Cétait la Chandeleur,
Jai mangé une pizza.
Ce sera Mardi Gras,
Miam miam beignets au beurre.
Ensuite viendront les Cendres,
Utiles au barbecue
Pour consumer toute nue
La belle de mes méandres.
Car la Saint-Valentin
Va poindre élégamment
Son bout de nez calmant
Comme un miroir sans teint.
Vendredi Saint, légère,
Tu pourras donc jeûner
Sans prendre un seul soufflé,
Sortir de la galère.
Après, tu auras Pâques
Qui te rendra gigot
Cloches et ufs de bigots
Beau lapin dans son bac.
Tu nauras pas la trouille,
Même avec la lune rousse,
Inébranlable frimousse,
Joyeuse comme une citrouille.
Temps morose de Toussaint,
Sous les feuilles englouties,
Seras ensevelie
Par lespoir du divin.
Quand sera la Noël,
Lourde, tu tempiffreras ;
Dindes aux marrons, foie gras,
Et grenouilles à tir dailes.
Noublieras pas la bûche,
Avec le chocolat
Et son pouvoir ingrat,
Dans lenthousiasme dune ruche.
Manger les pissenlits,
Jamais par les racines,
Plutôt une galette fine
En pleine Épiphanie.
Cétait la Chandeleur,
Jai mangé une pizza.
Jirai.
Oui.
Quest-ce que tas dit ?
Je déchirais.
Ah, jai cru que tu disais chérie.
Jai digéré.
Burps !
Et les crêpes alors ?
Midweek par Jules Félix
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Flight par JANUS72
Flight.... Vol ?
Décoller pour naviguer haut et loin ?
Pour le fun et toujours ?
Non ! ¡ ¡ Ramassage total - atterrissage forcé & prématuré - cassage de gueule de bois !
Ce n'est surtout pas un film Katastrofff non, pas totalement un Thriller, un Drame...
Sans doute, une charge sur la charge, peut-être oui.
2:20 qui filent à mach 1 sans pour autant plané.
Un Acteur de Haut vol.
Un Scénario enlevé, épatant.
Une mise en scène parfois aérienne, vaporeuse et tantôt clinique, voire éblouissante car si près de la lumière, même si elle peut être "artificielle".
Une Bande Son stratosphérique
Des Seconds Rôles z'ailés, gros-porteurs même, avec de la poussée !
Quelques moments forts, avec trous d'air ou au contraire trop plein d'oxygène (cette scène de l'escalier à l'hosto....)
Denzel Washington sur orbite, Star... Étoile sombre plutôt, mais tellement Remarquable entre toutes.
J'ai vraiment aimé.
À vous de voir.
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"Tant qu'il y aura du rêve", Benjamin ou la naissance d'une critique des médias par Gelale
Walter Benjamin, Luvre dart à lère de sa reproduction mécanisée
Ce texte de Walter Benjamin est parfois assimilé, à tort, à la perte de sens dans nos sociétés, à la dégénérescence de l'art ; il sinscrit pourtant au départ dune aventure intellectuelle encore en cours et toujours aussi nécessaire : celle de la critique des médias.
Luvre dart à lère de sa reproduction mécanisée ou Luvre dart à lépoque de sa reproductibilité technique, selon les traductions, est un texte fondateur des théories de lart au XXème siècle. Son auteur, Walter Benjamin est un penseur de la modernité ; sa réflexion, qui répugne aux formes systématiques, se meut entre philosophie, critique littéraire et sociologie de lart. Sa méthode de recherche est celle dune « connaissance par composition », qui lui permet de mettre en évidence ce quil trouve être la crise de laventure intellectuelle : selon lui, lhomme (lartiste et le scientifique), dans le monde moderne, est confronté à la tentation datteindre le sacré, mais, face à linaccessibilité de sa quête, il subit la mélancolie de léchec, est empêché de vivre lillusion de pouvoir recomposer « ce qui a été brisé ».
Lorsquil lécrit en 1935, Benjamin voit Luvre dart à lère de sa reproduction mécanisée comme un point de départ lui permettant de définir une théorie de lart qui lui sera utile à des développements ultérieurs, son objectif étant daborder le destin de lart dans la société. Ses thèses sont en partie influencées par ses collaborateurs de lInstitut de recherche sociale de Francfort mais aussi par son ami Berthold Brecht. Son propos sera rejeté et par Adorno et par Brecht, qui en sont pourtant (dune certaine manière) les inspirateurs, notamment en raison de la suspicion de leur influence respective sur le travail de Benjamin. Adorno récuse la radicalité du communisme de Brecht tandis que ce dernier voit les animateurs de lécole de Francfort comme des « bourgeois vêtus de rouge », des marxistes circonstanciels. Lun et lautre finiront cependant par se rallier aux idées de Benjamin. Ces idées partent du principe que lart provient dun contexte originellement magique et rituel ; lélément historique de lart sidentifie avec son enracinement dans la tradition. Le caractère sacré qui entoure initialement luvre dart procède dun éloignement mystérieux et en même temps dune présence, une présence inaccessible mais qui demeure une présence unique assurant le lien de luvre à lhomme. Avec linvention des procédés de reproduction technique, linaccessibilité disparaît ; la qualité rituelle et magique de luvre dart est remplacée par son accessibilité potentielle à tous les hommes. Luvre dart perd ainsi sa signification originelle au profit de qualités illustratives. En somme, coupé de sa tradition historique, luvre dart nest plus vécue comme une vérité infaillible mais est observée comme une vérité circonstancielle.
Benjamin écrit : « A la reproduction même la plus perfectionnée d'une uvre d'art, un facteur fait toujours défaut : son hic et nunc, son existence unique au lieu où elle se trouve. [
]Les composantes de l'authenticité se refusent à toute reproduction ». Ainsi, lunicité de luvre dart originale nest pas reproductible ; son contexte originel lui assure une existence unique, donc la reproduction technique a beau être fidèle et identique, elle nest pas authentique.
« Ces circonstances nouvelles peuvent laisser intact le contenu d'une oeuvre d'art - toujours est-il qu'elles déprécient son hic et nunc. »), mais, dépouillée de son contexte, elle perd sa fonction, la transmission du message original nest plus assurée (le contenant ayant changé, le contenu, même identique, est décontextualisé). Lhistoire nest plus vécue et ressentie mais simplement observée, en partie, puisque accessible seulement en partie.
Loriginal impose tandis que la reproduction propose. On pourrait rapprocher cette idée de Benjamin de la critique de la mimesis que fait Platon. Platon reproche aux choses dêtre différentes des idées. Pour lui, les objets sont de mauvaises copies des idées, et les peintures des objets sont des copies de copies, donc dautant plus éloignées de la vérité. Dans cette logique platonicienne, les reproductions techniques duvres dart ne seraient que des copies de copies de copies. Selon Benjamin, ces nouvelles techniques posent un problème dans la perception même des uvres dart et des idées qui en étaient à lorigine : une reproduction, dont, en plus, la signification est infidèle à luvre originale, ne peut pas être perçue avec les mêmes sentiments ; le spectateur ne peut pas avoir la même disponibilité que face à une uvre authentique, forte dune tradition, une uvre dont lhistoire unique assure sa croyance.
Auparavant, luvre dart venait sinscrire dans le domaine des rêves, reproduite techniquement, lhomme na que sa conscience pour tenter de savoir ce quelle signifie et ne peut en dégager de la beauté quà partir de ses qualités techniques (et intellectuelles). Face à la reproduction, lattitude de lhomme est donc celle du jeu ou de lintellectuation (ce qui revient au même), cest une attitude de distraction.
Le spectateur, dépossédé de ses moyens dactions sur loriginal, sur lequel il se privait bien dintervenir eu égard au respect et à la croyance que la tradition lui avait inculqués a de nouveaux moyens dinterventions dans (ce qui est désormais) la consommation de la reproduction : il peut arrêter le disque quil écoute, réécouter le passage qui lintéresse, il peut aussi découper un morceau de photographie pour éventuellement le coller avec un autre, et cela, sans abîmer loriginal.
La reproduction technique complique la tâche du spectateur qui ne sait plus quelle autorité conférer aux uvres, mais aide lhistorien dart en lui rendant accessible le patrimoine de lhumanité et en permettant de confronter linconfrontable.
« On pourrait réunir tous ces indices dans la notion d'aura et dire : ce qui, dans l'oeuvre d'art, à l'époque de la reproduction mécanisée, dépérit, c'est son aura. » Laura est pour lui assimilée à lunicité de luvre dart originale, elle nest pas reproductible et nappartient quà luvre dart authentique, par opposition aux objets utilitaires et profanes. En fait, la reproduction est vécue comme un déracinement de luvre qui perdrait de son pouvoir et sa proximité avec la société qui la créée.
Avec cette notion daura, lapparition de luvre semble conditionnée par un mouvement paradoxal : même proche on en serait éloigné. Cest à cette visibilité paradoxale, due à léloignement dans la proximité, et à lunicité dun lieu et dun moment, que Benjamin donne le nom daura. Cest ce qui se charge de luvre pour la faire disparaître en tant quuvre et la faire devenir lieu de passage. À proximité physique de luvre, on en serait mis à distance par la croyance en son pouvoir, et on ressentirait linaccessible. Laura, cest le sentiment de frôler linaccessible, en somme la Vérité. Laura est ainsi la sensation qui intervient lors dune rencontre entre deux êtres, dont lun est nécessairement animé et croit dans le pouvoir de lautre davoir de linfluence sur lui-même. Cest sentir un lien sétablir, cest croire au pouvoir de réponse de la chose rencontrée. Laura nest pas un fait de nature immuable, mais elle se fait et se défait dans le rapport à lautre. Elle nest pas une propriété des phénomènes, mais ce qui arrive à ce que lhomme regarde et dont il espère un signe en retour. Laura de luvre dart repose sur une croyance, qui fait que lors dune situation où lhomme aborde luvre, il lui confère le pouvoir de laura. Ce pouvoir cest celui de lémotion ; laura émeut, nous rappelle que nous partageons une fragile humanité, elle nous rappelle cet inaccessible que (pour le moment) nous ne pouvons atteindre, cest une sorte dappel à solidarité. Laura est expérience au sens propre du terme, elle est traversée de lobjet, qui se présente comme un obstacle et que lon transforme en issue, en voie de passage. Laura est ce à quoi on confère létrange pouvoir de nous absorber dans le lointain et de nous faire oublier que lobjet qui est là est seulement un objet ; cest une faculté daveuglement. Laura met à lépreuve la frontière qui sépare le sujet de lobjet et la métamorphose en union. Le spectateur de luvre croit en la possibilité de cette union et cette croyance est la condition même de sa possibilité ; ce spectateur se laisse faire par luvre. Si, par lexpérience de laura, le spectateur se laisse déranger par luvre, cest quil croit au résultat bénéfique de ce dérangement, alors quen réalité il ne fait quobéir à un comportement appris, qui assure son bien-être justement du fait de sa croyance, cest ce que lon nomme la tradition et qui est un mode de comportement transmis dont nest pas remis en cause le bien-fondé.
