Le cerf
Tout est calme - alentour - les arbres qui sendorment,
Jettent leurs derniers feux chargés de lourds rayons.
Leurs branches, de longs bras, sentrecroisent ; haillons,
Que berce linfini souffle qui les déforment.
Des âmes - quun soleil - happe en brûlant plus fort,
Traversent, çà et là, des rideaux de lumière.
Des voiles suspendus qui tombent en arrière,
Belles larmes des bois qui montent
sans effort.
Entre les rais tremblants, des ondes
se caressent
Et jettent sur les troncs tristement endeuillés,
Une aube - un peu du ciel - aux auvents effeuillés,
Il sapproche ! Ecoutez
les arbres se redressent.
Lorsque la nuit descend, frissonne
lentement,
Rien ne bouge et pourtant quelque chose, murmure,
Cest linstant ; où, sans bruit, se berce la ramure,
Lesprit de la beauté, ô, lémerveillement.
Soudainement au loin, apparaît, parmi lombre,
Une nappe, un long drap, doucement déposé ;
Comme laurore étend sur le front ; arrosé,
De lhorizon - sans fin - létole qui lencombre.
Les feuilles sur le sol, détrempé et bourbeux,
Se soulèvent - dans lair - la brise tremble, encore.
Il est là ! Et son front couronné, se décore,
Détoiles au berceau de ses grands bois ; herbeux.
Sa patte sur le bord, du fossé semble un lierre,
Au balcon festonné de la Nature, et lor
De ses prunelles, luit, semblant dire au décor :
« Je suis lherbe, le feu, le ruisseau et la pierre ;
Ce quon ne voit jamais - je suis
la majesté ! »
A travers lombre et leau, il savance en silence
Et sur son mufle gris, la lune se balance,
Puis, boit le soir tremblant ; dun long brame attristé.
La jeune fille à la perle (d'après le tableau de Johannes Vermeer)
Une lueur surgit dun profond crépuscule ;
Simprime et le regard, agrippé se recule.
Voyez où le blanc, dort et lui fait un licou ;
Aux linges de lazur, elle tourne son cou,
Comme une fleur qui boit les rayons et respire ;
Elle prend le soleil, sur sa bouche et laspire ;
Aux marges de ses yeux, une tristesse attend
Et dun souffle - à regret - lexhale en un instant.
Alors que sur le coin de ses lèvres pourprées,
Sallongent les reflets, quaspergent, diaprées,
Sur lincarnat marbré ; les gouttes et la peau,
Senturbanne un tissu qui lui fait un chapeau.
Elle parle et les mots - sa tête qui oscille -
Se perdent où le jour, près de lombre ; vacille,
Elle la penche, et lon voit une étoffe en plus,
Naissant sous le lilas, les jaunes chevelus.
Tes lèvres (Sonnet pour un amour)
Mêmement - par un trait, elles sont soulignées
Et sourlent du tissu que craquèlent les mots.
Peut-être aussi le vent et le froid - les marmots,
Que chasse tôt, lamour aux joues égratignées.
Aimablement - par deux - elles sont alignées,
Lune sur lautre, dort, enfants de nids jumeaux.
Jaime my allonger comme font les rameaux,
Que larbre jette au sol en branches résignées.
Me coucher tendrement sur le tapis mouillé,
Des feuilles où le roux à la moiteur
ombrée ;
Bordent un lit - buisson de roses - fendillé.
Si tu es laube - un ciel - à la douceur ambrée
Moi, je suis lhorizon ; caresse dun baiser,
Ma lèvre que la nuit na pas su apaiser.
↧