Hier, 20 novembre, 21ème anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant.
Nous étions au tribunal devant le Juge des Libertés et de la Détention (JLD pour les intimes) pour soutenir une maman Tchétchène et ses deux filles de 6 et 2 ans . Enfermées à la prison pour étrangers-qui-n'ont-rien-fait-d'autre-que d'être-étrangers, pudiquement baptisée Centre de Rétention Administrative, elles risquent d'être expulsées vers la Pologne, parce que c'est le premier pays de l'espace Schengen où elles ont débarqué. La Pologne les renverra en Tchétchénie, pays où il fait bon vivre comme chacun sait. Pour en avoir douté, le papa des fillettes est en prison en Russie. Elles ont de la famille en situation régulière en France, et de nombreux amis à Nice, qui nous avaient rejoints.
Le juge décide leur maintien en détention.
Mais il fait mieux :
Entre autres joyeusetés comme le fait de maintenir en rétention une autre famille Tchétchène demandeuse dasile malgré les risques quelle encourt en étant renvoyée dans un pays quelle redoute à juste titre, et alors que larrestation sest faite sans jugement en enfonçant la porte de leur chambre qui est un domicile privé ;
Ou pour faire du chiffre le fait darrêter et maintenir en rétention un Tunisien régulier en Italie et avec un passeport en cours de validité (et donc la liberté de circuler dans lespace Schengen) ;
Ledit juge décroche le pompon :
Un jeune Afghan qui ne parle pas Français a expliqué par la voix de son interprète quil a fui les bombardements en Afghanistan ( pays où NOUS faisons la guerre), quil na plus dautre famille que son jeune frère de DIX ans, quils sont arrivés tous les deux en France il y a trois jours (et lon peut imaginer par quelles épreuves ils sont déjà passés) dans lintention dy faire une demande dasile ;
Or, au lieu quils soient protégés, quon les aide à rédiger cette demande dasile, la police a arrêté le frère aîné dans le train vers Paris où ils allaient rejoindre la communauté afghane et la séparé de son jeune frère qui a été ainsi abandonné dans le train, sans argent et sans point de chute. Sa seule préoccupation était de savoir comment on pouvait retrouver le gamin "Mon petit frère va peut-être mourir dans la rue", quon les réunisse, ou dêtre libre pour essayer de le rechercher.
Le juge pendant ce temps dictait son arrêté de maintien en rétention en attendant lexpulsion vers lAfghanistan !
21ème anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant : En France, Liberté Egalité Fraternité, la police abandonne un gamin de 10 ans dans un train, vers une destination inconnue, dans une langue inconnue... Un juge, EN NOTRE NOM, décide que le grand frère doit repartir dans leur pays en guerre...
Le soir de son élection, Nicolas Sarkozy, petit-fils d'immigré, déclarait, la voix vibrant d'émotion : "Chaque fois que quelqu'un est humilié, est opprimé, est persécuté, il devient automatiquement Français"...
J'ai mal. Mal à ma rage, mal à mon impuissance.
Est-ce que les urnes suffiront ?
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