Tu virevoltes.
Tu virevoltes, tu babioles, tu caprices, mais tes légers mouvements gracieux, saccadés, imprévisibles, ne temmènent jamais très loin ; tu primesautes, tu turbules, nerveux, indécis mais élégant, chorégraphiant ton chahut énigmatique à petits jets bondissants ou rétrogrades, élans fugaces, lignes brisées sans axe ni direction, tantôt fuyant, tantôt accourant vers ce qui te perdra, papillon, joli papillon viens dans mon filet que je tattrape, que je te libère, laisserai-je ta vie sauve ?, pose-toi sur mon bras, montre tes couleurs rutiler au grand soleil de midi, tépinglerai-je joli papillon ou ne tépinglerai-je pas ?
Jeu innocent, fantaisie vivante quune dérive de hasard fit venir dans mon jardin, il y a avait si peu de chances de croiser ta route. Une sur deux mille
tu es si rare
Tu veux me faire admirer de près le kaléidoscope de leur million décailles ?
Attention papillon, joli papillon, petit écervelé, fascine-moi de tes arabesques plutôt que de ton somptueux coloris, le tableau de liège nest pas loin
.. ton ballet cest ta vie, son arrêt signe ta mort.
Pourtant tu cesses ton infime tumulte.
Délicat tu déposes ton petit corps dinsecte sur le bout de mon nez, déploies tes larges ailes tout près de mon visage.
Je sens lombre dun voile brouiller mes perceptions, puis très lentement tes fines membranes sapprocher et se coller sur ma peau.
Et peu à peu je comprends que ton être, dans une seconde mue, vient de prendre possession de mon épiderme, que bientôt il nen restera rien quun acide térébrant senfonçant toujours au plus profond de mes chairs.
Papillon, le masque de ta maladie ne cesse dès lors de me défigurer. Tu tes fondu si intimement que ton corps étranger est devenu le mien - il faudrait désormais tarracher en grattant jusquà los.
Affreux papillon, je nai pas pressenti ta métamorphose, tu t'es fait loup pour me happer dans ta gueule et me ronger toujours plus, tu m'as cloué sur ton tableau de chasse et depuis tu danses, tu caprices, tu turbules, tu virevoltes notre autodestruction.
↧