Vous, je ne sais pas, mais moi, la finance, je n'y connais pas grand chose et je n'y comprends même à peu près rien. Enfin, pas plus que le vulgum pecus moyen.
Inside Job, « documentaire détaillé et frondeur signé par un Américain, politologue de formation » (Jacques Morice, in Télérama, le seul hebdomadaire de qualité qui ignore pourtant ce que c'est qu'une espace fine et dont un des chefs d'édition, dont je ne livrerai pas le nom car ma tendance à la délation est limitée, aime bien la police de caractère Comic Sans), Inside Job, donc, est un film passionnant.
Tout d'abord parce qu'on se rend compte, en le visionnant, à quel point on n'y connaît rien, à la finance. Ensuite parce qu'il nous explique, avec un luxe de détails ahurissant, la spirale maléfique qui, depuis la dérégulation chère à Tonton Reagan et Tatie Thatcher, avale peu à peu l'économie tel un trou noir. Enfin parce que l'on assiste à la reconstitution minutieuse de la spirale qui, en trente ans, a conduit le monde d'un état à peu près sain et stable, hérité des régulations établies à la suite de la Grande Dépression, à une succession de crises financières dont celle de 2008 est, jusqu'à présent, la pire de toutes.
Fini, la bonne vieille banque de papa. Place aux dirigeants avides de profits à court terme, aux bonus mirobolants considérés comme un dû qui dicte toute politique bancaire, à la privatisation des profits et à la nationalisation des pertes, à un cynisme sans fin qui va jusqu'à miser des milliards sur le fait que l'on vend des produits bancaires que l'on sait être de la merde, à des produits bancaires, justement, si compliqués que même leurs inventeurs ne sont pas capables de les comprendre, place à la valse sans fin de centaines de milliards de dollars, à la misère et à la spéculation sur cette misère... tout ça pour que quelques milliers de banquiers puissent se payer des villas à 15 millions de dollars et se bâfrer de putes et de coke. Je vous jure que je n'invente rien, c'est tout bien décrit dans le film.
Bref, un film qui nous apprend trois choses :
1) on va tous crever ;
2) ça va pas s'arranger, car même l'administration Obama est vérolée jusqu'à la moelle par les responsables directs de cette financie monstrueuse ;
3) la police de caractère Comic Sans, c'est quand même vraiment de la merde.
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