont plus peur des araignées depuis longtemps. Elles n'ont plus peur de rien d'ailleurs !

Viewing all articles
Browse latest Browse all 5180

Trending Articles