Cest ainsi quavec la reproduction technique, les uvres dart, sorties de leur contexte historique, voient leur aura décliner. Benjamin parle en conséquence de « bouleversement de la tradition » ; si laura se perd, cest que les hommes ne croient plus dans la valeur de leur culture dorigine, et cette perte, bien quelle repose sur le déclin de la croyance, est vécue comme une dépossession (du fait de la relativisation des valeurs culturelles et cultuelles quentraîne la reproduction technique des uvres. Si toutes les uvres peuvent être enregistrées et reproduites par le film, le disque et la photographie, cest quelles se valent, et quaucune nest plus proche de la vérité quune autre.) En contribuant à la déchéance de laura des uvres, les techniques de reproduction permettent en contrepartie davoir un regard plus critique sur sa culture et ses propres pratiques, regard qui lautorise à (essayer de) comprendre celles des autres.
Si luvre dart reproduite perd son aura originelle et se trouve détachée de sa tradition, elle prend de nouvelles dimensions, devient appréhendable dans de nouveaux volumes qui permettent de la découvrir dun nouveau point de vue et la soumettent à une nouvelle actualité. On pourrait dire que de cette manière, elle acquiert de petites auras contextuelles ; « la reproduction mécanisée assure à l'original l'ubiquité dont il est naturellement privé. » En venant offrir loriginal sous une forme différente et multipliée, la reproduction lui accorde une nouvelle vie, un sens qui le relie à lensemble de lhumanité et quil naurait jamais pu atteindre sil était resté dans la tradition qui lui a donné naissance.
« Chacun aura pu observer combien un tableau, plus encore une sculpture et, par-dessus tout, une architecture se laisse mieux appréhender en photo que dans la réalité. On serait tentés dattribuer ce fait à un simple déclin du sens artistique, à une insuffisance de nos contemporains. Mais on est bien forcé de constater que, dans le même temps à peu près où se constituaient les techniques de reproduction, un changement sest produit dans la manière de percevoir les grandes uvres. Celles-ci ne peuvent plus être envisagées comme des productions individuelles, elles sont devenues des compositions collectives, si puissantes quon ne peut les assimiler quà condition de les réduire. Les méthodes mécaniques de reproduction se ramènent en fin de compte à une technique de réduction, et procurent à lhomme un degré de maîtrise sur les uvres sans lequel il ne saurait plus quen faire. » En regard de ce texte, il est indéniable que Benjamin gratifie dune puissante utilité les technique de reproduction, et sil craint que lactualisation générale de « lhéritage culturel » porte atteinte à la « tradition », il accorde à ses techniques quelles participent aussi à une interprétation des traditions. Reste à savoir si telle interprétation relève de la vulgarité, du contresens, ou dune relecture authentique et féconde. Ce nest donc pas la reproduction technique en tant que telle qui représente un danger, mais la possibilité quelle ouvre, hors des mécanismes traditionnels de la transmission culturelle, dexploiter lhéritage culturel trop rapidement, sans nécessairement bien en maîtriser les fondamentaux. Ce qui inquiète Benjamin, ce sont les usages à mauvais escient de la tradition, ses pervertissements.
Finalement, avec la reproduction technique, cest tout le rapport aux uvres dart traditionnelles qui est modifié de sorte que lactualisation devient plus importante que loriginal. Le rapport entre production et réception est renversé dans la mesure même où la reproduction renverse la relation entre loriginal et sa copie (en effet, dorénavant ne découvre-t-on pas la copie avant de rencontrer lorignal, si toutefois on le rencontre jamais). En même temps, la reproductibilité induit une délocalisation et une détemporalisation qui abolit lappartenance de limage à un espace et à un temps déterminé et permet non seulement de nouvelle perspectives sur lobjet mais ouvre à ce dernier la possibilité dexistences nouvelles. Ainsi conçue, la reproduction technique ne se contente pas de déplacer lobjet dans un autre espace-temps, elle expérimente dautres façons dêtre du monde. Et surtout, la notion même dauthenticité perd tout fondement ; loriginal nest ni plus ni moins authentique que sa reproduction dans une existence différente, dans une autre actualité.
En déterminant la valeur des uvres, en en valorisant certaines plus que dautres, lhistoire de lart procède à une hiérarchisation qui est aussi une forme dactualisation. En somme, la discipline actualise loriginalité des uvres dart originales, aidée en cela par lactualité que trouvent ces uvres dans leurs reproductions techniques. Lhistoire de lart dit « Voilà ce qui remarquable et voici ce qui ne lest pas. Ceci a, ou a eu, de laura et cela nen a pas. »
Létymologie nest pas toujours bonne guide, mais si on se penche sur lorigine du mot art, on observe quil vient du latin ars, qui lui-même traduisait le terme grec tekhnê, tekhnê qui a donné en français technique. En grec ancien, la tekhnê désignait un certain type de savoir : le savoir-faire réglé des activités techniques ou artisanales. La tekhnê des Grecs, lars des Romains, à la fois art, artisanat et technique, consistait dans la connaissance des règles qui président à la production dune uvre bien faite. Cela incluait aussi bien lart de produire des statues, de la musique, des discours ou de la poésie que la médecine. Avec le temps, les traductions et les évolutions de la technique, la définition a été fortement rénovée, si bien quaujourdhui à part les traditionnels Beaux-Arts on ne plus trop quoi mettre derrière et quon parle plus facilement de culture. Benjamin ne donne pas de définition particulière de lart ni de « luvre dart », mais quand il parle « dhéritage culturel » et de « tradition », on peut en déduire que sa conception se rapproche fondamentalement de ce quon appelle la Culture.
Il ne le précise jamais et ça ne lintéresse guère de savoir si les nouvelles techniques sont de lart, ce qui lintéresse cest de savoir ce que devient lart avec ces nouvelles techniques. Ce qui retient son attention dans les nouvelles techniques, cest de savoir ce quelles font des anciennes, de quelles manières elles traduisent (actualisent) la tradition.
Les artistes contemporains élaborent à leur façon des éléments de réponse à ses sentiments qui se propagent. Consciemment ou non, la possibilité de reproduction technique des uvres dart, et des uvres en général, influe sur leur réflexion et leur travail. À cette époque, Marcel Duchamp a déjà produit des ready-made, qui sont des objets manufacturés, produits en série, promus au rang duvres dart par les seules volontés et signatures de lartiste. Il également détourné une uvre dart historique, La Joconde, ajoutant moustaches un bouc à sa reproduction technique sous forme de carte postale.
Dans ce contexte où loriginal peut être destiné à disparaître, et où lon produit de loriginal reproductible à partir de reproduction, on ne sait plus très bien quelles valeurs lui accorder. Cependant, comme par un réflexe dautodéfense, les originaux des uvres ont vu leur valeur se conserver et même fortement augmenter. Finalement, la reproduction technique a concouru à accroître la valeur symbolique et marchande des originaux des uvres dart entrés dans la tradition (de lart), dans « lhéritage culturel », si bien que même les photographies technique de reproduction et par essence reproductible ont leurs originaux. Les uvres dart qui sont entrées dans lhéritage culturel commun de lhumanité et qui bénéficient dune forte valeur esthétique et symbolique (aidées en cela par lhistoire de lart), dune importante aura, voient leurs auteurs être dorénavant perçus comme des héros de la civilisation.
Si les créateurs contemporains dart veulent rester dans lhistoire de lart, il est préférable, voire indispensable, quils réalisent des uvres techniquement reproductibles, car si lon peut rentrer au musée avec une uvre impossible à actualiser par la reproduction technique, il paraît peu probable quon puisse y rester avec une uvre non (facilement) médiatisable.
Quand Benjamin parle de « lubiquité » des uvres dart qui, par lentremise de leur reproduction, peuvent se retrouver dans quantité dendroits simultanément et toucher un bien plus grand nombre de personnes, il entend que cette « existence en série » multiplie les possibles. Cest une forme de démocratisation du patrimoine culturel ; tout un chacun peut désormais accéder à des uvres qui lui étaient matériellement et techniquement inaccessibles. Lexemple dune scène du film Les carabiniers (de 1963) de Jean-Luc Godard est à cet égard éloquent : deux jeunes hommes qui ont été envoyés faire la guerre en reviennent avec des « souvenirs » (leurs conquêtes), ces souvenirs sont des cartes postales reproduisant quelques unes des plus grandes uvres de lhistoire de lhumanité comme Le Colisée ou La pyramide de Kheops, et quand ils finissent par les jeter négligemment au sol en sexclamant que ce ne sont que des cartes postales, leurs femmes répondent que : « Non, ce sont des titres de propriété ».
Si les uvres dart ne représentent plus cet au-delà inapprochable et quon peut désormais les posséder, cest que lexpérience de lart change de nature : de la contemplation on passe à la consommation. La masse reçoit luvre (se lapproprie) alors quauparavant lindividu se plongeait en elle (pour accéder au monde des sentiments dinfini). En fait, luvre dart change de statut : alors quelle était un lieu de passage, elle devient exposable en tant quuvre dart. Et si elle était déjà devenue exposable avec les collectionneurs et les musées, avec la reproduction, cest son exposabilité qui est exposée.
« «rapprocher» les choses de soi, ou plutôt des masses, cest chez les hommes daujourdhui un penchant tout aussi passionné que le désir de réduire lunicité de chaque situation en la soumettant à la reproduction [
] Dégager lobjet de son enveloppe, détruire son aura, cest la marque dune perception qui a poussé le sens de tout ce qui est identique dans le monde au point quelle parvient même, au moyen de la reproduction, à trouver de lidentité dans ce qui est unique ». Cest ce que dit aussi cette scène des Carabiniers, où avec les photographies duvres dart, les personnages ont ramené des photo de pin-up ou de sportifs : le Lièvre de Durër est accolé à Mickey Mouse. Plus rien na de sens, tout est devenu semblable. La reproduction opère un grand mélange ou tout devient équivalent.
On laura compris : avec la reproduction, luvre dart perd son unicité et se trouve incluse dans un processus social, économique et politique qui la dépasse. Benjamin écrit : « Ces deux procès mènent à un puissant bouleversement de la chose transmise, bouleversement de la tradition qui n'est que le revers de la crise et du renouvellement actuel de l'humanité. » Ces mouvements ne touchent pas seulement lart mais lhumanité entière ; la reproduction mécanique et, plus généralement, lévolution des procédés techniques sinscrivent dans un vaste processus de perturbation des modes de vie. La reproduction promet lubiquité à luvre dart, qui peut donc se retrouver partout, mais, au fond, elle nest nulle part véritablement (et si loriginal se trouve encore dans un lieu qui assure lunicité de son espace et de son temps, cest un musée ou endroit muséifié où elle na dautre fonction que de sexposer).
La massification de la culture invite à un grand mélange où tout se ressemble et tout se perd, cest pour cela que Benjamin parle de « liquidation de la valeur traditionnelle de lhéritage culturel ». On pourrait assimiler ce changement à la notion de syncrétisme culturel que lon pourrait définir comme la fusion déléments (apparemment) disparates, lidée que lhistoire semballe et conduit à un flot dassociations inattendues. La reproductibilité offre à luvre le potentiel de rassembler tout le monde, mais en fait elle ne rassemble personne, ou, plutôt, elle est loccasion de mini rassemblements hasardeux.
