Tranche de vie double épaisseur
à vendre, dans l'ordre :
une expression latine et l'accent di Roma
la sape ultime des marchands d'âmes
les armes de l'ancienne Rome
la statue de Monsieur et les frais de Madame
l'ennui magnifique sur le rives du Tibre
le petit clapotis des veuves de leur vivre
les songes qui ont été et ceux qui se réalisent
la révolution, salope et nécessaire ( en être )
la réaction, bourgeoise comme nous tous
la presse, naine et géante en même temps
l'obscénité, un mâle même plus nécessaire
ce qui manque à la vie, le diable
ce qui manque à la mort, idem
une démone adolescente qui se nomme l'absolu
une petite fille avec des couleurs
une vieille femme très digne avec des douleurs
un vieux drame intime à révéler post-mortem
un de natura rerum en cru entre les jambes d'une call-girl et avant la mort du vieux dieu fric
quelques putes mâles et femelles
quelques rots avant le feu d'artifice
des abats fiscaux sous la berlue des foulles
des abois normaux sous la vertu des goules
Pasolini drapé dans du beau linge
les inrocks qui traînent dans les wc du peuple
la lutte du peuple en soutane après la concession
des tas de choses que je ne veux même plus connaître
et, accessoirement,
" le premier tombereau du matin ."
Où en sommes-nous avec notre Nulle-Part ?
La Grande Bellezza par Mudra
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D'un ailleurs... par Annainessa
C'est vrai que ce film date de 2011 mais moi c'est tout à l'heure que je l'ai vu.
Où se trouvent ces ailleurs où la vie semble glisser sur les gens pour n'en laisser que des miettes éparpillées sur le sol que le chagrin, la colère, les remords et la violence balayent sans cesse.
Peter Mullen offre là une présence presque insupportable dans toute la violence qu'il contient, toujours prête à déborder de ses fragiles frontières et finissant immanquablement par tomber sur celui qui ne cherche pourtant qu'à l'aimer ou l'éviter, ses silences sont lourds d'un passé qu'on n'ose imaginer, ses regards se perdant dans un horizon où les nuages depuis longtemps ont obscurcis le reste, pourtant il se déplace au milieu de ses tourments comme un homme qui cherche encore son salut ou sa rédemption.
Face à lui il y a cette femme dont une devine une existence paisible ayant échappé aux frimas de ces hivers là, une croix autour du cou et une foi inébranlable en Dieu qui fait oublier un moment la désolation du quartier et des gens qui l'habite.
Mais l'enfer se pare aussi des plus simples vies, derrière nous même se dresse l'ombre d'un autre qui peut nous faire vaciller ou nous atteindre violemment.
La force de ce film est de nous emmener du début jusqu'à la fin dans sa lente dérive tout autant que renaissance des gens qui s'y perdent ou s'y retrouvent, je n'ai sans doute pas beaucoup respiré complètement happée par leurs histoires où s'entremêlent tout ce qui peut défaire une vie ou lui donner du sens.
Un film vraiment à découvrir, seul avec soi même pour ne pas être distrait par le souffle ou l'émotion d'un autre car il pour chacun nous une réflexion profonde sur ce qui fait l'humain dans toute sa lumière et sa noirceur.
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MP par Mudra
La voix monte et s'ouvre alors
dans le coeur symbolique des jours
un abîme d'espace à lire et pour entendre
aimer de vrai la voix des vivants nous
avons besoin de dire de dire et de nommer
un souffle sans croyance hormis celle d'être ici
Tu es le monde mon rien qui ignore et qui sait
je ne suis rien sinon un autre hors ça
qui sera dans le souffle un lieu blanc sans avoir ni fortune
empires en gouffre d'être à mêmes
un rien plus substantiel que la course des nuits
aux soleils hiémaux vois-tu les anciens lieux
cet arbre d'où monte commune sève
la lumière sans aucun des termes du commerce des âmes
souffles montent et descend en tout l'esprit
elle a vivre par tout qui nous délivre
Elle ?
Un seul et même esprit dans le nombre entier .
Que nul d'entre-nous le dise sinon de par sa vie ?
Le vendredi sept juin deux mille treize,
en mémoire de Matta El Maskine .
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Petite cuite d'un soir de novembre par Brian K
Le bar navait même pas de nom, ou du moins pas de nom quon pouvait lire. Cétait... Cétait presque dans une autre vie, on pouvait dire ainsi. Et, accessoirement, cétait aussi un de ces soirs où lon est prêt à entrer nimporte où après avoir marché trop longtemps sans but et sans se soucier non plus davoir déjà quelques verres de trop.
Il pleuvait ? Il faisait simplement froid et cétait déjà le milieu de la nuit ? Quelque chose comme ça, oui. Peut-être tout cela en même temps, dailleurs, avec du vent par dessus le marché. Du vent, oui. Il se rappelait que son regard avait été attiré par un détail saugrenu : une cage en osier suspendue à un crochet au dessus de la porte dentrée, au niveau du premier étage, et la cage où était enfermée une poule en plastique se balançait dans tous les sens.
Un quartier infect, presque une poche de pus, et on entendait le vacarme dun train de marchandises qui sortait de la gueule du tunnel, un bruit interminable qui devait être celui de quarante wagons de céréales qui roulaient vers les silos de Saint-Nazaire.
Que cétait un bar, il ne lavait pas compris tout de suite : pas de nom, pas denseigne, des rideaux abominables derrière lesquels on devinait des tables, quelques silhouettes. Il avait fallu quune des silhouettes ouvre la porte pour quil perçoive des rires, la couleur fade dun carrelage triste, une bouffée dair chargée de lodeur du vin. Cétait nimporte où, cela avait lair dêtre nimporte quoi et il navait pas hésité longtemps à entrer, sentant quil était lui-même nimporte qui.
Et il avait bu un premier verre, probablement un verre de nimporte quoi, en considérant le carrelage fade qui était aussi triste que celui dune certaine boucherie de son enfance. Tout en buvant, il continuait à penser aux quarante wagons qui fonçaient vers Saint-Nazaire, où se trouvait une usine doléagineux qui produisait également des farines et des tourteaux de soja pour lalimentation du bétail. Comment il le savait ? Parce quil était né là-bas, à soixante kilomètres, et parce quil connaissait depuis toujours lodeur prenante des matins dhiver où, par vent dest et parfois aussi de nord, la ville semblait prisonnière dune cloche où stagnait lodeur de la friture, mélangée à une autre qui lui rappelait un peu la compote de pommes encore chaude.
Il avait sympathisé avec la patronne, qui était dans un état similaire au sien et devait avoir quelques années de plus que lui. Il ny avait pas eu dentrée en matière. Relevant les yeux au milieu du deuxième verre, il avait constaté quelle était assise sur la banquette en face de la sienne, doù elle observait la salle tout en lui adressant la parole, sefforçant de conserver une certaine dignité de langage.
Depuis combien de temps elle lui parlait ? Il ne savait pas. Et puis, est-ce que cela avait tellement dimportance ? Un peu trop dalcool et quelquun ou quelque chose était là à un moment précis avant de disparaître la seconde suivante, parce que tout se mélangeait.
Quel moment ? Cétait le stade où on ne voit pas encore les choses tourner, où les objets semblent encore occuper une place déterminée, avoir des contours précis - sauf la cage en osier, dehors, qui continuait à aller dans tous les sens parce que les rafales redoublaient. Et le train qui dans le même temps devait continuer sa course, traversant des gares minuscules toutes plus ennuyeuses les unes que les autres.
