Je suis content, doublement content, tout d'abord parce que j'ai réussi ma vie, ce n'est pas rien quand même.
Je me rappelle c'est arrivé un Mardi à 18H22.
Réussir sa vie c'est presque l'aboutissement d'un rêve d'enfant, il existe différentes façons d'y arriver, à chacun son chemin, sa méthode et ses propres objectifs.
Tout petit aux premiers contacts des roses, il était difficile de ne pas se laisser à imaginer ce que pourrait être la femme idéale, à cet age là, il est dommage de ne pas avoir appris la différence entre la marque du singulier et celle du pluriel. De prime abord on ne pense pas au pluralisme de la chose visée. Il ne rentre pas non plus dans notre concept que l'on puisse être perçu comme un mouchoir papier en lieu et place d'un compagnon qui aurait une longue durée de vie.
Vous comprendrez bien que ce Mardi à 18H22 je n'étais pas entrain de faire le point sur ma situation sentimentale passée, mais j'étais bien en pleine projection du pluralisme de mon projet futur.
Ce jour là, ce fût comme si je franchissais une porte spatio temporelle, et que je pénétrais dans un monde de grande précision, ou chaque seconde serait perçue comme un intervalle de temps significatif, permettant d'enregistrer des évènements à part entière. Imaginez vous, entrain d'attendre un pseudo au métropolitain station Sèvres Babylone, sortie rue Babylone, vous êtes à votre premier rendez vous, vous attendez un pseudo et avez une photographie un peu floue. Il est très exactement 18H39mn et 59s vous espérez et attendez fébrilement l'amour de votre dernière chance Une seconde plus tard vous savez que votre folle histoire amoureuse est finie avant même d'avoir commencé. Pourtant ce jour n'est pas n' importe quel jour, puisqu'on est Mardi et qu'il y a 18 mn que vous venez de réussir votre vie.
La vie est surprenante, quatre jours auparavant avant de franchir les portes divines du temps, perpiscace, sur un retournement de la bourse vous décidez de vendre quelques stocks options, mais l'ordre est passé une minute après la fermeture de la place, vous pestez contre votre incapacité à gérer le temps et êtes persuadé d'avoir rater cette hausse tant attendue. Mais l'ordre passé est à durée fin de mois et est resté, le lendemain vous bénéficiez du +1% à l'ouverture, juste avant une descente qui durera plusieurs mois du à la faillite de grands établissements bancaires.
Depuis 6 mois j'étais sur un coup, le poisson paraissait bien ferré, nous échangions messages sur messages, nos albums photos étaient mélangés, nous nous étions inventés une vie dans nos vies, nos esprits étaient mobilisés, fusionnés, il suffisait de regarder l'écran pour lire mutuellement dans nos pensées. Nous nous sommes fixés rendez vous comme nous aurions pu nous demander notre main. Nous décidâmes le mardi, 18H40 rue de sevres.
Quand vous ne vivez pas dans la précision spatio temporelle que je n'avais pas encore découvert, vous ne prenez pas de risque, je suis arrivé la veille, un lundi je crois et je me suis mis à flaner dans les rues de Paris. Le premier jour du reste de ma vie, je l'ai construit de milles façons différentes, mais je les ai toutes oubliées vers les 17h quand j'ai mis fin à mon pélerinage pédestre et pris un thé au salon de l'hotel Lutécia boulevard Raspail.
Plus l'heure du rendez vous approchait plus je devenais nerveux et ne savais garder mon sang froid. Me rendant compte que je n'avais pas pensé à un cadeau pour ma future douce aimée, je fonçais au Bon marché qui n'en a que le nom.
Ambiance au bonheur des dames, je me laisse à rêver en longeant les mézanines qui permettent d'admirer les rayons en contre bas.
Au rayon parfums je me fais aider d'une vendeuse pour choisir le jus divin qui ira ennivrer le délicat satin de l'épiderme de mon élue.
Il est 18H environ quand je quitte Mélanie la petite vendeuse, pétillante et souriante qui a acceptée de me donner son numéro de téléphone.
Je me dirige vers la sortie et jette des coups d'oeil de gauche et de droite dans les rayons.
Comme un chien d'arrêt, je m'arrête net devant une vitrine, c'est chronos en personne qui m'a donné le top, elle est là. C'est elle et ce ne sera pas une autre, la Oyster de Rolex, bracelet titane et or, à 18H22 elle est à mon poignet
A la seconde près où la trotteuse venait sur le 12 et que la grande aiguille s'alignait sur le 8, debout devant la sortie du métropolitain Sèvres Babylone, je tournais les talons l'âme en peine et repartais dans la brume du tout Paris qui envahissait mon esprit.
Mon pseudo tant attendu m'expliquera que arrivée avec 2 mn de retard, elle avait attendu tout le reste de sa vie, sans jamais désespérer d'une rencontre possible avec son destin.
Au début de cette histoire je vous disais être doublement content, d'avoir réussi ma vie et d'avoir fait un bout de chemin avec Mélanie.
Lcm
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