En plus de coïncider avec la naissance des classes sociales, la fin de luvre dart unique coïncide avec lémergence de lindividu. Cest dans la destruction de la tradition que lindividu apparaît. Lincertitude de lavenir qui se propose à un individu devenu plus ou moins maître de lui-même saccompagne de lincertitude du sens de lart, et de la relativisation de la place de chacun. Aux temps du mysticisme, luvre dart représentait un au-delà à atteindre, au temps de la technique, la reproduction représente luvre dart comme une fin ; mais, sorti de son contexte, luvre est déchue de son aura et de son sens. Luvre dart est perçue au présent comme un passé inatteignable, alors quelle était vécue hors du temps comme lassurance dun salut. Si la reproduction mécanisée déplace luvre hors du temps en lui assurant une éternité technique, elle annule son éternité symbolique.
Assumer lexpérience de lart sans laura est la caractéristique de lhomme moderne, qui apprend à se passer de lillusion. Il ne peut plus penser à son niveau local, mais fait maintenant partie dune foule et est spectateur de cette foule, donc spectateur de lui-même. Quand luvre dart devient exposable ou plutôt quand, avec la reproduction, lexposabilité de luvre dart devient exposable cest lhomme qui sexpose à lui-même. Sans aura, lhomme est maintenant seul au monde, sans Dieu. Séparé de la richesse dune telle présence, lhomme à lère de la photographie et du film se retrouve sans assurance ni sécurité, sans autorité sinon la fragilité de la sienne. La reproduction technique excluant le rapport et la rencontre directs avec luvre, il ny a plus de possibilité de « Réponse ». Cest au spectateur de trouver ses propres réponses.
Ce nest pas simplement le rapport de lhomme à luvre dart qui change, cest le rapport de lhomme au monde : lindividu nest plus un sujet mais un consommateur. Il nest plus jugé par une entité inaccessible mais par les autres hommes. La notion daura, et son déclin, permet aussi de comprendre que les rapports entre les hommes (et entre les hommes et les choses) ne sont que des constructions, plus ou moins opérantes, qui peuvent donc se défaire. La déchéance de laura et de la tradition, en étroite relation avec lémergence de lindividu, perçu comme de plus en plus rationnel, peut être envisagée comme lacquisition dune capacité (dauto-)critique.
Le lien de la tradition corrompu, lart nest plus transmis dhomme à homme mais passe par des intermédiaires ; et si ces intermédiaires sont critiquables puisque incapables de transmettre la tradition en létat, ils nous permettent de constater que cette tradition est une construction, et donc quelle est elle aussi critiquable.
Il faut savoir que la pensée de Benjamin, en particulier dans cet essai sur luvre dart, sinscrit dans le courant philosophique et politique du matérialisme historique impulsé par Karl Marx, et selon lequel le sens de lhistoire dépend du facteur économique et de la lutte entre les classes. Ainsi, quand Benjamin sattaque aux films qui, pense-t-il, peuvent être de mauvais médias (moyens de reproduction), cest parce quils servent (consciemment ou non) les intérêts de ceux qui les produisent. Ceux qui ont les moyens de reproduction des uvres dart sont aussi ceux qui ont les moyens de production, et ce quil craint (et regrette dans le cas du nazisme et du fascisme notamment), cest que lart et la tradition soient instrumentalisés, détournés de leur signification originale, au profit dintérêts particuliers. Les moyens de reproduction technique sont des intermédiaires qui médiatisent la chose reproduite, et, de cette façon, quand Benjamin analyse leurs effets sur luvre dart, il produit une critique des médias, qui, selon lui, sont utilisés, sans suffisamment de sens critique. Dune certaine façon, ce quil regrette cest déjà que le medium est le message et que la signification de luvre dart puisse se réduire au medium à travers lequel elle sexpose. Ainsi, dans sa Petite histoire de la photographie, il écrit « La légende ne va-t-elle pas devenir lélément essentiel du cliché ? », comme si ces nouveaux media nécessitaient explication, quil fallait un savoir daccompagnement pour comprendre ce quils contiennent, comme si la critique était indispensable à leur bonne appréhension.
Tant quil y aura encore du rêve, il y aura toujours de laura dans le monde. Mais lil éveillé ne désapprend pas la force du regard quand le rêve sest complètement éteint en lui. Au contraire, ce nest qualors que son regard devient vraiment fort. » Cela signifie que le regard de lhomme devient fort quand il cesse de croire par avance à la force de ce quil regarde ; le spectateur acquiert une compétence, celle du scepticisme. Son regard, qui était impliqué et rêveur, se fait plus suspicieux, devient averti au lieu dasservi. Benjamin conclut : « Sans le film, on ressentirait la perte de laura à un degré qui ne serait plus supportable. » Il veut dire par là que les films détournent le regard des hommes, leur propose une nouvelle voie, une autre vérité qui empêche leur scepticisme de sexprimer avec trop de violence. Cest ainsi que ces nouveaux médias qui soumettent ce quils reproduisent à la critique doivent eux aussi être critiqués (si on ne veut pas perdre la valeur de la tradition et remplacer des croyances par dautres). Car si ces moyens de reproduction technique contribuent au déclin de laura des anciennes formes duvres dart, ils nen pas moins le pouvoir dauratiser le regard de leur spectateur.
La théorie sociologique de lart de Walter Benjamin lamène à peu sintéresser aux uvres même mais plutôt à leurs fonctions. Il perçoit la possibilité de reproduction technique comme le plus profond bouleversement de lhistoire de lart. Lart des origines avait pour vocation daider les hommes à maîtriser la nature et le monde, la reproduction des uvres dart vise à maîtriser lart lui-même. Laura quon peut conférer à une uvre est la marque de son utilité sociale, la traduction des représentations qui lentourent. Sortie de son contexte culturel et social, luvre dart perd « son ici et son maintenant », perd sa signification, doù le ton apparemment alarmiste du texte et lusage du terme de « liquidation » quentraînerait la reproduction technique qui détourne lhéritage culturel et la tradition de leur fonction. Les nouvelles techniques en se réappropriant et en reproduisant les anciennes détournent les masses de la vérité historique des uvres. Cependant, si on peut avoir limpression que Benjamin névoque que de la dégénération de lart du passé, il parle aussi de lart contemporain ; il ne pose pas la question de la valeur artistique de la photographie ou du cinéma, pour lui la question est : que devient lart à travers ces médias ? Il sinscrit dans une histoire de critique et de théorisation sur lart et contribue à ouvrir un espace de critique des médias dans une optique sociologique de compréhension du monde. Il décrit le déclin progressif de laura unique, de la tradition unique au sein de laquelle naissait et mourrait un homme, mais ce nest pas la fin de laura : on continue dattribuer de lautorité et un certain pouvoir aux uvres dart. Lhomme sécrète lexpérience de laura pour répondre à labîme qui lui fait face, trouver un sens à ce quil voit et vit.
Le déclin de laura et la reproductibilité technique marquent la fin du sens unique au profit de sens circonstanciels, cest en quelque sorte le gain dune marge de liberté. Lhomme peut dorénavant prendre en compte la part de hasard dans sa vie. Avec les techniques de reproduction, lhistoire de lart aide à mettre fin au hasard de la rencontre mystique avec luvre, lhomme nest plus soumis à larbitraire qui fait quil doit croire à la réponse proposée (imposée) par luvre ; mais, à linverse, sortie de limmuabilité et de léternité de la vie sacrée, luvre dart se retrouve soumise aux hasard et vicissitudes de la vie des hommes. Par un double mouvement contradictoire, elle perd son étrangeté pour en gagner une autre, est écartée du hasard divin pour être confrontée aux hasards humains. Lépoque moderne fait lexpérience du désenchantement du monde, et nous permet de découvrir le sens de liberté des objets que nous produisons sans les regarder, nous rend attentifs à leur fragilité. Nous voyons les choses affranchies de leur sens symbolique pour saisir en leur ruine lallégorie dun présent qui vaut pour lui-même.
Notre regard est déplacé. Cest ce que nous permet de comprendre le texte de Benjamin, qui sil est toujours présent aujourdhui, bénéficie incontestablement dune certaine (actualité) aura. Qu'aurait dit Benjamin d'Internet et des modifications qu'il apporte à nos expériences de l'aura ? Ne serais-je pas moi-même en train en train d'essayer de me créer une nouvelle aura dans l'oeil de mon lecteur s'il a eu le courage de me lire jusque-là ?
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Carré d'arrière par Jules Félix
Mes anciens ! Enfin, "mes", façon de parler, on n'est à personne, on est à soi, on est à tous. Je vous avais parlé deux ensemble la dernière fois en été 2011. Enfin, si, jen ai reparlé un peu après, mais depuis lan dernier, cest un peu différent. Très différent même.
Je nai pas envoyé de carte postale de vacances lété dernier à Marguerite. Je ne lui ai pas envoyé de carte de vux pour cette nouvelle année 2013. Je ne lui ai pas fait de visite à limproviste dans son petit appartement du rez-de-chaussée qui avait été vendu à la ville depuis longtemps. Je nai pas regardé si ses grands volets étaient ouverts ni sil y avait des petits rayons de lumière qui filtraient derrière eux. Cétait la plus jeune, et du haut de ses petits nuages, je sais que Marguerite me cligne maintenant de lil
Heureusement, il "me" reste les autres.
Jai passé une journée avec Lucienne, quatre-vingt-seize ans, déjeuné et dîné avec elle. Lucienne a sa mémoire qui flanche un peu, mais pas trop. Elle est dépassée par les événements. Elle se ballotte au gré des contacts. Elle vit seule mais nest plus trop autonome. Enfin, si pour la vie quotidienne, mais elle ne peut plus gérer ses papiers, ses factures, ses relevés bancaires etc. Elle est un peu aidée. Sa forme mentale est directement proportionnelle à son humeur, et son humeur directement proportionnelle à sa sociabilité. Lorsquelle est seule, elle se ronge la mémoire. Mais entourée, elle est heureuse et pète la forme. Le temps passé avec elle est donc immédiatement récompensé : elle va mille fois mieux après quavant, malgré la lourdeur du repas (elle mange toujours modérément) et la fatigue des déplacements ou de la conversation. Il y a sans doute deux catégories de personnes : celles qui sépuisent en papotant avec les autres et celles qui se regénèrent en papotant avec les autres. Elle fait partie de la deuxième catégorie. Assurément.
En guide de cadeau de Noël, je lui ai offert un petit album photos. Javais passé une nuit entière à sélectionner et imprimer les dizaines de photos prises depuis une quinzaine dannées. Je ne pensais pas que ce serait si long. Cette imprimante nest pas le TGV. Idée intelligente, oserais-je dire avec le manque de modestie de ceux qui ceux qui sont contents de leur trouvaille. Une photo ramène au passé (où Lucienne vit depuis une dizaine dannées), ranime la mémoire, et consolide le présent.
