Bien quelle pratiqua un Islam ultra-rigoriste, subodorant une soumission inconditionnelle à son époux et sa relégation, en tant que femme, au rang dobjet utilitaire, Samira navait pas, en son fort intérieur, abdiqué sur son engouement pour la musique post-punk et gothique.
Pendant que son mari, Imam de son état, passait ses journées à glorifier, lors de sermons enflammés, les avantages du djihad en Syrie à un auditoire de jeunes en manque didéaux, elle continuait de lire, en cachette, Anne Rice, Charles Baudelaire et Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont, quelle ne pouvait se résoudre à jeter aux oubliettes.
Nostalgique, elle ne parvenait pas non plus à sempêcher de se remémorer Ludo, son premier grand amour. Véritable sosie de feu Ian Curtis, celui-ci, au-delà de lavoir initiée à lusage des drogues dures, consacrait, sous leffet des amphétamines notamment, ses nuits à lui bouffer la chatte.
Oh comme elle les regrettait ces orgasmes de force cinq senchainant les uns derrières les autres à un rythme inexorable.
Pour être claire les choses se résumaient ainsi, avec Ludo elle jouissait à en avoir mal tandis quavec Youssef, épousé pour trouver une solution radicalement efficace à son addiction à lhéroïne, elle avait, depuis maintenant deux ans, mal dêtre sexuellement frustrée.
Ceci à un degré quelle aurait été loin dimaginer quand lintégriste en avait fait la troisième concubine de son mini-harem.
Samira, malgré sa toxicomanie, était lune des ces créatures dont la déchéance décuplait la beauté. Cest probablement ce qui poussa Youssef vers elle, ce jour funeste où elle assistait au mariage de Sabrina, une proche cousine.
Semblant dabord la dédaigner, il lui adressa, à sa grande surprise, la parole. Sur un ton sévère mais exempt de tout prosélytisme culturel, ethnique ou religieux.
Samira qui avait, la veille, forniqué avec plusieurs hommes pour sassurer un weekend de poudre blanche, fut instantanément réceptive aux propos de celui en lequel elle vit un sauveur mandaté par la providence.
Eprise de ce fou de Dieu mais demeurant indéfectiblement attachée à son passé, elle eut la lumineuse idée, arborant le voile intégral depuis sa conversion, de se faire confectionner par Camille, une styliste aux sinus dévastés par de trop fréquentes inhalations de cocaïne, une série de burqas à leffigie de ses artistes favoris.
Elle en possédait une avec le portrait de Nick Cave, une seconde avec celui de Robert Smith, une troisième où était reproduite une affiche de concert du groupe Alien Sex Friends, mais celle quelle préférait était de loin celle vouée au mythique Unknow Pleasures de Joy Division, quelle portait fièrement en cette première journée de Ramadan.
Etre voilée de la tête aux pieds avait ceci de pratique ; personne en effet ne savait quelle dissimulait sous sa tenue austère un ipod et la paire découteurs par le truchement desquels elle écoutait Siouxsie and the Banshees en déambulant dans les rues de son quartier.
Quand aux cunnilingus, elle ne désespérait pas de renouer un jour avec et la ferveur des prières quelle adressait à Allah ne manquait pas dabonder en ce sens.
Pour lhéroïne dont elle narrivait pas à se défaire complètement, Yacine, dealer notoire et frère cadet de Youssef, lui glissait de temps à autre, à linstar de son ainé, la dose lui octroyant quelques heures dévasion.
Tout allait donc pour le mieux, un mieux dans le pire sans doute, mais comment reprocher à qui na pas la force dopter pour le suicide de chercher en vain la rédemption.
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