Après tout, cétait peut-être lui qui avait prononcé les premiers mots, parlant justement de cette cage quil trouvait bizarre, et de la poule en plastique à lintérieur quil avait dabord pris pour un véritable oiseau. Son prénom ? Elle avait dû lui répéter deux fois pour quil le retienne, parce que cétait un prénom comme tant dautres, un prénom de femme qui commençait par un J.
Jacqueline ? Jeanine ? Ce qui était certain, cétait quil ne lui avait pas donné le sien parce que même ivre il abordait toujours les rencontres avec une certaine prudence, en sinterdisant de tomber dans la familiarité. Lalcool déliait les langues ? Pas la sienne, ou en tout cas il naimait pas se livrer. Des banalités suffisaient, des propos de surface qui ne disaient rien de lui. Cétait son idée que les mots quon prononce dans un bar la nuit étaient sans plus dintérêt que la poussière sur le trottoir.
Les deux hommes qui bavardaient à la table à gauche de lentrée, sous une affiche rouge dont les grosses lettres commençaient à danser ? De la poussière, ça aussi! Il suffisait de les entendre :
- Au fait, je tai dit que jai déjà mon idée de couverture pour le premier numéro ?
Le premier numéro de quoi ? En écoutant machinalement, il avait appris quil sagissait dun magazine que le moins imbibé des deux hommes, celui avec la chemise jaune, avait le projet de lancer. Ce serait local mais très audacieux, et la fameuse couverture était une composition de visages de femmes en noir et blanc, des visages fixés sur des encriers. Ce qui était effectivement audacieux.
Lhomme parlait avec de grands mouvements de la bouche, comme une marionnette de ventriloque. Mais curieusement, au dessus de sa tête, ce nétait pas une main agitant des fils quon voyait, mais une étagère sur laquelle se trouvaient alignées des poupées qui observaient la salle serrées les unes contre les autres et sans rien dire : dodieuses poupées au bras de cire et aux paupières lourdes. Puis un homme était entré, ivre lui aussi mais ce nétait pas une condition suffisante. Le serveur était immédiatement sorti de derrière le comptoir pour le mettre à la porte car il navait pas le style de la maison. Dehors, la pluie commençait à se transformer en neige, une neige hésitante, et au fur et à mesure que les flocons grossissaient les lettres de laffiche rouge sétaient mises à décrire des cercles. Le matin lorsquil sétait réveillé les trottoirs étaient blancs. Juste en face de son lit, de lautre côté de la fenêtre, une poule muette enfermée dans une cage lobservait gravement. Il ny avait personne dautre que lui dans la chambre, mais il navait pas la certitude quil en avait été ainsi durant toute la nuit.
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Un matin minuscule par Cherenko
Il était une fois une seule fois un matin minuscule, jétais assise sous un lampadaire qui crachotait quelques watts faiblards et je pensais à la nuit que je venais de traverser. Javais rencontré un homme la veille comme ça arrive maintenant dans le monde moderne, il avait de longues chaussures en cuir noir très pointues et un nud papillon couvert dasticots, enfin de faux, bien sûr, ce nétait pas du meilleur goût mais en même temps il était en train de lire une nouvelle dHemingway que jaimais absolument et qui sappelle létrange contrée.
Ainsi lhomme est il fait quil est tout à fait capable de porter un nud papillon couvert dasticots au bord du cou et une nouvelle dHemingway au bord des doigts.
Je naimais pas du tout la vie que javais menée les jours et même les semaines précédant cette rencontre, cétait une vie morne, terne, une petite vie vêtue dun ordinaire jauni et éraflé par endroit. Si javais été riche, je men serais acheté un neuf, mais comme je faisais partie des revenus plutôt modestes je devais men contenter et le rapiécer régulièrement.
Bref, grosso merdo jétais une pauvre fille mais gentille, avec un certain goût pour lintérieur, pas celui de ma cuisine ou du petit cabinet, non non, le Grand Intérieur, celui quon tapisse de pensées parfois compliquées, aux perspectives infinies où à la logique géométrique des espaces, on préfère celle plus aléatoire des points de vues et des renversements inattendus, précipités, capricieux et fantaisistes.
Nous avions bu et beaucoup parlé de lEtrange Contrée, et à force de toute cette loghorrée, nous avions fini par ne plus exister réellement dans ce monde moderne où les hommes et les femmes se rencontrent bêtement, vraiment bêtement (les seules rencontres échappant à cette bêtise étant du ressort pur et dur du sexe, où les corps se collent puis se décollent selon la loi de lattraction dans son plus simple appareil, sans tenir compte du périmètre social de la relation, de son environnement, de quest ce que tu fous dans la life, sans chichi et son flonflon), si bêtement que personnellement jévite tout ça, sauf que là, à parler tant et tant de lEtrange Contrée, nous avons fini, de manière très imperceptible et douce, par ne plus exister réellement dans ce monde moderne en tant que ce que nous étions en arrivant chacun à la rencontre, et nous nous sommes trouvés soudain dans le monde de lEtrange Contrée, chacun à notre manière mais très ensemble, et lorsque le barman nous a demandé de quitter les lieux parce quil allait fermer, nous nous sommes dirigés au bord de leau et nous avons décidé dattendre le matin, nous navions rien à faire ensemble et cétait terrible parce que nous étions pourtant terriblement ensemble, ligotés ensemble dans un bienheureux provisoire par le lien des bouches, des sexes, des mains, des pieds, des particules de peau. Il portait une valise dont il avait sorti un plaid, cétait pourtant un allemand et il est bien connu que les allemands ne sortent jamais de plaids de leur valise, un plaid donc quil avait soigneusement étalé dans lherbe et ensuite nous nous étions ligotés jusquau sommeil.
Nous navons pas dormi, vu ensemble le jour se lever dans lEtrange Contrée, durant ce temps du premier et du dernier jour de lEtrange Contrée. Vu la première éclaboussure du jour sur nos yeux lourds et si grands, si ouverts dans ce monde incertain et doux, il fallait être fort pour ne pas céder aux larmes, pour ne pas en souffrir, pour ne pas hurler que ça dure encore et encore, mais déjà tirés chacun vers larrière, à retourner vers et en soi même, et juste avant de retrouver le Grand Intérieur, si las, si terne, si morne, sasseoir sous le dernier lampadaire encore allumé, avec son grand intérieur qui envoie des éclairs dans la lumière grise du matin sans comprendre que ça ne sert plus à rien, que cest devenu inutile, que le jour sait faire bien mieux que ça, quil faut maintenant que tout séteigne, la scène en entier, tout ce qui m'apparut soudain de lEtrange Contrée et me traversa dune extraordinaire félicité, puis me renvoya, sans explication, vers ma pauvre conscience que mon ordinaire en haillon narrivait même plus à vêtir décemment.
Refrain :
Comme on est, comme on est,
Comme on est rien.
(3 fois)
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lettre à une enfance perdue par Mudra
Ma grande petite fille,
voilà quarante ans que tu n'es plus ici, disparue d'une traite en deça de la vie . Rien en moi sinon cette mémoire que j'aurais eue à porter en dedans pour une vie sans autre histoire que vivre un peu de ton jour et de ça qui aurait du être, mais n'aura jamais lieu .
Le feu couvre le sépia des matines et l'enfance s'écorne aux voix des hivers et des étés sans toi . Les gens ne sont autres que par procuration, tes jeux d'enfants, la colère que tu eus pour tes treize ans, l'exil volontaire dans le déni de leur ordre, tout en toi disait non à ce monde, tout en désirant vivre pourtant .
Un mensonge permanent, une idée pour vivre, pas de dieu ni d'abri sur ta route, rien .
