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Les mots si…on, ça s’éduque, si…on… par Fautvoir

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Elle est heureuse, elle est heureuse mais Il ne sait pas qu’Il y est pour beaucoup... Il avait lu les mots qu’elle lui avait glissés, subrepticement, comme par effraction. Car elle ne devait pas lui plaire, c’était sûr : il n’y avait pas de message… Bah oui, elle l’avait bien vu : « Jason a visité votre page hier à 16 h 32 » ; mais à la ligne du dessus, pas de : « Jason vous a écrit un message ». Malgré cela, elle lui avait envoyé quelques mots. En général elle ne le faisait pas. Si « machin chose » avait visité sa page et n’avait pas laissé de message, c’est qu’elle ne l’intéressait pas, donc à quoi bon lui écrire ?! Là, elle n’avait pas pu s’en empêcher. Elle était allée voir sa page et elle avait craqué… Pourquoi ? Ça... Il avait mis le minimum d’info, à peine. Et du coup peu de points communs apparaissaient… elle pressentait les autres ! Par contre il y avait des portraits... Et ce regard… Est-ce qu’elle l’avait fantasmé, ou l’était-t-Il vraiment ? Elle le voyait tendre, calme, parfois pensif et rêveur, parfois rieur et joueur. Il l’attirait comme un aimant… comme un amant ? Et à ses mots, Il en avait renvoyé d’autres, légers comme l’air qu’elle respirait dans son jardin. Furtifs comme son chat qui s’élançait après une feuille emportée par le vent. Très vite, Il les avait emplis de douceur, de chaleur, de sensualité. Des mots qui avaient fini par la brûler, au point de la réveiller la nuit, de la paniquer, comme s’ils étaient là, sur elle, et qu’elle ne savait pas comment les lire, les écouter. Comment les transformer en phrases, trouver leur sens. Comme s’ils venaient d’une langue étrangère. Pourtant ce n’étaient que des mots, Il n’était pas là… Pas encore. Mais Il prenait dans sa vie une jolie place, donc pas question de la laisser vide à présent… Et il la remplissait si bien ! Elle l’entendait lui dire « j’ai envie de t’embrasser » et se voyait lui répondre « j’espère bien », posant chacune de ces syllabes au creux de son oreille, frôlant son cou, jusqu’à son menton, s’arrêtant juste sous sa bouche, comme autant de papillons réchauffés au soleil d’été, légers et si doux… Chaque musique qu’elle écoutait, elle la partageait avec lui, dansait pour lui, chantonnait, riait… Il était là, et elle avait retrouvé de l’énergie pour les choses barbantes, elle avançait dans son rangement. Il fallait que les lieux soient accueillants ! Jusque là elle était bloquée, tétanisée, par on ne sait quoi. Le jardin, pas de problème, au contraire même, elle finissait parfois à la lampe électrique ! Mais dans la maison… Avant, elle se sentait vide, inutile, une espèce de légume qui pousse, mais sans plus, qui prend le soleil, la pluie, mais grandit sans élan. Une plante, rien d’autre. Donc le jardin, ça lui allait ! A présent, elle était l’objet de son attention, à Lui ; peut-être seulement parce qu’il avait besoin de tester ses capacités de séduction… Mais il était là quand elle ne l’attendait pas, quand elle ne l’espérait plus, comme un superbe gâteau longtemps convoité… en beaucoup plus interactif ! Elle avait imaginé son prochain message : « sweet little lady », et c’était exactement ce qu’il lui écrivit… Il l’avait rassurée quand elle paniquait, et d’ailleurs pourquoi ces inquiétudes, grands dieux ?!! Il ne s’agissait que de mots… Sans doute parce que ces mots, elle le savait, pouvaient devenir chair ; chair et souffle, et bouche ; bouche dont elle s’emparerait comme d’une fleur dont elle voulait boire la rosée, sous l’emprise d’une soif inextinguible... Bouche dont elle n’attendait plus des mots, ils n’en auraient plus besoin. Car elle avait compris leur langue…

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