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Le génial déjanté BRET EASTON ELLIS par Clra7

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TOUT EST VÉRITÉ . TOUTLE MONDE MENT . Ces mots résument PARFAITEMENT la pensée de BRET EASTON ELLIS . Il a déboulé dans les lettres américaines comme un chien dans une jeu de quilles avec MOINS QUE ZÉRO en 1985 . Le gamin insolent , de 21 ans, qui hantait les parties branchées et défrayait les chroniques mondaines, à Los Angeles, où il est né. L'esprit de années 80 fait chair. Jusque dans son dernier livre, SUITE(S) IMPÉRIALES(S) , 2010, ELLIS passe au crible l'évolution d'une jeunesse désenchantée, 25 ans après. La question pourrait être : à quel moment, à quel seuil de douleur ou de léthargie l'humain disparaît-il ? Cette distance peut résumer son oeuvre, toujours la même distance : celle qui sépare les hommes des hommes et d'eux-mêmes. ELLIS , certes, sait capter une époque obsédée par l'image, les tenues et les restos branchés. Mais il a d'abord su faire affleurer une angoisse intemporelle : celle de notre absolue solitude. Cette petite musique triste , on l'a déjà entendue chez HEMINGWAY. ELLIS est de cette race, celle des écrivains désespérés. Non sans humour, non sans s'intégrer lui-même dans ce questionnement. Il est tout, sauf le narrateur omniscient . Sa position artistique en "miroir" est exemplairement warholienne, évacuant soigneusement toute interprétation sociologique comme toute évaluation morale de ses livres . De même qu'il n'est pas près de se prononcer sur le thème central. Son motif obsédant consiste à reprérer les nouvelles coordonnées de LÀ où vit le DIABLE, à configurer le maléfique contemporain. Or, pour le saisir, il faut décrypter ses livres, être attentif aux plus infimes détails, aux indices récurrents, plus ou moins travestis, modulés, déplacés, à l'instar de petits cailloux ésotériques méticuleusement semés. Autant dire qu'il s'agit de résister à la lecture superficielle d'une écriture qui, tout en provoquant sciemment l'hypnose et l'amnésie, révèle ce que KAFKA nommait "un savoir du diabolique". CE QUI VEUT DIRE : des "gens constamment remplacés jour après jour, par toute une armée d'abrutis impatiens d'être humiliés" ...que ce soit l'armée implorante, prête aux pires prostitutions , qui "espère" LE rôle minable à Hollywood ( SUITES(S) IMPÉRIALE(S) 2010 , OU l'interchangeable cohorte de Wall Street ( AMERICAN PSYCHO, 1991 ) encagée dans LA dernière mode ( restos, costumes, drogues , petites amies lisses , tous désinvestis d'une SEULE pensée ou opinion ).......ET TOUS nageant dans le VIDE de rôles qui ne leur donnent RIEN à faire , À L'EXCEPTION de la parfaite composition de leur propre "personne" - dans les deux sens inversés du terme - , ou pour mieux dire, du PERSONNAGE que la vraie vie leur donne à jouer. Revenons à SUITE(S) IMPÉRIALE(S) Chacun se fiche bien de trouver le fin mot de l'histoire, se fiche bien se savoir qui a tué qui : tiens une overdose : voulue ou non ? Qu'a-t-on à y voir ?. Ainsi la seule chose qui importe au personnage référent, CLAY, c'est de coucher avec RAIN . C'est tout. CLAY se trouve pris au coeur de cette conspiration "criminelle" de ceux qui dérangent des projets, des ascensions, et qui sait des pouvoirs. Mais CLAY n'a rien à voir avec avec ce sub-polar qui traverse la narration - il n'a rien à voir avec elle . Incompatible avec son caractère de chercher à savoir ce qui se passe, les ramifications douteuses et mafieuses. On lui rétorque alors qu'il est un écrivain de la superficialité, de la vacuité. Pourtant, ses romans font "toujours" allusion , par la narration implacable des faits tels qu'ils sont, à ce qui pourrait se cacher derrière cette surface. Il suffit de LIRE ! "Je crois, dit-il, oui, qu'il existe,un monde derrière la surface du monde." Derrière chaque mot que nous prononçons, chaque situation que nous vivons, "il existe un monde secret, un monde grouillant et massif". Alors? Un monde du mal , de la violence, qui se cache sous le vernis des gens et des choses ? "Ce émotions authentiques, dissimulées, peuvent effectivement parfois être noires, elles peuvent terrifier et blesser. Pourtant, je pense qu'il faut introduire ce monde secret