La vieillesse a aussi de ses retours de bâtons. Quand on nest déjà pas trop fin psychologiquement, on peut faire des gaffes (genre blesser sans sen rendre compte), alors, la vieillesse, la surdité et les boulettes de mémoire aidant, cest bien pire. Lucienne a même été capable de dire devant une personne comme elle lennuyait en pensant parler à quelquun dautre. Car cest cela qui la caractérise depuis quelques années, elle prend ses interlocuteurs pour dautres. Du genre, son fils pour son mari, parfois même pour son père. Mais elle est lucide, elle sen rend compte et rectifie aussitôt. Cest assez étrange ce méli-mélo de la mémoire. Le cerveau, ce grand inconnu
Jai même compris quelle mavait pris un jour pour un camarade de classe, de classe, donc, lorsquelle était écolière à lécole primaire ! Nous étions remontés très loin dans les profondeur du temps. Même ses enfants navaient pas connu cette époque. Je venais de prendre au moins une cinquantaine dannées dans les dents ! Concrètement, cest assez rigolo. Mais cela peut aussi un peu lasser. Heureusement, comme une vitre quon nettoie à cause de la buée, sa mémoire est capable de ressaisir la réalité. Les réflexes mentaux ont cependant la vie dure.
Je parlais de la non-finesse psychologique. Elle a regardé toutes les photos, une à une. Attentivement. Elle se souvient très bien de son gendre, par exemple. Elle a eu beaucoup de compassion pour lui. Jusquà dire devant sa fille que lors des derniers repas de famille, elle ne regardait plus que lui, fascinée. Cela ne la pas empêché de dire, lil rivé sur une photo, comme une Vampe dopérette : « Le pauvre
ben, il y a un peu de sa faute » !
Parfois, elle ne reconnaissait pas les personnes. Même elle-même ! Cette femme aux cheveux blancs, elle me fait penser à ma mère ! Mais non, cest toi !! Il y a à peine deux ans. Elle a dit exactement : « Cétait moi, ça, on dirait ma mère ». Cest vrai que vers les quatre-vingt-dix ans (je ne me souviens plus exactement), javais trouvé quelle avait vieilli singulièrement et je ne comprenais pas pourquoi (je suis une bille en matière dobservation féminine). Cétait ses cheveux ; elle avait fini par ne plus teindre ses cheveux car elle faisait une allergie à la teinture. Des cheveux blancs, cela change tout de suite une personne. Pas forcément en mal.
Elle a vu aussi des photos de sa sur aînée, un an de plus quelle, en pleine forme. Je vous en ai déjà parlé aussi, elle sappelle Germaine. Lucienne a du mal à comprendre cette longévité familiale. Leur mère est morte à quatre-vingt-douze ans, et elles lont dépassée depuis longtemps. La non-finesse psychologique pourrait donc alimenter les meilleurs sketchs. Parlant de sa sur et ne comprenant pas pourquoi elle nest pas encore morte, elle a lâché soudain, dans un excès détonnement qui pourrait aussi se porter sur elle-même : « Je ne comprends pas quelle bouge pas » !
Justement. Comme les deux surs ne peuvent plus trop se voir quand elles le veulent car aucune ne peut se déplacer en automobile, jai embarqué Lucienne dans la mienne et lai amenée chez sa sur, à lautre bout de la ville. Effusions habituelles. Vux de santé et de bonheur pour la nouvelle année. Trucs habituels. Pour une fois, je suis allé les voir, Germaine et son mari Ernest, avec un bouquet de fleurs. Cest très rare de ma part, car je sais quils naiment pas. Dhabitude, jarrivais les mains vides. « Fallait pas le faire ». Heureusement, jai pu répliquer sans problème : Faut pas exagérer mais chaque fois que je viens maintenant, tu me sors le grand jeu. Du champagne !
À cause de sa surdité, Lucienne a peu participé à la conversation pour ce petit goûter. Mais elle était heureuse dêtre là. La présence humaine lui donne toujours la vigueur quun peu deau redonne à une fleur cueillie. Celui qui a tenu le crachoir, cest le patriarche au sourire dange. Ernest, à deux doigts dêtre centenaire. Lui-même ne sen rend pas compte. La peau lisse de son visage le rajeunirait dune bonne trentaine dannées. Aucune crème pour maintenir la bicoque. Quand il était jeune, il avait toujours la peau tirée, rouge écrevisse, et cela lui a beaucoup joué de tours. Maintenant, il a lair dun poupon. Lil pétillant de la farce et de lhumour.
Ernest a raconté ses guerres. La Première guerre mondiale. Oui, la première. Il avait déjà une belle voix. Il aurait dû être chanteur. Il avait chanté la Marseillaise à quatre ans. Et on lavait mis dans un avion. Il a touché à tout. Il voulait faire pilote. À quatre ans, il avait failli faire des dégâts, à force dappuyer partout sur le cockpit ! Heureusement, on le surveillait. Ce fut donc larmée de lair. La Seconde guerre mondiale, cétait moins rigolo. Il avait vingt-sept ans en 1940. Il était mécanicien dans laviation et il était chouchouté par tout le monde. Même par les officiers. Il faisait la moindre réparation. Poste stratégique. On lavait mis de garde un jour, et on la engueulé : il était bien trop précieux à latelier pour lui faire perdre son temps à la garde. Dans certains univers, laristocratie nest pas ce quon croit.
Le pauvre ne dort pas trop sur ses deux oreilles. Il se réveille en pleine nuit soucieux de problèmes éphémères quil ne devrait plus avoir à cet âge (des problèmes de paperasses et dargent). Cela contraste avec limage quon pourrait avoir de lui, perpétuel joyeux luron. Le stress est simplement masqué par une bonne humeur naturelle.
Lorsquil sest relevé et sest avancé pour me dire au revoir, il avait pris sa canne. Son corps robuste est assez difficile à déplacer même sil fait tous les matins ses exercices dassouplissement avec une assiduité et une persévérance qui devraient servir de modèles pour les plus jeunes. Il en profita lil brillant pour me montrer plus précisément sa canne. Avec un anneau en ivoire. « On nen fait plus des comme ça ».
Jai eu alors droit à une petite histoire familiale. Sa canne appartenait au grand-père de sa femme, Alphonse. Cétait un homme assez rigoureux. Alphonse était un professeur dhistoire et de géographie et il faisait aussi des cours de morale dans un grand lycée technique de la région. Un hussard de la République. De la Troisième République. Il est mort assez jeune. À soixante-treize ans probablement après un accident vasculaire cérébral qui la empêché de parler à la fin de sa vie. Comme à lépoque, il ny avait pas de retraite, il travaillait encore, il enseignait encore, ce qui lobligea à arrêter prématurément. Cétait autour de 1930.
Ernest était même fier de son "beau-grand-père" (quil na donc pas connu), car un de ses clients, plus tard, lui raconta quil était aussi un ancien élève dAlphonse et il a pu ainsi confirmer que lenseignant était un puits de connaissances. Ses camarades et lui, lancien élève, avaient cherché à le coller sur le nom dun fleuve dans un lointain continent et le brave Alphonse était capable de leur donner ce nom ainsi que celui de ses affluents. Les élèves en furent bouche bée. Admiratifs.
Germaine enchaîna alors sur sa propre naissance. Elle est née au début de la seconde année de la Première guerre mondiale chez son grand-père qui habitait en ville. Son père, Hubert, fils dAlphonse donc (attention, il faut un tantinet suivre !), était mobilisé sur le front lorrain, mais comme il a souffert dune pleurésie, il a été rapatrié chez ses parents. Émilienne, lépouse de Hubert (et mère de Germaine, celle qui est mort à quatre-vingt-douze ans), était donc enceinte pour la première fois et se trouvait aussi pas loin du front, seule. Elle a voulu rejoindre son mari pour accoucher, et a donc traversé les lignes de front, attendant la fin de la bataille pour retrouver ses parents et son mari. Pour son premier bébé, Émilienne était déjà bien âgée pour son époque, trente et un ans. Et elle était un peu plus âgée que son mari. Elle a eu son troisième enfant à quarante-trois ans.
Émilienne navait pas manqué de courage mais nétait pas beaucoup appréciée de ses beaux-parents. Alphonse aurait voulu pour son fils Hubert un parti un peu plus
enfin, un peu moins roturier. Hubert était le scientifique typique de la première moitié du XXe siècle, scientiste et rationaliste, hypermachiste au point que son épouse Émilienne, dune grande délicatesse intellectuelle, a dû exercer son métier dinstitutrice en cachette de son mari car ce dernier naurait jamais supporté que sa femme travaillât
À quatre-vingt-dix-sept ans et demi bientôt, Germaine sera dans quelques semaines lépouse dun centenaire avec qui elle aura vécu mariée pendant près de soixante-seize ans. Entre Noël 2012 et le nouvel an 2013, Ernest et elle mavaient tendu le journal local qui avait fait un article sur un couple qui avait fêté leurs noces de chêne, soit quatre-vingt ans. « Ils ont le même âge que nous, mais ils se sont mariés plus tôt ». Cest vrai quErnest a attendu ses vingt-quatre ans pour se marier, il aurait pu faire plus vite. Et Germaine avait déjà plus de vingt et un ans.
Mais ce nest pas cette grande longévité qui plaît tant à Germaine. Ce qui lui donne toute sa fierté, elle qui a ancré en elle les valeurs familiales, cest quau mois de mars, elle va devenir enfin arrière-arrière-grand-mère. Une petite fille va en effet naître et va même se prénommer Germaine, sans doute en son honneur. Sa petite-fille sera donc grand-mère à
quarante-cinq ans. Une lignée typiquement féminine : la fille de la fille de la fille de la fille de Germaine.
Jattends donc avec impatience la future photo des cinq générations !
Épisodes précédents :
http://www.pointscommuns.com/c-commentaire-cinema-61904.html
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=83200
http://www.pointscommuns.com/c-commentaire-musique-97965.html
http://www.pointscommuns.com/c-commentaire-cinema-101839.html
http://www.pointscommuns.com/c-commentaire-medias-101901.html
http://www.pointscommuns.com/c-commentaire-lecture-102183.html
http://www.pointscommuns.com/c-commentaire-medias-102917.html
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VIANDE HACHEE par Feudouce
Les mics macs transformant la viande de boeuf en viande de cheval ou vice versa ont orienté les projecteurs sur les dysfonctionnements de l'agro alimentaire:
http://www.rue89.com/2013/02/15/il-fallait-garder-40-de-la-viande-avariee-239652
On voit ici des employés condamnés à mélanger un minimum de 40% de viande avariée avec de la viande correcte pour faire une purée de viande qu'on agglutinera à de l'azote liquide avant de la découper en petits cubes bien réguliers ..
Les cadences sont telles qu'il n'est pas rares que quelques doigts soient happés par les machines qui se bloquent. Quelques doigts hachés par les mâchoires du Grand Capital.
Dans le même ordre d'idées, je me souviens d'un emploi que j'avais occupé dans un restaurant du boulemich, alors que je faisais mes études de philosophie à la Sorbonne.
Mon travail consistait à réaliser des sandwitchs que je devais trier ensuite à l'aide de gommettes :
bleu les frais, oranges les restants de la veille, et rouges ceux qui étaient déjà avariés.
