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Période d’essai par Jules Félix

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Vous vous souvenez encore de lui ? Le 4 janvier 2006, après une première attaque cérébrale quelques semaines avant, une seconde. Fatale ? Pas vraiment. Mais un petit peu quand même. L’homme flanche et tombe dans un coma végétatif. Plus de quatre ans et demi plus tard, il est toujours vivant, il a quatre-vingt-deux ans et demi et son nom ne laisse personne insensible du monde entier : Ariel Sharon. On l’a pris pour un faucon. Il s’est pris pour un faucon. Longtemps. Il a fermé les yeux (au mieux) pour Sabra et Chatila (16 et 17 septembre 1982). Il a montré un nationalisme musclé. Il a provoqué inutilement en ruant sur l’Esplanade des mosquées (28 septembre 2000). Il a enfin été élu Premier Ministre le 7 mars 2001, poste qu’il attendait depuis si longtemps. George W. Bush venait de prêter serment le 21 janvier. Et pourtant… avant cet accident cérébral, il était la cible de tous ces faucons qui, aujourd’hui, gouvernent le pays. En 2005, il avait esquissé un geste très fort en faveur de la paix : le démantèlement unilatéral de près de dix mille colons. Pire (ou mieux) : il a complètement modifié le paysage politique en créant un parti centriste en novembre 2005 réunissant quelques grandes têtes des deux bords. Avec la volonté d’en finir avec la guerre. Sagesse qui ne se savourerait qu’une fois l’âge dépassé ? Cet homme est toujours vivant. Il est dans un état végétatif. Probablement qu’il ne se "réveillera" jamais. Il est nourri par une sonde gastrique et peut respirer sans appareillage. Il réagit cependant quelquefois aux voix de ses proches. Peut-être aurait-il pu faire réellement la paix. Il n’y a que les chefs de guerre qui peuvent faire la paix. Seul moyen pour que cette paix soit durable, c’est-à-dire acceptée de tous. Même des ultras. L’information du jour (12 novembre 2010), c’est ce transfert d’Ariel Sharon. Il vient d’être acheminé dans son ranch au sud du pays. Là où, selon ses deux fils, il aimait se reposer. Les médecins vont essayer plusieurs séjours pour éventuellement accepter la déshospitalisation complète. Cela fait un peu "désossement". La dépêche AFP est presque cocasse dans son vocabulaire. Elle dit : « pour une période d’essai en vue d’une hospitalisation définitive à domicile ». Même dans ce cas-là, il y a encore une période d’essai. Quatre à cinq séjours de deux jours pour vérifier la viabilité du truc. Et puis ensuite, à lui la belle vie. Ce sont ses enfants qui ont demandé à le maintenir en vie sous assistance médicale. Parfois, l’amour que l’on porte à ses proches engendre des espoirs sans limite, sans rationalité. Mais croire à la paix, c’est peut-être faire preuve d’une plus grande folie encore ?

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