Les dix Mots D'Abondance II - Le Retour
L'on m'attendait. J'arrivai deux jours plus tard que les autres. Le train avait sifflé toute la nuit, en me berçant avec sa musique ancienne. Il faisait très longtemps que je ne voyageais pas en train. Tout d'un coup j'avais trente ans, et comme à trente ans, je parcourais les routes de France. Bercée par le sifflement d'un train. Le train. Le vrai voyage. Mais il faisait nuit et j'étais endormie. Et endormie, j'écoutais cette vieille musique, comme une promesse de beauté, de bonheur.
J'arrivai à Genève un matin gris, brumeux, le coeur halétant, l'illusion vive, brûlante, miroitante, comme un catadioptre. Et la neige était là. Elle m'attendait. Depuis très longtemps elle m'attendait, comme l'on attend un ami de l'enfance qu'on a pas vu depuis des années. Je la régardais attentivement, rêveuse, dés la fenêtre du train que m'enmenait à Thonon-Les-Bains. Au taxi vers Le Chalet de L'Amitié, un paysage de rêve se déployait devant mes yeux. Des vallées blanches, inmaculées, s'ouvraient entre des hautes montagnes, pleines de sapins. Sapins couverts de flocons de neige, aux dentrites rayonnantes. Une rivière sautait joyeuse à coté de nous. Une rivière petite. Et un souvenir s'installa dans ma tête. La Seine. La grande rivière parisienne. Combien de fois je l'avais vue couler doucement dés mon endroit favori, Le Vert Galant, à l'île de La Cité!
Il y a des paysages à un seul couleur. Ces paysages évoquent l'infini, l'ilimité. Ce sont des espaces magiques. La mer, bleue, qui se confond à l'horizon avec le bleu du ciel. Les grands déserts aux dunes, comme Le Sahara, jaune. Et les grands paysages neigés, blancs. Au milieu de cette inmensité blanche, je me sentais comme un bédouin des Alpes. La neige a aussi des dunes, et brûle aussi comme la forte lumière du Sahara.
Arrivée au Chalet, je sentais dèja un doux chassespleen. La fête allais commencer.
Et elle commença, et dura pendant tout mon séjour au Chalet, tout près de La Vallée de L'Abondance, nom vraiement réussi, car il eût d'abondance de tout. Abondance de partage, abondance d'amitié, abondance de joie, abondance de rires. Et j'ai tant rigolé, qu'à un moment donné j'ai craigné qu'on allais me mettre une camisole. Heureusement que j'avais prise une grolinette, moi, toujours prévoyante.
Le répas, exquis, il faut le dire. Je mangeai un berthoud si délicieux, que même les dieux étaient jaloux. Grollucher aussi, bien sûr. Tout le monde faisait passer la grolle d'une main à l'autre, soigneusement, avec une délicatesse extrème, avec des mots de salutations et d'amitiés sincères.
Et c'est comme ça que les jours se sont passés. La neige peut témoigner de notre bonheur et joie.
Mais la fin du séjour au Chalet de L'Amitié ce ne fût qu'un au revoir. Il y en aura d'autres rencontres, d'autres partages, car L'Amitié c'est le trésor le plus précieux qu'avons reçu les êtres humains et les animaux aussi. Il faut le nourrir, le soigner. Il est délicat, comme L'Amour.
Marcelarth
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