Elle est heureuse, elle est heureuse mais Il ne sait pas quIl y est pour beaucoup...
Il avait lu les mots quelle lui avait glissés, subrepticement, comme par effraction. Car elle ne devait pas lui plaire, cétait sûr : il ny avait pas de message
Bah oui, elle lavait bien vu :
« Jason a visité votre page hier à 16 h 32 » ; mais à la ligne du dessus, pas de :
« Jason vous a écrit un message ».
Malgré cela, elle lui avait envoyé quelques mots. En général elle ne le faisait pas.
Si « machin chose » avait visité sa page et navait pas laissé de message, cest quelle ne lintéressait pas, donc à quoi bon lui écrire ?!
Là, elle navait pas pu sen empêcher. Elle était allée voir sa page et elle avait craqué
Pourquoi ? Ça... Il avait mis le minimum dinfo, à peine. Et du coup peu de points communs apparaissaient
elle pressentait les autres !
Par contre il y avait des portraits... Et ce regard
Est-ce quelle lavait fantasmé, ou létait-t-Il vraiment ? Elle le voyait tendre, calme, parfois pensif et rêveur, parfois rieur et joueur. Il lattirait comme un aimant
comme un amant ?
Et à ses mots, Il en avait renvoyé dautres, légers comme lair quelle respirait dans son jardin. Furtifs comme son chat qui sélançait après une feuille emportée par le vent.
Très vite, Il les avait emplis de douceur, de chaleur, de sensualité.
Des mots qui avaient fini par la brûler, au point de la réveiller la nuit, de la paniquer, comme sils étaient là, sur elle, et quelle ne savait pas comment les lire, les écouter. Comment les transformer en phrases, trouver leur sens. Comme sils venaient dune langue étrangère.
Pourtant ce nétaient que des mots, Il nétait pas là
Pas encore. Mais Il prenait dans sa vie une jolie place, donc pas question de la laisser vide à présent
Et il la remplissait si bien !
Elle lentendait lui dire « jai envie de tembrasser » et se voyait lui répondre « jespère bien », posant chacune de ces syllabes au creux de son oreille, frôlant son cou, jusquà son menton, sarrêtant juste sous sa bouche, comme autant de papillons réchauffés au soleil dété, légers et si doux
Chaque musique quelle écoutait, elle la partageait avec lui, dansait pour lui, chantonnait, riait
Il était là, et elle avait retrouvé de lénergie pour les choses barbantes, elle avançait dans son rangement. Il fallait que les lieux soient accueillants !
Jusque là elle était bloquée, tétanisée, par on ne sait quoi. Le jardin, pas de problème, au contraire même, elle finissait parfois à la lampe électrique ! Mais dans la maison
Avant, elle se sentait vide, inutile, une espèce de légume qui pousse, mais sans plus, qui prend le soleil, la pluie, mais grandit sans élan. Une plante, rien dautre. Donc le jardin, ça lui allait !
A présent, elle était lobjet de son attention, à Lui ; peut-être seulement parce quil avait besoin de tester ses capacités de séduction
Mais il était là quand elle ne lattendait pas, quand elle ne lespérait plus, comme un superbe gâteau longtemps convoité
en beaucoup plus interactif !
Elle avait imaginé son prochain message : « sweet little lady », et cétait exactement ce quil lui écrivit
Il lavait rassurée quand elle paniquait, et dailleurs pourquoi ces inquiétudes, grands dieux ?!! Il ne sagissait que de mots
Sans doute parce que ces mots, elle le savait, pouvaient devenir chair ; chair et souffle, et bouche ; bouche dont elle semparerait comme dune fleur dont elle voulait boire la rosée, sous lemprise dune soif inextinguible...
Bouche dont elle nattendait plus des mots, ils nen auraient plus besoin. Car elle avait compris leur langue
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