Tu aimais la violette de Parme, les vergers emplis de la lumière et les chants des pâtres de ton pays, ton pays aujourd'hui lui aussi effacé . Un rivage et une île des morts au milieu d'un lac fertile, sans nocher de malheur. Abeille tranquille enchante un peu le monde, mais ne maudis pas, là où tu es , le mortel idiot que je suis !
Pourquoi as-tu choisi le mal ?
Il-y-a encore cette vie dévastée, les landes transparentes du verbe et quelques carillons, ça et là, pour te porter le petit secours au fantôme de perdition, toi, seule à jamais et ma meilleure ennemie . Je t'ai aimé avec délice et ai détesté pourtant ce personnage de mort et de violence que tu as été trop longtemps. Il me semble qu'il t'aura dévorée comme au dedans, toi et ta pauvre magie . Ta pauvre magie .
Satan a perdu, vous le saviez . Ainsi naissent les amours qui ne mènent nulle part ...
Quarante ans, offices du silence, rituel blanc, confession du mal et du bien, puis, plus rien sinon la partition de la flute du meneur d'âmes vers la chute très étroite . Une âme immense qui n'aura rien conçu .
Je ne peux même pas te dire ce simple mot, adieu .
Jamais plus ?
***
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TU par Campagnarde
Je tourne la page, bientôt je me serai tu.
Grisée pour d'autres désirs, j'ai laissé le vent du soir décider.
Je redémarre, où je vais? Je n'en sais rien et c'est très bien...
Je vous laisse quelques vers de Prévert :
Silence de vie
Je ne veux rien apprendre
Je ne veux rien comprendre ni retenir de morte voix
Je ne veux plus entendre ce vacarme sourd et muet de phrases et de chiffres de nombres et d'idées
Depuis longtemps déjà et même en se taisant la vie chante avec moi quelque chose de beau
Et des notes de musique comme petits cailloux blancs si l'autruche ne passe pas par là...
Si je m'en vais te souviendras-tu de moi?
Tom Waits - If i have to go
http://www.youtube.com/watch?v=0jyVZNrWkow
Claude Nougaro - Il faut tourner la page
http://www.youtube.com/watch?v=_zuuPJlwKfs
Hiromi The Trio Project - Desire
http://www.youtube.com/watch?v=BfAqWdxSJ9Q
Alain Bashung ~ L'imprudence
http://www.youtube.com/watch?v=Cub2XR9sAls
Ryuichi Sakamoto : Amore
http://www.youtube.com/watch?v=5AGZuqB1rJk
Têtes Raides - On s'amarre
http://www.youtube.com/watch?v=97Jll6FFNlY
Où je vais - La Rue Kétanou
http://www.youtube.com/watch?v=GE5-cjDlN_U&feature=slpl
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With or without you? par Muneera
Je t'écris sans écrire
dans les pixels de ma page
je délaye mes pensées
dans l'encre de mon écran
je caresse les touches...
comme un en-tête entêté
papier froissé
images en suspens
dans les airs inspirées
j'écris attendrie
mon esprit vagabonde
en apesanteur
tout en langueur
conscience, inconscience ?
je rêve d'une pensée
délicate, aérienne
son essence flotte
se déplace, te trouve
les mots s'insèrent
se devinent
se chuchotent
les lettres tanguent
trébuchent, tombent
bateau ivre
les sons s'étouffent
s'étranglent
interdis
j'écris assombrie
j'exhale, j'extirpe
mes idées oscillent, s'épuisent
tel un métronome lascif
perceptible intention
créatrice inspiration
inventive conception
intolérable soupçon d'intolérance
et obsédant sentiment d'incompréhension
ou est la fusion ?
quelle symbiose ?
j'écris meurtrie
un air délétère
s'exhale en râle
impossible de remplir
ma page infini
infiniment blanche
blancheur vide
vide néant
c'est une rêverie transparente
où es-tu ?
http://www.youtube.com/watch?v=toXP1_cP46Y
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Sur le m'aime t'aime ( atout coeur : j'm ) par Philetmon
Avertissement : simple exercice de style
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---------------Tu m'allumes-----------------------------------------Tu m'allumes------------
----------------Je t'étreins--------------------------------------------Je t'étreins------------
-----------------Tu te tais----------------------------------------------Tu te tais--------------
----------------Je m'éteins.-------------------------------------------Je m'éteins-------------
--------------Tu m'aimes ?-------------Tu m'aimes ?-------------Tu m'aimes ?-------------
Tu m'allumes------------Tu m'allumes-------------Tu m'allumes-------------Tu m'allumes
--Je t'étreins--------------Je t'étreins-----------------Je t'étreins---------------Je t'étreins
---Tu te tais----------------Tu te tais-------------------Tu te tais-----------------Tu te tais
-Je m'éteins---------------Je m'éteins----------------Je m'éteins---------------Je m'éteins
Tu m'aimes ?------------Tu m'aimes ?--------------Tu m'aimes ?------------Tu m'aimes ?
--------------Tu m'allumes------------Tu m'allumes-------------Tu m'allumes--------------
----------------Je t'étreins--------------Je t'étreins----------------Je t'étreins---------------
-----------------Tu te tais----------------Tu te tais------------------Tu te tais---------------
----------------Je m'éteins--------------Je m'éteins---------------Je m'éteins--------------
---------------Tu m'aimes ?-----------Tu m'aimes ?-------------Tu m'aimes ?--------------
-----------------------------Tu m'allumes------------Tu m'allumes---------------------------
------------------------------Je t'étreins----------------Je t'étreins----------------------------
-------------------------------Tu te tais------------------Tu te tais-----------------------------
------------------------------Je m'éteins----------------Je m'éteins----------------------------
-----------------------------Tu m'aimes ?-------------Tu m'aimes ?---------------------------
-------------------------------------------Tu m'allumes-----------------------------------------
---------------------------------------------Je t'étreins------------------------------------------
----------------------------------------------Tu te tais-------------------------------------------
------------------------------------------------Je.m'----------------------------------------------
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---------------------------------------------------;
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http://www.youtube.com/watch?v=INmnpDrc1nU
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=xs6w11M4Tyc
http://www.dailymotion.com/video/x3nrrp_vanessa-paradis-tandem_music#.UbTj4JyJR8E
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Les angles mornes par Peponide
Me suis cognée ce matin à langle du buffet. Pas faute de savoir où il est... Il n'a pas bougé depuis des années. Il est si lourd ! Lavais-je oublié lespace dun souffle ?
Jaurais dû me méfier.
Impact : 8h45
8h46, cest oublié !
Men vais faire la courte échelle à mes toutes premières idées... Ce sera une douce journée.
- Faire le point sur le stock.
- Démarrer un cycle long.
- Commander le manque en chrono-différé.
- Aller chez lhorloger.
- Arroser le verger.
- Acheter un, non deux briquets.
- Récupérer le manque à gagner.
- Photographier le sourire des enfants lespace dune hésitation.
- Descendre le paquet.
- Déplier la nappe carrée et les chaises* dépareillées. Les agencer.
- Rincer les fraises rouge-baiser et les verres à pieds. Les disposer.
- Entrouvrir le portillon de bois.
- Attendre les invités.
- Les enfants seront assis sur des tabourets**. De préférence.
Les enfants ont ri, les assiettes aussi, le jardin était joli. Et le torchon est en train de sécher à son rythme sur l'arête de la longue poignée du four... (surtout ne le dérangez pas). C'est juste pratique, c'est tout. Cherchez pas midi à quatorze heures...
Le lendemain matin.