Naturellement, nous avions l'ordre d'écouler d'abord les avariés , mais de les échanger sans difficultés si les consommateurs venaient se plaindre ...
Je n'étais pas très enthousiaste. Mais c'était ça ou geler dehors à faire des crêpes !
Je suis partie dès que j'ai pu décrocher un autre job.
sur ma fiche de suivi, on avait écrit un peu instable. Change souvent d'employeur...
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Texto (réédition corrigée) par Misty44
Lautre jour elle a reçu un texto : « Slt sa va, je voulais te dire que tu baise b1. W. ».
Pour nimporte quelle femme, normalement, cest un compliment.
Mais elle, ça la fait hurler de
désespoir.
Elle avait beau retourner la phrase dans tout les sens, faire des anagrammes abracadabrants, il manquait un p pour lire pardon et un x pour excuse.
La dernière fois quils sétaient vus, cétait 2 mois et demi plus tôt. Ils avaient passé la nuit à lhôtel. Toujours très classe, il lui avait laissé le soin de réserver la chambre (avec promesse de partage).
Une nuit agréable pour elle et apparemment très satisfaisante pour lui. Au petit matin, à son réveil, elle lui avait dit doucement bonjour.
Sans réponse, elle avait réitéré. Il avait alors grogné :
- Je ne vois pas pourquoi je te dirais bonjour, vu quon a passé la nuit ensemble.
- Ben
parce que cest gentil, cest tout
- Oh la la, sétait-il esclaffé, ça ce sont des trucs quon dit quand on a 60 ans, pas quand on en a (
) !
- Quel
con ! avait-elle répliqué, incrédule.
Sur ce, elle lui avait tourné le dos et pensait que ses reniflements répétés allaient lui indiquer quil avait poussé le bouchon un peu loin.
Que nenni.
Il avait ajouté :
- Tu ne vas pas pleurer parce que je ne tai pas dit bonjour, quand même ?
Sans un mot, elle était allée prendre sa douche et chialer un bon coup.
Quand elle était sortie de la salle de bains, il était parti.
Elle a payé la chambre, tenté de lappeler en vain.
Elle est restée sans nouvelles pendant deux mois et demi jusquà ce texto.
Vous comprenez mieux ?
Mais ... pas de confusion, cest POUR LUI quelle était désespérée !
Elle, il y a longtemps quelle a dépassé ce stade, désormais elle observe, encaisse, collecte, empile, compile,
(parfois aussi « ventile et disperse façon puzzle », genre Tata Flingueuse !)
Elle aurait de quoi faire un mémoire.
Un mémoire sur les handicapés de la parole, enfin sur les hommes qui ONT DES PROBLEMES POUR PARLER AUX FEMMES.
Cet homme-là, dès le début, elle sétait dit que c'était un sujet intéressant.
A part « bonjour », « encore » et « au revoir », jamais un mot plus haut que lautre. Pas dappels intempestifs entre leurs rencontres, le type discret à souhait, enfin
sauf quand il y avait urgence.
Dans ces cas-là, il lui envoyait des messages. Ultra courts, les messages, visiblement il avait un peu de mal avec lécrit aussi. Ah non, pardon
une fois il avait dépassé les 4 mots, lorsquelle lui avait dit quelle voulait rompre car elle ne trouvait pas souvent leur relation très satisfaisante.
Il lui avait répondu : « Ah mais moi ça ne me dérange pas que tu ne jouisses pas
! »
Déjà là, nimporte quelle femme aurait fui, mais elle, elle sest sentie
comme investie dune mission.
Ouais
! « Il faut sauver le soldat William ! », cest comme ça quil sappelait.
Elle sétait mise alors à lui égrener avec patience et parcimonie quelques conseils, à lui inculquer quelques notions basiques de psychologie féminine.
Pour son anniversaire, il avait eu droit à la version en BD des « hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus ».
Et de temps en temps, mine de rien, elle lui faisait écouter « Try a little tenderness » (mmm
Otis !)
Au bout de quelques semaines de ce régime intensif, il lui avait semblé sentir un soupçon damélioration
un frémissement.
Ils commençaient à tenir de petites conversations. Si, si
!
Une fois même, de fil en aiguille (comme on dit
) ils étaient allés jusquà quelques confidences sur leurs enfances respectives qui nétaient pas très rigolotes.
Et puis, quand elle lui lisait les histoires quelle écrivait, il aimait bien
Tout ça
Mais là, patatras ! Avec ce texto, elle eut le sentiment très net quil avait rechuté et quil faudrait tout reprendre à zéro. Ca la beaucoup affectée
Et puis
bon, cétait trop de boulot, elle a jeté léponge.
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A la recherche du doudou par Lechainonmanquant
L'heure bâtarde s'achevait bien au delà de son temps imparti, elle m'avait livré son lot d'imprévus et me laissait retourner chez moi dans la nuit et l'indifférence de la ville qui s'était endormie.
Pris dans mes frasques nocturnes j'avais raté le passage du marchand de sable.
Arrivé à la maison sans plus tarder je me glissais dans les draps, bras écartés pour accueillir Morphée au plus vite, ne doutant pas quUlysse reviendrait me jouer un air de flûte de son nuage en polyéthylène.
A peine couché les cris caverneux d'un ours en peluche sous le lit me firent me relever, histoire que je me prenne les pieds dans la carpette et que je m'assomme contre la table de chevet.
Le temps se mit à tourner en spirales me noyant dans un damier mouvant ses carrés noirs et blancs il m'aspira irrésistiblement me vidant de toute ma raison et mattira sous le sommier.
Petit Tom était là tel qu il y a un demi siècle je l'avais remisé sous mon lit, enfin un autre lit.
Pas rancunier Il me tendit la main pour que je le suive. Il n'avait pas pris une ride, ses yeux de verre étaient toujours malicieux et brillaient dans lobscurité. Le poil bouclé brun clair de son corps et teinté de blanc aux extrémités de ses pattes avait encore cette douceur cajolante quil mavait dispensée contre mes joues pendant quelques années.
Il avait bataillé dur pendant toutes ces années doubli mis pèle mêle dans la boite à souvenirs ancrée au plus profond dune vie dadulte.
Dans cette lutte pour revenir au premier plan il avait rivalisé avec des trains électriques, des voitures lancées à toute vitesse sur des pistes tortueuses, affronté la faune dune piste aux étoiles, et le plus difficile fut de distancer les mobylettes et de couper le son des électrophones qui lavaient rendu malentendant.
Dans cette lutte intestine il avait perdu son petit panier dans lequel il avait placé ses oeufs de pâques qu'il m'avait offert lors de notre première rencontre.
Nous refîmes le chemin à lenvers, lentement nous remontions vers la source émotionnelle créatrice dunivers éphémères. Tout au long de ce voyage initiatique je revoyais mes chers disparus qui reprenaient vie et me souriaient contents de cette visite impromptue.
Nous avancions dans un tunnel guidés par une lumière au loin qui nous attiraient comme les papillons de nuit. Petit Tom était fier de raconter ma vie, cette vie qui lentement avait expulsé un adulte par la suture lambdoïde de son cocon . Avec force de détails et danecdotes, il me contait tout ce monde merveilleux que javais construit avec lui le soir en nous endormant lun contre lautre.
Puis vint le temps de lamertume et du reproche, le questionnement de labandon du pays de la tranquillité aux profits dhorizons en friches ne suffisant jamais à la peine de chaque jour, la condamnation et le reniement dune vie faite de douceurs et damour.
Plus nous nous rapprochions du gouffre de lumière, et plus il me serait la main et me tirait en avant. Je résistais sentant ma fin venir, sa force était sans limite et je senti une partie de moi-même sextirper de mon corps comme un pull lover tellement moulant que vous avez limpression de vous arracher la peau en lenlevant.
Du haut de mes quatre ans je me retrouvais entre petit Tom et un adulte qui navait jamais trouvé de réponse au sens de sa vie. Une séparation létale et inévitable mamenait à continuer ma route avec petit Tom, et je laissais la grande carcasse gisant au sol retourner dans les brumes dun monde qui nétait plus le mien.
Lcm
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Page 2 du 19-02-2013 par Minos36
J'ai dix ans
et je me souviens du prénom de grand -mère maternelle,
un prénom très doux comme son regard qui, sur la photo, fixe un homme grisonnant, très grand toujours élégant.
Sur le trottoir d'en face de la maison de mes grands parents, habite un russe aux moeurs étranges pour ma mémé. Elle me dit qu'il s'agit d'un rustre à la spiritualité latente( à 10 ans je ne comprends pas ce mot).
D'après ma grand mère ce Russe( rustre), par son attitude, voulait rendre un hommage très spécial au ZAR ALEXANDRE
dernier à se faire trancher la tête sur le sables (d'OLONNEKOF)
Ah ! mes anciens !! quel étrange discours
tenait ma grand-mère
Mon adorable grand-mère, c'est toi que je veux retrouver chaque matin au lever du soleil,
mais je me fais un film tout simplement génial .
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"CHEZ MAURICE" ! par Voltuan
On s'était donné rendez-vous "Chez Maurice" le fameux bar à tableaux de la rue Peinturemuche à 18H30 pétantes ! Vertonique était là, Carmina aussi, Rougeline avait fait le déplacement, de même que Jaunette, Cimaise et Incarnate...Manquait juste Bleu de prusse, notre ami corse ( il avait en effet des origines mixtes et fécondes ) , qui avait eu tant de taf ce jour-là qu'il avait dû se décommander vite fait bien fait le bougre :)
Tout, dans ce bar à nul autre pareil, était fait pour l'artiste en goguette, puisqu'en posant ses affaires dans le vestiaire on pouvait admirer telle toile de Maurice Denis, telle toile de Paul-Elie Ranson ou de Paul Sérusier....Mais ce soir-là, fête était due au peintre de la même époque : Georges Lacombe, un autre symboliste ( peintre et sculpteur ), tout aussi passionnant que ses collègues et amis !
Ah..."Chez Maurice", que de joies, que de plaisirs innombrables...D'autant plus qu'en contemplant et étudiant les tableaux on pouvait se mettre autour d'un buffet et dîner tous ensemble ! "Chez Maurice" faisait également bar PMU : Peinture Murale Autorisée ( ! ), n'importe quel convive pouvant, munis de ses pinceaux, décorer les lieux selon son humeur :)
Question repas, Carmina avait jeté son dévolu sur un aplat de moules...Rougeline, choisissant une gouge de tofu....Jaunette craquant pour des poireaux vertigineux...Cimaise s'éclatant avec brio avec une vague de raviolis végétariens ( elle avait en effet eu vent des affaires de trafic de viande ici où là et tenait illico presto à modifier son régime )...Vertonique avait craqué pour le mousseux de "Chez Maurice"...Incarnate quant à elle, trouvant son bonheur dans une corbeille de fruits géants symbolisant l'Origine du Monde, à travers attributs masculin et féminin cette fois !
-Passe-moi l'huile me disait Carmina...!
-Tu reprendrais bien un bout de fusain ? lançait Vertonique !
-On en a plein nos palettes, c'est excellent :)
-Bougez-pas, je reviens...Chevalet aux toilettes !
