Si vous êtes une jupe qui déteste sa soeur, un pantalon rêvant d'être une rockstar, une chaussure bravant le froid, ou tout ça à la fois, sautez du bus, donnez vos cadeaux au premier clochard qui grelotte et foncez dans un cinéma parisien, achetez le dvd, épousez une anglaise ou un écossais pour la traduction, calez vous face à l'écran.
Ce petit film parfaitement British, bien interprété et honnête, étonnement sobre et grave, ne surfe pas sur la réputation des Beatles. Le nom du groupe n'est même pas mentionné. Mais il touche quelque chose qui palpite à 60 dans votre poitrine, sans chichis, sans mouvement de caméra compliqué à la Scorcese. C'est comme si toute votre famille anglaise était peinte sur la toile. Du Fish and chips sans papier collant. Du Buckingham sans les paparazzis. De l'intime tout simple.
Deux femmes, deux soeurs, s'aiment, se jalousent, se méprisent, se complètent, et sont malheureuses loin l'une de l'autre. La rousse, trop en avance sur son temps, sensuelle et un peu sauvage. La brune sérieuse et retenue, maîtrisée jusqu'à la froideur. Entre ce feu et cette glace, cette mère et cette tante, un petit jeune homme qui ne sait même pas jouer du banjo mais qui rêve d'être Elvis et qui ne sait que faire de l'affection qu'elles lui portent.
Spécial kiss à Kristin Scott Thomas (à la clarinette pincée), Anne Marie Duff (au tambour généreux), et Aaron Johnson (à la guitare). Plus tout un tas de jeunes comédiens à peine boutonneux et vraiment bons.
Rien ne sera dit concernant la fin mais vous saurez pourquoi Lennon a écrit un jour la plus belle chanson tendre des années 60: "Julia" et le secret de son amitié avec Paul Mac Cartney. Mais au fond, peu importent leurs noms. Même si c'était juste l'histoire de l'amitié naissante entre deux potes de lycée de Liverpool, ce film mériterait d'être vu. Parce qu'il met le doigt, l'air de rien, à l'anglaise, entre la poire et le pudding, sur quelque chose qui fait très mal. Pourquoi les gens passent ils souvent a coté de leur vie? Pourquoi ne disent ils pas, au moment où ils le pensent, qu'ils aiment ceux qui les aiment? Pourquoi met on plus d'énergie à se déchirer qu'à rire? Pourquoi prend on les adolescent comme témoins de conflits d'adultes qui les entravent dans leurs métamorphoses?
Si, comme moi, vous en avez assez des gros budgets dégoulinants de réalisateurs U.S habiles mais lourdingues, ou d'une culture cinématofrançaise basée sur une vieille nouvelle vague maigrelette et stérile, si vous voulez sentir passer la vie entre vos doigts allez voir "Nowhere boy". Vous n'en saurez pas plus en sortant sur ce qui vous a empêché d'être une rockstar au dernier radio crochet de Tf1, ou pourquoi votre soeur a préféré épouser un manager chinois prognathe et légèrement bègue plutôt que de rester à la maison. Ca non. Une vie n'y suffirait pas. Mais vous aimerez le cinéma. Ce cinéma là. Qui est plus un cinéma de confidences que d'esbroufes. Un cinéma de renaissance où l'on distribue des dragées de baptêmes à chaque plans.
Si vous êtes né comme tout le monde, n'importe où, avec juste l'ambition de vous en sortir, "Nowhere boy" est fait pour vous, comme pour moi. Ce film sorti en décembre 2009 à Londres, et à Paris récemment, traine encore dans les bonnes salles. Vous pouvez même y aller avec vos enfants. C'est un film à l'ancienne, il se termine bien. Comme dab (sourire) ça vous rajeunira de leur faire plaisir...
Bonne fête.
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