Me suis cognée à langle de la table de chevet. Pas réveillée.
Impact : 6h14
6h16, cest compliqué.
Il faut redémarrer.
Jai oublié déteindre mes pensées vaporeuses et d'étendre mes effets enchevêtrés.
- Redémarrer un cycle court
Sur la pile, traînent encore deux, non trois casseroles qui s'entremêleront encore jusqu'à ce soir. Les bienheureuses. Elles adorent ça. C'est pas tous les jours.
Et les chaises dans tout ça ?
Elles sont pliées en deux, elles aussi. Dans l'abri de jardin.
Et moi je m'assois dessus. De temps en temps. Elles adorent ça. C'est pas tous les jours.
* Chaise : nom féminin (la chaise, pluriel : les chaises) Prononc. et Orth. : [ʃ ε:z]
siège à dossier et généralement sans bras.
- Haut lieu stratégique, bien choisir son assise en fonction de son environnement direct et indirect.
- Dordinaire statique, elle vous confine dans une seule et même position. Elle vous assigne un jeu de rôle. Drôle ? Ça dépend...
- Musicale, elle vous enchante. Vous souriez ? Ça dépend...
- Eviter les angles mornes, choisir la chaise qui ouvre les perspectives. Et la conserver. Ne pas se lever. Ou demander la permission à la maîtresse de maison.
** Tabouret : siège sans dossier et sans bras, enfin un siège dans son plus simple appareil. Sans prise de tête.
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Farandoles printanières par THEO1890
Douceurs de vivre,
Des elfes y installent des lits d'amour,
Allant du blanc nuptial au lilas de velours,
Pour qu'y batifolent les abeilles et les syrphes
Et les jolis papillons éclos de leur chrysalide.
Mille teintes, tout en douceur, s'éclairent
Et subliment le sombre de la terre
Qui se laisse couronner de délicats atours,
Effleurés par la douce lumière du jour.
Sous la feuillure des verts tendres,
L'oiseau s'affaire sans plus attendre
Il va et vient y parfaire son doux nid
Accueillant pour son oiselle et ses petits.
Sous les premières senteurs florales,
Se fredonnent des chansons sentimentales
Naissent alors des amours d'adolescents,
Surgit la fougue de moins jeunes amants
Découvrant les splendeurs d'un printemps.
Candides et féeriques, étalant leur corolle,
Aux premiers rayons d'or, toutes folles,
Si fragiles, elles agitent leurs pétales.
On dirait mille princesses au bal !
Agitant à la brise leurs jupons blancs,
Soulevant de temps en temps un pan,
Comme de jeunes et rieuses gamines,
Elles se coiffent de plumets d'étamines
Formant couronnes d'or, si légères,
Jolies petites danseuses éphémères.
Vous êtes de la nature des uvres d'art,
Précieuses opalines offertes à nos regards.
Etincelantes de blancheur, vous nous émerveillez,
Divines de beauté, vous nous subjuguez !
Mais bientôt au vent léger, belles demoiselles
Vous éparpillerez vos blanches dentelles!
JPS
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Modérateurs chéris, par Patapon 01
. Vos « premières pages » ne sont que de sales papiers gras tout justes bon à emballer les abats. A longueur de colonnes, vous exposez leurs petits points de vue dintellectuels foireux qui tapent gratuitement sur tout ce qui nest pas bien pensant. Si cela leur permet de se faire mousser le chibre entre bobos parisiens, cest très bien !
Mais je dois vous dire que de voir vos sales manchettes trotskystes dans nos beaux kiosques de campagne, ça ma toujours débecté. Quand je vois des rigolos de leur espèce dépeindre le bon chasseur français, qui nest pas plus con quun autre, en alcoolique qui ne connaît rien aux écosystèmes, jai honte, jai mal à ma France !
Si vous ne nous rendez pas nos « secondes pages » sans explication, je tenais à vous signaler que nous allions prendre des mesures drastiques. Vous ne vous étonnerez donc pas de voir vos lectures baisser en province, car il se pourrait bien nos torches-culs de petits minables ne soient plus lus, vu quon commence à semmerder grave
A tous bons drilles, salutations quand-même !
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H a ï k a ï ( dix sept haïku occidentalisés ) par Persone_sz
H a ï k a ï
Ecouter écouter encore
Et entendre
Lucide raison
Le ridicule tue
Oui mais pas assez
Avertissement de l'âme
' Ah le live le live '
C'est fou ce qu'ils aiment le live
Souffles virtuels
Van Gogh n'était pas fou
Sa peinture une révolte
Feu intérieur
Ce printemps
Des étoiles flottent vidées
Matin orange et bleu
Un nuage a un coup de foudre
Nuage maudit
Mauvais temps
C'est dans le noir
Dans le soir
Mémoire du désespoir
La semence du soleil
Les larmes de la lune
Dans la mémoire des miroirs
Au milieu des amours
Sort le torse blanc de Vénus
Un nuage azur vole
Au fil d'un ciel pâle comme du carrare
Les soleils bleus pleuvent
Silence indolent
Le voyage n'existe pas
Sans être soi au monde
Forme fantomatique
Les corbeaux croassent
' Si le ciel était vide
Et si en plus y a personne '
' Face à la merde '
On lessive la planète
Vautours envieux
La dimension cachée
Langage silencieux
Danse de la vie
L'horloge qui bat
Et le temps accélère sa fuite
Destin
Un être intègre
Un être au fond de l'horizon
Age d'or
Dans un ciel en faillite
Avec la nuit alise qui se vente
Saga
http://www.youtube.com/watch?v=Cdjn9DmckAE
M
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Je vous trouve très bon par PoinG
Elle est géante, il est malingre. Et ils vont saimer dun amour serré de déséquilibre. Lui la repère le premier. Lors dune promenade digestive. Alors quil baguenaude nez au vent, il découvre la pénélope absorbée à son ouvrage, un fin tissage dont la solidité en fait un linge recherché. Immobile, il lobserve à la dérobée, la trouve à son goût. En fin stratège il choisira le meilleur moment pour laborder. Il sait jouer gros, doit se montrer convaincant car lenjeu est de taille. Peut-être même est-ce une question de vie ou de mort, «la bourse ou la vie ?» se dirait-il sil en avait conscience. Un atavisme le pousse à être entreprenant mais prudent. Il sapproche, distrait la belle de sa tâche, élabore un discours dont léloquence passe par la gestuelle. Il leffleure. Elle lécoute. Profitant de retenir son attention, tout en douceur il la touche et elle ne le repousse. Il va générer le désir, cest un fil quil noue entre ventre et cur et qui finit par emprisonner les membres. Elle est figée dans ce désir, ne peut rien faire sans penser à lui. Il lui sera impossible de se mouvoir sans que cur et ventre naient maille à partir. Elle est prise. Il sapproche de son abdomen et la féconde sans risque. Pour cette fois il est vainqueur. Elle ne le mangera pas mais il y perdra son membre viril. Ainsi émasculé comme intronisé, il sera déclaré apte pour devenir troufion.
*laraignée Nephila maculata tisse des orbes géantes, si solides que les pêcheurs les récoltent pour en faire des filets légers et solides.
** Si parfois, (excédée ?) elle en arrive à manger le mâle intrusif, elle peut à son tour être mangée par les humains, séduits par son délicat goût de noix.
*** Le plus souvent, le mâle perd son pédipalpe (organe copulateur) pour fertiliser la femelle au-delà du temps imparti à lacte. Auquel cas, il ne sera pas mangé et allégé, il devient plus combatif.
Source : Piotr Naskrecki, RELIQUES, voyages à la découverte des témoins vivants de lévolution. Ulmer.