-On riait comme des fous, à tant de bêtises frivoles, mais Dieu que c'était bon :)
-J'entendais Rougeline mordre à pleine dents dans une rançon d'artichauts fourrés aux amandes...Quel appétit mes aïeux !
On aurait pu syncrétiser cette folle soirée par un tableau représentant le déjeuner sur l'herbe de Manet : ambiance chaleureuse en tout point ! Mais Edouard n'avait jamais fait partie de l'école symboliste !
Impossible à quiconque de caricaturer une telle soirée, faite de fous rires complices et d'études les plus sérieuses de tableaux de maîtres comme de plats de maîtres-queues !
Principe du Jeu "Chez Maurice": à partir de 10 mots ( plus un onzième inventé : "syncrétiser" ) écrire un commentaire, suite à une sortie PCC entre ami(e)s ! Ces mots étant donc : moule, Lacombe ( ou la combe ), corse, rançon, vague, géant, vestiaire, vertigineux, gouge, caricaturer :)
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Notre besoin de consolation est impossible à rassasier par Alma-dies
Franchir la ligne rouge ,sans y penser
Ne marquer aucun temps d'arrêt
sur les conséquences et la portée
de la parole et de son sournois effet
Et...Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
Blesser sans réflexion
Sans aucune considération
conforté dans la notion
Que notre monde est la seule juste vision
Et ...Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
En vive sémantique, se hâter
Onaniques pulsions immédiates
La ligne rouge est franchie ...
Qu'importe ...l'auto-satisfaction est assouvie!
Et ...Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
Cette immédiateté de mots jouteurs
Ne rapproche pas et éloigne en stupeur
car les mots ont aussi le pouvoir libérateur
de faire et défaire les rois hâbleurs
Et...Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
Les mots qui tentent de relier nos intérieurs
ne résistent pas aux mots lamineurs
Ils sont balayés par les mots péroreurs
de l'égo ,pervers ,rouleau compresseur
Et ...Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
Ils ne sont pas du même monde rassembleur
et ce monde langage ,non posé ,et opposé
ne peut en conscience ,coexister
Et ...Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
Un monde de mots s'est ligué pour être mots tumeurs
Un monde de mots est dédié a n'être que mots destructeurs
Un monde de mots refuse le statut de mots éclaireurs
Un monde de mots en déni de mots rédempteurs
Et,...Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
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J'ai dix ans par Tourdyvoir
J'ai dix ans...et je crois que j'ai déjà tout compris..
Ma mère dit "méfie toi des hommes et de leurs combines"..et aussi "tu sais le sexe, pour ce que c'est bon..!!!".
Moi, je suis une petite fille souriante..confiante, ils m'auront pas..c'est moi qui les charmerai..d'ailleurs mon instituteur m'aime bien!
J'ai compris que mes parents avaient une vie d'merde et que jamais, je ne serai comme eux..moi, je souris et la vie me souris parce qu'elle a pas l'choix!!
C'est moi qui décide...je me déclare "maitre de ma vie" et elle n'a qu'à bien s'tenir.!
J'ai dix ans...je souris et ça étonne tout l'monde...vu le merdier ambiant dans lequel on impose ma vie.
Je ne cède pas un centimètre de ce sourire à la déprime de ma mère et la colère perpétuelle de mon père..il ne m'auront pas!!
Je me demande parfois du haut de mes 1M35 si ça les dérange pas un peu....mes frères et soeurs sont térrorisés et moi..je souris, je me moque de cette vie parce que je sais...je crois avoir compris qu'il ne faut pas céder à la tristesse pour faire fuir le mal.
J'écris des poèmes...je chante dans les toilettes..plus tard, je serais "patineuse artistique"...et je glisse dans les flaques d'eau gelées en étirant les bras gracieusement.
J'ai compris depuis longtemps qu'il faut être polie et bien élevée mais montrer les dents quand
il le faut...d'ailleurs les miennes sont un peu en avant, le dentiste veut me coller un appareil et moi, je n'veux pas de ce truc dans ma bouche.
Je fais des voeux inversés parce que je suis un peu supersticieuse...je souhaite une chose pour obtenir son contraire et ça marche..
Je fais ça parce que ma mère dit qu'on a pas d'chance alors en souhaitant un truc pas terrible..j'obtiens le contraire.
Notre grand mère ne nous aime pas..ça aussi, je l'ai compris très tôt à la façon qu'elle a de nous embrasser mon frère, ma soeur et moi...on dirait qu'elle a peur de se salir..
Elle oublie tout le temps que c'est Noël ou notre anniversaire...j'y crois pas!!!
Des fois, j'ai envie de me précipiter sur elle, juste pour lui faire peur!!!!^^
Elle ne nous aime pas parce que nous sommes les enfants d'un homme qu'elle n'aurait pas choisi pour sa fille...et elle, elle n'a pas choisi non plus son mari..on lui a imposé, c'est ma mère qui me l'a raconté..elle dit qu'elle aimait le frère de son mari, qu'on lui a imposé un mariage avec mon grand père qui avait 17 ans de plus qu'elle et c'est pour cela qu'elle est aigrie.
Ma mère dit aussi que sa mère ne l'aime pas...qu'elle lui trouve toujours quelque chose de "trop"..trop grande...trop forte...trop blanche...trop libre..trop intelligente...trop en avance sur son époque et nous, ses petits enfants, on est "trop" tout court...pas comme nos cousins et cousines qui sont des enfants parfaitement à leurs places.
Ce que je comprends dans tout ça, c'est que les autres aimeraient nous imposer des choses et moi..moi.. je ne suis pas d'accord!
Plus tard, quand je serai grande..je ferai que ce qui me plait..je l'jure!!!!!!
Je serai patineuse .. je sourierai tout l'temps et je ferai des voeux contraires parce que ça marche!!
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Chez Maurice par Sois toi
On peut participer au jeu même si on n'était pas chez Maurice, que par ailleurs je connais très bien?
si oui, voilà. sinon, de même.
Cétait bien, chez Maurice. On longeait en douce le vertigineux vestiaire, vague vestige dun temps révolu, pour arriver devant le Corse, un géant muscles croisés sur sa poitrine velue, rescapé dune demande de rançon, arborant un il borgne sous bandeau noir que personne ne saventurait à caricaturer et qui lorsquil voulait syncrétiser, disait-il- pour ne pas dire concrétiser, car il avait des manières, ce Corse- emmenait la petite dans la combe et lui mettait sans plus de préambule sa gouge dans la moule.
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chez Maurice par Touslesbato
Quand des commentaires se téléscopent au gré des correspondances, celui-ci aurait pu sintituler « comme des frères
mais pas pareils », il sappelle chez Maurice et ça lui convient très bien et fait ainsi le lien avec un com ancien qui saccrochait et saccroche encore au film « ivre de femmes et de peinture ».
Dailleurs, si un jour vous tombez dessus (sur le film), plongez-y cest un régal visuel, mais pas seulement, une appréhension de la création comme on a peu fait au cinéma (et lisez le com aussi, tiens je vous mets le lien, il faudra juste le copier dans les réactions pour le lire ensuite, il éclaire dune lumière mélancolique ce présent com qui ne le sera pas beaucoup)
http://www.pointscommuns.com/ivre-de-femmes-et-de-peinture-commentaire-cinema-84618.html
Bon bref revenons à nos moutons, à nos deux faux frères qui saimèrent très fort tout en ne se ressemblant pas tant que ça,
- même s ils étaient artistes,
- même s ils fréquentaient le même groupe dartistes, appelés les nabis,
- même s ils connurent la paternité au même moment sans léprouver de la même manière
- même si tous les deux se sont trouvés exposés post-mortem (enfin leurs uvres) à quelques années dintervalles au musée Maurice Denis à Saint-Germain en Laye.
Georges Lacombe (et pas La combe) est né en 1868, 7 ans après Paul Ranson (et pas rançon) . Il nait dans un milieu aisé, nettement plus que celui de Ranson. Lacombe lui na jamais dû lutter pour vivre, et sa peinture, sa sculpture témoigne dune énergie et dun bon vivre certain, bien quil névacue pas les thèmes morbides, bien au contraire mais il les traite sans complaisance, sans pitié comme sils les prenaient à bras le cur (lapsus je le garde).
Car contrairement à Ranson qui mettait au vestiaire ses pensées morbides mais ne pouvaient sen défaire, car elles resurgissaient quand il ny pensait plus, Lacombe nhésite pas à se frotter à lhorreur du monde, à le montrer et à le mettre en scène, une manière de laccepter à défaut de lexorciser. Car oui, la réalité dépasse en horreur ce que jamais on ne pourrait jamais imaginé (tel ce petit tableau un peu flou où des femmes sont aux lavoirs, 2 pêcheurs au premier plan, au milieu un cours deau, atmosphère tranquille, pas si sûr car si lon sapproche on voit flotter dans cette eau qui vit qui semble suivre son chemin, de drôles de choses, en fait des animaux et même un ftus pas du tout vivants car la réalité de cette époque cétait dabandonner des bébés et les prétendues lavandières étaient chargées de la mise à mort). Cest notre guide passionnant qui nous la appris, car cétait impossible de le savoir rien quavec nos yeux
Je sens que ce com prend une tournure un peu foutraque qui me plait. Foutraque, je ne sais pas si Lacombe létait mais il na pas hésité à mélanger les genres, à toucher à tout et souvent avec bonheur.
De ses marines et paysages symboliques aux couleurs pétantes, aux vagues furieuses et aux gouffres vertigineux, dautant plus déconcertants que les angles de vue sont multiples, à ses paysages serpents qui ressemblent à ceux de lunivers de Ranson, il va pourtant se singulariser. Dabord il est beaucoup moins fasciné que Ranson par la femme, Ce nest pas elle qui lintéresse, cest lhumain et la nature, ou comment lhumain se place dans la nature, dans le grand cycle naturel. Alors oui, il peint des femmes, mais bof elles sont loin dêtre aussi attirantes que celles de Ranson car en fait il nidéalise pas les personnes à linverse de son ami, il peint des femmes lourdes, paysannes, ancrées dans la réalité (les hommes aussi ne sont pas idéalisés loin de là).
Là où Lacombe excelle, cest en sculpture, il manie la gouge de main de maître, ses bas-reliefs et ses personnages en bois en témoignent. Notamment son christ majestueux qui témoigne dune zénithude absolue, puisque nétant ni clouté ni blessé. Tel un pharaon serein, celui-ci nous contemple les yeux mi-clos du haut de sa croix, comme en lévitation. Cest tout de même une sculpture taillée dans un seul grand morceau de bois (à part les bras étendus rajoutés après) et elle semble si légère que lon se prend à rêver, nabi ne signifie-t-il pas mage ? Sans oublier le détail comique quand plus loin, on découvre la photo de Lacombe prenant lui-même la pose avant de créer son christ. Il devait quand même bien samuser ce géant de Lacombe, quon appelait le nabi sculpteur, on aurait aussi pu le surnommer le nabi farceur tant il passait son temps à syncrétiser toutes les influences.
