Rabat-joie au cœur perdu par Jules Félix

Un inconnu très connu : Julien Guiomar, très baraqué, du coffre, de la voix, vous l’avez sûrement déjà vu dans le bon vieux cinéma français des années 1970. Il était comme Jean Bouise ou Jacques François, un second rôle souvent ingrat, constipé, sévère, brutal, et donc, le personnage rêvé pour jouer le directeur, le commissaire, le patron, l’officier... Pour quelqu’un qui se prédestinait à être arracheur de dents, c’était peut-être …prédestiné. En cinquante-quatre ans, son "répertoire" est phénoménal : soixante-neuf films, cinquante-deux téléfilms, dix-huit pièces de théâtre (dont Shakespeare, Brecht, Tourgueniev etc.)… Il a tourné parfois des navets, parfois de très bons films, avec des réalisateurs très célèbres (Philippe de Broca, Claude Zidi, Costa-Gavras, Luis Bunuel, Jean-Paul Rappeneau, Jacques Deray, Michel Audiard, André Téchiné, Pierre Granier-Deferre, Claude Sautet, Georges Lautner, Jean-Marie Poiré, etc.) et aux côtés de grands acteurs (Jean-Paul Belmondo, Lino Ventura, Pierre Richard, Jean Lefebvre, Coluche, Philippe Noiret, Alain Delon, Bernard Menez, Gérard Depardieu, Jean Gabin etc.)… De nombreux rôles donc, souvent des "méchants" (mais heureusement pas toujours). Cela va d’un colonel très dur dans "Z" à un rôle beaucoup plus charmant dans le court-métrage "Un peu de retenue" où (à soixante-dix ans), il joue un rôle d’absurde père de Jean-Claude Dreyfus. Il a même joué dans "Le Matou" (1985) avec Jean Carmet, miaouu ! Bien sûr, pour moi, son rôle le plus marquant restera celui de Jacques Tricatel, l’odieux patron de la chaîne de restauration rapide (« qui vend aussi de l’essence ») dans "L’Aile ou la cuisse" (1976) où il montre un "gros plein de soupe" imbu de sa personne, de mauvaise foi, vénal et prêt à tuer pour sauvegarder les intérêts commerciaux de son entreprise. Son adversaire le plus féroce est Louis de Funès. Tricatel fabrique ses poulets en recomposant le blanc sous forme d'une horrible pâte sur des os en polymère… Vous en avez sûrement déjà mangé, miam miam !! D’origine bretonne, Julien Guiomar se promenait souvent le long des plages du Nord-Finistère, du côté de Saint-Pol-de-Léon. Le cœur lui a saisi la vie comme un vulgaire huissier à qui l'on doit rendre le dû, ce lundi 22 novembre 2010 très tôt dans la matinée. Quatre-vingt-deux années et demi de mimiques, de colères, de gestes hachés mais aussi, finalement, beaucoup de cœur à l’ouvrage pour pimenter des personnages qui n’ont jamais laissé insensibles. L’homme : http://www.imdb.fr/name/nm0347453/ Photos : http://idata.over-blog.com/1/36/34/62/pic9/Guiomar2.jpg http://idata.over-blog.com/1/36/34/62/pic9/Guiomar1.jpg Voici quelques morceaux choisis. L'Aile ou la cuisse (1976) : http://cinememorial.com/Film.php?id=1747 Les Ripoux (1984) : http://www.youtube.com/watch?v=zZbFzYMMHCw Un peu de retenue (1998) : http://vimeo.com/13714050 Ils sont fous ces sorciers (1978) : http://www.youtube.com/watch?v=AkjqieCD4GE Adieu Poulet (1975) : http://www.dailymotion.com/video/x9nyvy_adieu-poulet-1965 L'Incorrigible (1975) : http://www.youtube.com/watch?v=PQYz1RyrsfU Les Mariés de l'An II (1971) : http://www.youtube.com/watch?v=gIkPPTo0Xqg L'Animal (1977) : http://www.youtube.com/watch?v=EXzu2gzB-Gk Inspecteur la Bavure (1980) : http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces/inspecteur-la-bavure,8400 Léolo (1992) [attention, passage particulièrement dur aux âmes sensibles] : http://www.youtube.com/watch?v=oq1g_3U9k9I