« Le mâle désireux de saccoupler recherche la toile dune femelle adulte ou subadulte et il y reste en attendant le bon moment pour faire sa cour. Il doit être très prudent, sil échoue à convaincre la femelle de ses intentions amoureuses, il risque de lui servir dapéritif.
La parade est un rituel élaboré de tapotements et dattouchements en douceur. Si la femelle accepte ses avances, le mâle de met à tisser une toile sur le corps de sa partenaire, attachant son fil de soie à labdomen et au thorax, quil relie ensuite à la base des pattes. On ne sait pas bien pourquoi il fait cela, mais une fonction probable de ce filet est de lui permettre de passer rapidement du ventre vers le dos pour éviter dêtre balayé si elle change davis. Une fois que le filet est en place et si la femelle est toujours intéressée, le mâle sapproche de la base de son abdomen et la féconde à laide de ses organes copulateurs ou pédipalpes. »
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L'incorruptible corrompu par Annaconte
Le septième Commandement placardé sur le mur de granit de sa conscience venait de prendre un mauvais coup, la pancarte déchiquetée et ses clous arrachés, la loi pourtant marquée au fer, pendouillait en lambeaux sanguinolents. Encore palpitante, elle se balançait effroyable, pendant que des mouches bleues sagglutinaient en grappes pour en sucer lignominie.
Au grand banquet des vautours, il avait fini par présider et se tenait à la table des orgies, la fourchette entre les dents et un rictus aux lèvres. Il y avait au menu de la chair et du sang mais il ne montrerait pas sa nausée. Il ferait comme les autres. Il avait bien résisté pendant des années, vivant chichement, faisant vivre à sa famille une vie médiocre de pauvres, observant bien les règles et les convenances. Il avait choisi dêtre honnête. Par facilité. Par conviction. Parce que cétait comme cela. Il pensait vraiment que cétait le bon choix. Dans le bon ordre des choses.
Un matin, pourtant, il pressentit comme un désordre. Sur le chemin quil empruntait chaque jour pour aller au travail, toutes les façades, les volets, les devantures des boutiques, les boiseries des portes, des fenêtres, des meubles de son entreprise, jusquà son propre bureau, étaient désormais minées de lintérieur, rongées par les termites, vermoulues...à limage de ces visages sans regard, où les yeux étaient remplacés par des pièces de monnaie avec des clignotements de calculette. « Vous prendrez bien un pot-de-vin ? » Tous comptaient leurs sous. Leurs dividendes. Leurs enveloppes. Leurs dessous de table. A eux les promesses de paillettes et de strass, dor et de bijoux. A eux les châteaux en Espagne et les Eldorado ; « tous américains » cétait leur grand rêve...
Lui, de son côté, solitaire, un peu trop raide, il traversait des déserts. La probité ne nourrit guère. A force de désert, de plaines arides, de rivières asséchées, il était arrivé devant un mur qui bouchait toute la vue. Et puis il y avait la voix de Sophia....Elle résonnait comme un tambour, de plus en plus proche, de plus en plus fort. Une voix qui le glaçait sur pied, qui le poussait, qui lui mettait la tête sous leau, qui revendiquait, qui exigeait. La voix de Sophia crachait des crapauds, des serpents, des ordures et cétait lui qui avait maintenant la bouche pleine de vase et de fiente. La voix lui intimait de faire comme les autres, de sadapter, de rentrer dans le moule, dêtre moins rigoureux, moins droit, plus souple, moins regardant. Sophia sétait même mise en grève, et dormait loin de lui désormais, pour bien lui montrer tout son mépris.
Le mépris, il avait lhabitude. Au boulot, il était le dernier des derniers. On riait de lui. A lheure où la vie était devenue si difficile, .il fallait bien se rendre à lévidence. Les salaires étaient si minables, à force de tirer le diable par la queue, lintelligence venait aux hommes, pour colmater les trous, pour sen sortir, ils finissaient par trouver des solutions, et même lEtat débordé finalement sen accommodait, tout le monde y trouvait son compte après tout...Etre honnête au milieu des rats relevait du défi et ce nétait guère plus tenable.
Alors faire de la figuration commença de lui peser. Un jour, ou une nuit quil ne parvenait pas à trouver le sommeil, ce socle de valeurs sur lequel il avait bâti son existence, commença de glisser, lentement, sécroulant sur lui-même, effaçant les chemins et les routes, chargeant des gravats indigestes, visqueux et gluants, anéantissant tout sur son passage avant de sarrêter là à ses pieds dhonnête homme stupide et ridicule. Il ne pouvait plus rester là immobile. Et la voix soudain sirupeuse de Sophia lencouragea à franchir la ligne. Au travail, on lapplaudit. Il ne serait plus le grain de sable qui empêche les rouages de tourner rond. Il venait dentrer dans larêne.
Sa vie allait changer. Forcément.
Maintenant « il se sentait étranger à tout. Etre étranger à soi était bien commode. Comme lAutre, il pourrait commettre un crime sous le soleil et il ne sen porterait pas mal."
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Enfants... par Annainessa
On ne choisit pas ses parents m'a t-elle dit plusieurs fois, tout le reste est à la portée de nos désirs mais ça, c'est inaltérable, c'est un bloc que nul mauvais temps ne viendra éroder, que nulle grêle ne fissurera et que nul soleil n'adoucira.
C'est un socle immobile dans nos vies qui dérive parfois bien loin de ce qu'on avait prévu. C'est un fantôme affable qui nous suit pas à pas, ne craignant ni nos colères ni nos supplications à aller voir ailleurs, pour que notre horizon se dégage enfin.
Un spectateur informel de nos temps défaits et refaits à la force de nos espoirs ou chagrins.
Il n'y a pas d'ombre dans le soleil qui défie notre silouhette mais ce triste sire qui assiste à la moindre de nos représentations.
Alors quelque fois je me raconte une autre histoire, pour essayer de le perdre sur un autre chemin.
Et si j'avais été adoptée, que mon sang ne soit pas le leurs, mais celui d'êtres dépourvus de haines et forts d'un amour infini.
Je ne serai pas alors la fille de la sirène maléfique et du marin éperdu d'amour pour elle, pris dans les filets de son chant mélodieux et mélancolique.
Mais ce n'était pas lui qu'elle voulait mais ce sombre ange blond qui la laissera à terre à moitié morte.
Le spectateur oscille et ne dit mot, telle est la vie qu'on croit s'être choisi.
La sirène se relève et titube, dans son ventre grandit le fruit de ses déviances, marin oh marin entends tu ma complainte ? il accourt et plie genou devant la dame de ses rêves, donne un nom à cet autre à naître et l'épouse, l'honneur est sauf et l'espoir est permis, peut-être l'aime t-elle finalement, même si ce n'est qu'une sirène.
Ses grands cheveux noirs se déploient sur ses épaules et ses grands yeux noirs en amande se posent sur le monde tel un voile innocent et pur, pourtant c'est de colère et d'instabilité qu'est tissé l'étoffe de sa vie.
Il en paiera le prix. Entre temps je suis née par un jour d'hiver, quand les coeurs s'enroulent dans de chaudes écharpes pour se réchauffer.
Qui sait ce qu'il se cache dans les desseins déçus et vides d'amour, égrénant amertume et regret comme des indices pour se perdre dans cette vie.
Détruite tu as été alors ne déçois pas le spectateur qui sourit et estime tes chances de gangner contre lui.La sirène m'a jeté à la gueule du marin comme un oeuf enfin pondu.