dans notre monde réel. Nous sommes à une époque où les manières ont une importance cruciale et où la surface est devenue une sorte de réalité, et cet état de choses nous empêche d'entrer réellement en relation les uns avec les autres. Alors que justement, c'est seulement en révélant ce qu'on est véritablement au plus profond de soi, qu'on parvient à établir un lien avec autrui. Mais nous vivons dans un monde qui n'encourage pas l'expression de soi". ELLIS construit ses récits dans des univers dits de riches. Parce qu'il les connaît sur le bout des ongles. MAIS, TOUT LE MONDE PEUT S'Y RETROUVER. Et c'est CELA qui est très fort. Abrupt, incontournable, essentiel. Le système des rôles, la solitude , les gens qui ne s'écoutent pas les uns les autres hormis le discours attendu, l'exclusion systématique des personnes seules - les femmes ! un désastre ! - , le repliement sur son petit cercle...une preuve ? l'amour aux enchères dans les sites de rencontre...... MAIS ALORS ? OU EN SOMMES-NOUS ? EH! BIEN ! affirme-t-il : "Nous vivons à l'ère du post-Empire.. ." ??????? " L'Empire c'était PYNCHON, peut-être CAMUS ,DELILLO, GADDA, BORGÈS, bref la période qui va de 1945 jusqu'ai 11-Septembre, peut-être jusqu'en 2005 si vous voulez. L'Empire est défunt aujourd'hui, et nous basculons dans le post-Empire" ??????? " Le post-Empire c'est Lady Gaga, que j'aime bien d'ailleurs. Attention, je ne porte pas de jugement de valeur avec ce terme : c'est juste un constat. Le post-Empire est une notion difficile à définir : c'est un monde plus jeune que l'Empire et obsédé par la technologie, avec des accents plus populistes aussi, peut-être. En tous cas, il s'agit certainement d'une époque qui a dépassé la culture littéraire d'une époque très narcissique". ET VLAN ! Des centaines, voire des milliers de gens "jeunes" ( disons autour de la trentaines ) se sont précipités aux Journées AMERICA de Vincennes des 25 et 26 septembre dernier, pour "VOIR" BRET EASTON ELLIS , LA VEDETTE INCONTESTÉE. Tables rondes débordées. Hystérie de mobiles, signatures implorées. L'ÉVÈNEMENT LITTÉRAIRE ( même post-Empire ! ) de la rentrée. Sera-ce un ÉVÈNEMENT POUR VOUS ? Aimer? Pas aimer ? Bof ! L'IMPORTANT , C'EST QU'IL EST ! Clara Si vous voulez commencer : "Moins que zéro", 1985, ed. 10/18, Robert Laffont "American psycho", 1991, ed.10/18, Robert Laffont "Suite(s) impériale(s) , 2010 , coll.Pavillons, Robert Laffont. ET la Revue Transfuge, dont je salue l'éditorial de Vincent Jaury : voici ses mots : "C'est un grand roman métaphysique...qui nous dit le cataclysme de notre civilisation.... Dans le roman le mal n'est pas palpable; occulte, il passe par de mystérieux appels téléphoniques . Mais BRET n'est pas illuminé, et il a un discours - même si aucune explication de quoi que ce soit n'est donnée dans le roman. CLAY et les autres vivent en enfer à Hollywood --- mais il s'agit de le voir comme un miroir ( à peine ) grossissant de notre monde -------, un enfer où les hommes se réduisent à leur rang social, à leut sexe, en un mot à leurs images. Et seuls, seuls, seuls, seuls, car , comme le dit Ellis, "quand on ne revient pas sur sur soi, aucun rapport n'est possible entre les hommes. VOILÀ L'ENFER SUR TERRE : comme l'annonce DeLillo depuis longtemps, l'image S'IMPOSE. Loin est le temps de Philip Marowe, le détective dont ELLIS s'inspire : cynique, sombre, il lui restaoite de l'humanisme, à ce Marmowe. MAIS là, ni CLAY ni les autres n'ont à voir avec l'humanisme . Loin est le temps d'un des romanciers chéris d'ELLIS, FITZGERALD, figure de la génération perdue, triste, blessée par la meurtrière Première Guerre mondiale. Il est loin ce temps -- parce que Gatsby, bien que pris de désespoir, est roman tique, en recherche d'absolu , en plein fougue amoureuse, en plein rêve de mystique. NON, LÀ NON PLUS, ni CLAY ni les autres n'ont à voir avec le romantisme. Nous avons changé d époque, nous dit ELLIS. ....ELLIS suit son cours : LA CIVILISATION VA À SA PERTE ; de la génération perdue, nous serions passés à la génératioin pendue;,.....J'aime beaucoup BRET EASTON ELLLIS, mais j'espère qu'il a tort". ( Revue Tranfuge n°43/obctobre 2010 ) elle des écrivains désespérés.

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