Farceur et doué en dessin, donc en caricature aussi. Il y a beaucoup de vie dans ses bonhommes moustachus, ses femmes du monde faussement élégantes et ses abbés ventrus et rigolos. Dailleurs il croque merveilleusement son petit ami Ranson et lui-même en grand échalas déambulant à vélo, peut-être utilise-t-il aussi son penchant à caricaturer pour digérer les aléas et les aberrations de lexistence, certainement par exemple quand on sait que Ranson est venu se réfugier un très grand moment (des années !) chez Lacombe dans cette famille qui nest pas la sienne alors que pourtant sa femme vient de mettre au monde son unique fils. Lacombe devait être un véritable ami pour Ranson pour accepter quil vienne vivre chez lui sans le juger sur une attitude qui parait révoltante.
Après avoir vu les deux expositions et avoir parcouru les catalogues, après avoir observé leurs uvres, je me dis que ces deux caractères opposés se complétaient merveilleusement. Lun (Ranson) était un artiste tourmenté dont les uvres sont torturées et « romantiques, avec une attirance pour le surnaturel qui permet de supporter pas mal de choses, tandis que Lacombe me parait être un artiste et une personne bien dans sa peau et ses baskets, même sil ne devait pas en porter à lépoque. Il a ainsi réalisé de nombreux portraits et de sculptures de ces amis artistes, scientifiques, on sent chez lui une sociabilité évidente que Ranson ne possédait pas, une sociabilité qui le pousse à aller vers les autres et une confiance en lui qui lui fait essayer tous les styles, toutes les matières sans complexes et sans à priori .
Il teste même le néo impressionnisme comme Signac et Seurat (encore deux faux frères, je les confonds toujours ces deux-là). Une de ses toiles étonnantes est une marine, intitulée la baie (en Corse, à Cassis, je ne men rappelle plus ) avec plein de petits points colorés. Ca papillonne et ça se brouille devant lil, on est ébloui au propre comme au figuré.
Alors bien sûr à la fin de sa vie, il rentre un petit plus dans le moule, ses uvres sont plus classiques mais beaucoup dartistes font un retour aux sources quand ils vieillissent et reviennent souvent à ce quils ont un moment ébranlé comme Chirico, Picasso et aussi Ranson.
Ranson, dont la mort a profondément affecté Lacombe, qui a multiplié les portraits et les sculptures de son ami après quil ait disparu. Ainsi va la vie et la mort à jamais liées, les vivants souvent rappellent les morts à la vie, avec tous les moyens qui leur sont bons.
Si Ranson est mort en 1909 de la fièvre typhoïde, Lacombe lui survécut 7 ans et séteignit en 1916 de la tuberculose. Curieusement, malgré son talent, cet artiste attachant et touche à tout nest pas très connu, peut-être parce quil na jamais cherché à exposer, à vendre ses uvres, à être célèbre de son vivant.
« Pour le plaisir », ça aurait pu être sa devise
La mienne aussi, je me suis fait plaisir en écrivant ce com avec les 10 (non 11) mots imposés en commun avec mes amis après notre visite de l'expo "les univers de Lacombe". En fait tout roule quand on aime ce qu'on raconte, quelque soit le "th'aime".
Merci à l'art et à mes amis d'exister...
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Le miel de Myriam par Minos36
Du jardin de l'hôtel montait une senteur de terre mouillée. Elle pénétrait par la fenêtre ouverte et flottait dans la pièce se mélangeant aux odeurs de sperme et de cyprine, à la transpiration de nos corps. Ces mélanges dodeurs chargeaient latmosphère dans laquelle flottaient nos corps épuisés par lorgasme. Nous étions enivrés. Dans ce parfum primitif quil était doux de se laisser fondre !
Le désir ne tarde pas à se réveiller à nouveau. Je glisse mes lèvres le long du corps de Myriam. Chemin faisant mes lèvres boivent quelques gouttelettes de suer perlant sa peau. Jarrête le mouvement de mes lèvres parvenues au sexe de Myriam. Avec ma langue je me fraye un chemin entre les lèvres charnues, et je commence à caresser, à lécher, à mordre. Myriam laisse ses doigts courir dans mes cheveux. Elle gémit. Le plaisir gonfle son bas ventre, sa poitrine, lui coupe le souffle, et les mots deviennent gémissements.
« Je le veux dans ma bouche. Je veux lavaler. Je veux le dévorer. » murmura-t-elle.
Bouche et sexe. Sexe et bouche. Il y a un vide. Un long tunnel où sengouffre le silence, où le temps sannule. Nous ne sommes pas de ce monde. Seule une vague conscience habite nos esprits. Le sexe de l'autre est prêt à se transformer en repas céleste.
Doucement. Lentement. Furtivement. Caresses labiales, légères, fuyantes. Pour que le plaisir fige le temps. Pour mourir et renaître. Lenteurs et habiletés. Délices et supplices. La danse des langues nous offre une saveur de fruits inconnus, et nos papilles se dilatent de plaisir. La bouche de Myriam, aspirant mon sexe, goûte un parfum nouveau à chaque succion. La langue n'est plus la même à chaque caresse. Le plaisir monte le long de nos corps, occupe les moindres pores et interstices. Il se nourrit à chaque geste, devient plus grand, lentement, irrésistiblement. Il explose en feu dartifice. Avant la chute ultime, avant la folle explosion. La langue de Myriam est une meule, mon sexe une lame à affûter. Je savoure le parfum de miel produit par le sexe de Myriam. Je fouille avec l'appétit d'un enfant gourmand qui ne peut pas lâcher le mamelon nourricier. Elle jouit. Une étoile explose dans le ciel. La lumière produite éclaire le noir de la chambre et nos corps dun blanc phosphorescent. Les gémissements de Myriam sont des pierres précieuses, des bijoux, et mon sperme jaillissant se mue en perles rares.
Caresses, gémissements, orgasmes, jouissances, sperme, miel d'abeilles nichées dans le vagin de Myriam devenu ruche. Le temps n'a plus ni jour ni nuit, ni aube ni midi. Au-delà de notre chambre dhôtel, la terre est allée tourner autour dun autre soleil emportant ses malheurs, ses joies, ses faux-vivants, ses vrais morts.
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CHEZ MAURICE par Serenissima
En entrant, je reconnus le bistrot, pas le patron.
Lorsque quEmile nous y avait entraînés, à la descente du bateau, la salle était plus sombre, mais illuminée par la beauté fraîche de sa fiancée Madeleine et de sa jeune sur Berthe, qui étaient venues le chercher jusque au bas de la passerelle.
Un dernier verre avant de se quitter, qui avait duré, tous empotés de notre toute nouvelle liberté. Nous nétions pas si proches, mais il y avait eu comme une nécessité de partager ce dernier moment et, pour finir, lun dentre nous avait lancé « allez, chiche, on se retrouve ici dans vingt ans pile » et nous avions tous juré craché. Les filles avaient ri.
Aujourdhui, sous le même nom, les couleurs du mobilier et des peintures étaient trop vives, le patron plus jeune, comme si on avait voulu caricaturer les années soixante dix.
Je nétait pas le premier. Je reconnus tout de suite Léonard, sa lourde carcasse empêtrée sur la chaise inconfortable. Impossible doublier ce géant, toujours aussi volubile. Il mapprit très vite quil en était à son deuxième mariage, navait pas compris pourquoi sa première femme lavait quitté, se plaisait dans son boulot dadministrateur dans un ministère mais connaissait de brutales crises de déprime sans savoir pourquoi. Il bougeait autant quil parlait, se levait de temps en temps, mais ne me posa aucune question.
Je vis arriver avec plaisir Victor, il portait toujours les mêmes lunettes, vivait à Nantes et espérait que la nouvelle loi sur le prix du livre lui permettrait de sauver sa librairie que sa spécialisation sur lépoque coloniale et ses guerres ne réussissait pas à faire vivre.
Puis vint Eugène, cheveux longs et peau brûlée, fébrile, nous ne laurions pas reconnu. Il était parti très tôt « tricoter des chèvres dans le Larzac », comme se moqua Léonard, mais lui ne pensait quà fêter leur victoire, ils resteraient sur leurs terre, seul le combat solidaire pourrait nous sauver, le savions-nous ?
Le patron savança, vérifia nos prénoms, et nous donna une lettre de Gaston. Il avait changé de nom. Après avoir tenté du sport, plus souvent au vestiaire que sur le gazon, il travaillait à Hollywood où sa belle gueule taillée à coups de gouge lui valait des rôles de méchants ou de ténébreux ; il se souvenait bien du rendez-vous mais ne pourrait nous rejoindre, la rançon du succès, vous comprenez.
Personne ne savait trop quoi dire, on se moqua gentiment, on évoqua ses succès auprès des filles, on sétendit sur le cinéma américain.
Malgré les tournées de ptits jaunes, lambiance se traînait un peu. Nous commandâmes des moules et de la charcuterie corse, nous disputâmes un peu pour choisir le rouge, pour la forme. Nous évoquâmes mollement les absents, dont on ne savait rien.
Nous remarquâmes une fille qui entrait, un peu étrange, belle avec ses cheveux rouges et ses bas verts. Après un regard circulaire, elle fonça vers nous. « Je suis Berthe, la sur dEmile.»
Très vite, elle raconta. Peu après son retour, Emile avait quitté Madeleine, il ne faisait rien, se renfrognait, traînait toute la journée dans les calanques, jusquà ce jour où il nest pas revenu. On navait jamais retrouvé son corps.
Emile, le beau gosse au bagout chantant.
Rattrapés par lindicible, par ce que nous ne voulions ni voir, ni dire, ni penser, nous prononçâmes quelque parole vague et nous ne nous sauvâmes qu'en questionnant Berthe sur elle, si vivante au milieu de nous quatre.
Elle était montée à Paris, adorait son métier de costumière de théâtre, de la rue à la scène, toujours en mouvement.
Et moi, le Georges, surnommé La combe parce quil fallait beaucoup creuser pour marracher un mot, je nétait pas le dernier à la faire parler, afin déchapper au silence vertigineux qui pesait sur nos têtes.
Surtout ne pas se rappeler, surtout ne rien en dire. Vingt ans, cétait trop peu pour syncrétiser ces années volées, inavouables, ces années perdues, si bien tues.
Nous remerciâmes Berthe davoir fait le voyage pour nous, et nous nous dépêchâmes de quitter Chez Maurice, chacun de son côté.
La nuit tombait sur le vieux port et les pas étaient lourds.
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Chez Maurice par Muneera
Mon très cher ami,
Merci de tout cur pour votre dernière missive. Jai ressenti, de votre attention si délicate, une joie émue, et je suis contrariée de vous savoir souffrant.
Depuis votre dernière visite, je me tiens informé de vos nouvelles publications et je suis avec intérêt le fil de votre actualité. J'y trouve toujours de nouvelles informations et de quoi nourrir mon insatiable curiosité.
Bien peu de nouvelles à vous annoncer à dire vrai alors je vous écris ces quelques mots pour vous conter mon bonheur d'avoir trouvé vos amis là où vous me l'aviez indiqué, à la date prévue. Je vous remercie vivement d'avoir favorisé cette entre-vue qui n'aurait pu se faire sans votre amical concours.