Tu l'as voulu tu l'as eu a t-elle dit ! C'est ainsi que peut démarrer une vie, quand l'impasse dans laquelle on croupit nous révolte tant qu'il ne reste qu'à s'en prendre à ceux dont on pense qu'ils ont précipités notre chute.
Il pleut aujourd'hui tandis que je pense à cela, l'été ne veut décidemment pas arriver, mes patients patientent dans le salon, alignés sur les chaises dépareillées du salon, commentant chacun leur tour ce mauvais tour de Dame nature.
J'essaye souvent d'imaginer quels enfants ils ont pu être, c'est frappant d'ailleurs que le monde de la folie finit presque par effacer ce qui a pu exister avant de sombrer.
Comme si le passage de cette frontière nécessitait de se délester de tout ce qui a pu être différent, le spectateur se défile à l'entrée et reste en retrait pour ne pas se faire prendre, pourtant c'est bien souvent à cause de lui qu'ils finissent par en arriver là.
Mais ils sont nés un jour, bébés joufflus et souriants, ils ont appris à marcher, à parler, ils ont crus qu'ils étaient aimés et que rien ne viendrait les heurter.
Tous ces corps désormais instables dans leurs espaces, déformés de médicament et de folie consommée ont étés un jour autres, un autre monde pour une autre vie.
Où se sont-ils perdus ? le spectateur a t-il déplacé au fur et à mesure les petits galets blancs qu'ils semaient pour ne pas perdre ?
Je contemple parfois les gens dans le métro, ou à la terrasse d'un café et j'essaye aussi de retrouver l'enfant, je me dis bien souvent qu'on a peu pris soin de nous même, derrière les artifices d'adultes responsables que nous croyons être, meutris et abîmés par nos défaites et nos vaines guerres contre nous même, le spectateur se fond alors dans l'armure dérisoire de nos vies compliquées.
Je regarde mes patients, ils y ont crus comme moi sans doute un jour, petits souffles de vie que nous étions en attente d'un vent chaleureux qui nous aurait fait dériver aux quatres coins du monde.
Beaucoup sont restés sur le quai, comme moi je crois, je porte une blouse qui peut faire penser le contraire mais il n'en est rien, je n'ai pas choisi mes parents, et cela a un prix.
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Sous ses doigts par Jimisti
Non, il ne la désirait pas.
Enfin, c'était bizarre.
Il se sentait très attiré par elle, mais jamais il ne l'imaginait nue, jamais il ne s'imaginait faire l'amour avec elle. Elle n'était pas la bienvenue dans ses rêves érotiques.
Il avait abandonné très vite ses idéaux d'un amour indépendant des contingences physiques. L'amour courtois n'était pas pour lui. S'il ne pensait pas pouvoir tomber amoureux seulement par le sexe, il ne croyait pas plus à la possibilité d'être amoureux sans sexualité. Ce n'était pas ça.
D'ailleurs, la dimension physique était importante dans l'attirance qu'il ressentait pour elle. Mais il y avait quelque chose de nouveau.
Son désir était physique: il voulait sentir sa peau sous la sienne, poser sa main sur elle. Même pas la caresser. Juste sentir sa peau contre la paume de sa main.
Il percevait ce désir comme innocent, enfantin, et il était content d'avoir des pensées aussi pures et aussi simples. Il n'était cette fois ni un homme qui ne pense qu'à amener une femme dans son lit, ni l'idiot qui croit tomber amoureux de la "beauté intérieure" de l'autre. C'était quelque chose d'intermédiaire, physique sans être immédiatement sexuel. Il s'imaginait poser sa main sur son jean, puis sur son ventre sous le T-shirt, y rester un moment puis ceindre son visage de ses deux mains et défaillir de bonheur. Il y avait certainement une dimension sexuelle dans ce désir, mais il était avant tout tactile.
Il avait un rapport particulier au toucher. La plupart du temps indésirable, au mieux toléré, le contact physique ne lui semblait naturel et agréable que dans la sphère intime sexuelle ou sentimentale. Naturel, agréable, mais en aucun cas un objet potentiel de désir.
Il avait connu des femmes plus belles et a priori plus désirables, mais ce qui se passait avec elle lui était inédit.
S'il extrayait la dimension sentimentale du sexe pour ne garder que celle de la satisfaction des sens, alors, il pouvait affirmer qu'aux côtés de cette femme il éprouvait un plaisir sexuel. Sexuel, sensuel, sensoriel, whatever.
Quand elle était fatiguée ou d'humeur maussade, son visage lui semblait, commun, voire légèrement désagréable. D'humeur enjouée elle lui apparaissait très jolie. Et puis il y avait ces moments rares et magiques où son visage était le plus beau visage au monde. Il lui semblait que dans ces moments là, tous les hommes alentour ne pouvaient que la remarquer et se tourner vers elle, envoutés par cette luminosité extraordinaire. Mais non, ils étaient heureusement trop stupides ou préoccupés pour y prêter attention.
Son corps n'était pas le plus parfait des corps féminins. Il pouvait lister, comme tout homme qui se respecte, un à un tous les défauts qui l'éloignaient du corps idéal. Et pourtant, il n'avait jamais vu un corps aussi émouvant. Plus que beau, émouvant. Il ne se fatiguait jamais de la vue de ses épaules étroites et rondes, de sa taille très marquée, de la cambrure de ses reins prolongée par l'arrondi de ses fesses. Elle était toute en courbes, et chacune de ces courbes le ravissait.
Il s'ennuyait souvent en écoutant les autres. Sujets inintéressants, poncifs à répétition, accumulations de stupidités, étroitesse d'esprit, inflation de mots et de phrases quand tout avait déjà été dit, il avait la dent très dure avec ses semblables. Alors, souvent, il faisait semblant d'écouter tout en s'intéressant à autre chose, musique de fond, conversations voisines, faits et gestes divers. Parfois, il ne pouvait s'empêcher de montrer son agacement et d'écourter le monologue de l'autre. Avec elle c'était tout différent. Elle était souvent intéressante, mais même quand ce n'était pas le cas il prenait un plaisir intense à écouter le son de sa voix, parfois enfantine, parfois plus grave et sensuelle. L'écouter était souvent intéressant. L'entendre était toujours un plaisir. Elle le captivait.
Il avait l'impression que ses sens lui donnaient accès à l'être profond qu'elle était. Ils voyaient à travers les masques qu'elle portait, les certitudes qu'elle affichait. Il lui semblait la voir telle qu'elle même ne se voyait pas. Et le plaisir de ces sens était aussi celui de voir une belle âme.
En présence de cette femme, sa tristesse s'évanouissait. Sa bonne humeur prenait des airs de bonheur. Elle était capable de magnifier toutes ses émotions, sans faire autre chose qu'exister, parler et passer un bon moment à parler de tout et de rien.
Elle comblait sa vue et son ouïe. Le toucher criait famine.
Il pressentait qu'une relation avec cette femme serait très différente de ce qu'il avait connu jusque là. Le désir sexuel ne serait jamais plus premier. Il naitrait naturellement de la satisfaction d'un désir sensuel plus large, plus essentiel. Il ne serait que le couronnement d'une sensualité dont il réalisait seulement maintenant l'importance. Il lui serait impossible de se lasser d'une femme dont la seule présence à ses côtés lui procurait plaisir et bien être. Jamais il ne pourrait se fatiguer de faire l'amour avec elle, parce que son sexe ne serait jamais seul à rechercher son plaisir, il ne serait qu'un dans la file d'attente. Il ne pouvait même pas imaginer ce que faire l'amour avec elle pouvait être. Il y avait la libido, le sexe, avec ou sans sentiments, ce qu'il connaissait bien, et puis caliner et faire l'amour avec cette femme. Un continent nouveau à explorer, loin des fantasmes qu'il pouvait concevoir.
