Trois jours de vacance - au singulier, sans S, vacance dans le sens de vide, un vide choisi. Et des jours vides, il m'en reste encore presque deux autres, que je prévois également de ne remplir de rien. Pas d'hystérie d'occupations, pas d'agenda rempli de rendez-vous qui seraient là pour donner l'illusion d'une vie fascinante. Rien de tout ça, rien du tout. Simplement : rien. Mon emploi du temps est ainsi fait que je travaille parfois une semaine sans marrêter, et quen contrepartie il marrive aussi de disposer de jours à moi, pour agir à ma guise - et je suis bien plus à laise dans limprovisation que dans la planification.
Donc, rien, au risque de me répéter je redis que je nai rien fait. Rien, cela veut dire entre autres que je nai que modérément fumé et pas bu du tout. Cela veut dire aussi que les seuls visages vus ou aperçus, je les ai croisés en faisant les courses ou en sortant les chiens, et mes cordes vocales sont donc parfaitement reposées, ainsi que mes tympans car je nai pas non plus une seule fois écouté de musique - elle je la trouve en ce moment aussi facultative que lalcool. Rien de rien, cela ne veut pas pour autant dire que jai consacré ces quelques jours à «me resourcer» ou à «me retrouver», car je me méfie comme de la peste de ces mots qui semblent français mais ne veulent rien dire.
Tout à lheure, jirai peut-être marcher jusquau monument soviétique de Treptow, un lieu très intimidant ici, et je penserai sous doute, tout en marchant, que le monde était plus équilibré autrefois quaujourdhui. Je suppose quen rentrant je ne serai guère plus avancé, et que je naurai toujours pas décidé sil y a une quelconque utilité à minscrire sur les listes électorales du consulat de France à Berlin, pour pouvoir voter aux prochaines présidentielles - car, en plus de ne rien faire, je ne crois plus non plus à rien, et ce détachement-là, très réfléchi et très paisible, me fait un bien fou.
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