Ainsi, pourvue de mon invitation, je me rendis au lieu-dit avec mon chapeau...
A l'heure dite, je n'y trouvais personne mais l'attente ne fut point vaine. Je vis quelques voiles, tout sourire, m'accueillir puis une Corse royale à diadème (je me sentis bien accompagnée avec mon couvre-chef!) ainsi qu'une princesse aux six mille royaumes et un ange anarchiste au blouson bleu comme le ciel (sans pancartes). Il y manquait cependant notre cher ami Versaillais passionné de voitures anciennes. Vous ne manquerez pas de le saluer de notre part à tous.
La visite fut des plus motivante. Le guide passionné et passionnant nous fit pénétrer dans la combe verdoyante que fut l'inspiration de ce cher Georges. Dans l'antre du maître : tableaux enflammés, vagues bleues et orangées, mers jaunes et mauves, sculptures syncrétiques et peintures symboliques, néo-impressionnisme : la rançon du succès...
Olympe de Gouges eut pu adorer la madone esthétique et les caricatures de l'artiste, eut-elle vécu à une autre époque.
Nous franchîmes à pas de géant une vie et une uvre si dense. Je ne peux que vous conseiller d'user de votre influence afin de faire découvrir les Nabis si mal connus, comme nous le fîmes jadis pour les rois du jazz.
La perspective vertigineuse d'une séparation brutale de nouveaux amis nous poussa à satisfaire ensemble quelques besoins de bonne chère.
Nous prîmes l'hippomobile et après un voyage quelque peu cahoteux, nous trouvâmes une auberge curieusement appelée « moulerie-crêperie ». Je vous laisse à penser la vie que nous fîmes. Point de moules mais des crêpes et du cidre à volonté pour nous satisfaire les papilles, quelle ambiance !
Puis il fallu dévaliser le vestiaire pour reprendre la route, entre les goutes, afin de trouver le repos bien mérité qui nous était dû.
J'eus vent par la suite d'un ange qui aurait trouvé de nouveaux amis en la gente féline, VIP d'un canapé sur un bateau Mansonnien, je vous laisse creuser l'information...
Je vous suis une nouvelle fois reconnaissante de cette incroyable épopée. J'ai retrouvé quelques photographies de ces instants magiques, je vais me hâter de vous les faire parvenir.
Je lirai avec beaucoup de plaisir vos prochaines parutions et il me sera agréable d'en faire la lecture à mes chiens qui se languissent de cette neige trop fraîche.
J'attends avec impatience notre prochaine rencontre, je garderai de vous un souvenir si vif. ..
Dans l'attente, je ne cesserai de vous lire avec passion et entrain. J'ai déjà hâte de découvrir ces nouveaux écrits.
Bien à vous,
Votre fidèle amie...
Le 7 février, jeu des 10 mots: Lacombe ou la combe, moule, Corse, rançon, vague, géant, vestiaire, vertigineux, gouge, caricaturer et mot supplémentaire: syncrétique ou syncrétiser.
Musée Maurice Denis: Georges Lacombe
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Chez Maurice Plagiat par Philetmon
J'emprunte l'idée à Sois Toi ! :)
"On peut participer au jeu même si on n'était pas chez Maurice, que par ailleurs je connais très bien?
si oui, voilà. sinon, de même."
Alors :
Je n'en ai aucun souvenir , vraiment ...
Rappelle toi , en Corse ,
Le vertigineux paysage
Taillé à la gouge par un géant
Rappelle toi , à Lacombe ,
L'excellence de ce repas
Au bout du voyage
Rappelle toi , chez Edouard ,
Le luxueux vestiaire envahi
D'habits , rançon du succès
Rappelle toi , d'Orient ,
Ces splendides icônes
Sans les caricaturer
Rappelle toi , à l'Ouest ,
L'écumeuse vague , d'Océan
Et d'Azur syncrétique
Rappelle toi , avec Vuillard ,
Le creuset , le moule
Du décor d'Ibsen
Rien , Nada , Niente , Nabis , Nothing , Nichts ...
Maurice , tu pousses le bouchon un peu loin !
Sois Toi : http://rencontre.nouvelobs.com/maurice-commentaire-cinema-106331.html
Muneera : http://rencontre.nouvelobs.com/pointscommuns.com-commentaire-medias-106316.html
Lisa6000 : http://rencontre.nouvelobs.com/pointscommuns.com-commentaire-medias-106311.html
Serenissima : http://rencontre.nouvelobs.com/le-silence-commentaire-lecture-106313.html#reactions
Touslesbato : http://rencontre.nouvelobs.com/maurice-commentaire-musique-106317.html#reactions
Voltuan : http://rencontre.nouvelobs.com/wonder-bar-commentaire-cinema-106328.html
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Chez Maurice ... par Lisa6000
Mardi 1er janvier
Bien, ça fait un mois que j'ai été priée de laisser mon poste de dactylo, "vague de licenciement économique" qu'ils disent, trop facile, dernière arrivée, première partie. Marre de tout. Et Ju-ju qui ne supporte pas mon "instabilité professionnelle" comme il dit ...bien sûr, c'est très dur de ne pas savoir sur quel revenu compter, puisqu'il ne fait rien qu'attendre, espèce de caricature dhomme. Qu'il aille au diable avec sa nouvelle poulette corse ! ce n'était pas la peine d'attendre les fêtes pour quitter l'appart., j'aurais pu rendre les clefs toute seule; mais non, il faut qu'il fasse tout à la dernière minute; pour un peu et on arrosait la nouvelle année ensemble. Heureusement ma copine Mary était là pour me soutenir et m'héberger.
Vendredi 1er février
Quelle galère! je ne supporte plus ces hommes sadiques et manipulateurs ... ils veulent tous la même chose, ils ne regardent pas mon CV mais mon décolleté ... pfff... et je les vois! leurs regards libidineux, tous les mêmes, pas un pour relever l'autre. Et ces femmes qui se mettent à leur service, des gouges! qu'elles sont tombées bas, à jouer les veilles racoleuses pour leur maître; mais je les vois, je ne tombe pas dans le panneau moi! Je ne vais pas changer mon vestiaire rien que pour un entretien ! et puis pas de sous
cest la rançon de ma liberté. Marie ne semble pas comprendre, elle ne voit pas comme moi, elle ne voit pas grande chose il faut dire. Son attitude a changé, comme si je faisais exprès de ne pas trouver du travail!
Mercredi 6 février
Quelle garce! là on voit les vrais amis! tant pis, j'ai mes ressources, cest pas géant, mais jen ai. Qu'ils aillent tous au diable! moi, je vais dans ma voiture. Il fait frais, mais au moins j'ai un toit pour passer la nuit, et pas comme ces clochards qui trainent par terre. OK pas d'essence, mais je n'ai pas besoin de bouger de ce parking, mes copains vigiles savent que je suis une fille bien, dans la panade, mais bien, et puis c'est provisoire, et puis la soupe populaire n'est pas si mauvaise, jai même mangé quelques moules ce midi, le luxe ! et j'ai trouvé des duvets tout chaud pour passer mes nuits, ça ne m'étonnerait pas qu'un nouveau Ju-jules frappe à mon carreau, jai fait un rêve hier soir, vertigineux le rêve
Il faudra quil se dépêche ! ou je vais finir chez Maurice, Maurice Lacombe, le syncrétiseur de filles
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Chez Maurice par Lilianeandree200
Place du Tertre, à Montmartre...
Chez Maurice, c'était bien, comme chez Lorette, on y faisait la fête...
Maurice savait nous accueillir, toujours avec le sourire, même si nous n'avions pas un sou en poche.
C'était un Corse originaire d'un petit village de montagne ; il était généreux, droit, très grand non seulement par la taille, on aurait dit un géant, mais aussi par l'esprit.
Lorsque la bande de copains que nous formions arrivait joyeusement dans son petit restaurant, avec en tête du groupe, l'artiste-peintre, Lucien Lacombe, toujours prêt à caricaturer le patron et les clients, après nous être débarassés de nos manteaux au vestiaire, nous commandions, immanquablement, un plat de moules-frites arrosé d'un gros-plant bien frais.
L'ambiance y était chaleureuse, nous passions des moments agréables ; Maurice était un peu notre famille à tous ; il aimait nous raconter des histoires de sa Corse natale, son passé de pâtre des montagnes, ses brebis, le fromage qu'il fabriquait avec le lait de son troupeau, le bois de châtaignier qu'il sculptait l'hiver, à l'aide d'une gouge, pour en faire de petits objets.
Il savait nous passionner avec ses récits, nous aimions sa verve et son accent. Il semblait si heureux de nous faire partager ses souvenirs mais, parfois, nous le soupçonnions de broder autour de tout cela.
Au fil des années, les situations devenaient de plus en plus rocambolesques mais, tel un héros, il se sortait toujours des écueils les plus vertigineux.
Il nous avait raconté également cette demande de rançon contre la remise en liberté d'un homme influent et qui avait malheureusement mal tourné.
Il était intarissable.
Les années ont passé depuis mais je n'oublierai jamais toute cette époque merveilleuse de ma vie.
A travers tous ses récits, il ne cherchait pas à syncrétiser, c'était loin de ses prétentions, mais simplement à nous faire part de sa propre philosophie, Carpe Diem, "Cueille le jour sans te soucier de quoi demain sera fait"
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Maurice par Elena21
Bon je recopie la consigne chez Voltuan (tu veux bien ?) :
"Principe du Jeu "Chez Maurice": à partir de 10 mots ( plus un onzième inventé : "syncrétiser" ) écrire un commentaire, suite à une sortie PCC entre ami(e)s ! Ces mots étant donc : moule, Lacombe ( ou la combe ), corse, rançon, vague, géant, vestiaire, vertigineux, gouge, caricaturer "
c'est pas tout à fait "chez Maurice" (presque), c'est pas tout à fait une sortie PCC (chuis trop loin :( ....
mais les mots je vous les sers dans l'ordre :
Concentration ... je vais essayer de syncrétiser, les flux sentrechoquent beaucoup.
ça y est cest bon ! je peux parler du moule-frites quon prend tous les samedis avec Momo ?
Ben oui le moule-frites cest chez le Père Lacombe à la brasserie en bas.
Non il nest pas corse Doumé Lacombe, pourquoi ?
Je vous le dis : jamais il ne rend son tablier quelle quen soit la rançon sur son sommeil.
Bon cest sûr, la bière coule à flot chez lui et ça peut faire une grosse vague.
Oui ! même le « moule-frites géant » il le fait !
Il a mis trois clous à côté de la porte dentrée et il appelle ça son vestiaire (pffff)
Et quand on rentre de chez Le Père Lacombe avec Momo ... lescalier jusquà notre 3e sans
ascenseur nous paraît parfois vertigineux .
Dailleurs, on a toujours une gouge à la main au cas où, on ne sait jamais
Cest pas pour caricaturer que je dis ça, hein Maurice ? je mens pas !
Quoi ? vous entendez ce qu'il me répond le Maurice ?
« - Et cest pas tout
Si vous connaissiez sa pou-ou-ou -oule !
.. »
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