Que se passerait il si un jour elle lui exprimait son désir? Il lui plaisait, il le sentait. Elle faisait passer des messages de plus en plus explicites, se demandant sans doute pourquoi il ne les saisissait pas. Les hommes sont souvent si stupides, incapables de comprendre le langage codé des femmes. Elle devait le prendre pour un de ces hommes qui ne peuvent comprendre que l'explicite. Petit à petit elle s'en rapprochait. Cela finirait certainement par un "Veux tu boire un dernier verre chez moi?". Il la sentait également capable d'un "J'ai envie de toi" ou pire "As tu envie de moi?". Il serait décontenancé, déçu peut être. Pourrait il lui répondre qu'il avait avant tout envie de la toucher?
Plus le temps passait, plus il réalisait qu'une montagne infranchissable s'était dressée entre elle et lui. Il se sentait incapable d'oser porter la main sur elle ou de poser ses lèvres sur les siennes. C'était devenu trop important, une question de vie ou de mort, il était pris d'une peur panique à chaque fois qu'il se disait que c'était le moment, qu'elle n'attendait que cela. Elle devait sentir son trouble sans en comprendre les raisons, lui qui avait évoqué ses ex, lui qui semblait ne pas être très compliqué sur ce plan là. Elle devait croire qu'il ne voulait pas et ne savait comment lui dire. Leurs rencontres devenaient de plus en plus étranges. Quelque chose n'allait pas.
Il essayait lui aussi de lui faire comprendre son intérêt pour elle, ses sentiments qui naissaient, son désir, mais quel désir? Il avait l'impression de ne pas jouer le rôle imparti à l'homme et de la décevoir. Pouvait elle même comprendre les messages si peu masculins qu'il lui envoyait? Avec dans sa tête toutes ces images préconçues de ce qu'est un homme et de ce qu'est une femme, il avait l'impression de s'être transformé en femme et de la forcer petit à petit à se comporter en homme. Quand se lasserait elle de ce jeu à la con?
Et puis il y eut ce rendez vous.
Comme à son habitude, elle avait envoyé des signes plus ou moins subliminaux. Comme à son habitude, il les avait ignorés, provoquant chez elle une contrariété dissimulée mais perceptible. Les messages de plus en plus maladroits qu'il lui adressait ne semblaient même pas l'atteindre. Toute à sa déception, elle ne semblait pas en mesure de les entendre. La situation était ridicule. il fut soudain submergé par une détresse terrible. Il était malheureux, il avait perdu tous ses espoirs. Cela n'arriverait jamais.
Un silence pesant s'installa entre eux. Au bout d'un moment, elle annonça qu'elle allait se repoudrer le nez. C'est à peine s'il l'entendit. Elle se leva. Alors qu'elle passait à côté de lui, elle se pencha vers lui et l'embrassa furtivement. Le temps qu'il réalise ce qui venait de se passer, elle était déjà partie.
A son retour, il posa pour la première fois la main sur la sienne. Puis il la prit et l'amena vers ses lèvres pour y déposer un premier baiser. Toutes ses craintes s'étaient envolées. Il était maintenant sur de lui, sur d'elle et sur de ce qui allait leur arriver.
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Rendez vous par Cherenko
Lorsque je nai pas eu de rendez vous depuis longtemps, jen invente que je note sur un agenda aussi minuscule quun dé à coudre :
«samedi 15 heures devant la bibliothèque »
Dans les grands jours, je fais du zèle :
«lundi 20 heures devant la gare », «16h30 jeudi devant la caserne (des pompiers) », « dimanche 10h chez F ».
Ensuite, lorsque mon agenda pas plus grand quun dé à coudre est rempli, je regarde tous ces rendez vous que je dois honorer et je porte ma main au front en prenant un air épuisé.
Le premier se passe toujours très bien.
Je me rencontre et me salue très fraternellement. Sil sagit dun premier rendez vous je dis des choses assez banales :
«vous êtes exactement comme je vous imaginais »
ou
« je ne mattendais pas du tout à ça, je suis terriblement déçue »
ou
« jai limpression de vous connaître déjà, cest troublant »
ou
« cette rencontre est de toute évidence un malentendu »
Généralement, après je nai plus rien à dire alors on va voir les livres et on fait quelques commentaires.
Sil sagit dun énième rendez vous, cest beaucoup plus difficile.
Tout lasse, et surtout les énièmes rendez vous.
On ne sait plus quoi en faire, de ces rencontres à répétition.
Alors je la joue bonhomme :
« salut vieille branche, toujours pareille, tas pas changé »
et je vous passe le reste, mortellement ennuyeux.
Il y a quelques jours, il est arrivé quand même une chose étrange.
Nous avions rendez vous pour la énième fois à une terrasse de café, il faisait très beau comme cela nétait pas arrivé depuis longtemps, et cet été provisoire avait lallure dun spectacle quon aurait raté pour rien au monde. Une couche de lumière chaude et dorée sétirait partout avec quelques belles flaques dombre cachées dans les replis de cette magnifique nature morte qui était ce lieu où javais rendez vous.
Lorsque je suis arrivée il ny avait personne. Jai attendu une heure.
Je me disais quil était bien normal, au fond, quil ny ait personne puisque javais rendez vous avec moi même, et que moi même étant là, cette absence remarquée me ramenait somme toute à ma normalité. Je prenais conscience que tout cela navait aucun sens, et quon ne peut avoir rendez vous quavec un autre différent, avec des jambes qui ne marchent pas comme vous, une tête qui pense différemment, des yeux qui nont pas la même couleur.
Je me disais : au fond, tu es quelquun de très sain, de très équilibré, à qui on ne la fait pas.
Il faisait très chaud, la lumière était devenue blanche et les ombres très noires, tout était de plus en plus tranché, si tranché que tout ce qui se trouvait dans les ombres était devenu presque invisible. Ainsi voyait on des hommes et des femmes disparaître puis réapparaître au sortir du sombre périmètre.
Un jeune homme passa à vélo devant moi, je le vis sengouffrer dans une grande tâche dombre et jattendis la suite qui ne vint pas, celui là fut sans doute dévoré par lobscurité.
Cest juste après que je me vis arriver. Je venais de loin, du bout de la rue, je marchais les mains dans les poches dune veste très courte et très légère en tordant un peu des fesses à cause des talons bleu marine qui claquaient sur les pavés. Jétais habillée comme dans un dimanche à grande cérémonie, ça se voyait à la coupe de la robe. Javançais très sûrement vers moi même, avec la démarche alerte de quelquun qui sait où il va.
Je nétais pas du tout ce à quoi je mattendais. Cétait pourtant, comme je lai déjà dit, une énième rencontre. On sétait vues souvent, puis de moins en moins, puis plus du tout jusquà ce que je décide de ce rendez vous.
Celle qui se dirigeait vers moi était méconnaissable. Jétais heureuse de cet inattendu. Ce que javais pris pour un accès de lucidité en pensant quil était impossible davoir un rendez vous avec soi même brûla comme un feu de paille et finit dans les cendres de toutes ces petites prises de conscience quil nous arrive davoir et qui sont aussi capricieuses que les humeurs.
Tout changea autour de moi et en moi à la perspective de cet autre moi même qui s'approchait tranquillement. Le monde prit soudain du relief et de l'intensité. J'étais encore capable de métonner, cela me mit en grande joie.
