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10 mai, journée mondiale du lupus par Abicyclette

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Tu virevoltes. Tu virevoltes, tu babioles, tu caprices, mais tes légers mouvements gracieux, saccadés, imprévisibles, ne t’emmènent jamais très loin ; tu primesautes, tu turbules, nerveux, indécis mais élégant, chorégraphiant ton chahut énigmatique à petits jets bondissants ou rétrogrades, élans fugaces, lignes brisées sans axe ni direction, tantôt fuyant, tantôt accourant vers ce qui te perdra, papillon, joli papillon viens dans mon filet que je t’attrape, que je te libère, laisserai-je ta vie sauve ?, pose-toi sur mon bras, montre tes couleurs rutiler au grand soleil de midi, t’épinglerai-je joli papillon ou ne t’épinglerai-je pas ? Jeu innocent, fantaisie vivante qu’une dérive de hasard fit venir dans mon jardin, il y a avait si peu de chances de croiser ta route. Une sur deux mille… tu es si rare Tu veux me faire admirer de près le kaléidoscope de leur million d’écailles ? Attention papillon, joli papillon, petit écervelé, fascine-moi de tes arabesques plutôt que de ton somptueux coloris, le tableau de liège n’est pas loin ….. ton ballet c’est ta vie, son arrêt signe ta mort. Pourtant tu cesses ton infime tumulte. Délicat tu déposes ton petit corps d’insecte sur le bout de mon nez, déploies tes larges ailes tout près de mon visage. Je sens l’ombre d’un voile brouiller mes perceptions, puis très lentement tes fines membranes s’approcher et se coller sur ma peau. Et peu à peu je comprends que ton être, dans une seconde mue, vient de prendre possession de mon épiderme, que bientôt il n’en restera rien qu’un acide térébrant s’enfonçant toujours au plus profond de mes chairs. Papillon, le masque de ta maladie ne cesse dès lors de me défigurer. Tu t’es fondu si intimement que ton corps étranger est devenu le mien - il faudrait désormais t’arracher en grattant jusqu’à l’os. Affreux papillon, je n’ai pas pressenti ta métamorphose, tu t'es fait loup pour me happer dans ta gueule et me ronger toujours plus, tu m'as cloué sur ton tableau de chasse et depuis tu danses, tu caprices, tu turbules, tu virevoltes notre autodestruction.

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