Elle me fit signe et traversa la rue pour venir me rejoindre. Tandis qu'elle ne me quittait pas des yeux et qu'un sourire moqueur babillait son visage d'une joyeuse ironie, elle disparut dans la crevasse profonde et noire d'une ombre qui formait une diagonale entre la terrasse du café à lépicerie den face.
Et bien évidemment nen sortit jamais.
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Au gris de l'ennui par Jules Félix
Jétais très inquiet. Johnny ne faisait sur pcc, dans sa base de données, que cent quarante et un fans et un seul commentaire (qui, en plus, na rien à voir avec lui). Jétais inquiet. Une star si connue, si persistante, ne faire que si peu dadeptes sur pcc. Certes, Télérama et Arte sont plus appréciés dans ce site que TF1 ou Ouest France, mais Marc Lévy, Florent Pagny et dautres artistes sont quand même à de hauts niveaux de popularité.
Et puis quand même, plus de deux mille couvertures de magazines en plus de cinquante ans (son premier contrat date du 16 janvier 1960). Cent quatre-vingt-deux tournées, vingt-huit millions de spectateurs, mille chansons enregistrées dans soixante-quinze albums, le dixième de composées, plus de cent millions de disques vendus, dont quarante dor, vingt-deux de platine, trois de diamant, huit victoires de la musique
et même pas cent cinquante admirateurs sur pcc !
En fait, cétait une faute dorthographe. On ne dira jamais assez que Johnny prend deux y et pas quun seul : Hallyday et pas Halliday. Mais les fans ne sy sont pas trompés : mille six cent quatre-vingt-cinq adeptes et vingt et un commentaires. Vingt-deuxième avec celui-ci.
Ah non, ce nest pas une faute. Il a commencé avec Halliday à cause de son beau-frère (cétait son nom de scène, danseur américain) et cest le double y, la faute dorthographe, qui a été mise sur la pochette de son premier disque (le 14 mars 1960).
Dès sa première année denregistrement, il a déjà vendu plus dun million et demi de disques et a reçu son premier disque dor à sa deuxième année. Qui peut sen vanter ? Le 22 juin 1963, il y a donc cinquante ans, le sociologue Edgar Morin (qui allait avoir quarante-deux ans) écrivait dans le Monde une tribune intitulée "Le Temps des Yéyés" (où lon retrouve le double y).
Moi, je suis un peu gêné par le Johnny national. Enfin, il ne me gêne pas mais jai du mal à dire ce que jen pense. Il faut bien le reconnaître. Je nétais pas un jeune ado prépubère dans les années 1960, et donc, je nai pas vécu ses débuts avec la même ardeur et le même enthousiasme que ses premiers admirateurs. Ou trices, plutôt.
Quand mon duvet commençait à mollement pousser sous mon nez, je croyais le Johnny déjà dans les livres dhistoire, déjà "fait", intégralement "fabriqué" et placé en "haut" de lestrade (mais pourquoi ai-je mis des guillemets pour haut ?) comme si cétait normal, comme si cela avait toujours été.
Vous avez dailleurs remarqué quand on pleure une personnalité célèbre qui vient de disparaître ? On refourgue les photos de sa jeunesse. On repère les airs de ressemblance. Mauroy, cest à partir de quinze ans. Avant, méconnaissable. Après, trop reconnaissable : corpulence, visage de poupin, lunettes carrées, puis les cheveux blanchissent mais résistent au temps. On se dit alors : mais comment savait-il, jeune, ce quil deviendrait, vieux ? De Gaulle, cest pareil. En 1938, il savait 1958 sans en connaître précisément la date. Tout est dans les esprits même si ce nest pas encore accompli.
Pour moi, cétait ça, donc, Johnny.
Une star qui a toujours été star.
Mais moi, je naime pas les stars.
Parce que chuis élitiste.
Javoue bien humblement que jai quand même aimé certaines de ses chansons, mais je ne savais même pas que cétait lui (jvous dis, je mintéresse peu aux stars), Quelques paroles ou harmonie me suffisaient à alimenter quelques torrides moments : "Noir cest noir" (1966), "Quelque chose de Tennessee" (1985), "Que je taime" (1969), "Laura" (1986)
Moi, cétait le Johnny des années 1980 qui mavait accaparé le cerveau à peine fini.
Certes, jai compris lhomme par les Guignols de linfo et leur fameux "Ah que". Mais je me dis que ce nétait pas son job dêtre intelligent. On nattend pas dun chanteur quil soit intelligent, quil puisse comprendre les enjeux de la géopolitique internationale, mais seulement de bien chanter. Comme dirait un de ses premiers producteurs : « Tu fermes ta gueule et tu chantes ! » (mais lui a répondu : « Je ne vois pas comment je peux chanter en fermant ma gueule »).
Et apparemment, vu sa constance, sa permanence, au fil des générations, ses styles très différents, ses looks également diversifiés, il a réussi à rassembler autour du monde un très large public, de tous pays, de tous âges.
Parmi ses auteurs, je peux citer Charles Aznavour, Philippe Labro, Daniel Balavoine, Michel Berger, Jean-Jacques Goldman, Zazie et Sandrine Kiberlain (mais il y en a plein dautres).
Ses femmes ont nombreuses et parfois talentueuses :
Sylvie Vartan (du 12 avril 1965 au 5 novembre 1980), donnant David le 14 août 1966 ;
Élisabeth Étienne (du 1er décembre 1981 au 3 février 1982) ;
Nathalie Baye (de début 1983 mars 1986), donnant Laura le 15 novembre 1983 ;
Adeline Blondieau (du 9 juillet 1990 au 11 juin 1992 et du 16 avril 1994 au 9 mai 1995) ;
Laetitia Baudou (à partir du 25 mars 1995), adoptant Jade en novembre 2004 et Joy en décembre 2008.
(Merci Wikipédia qui en met plus sur Johnny que sur Einstein !)
(Je maperçois que lorsque jai apprécié quelques-uns de ses titres, lhomme était célibataire ; jaurais dû en parler aux copines, zutalors !)
Indiquons enfin que le chanteur nest pas plus belge que je suis reine dAngleterre. Il est de nationalité française, né à Paris dune mère française et sa belgitude ne provient que dun père belge indigne qui ne la jamais vu sauf payé par des magazines people pour quelques photos dune rencontre factice lorsque le fiston était au service militaire. Pour des raisons fiscales, Johnny avait demandé la nationalité belge en novembre 2005 quon lui a refusée (il ne parlait pas bien le belge) et, par dépit, sest installé en Suisse en décembre 2006 pour échapper au fisc français.
Ah
euh
au fait
Pourquoi ce com ?
Aujourdhui, Jean-Philippe Smet quitte ses soixante-neuf balais.
Le voici désormais septuagénaire.
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L a nuit v a g u e m e n t par Persone_sz
L a nuit v a g u e m e n t
Ce soir
la lune est là
ronde et blanche
je connais sa face cachée
elle me la montrée
On ne me voit plus le jour
Je m'invente des rêves d'amour
J'ai rejoins l'Alice de Lewis
Au pays des merveilles sans vice
Loin des morues panées
J'vais au marché des belles pensées
Loin des bimbos décérébrées
J'préfère ma réalité
Dans son ciel étoilé
que la terre est bleue
dans son écran noir
Jaime cette vision lunaire
dune terre binaire
et son humanité sans nuance
La lune est amie
je connais sa face cachée
elle me la montrée
dans son absolue obscurité
Habité d'un souffle nouveau
La vague aura roulé mes os
Je ne me suis pas fait prier
Et la nuit j'revis en apnée
http://www.youtube.com/watch?v=qAfmdtS7QHo
M
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