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La tête dans l'écran par Leon Zat

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Dans le monde du cinéma, il y a des tas de sortes de cinéastes, on peut dire qu'il y a de la variété et alors qu'en 2015 : le monde du cinéma semble réduit à des blockbusters qui bouffe le marché et des films indépendants qui tentent de se faire une place, il y a un film qui, il y a plus de trente ans, anticipait de manière terrifiante, la puissance hypnotique des écrans. "Videodrome" est un film sur lequel on semble avoir tout dit. Budgété de quasiment six millions de dollars entièrement tourné à Toronto par un cinéaste très curieux et fasciné par les êtres humains. Max Renn, à la tête d'une chaine du câble, tombe un jour sur une vidéo appelé "Videodrome" : cette vidéo d'une heure montre une femme se faire violemment fouetter par un homme. Max Renn trouve que ce programme, aussi tordu soit-il, est parfait pour sa chaine : "C'est simple, efficace et ça coute rien." Mais ce programme est un cancer qui va le ronger. A peine l'a t-il regardé, qu'il a des hallucinations. Et cherche à savoir qui est à l'origine de ce programme. On ignore quand se déroule le film, on sait qu'il se passe à Toronto, mais les indices matériels nous indiquent que c'est pas encore maintenant. Après tout, en 2015 : qui se sert encore d'une cassette vidéo ? Trente-trois ans après le tournage, je l'ai découvert (enfin !) hier. Je n'étais pas encore né en 1983, mais ne fait nulle doute que dans l'industrie du divertissement : il y en as qui ont toujours et tout fait pour attirer le public et chacun à son époque, mais le programme "Videodrome" semble rebuter tout spectateur : regarder, pendant une heure, une femme se faire fouetter : qui regarderait cela ? Pourtant, la réponse est claire : n'importe qui, qui serait fasciner. Le film "Videodrome" : c'est aussi cela : tenir 88 minutes par le simple pouvoir de la fascination. Cronenberg, cinéaste très simple et tranquille, ne nous épargne rien : ouverture dans un ventre pour laisser glisser des cassettes ; corps qui explosent ; un homme qui entre sa tête dans un écran rempli par les lèvres d'une femme... : il ne fait nulle doute que certains sont partis au bout d'un quart d'heure de film, et selon sa sensibilité à la violence, on peut rester jusqu'au bout. Jusqu'à la dernière seconde pour savoir où le cinéaste, diablement doué, va nous emmener. Chacun à sa vision de "Videodrome", à titre personnel, il as résonné en moi car je regarde la télé énormément depuis que je suis bébé (pratique : pour vos parents... :) ), j'ai passé plus de temps devant la télé qu'à l'école et aujourd'hui : je passe les trois / quarts de ma vie derrière un écran d'ordinateur. On as accusé la télévision d'influencer mon comportement et c'est un débat qui fait rage depuis toujours. Mais la télévision m'as beaucoup plus appris que 15 ans dans le système scolaire. Mais dans mes gouts personnels ne figurent ni de pubs (je déteste cela), ni de télé-réalités qui pourrissent les chaines depuis quelques années, je suis un grand fan de séries télé procédurales ("New York Districit", "Shark", "Les experts : Manhattan", "Columbo"...) et de cinéma intelligent et qui apporte quelque chose : "Videodrome" fait vraiment parti de ce cinéma. Il remets en cause notre propre attachement aux écrans, à la fascination extrême qu'ils exercent sur nous et à l'influence qu'ils ont : Cronenberg dénonce avec malice les pubs et autres télé-réalités : imaginez une télé-réalité montrant pendant une heure une femme se faire fouetter : quel influence ça aurait sur vous ? Sur nous ? Le cinéaste interroge également : les publicités incident les gens à acheter des produits, les télé-réalités rendent débiles les jeunes qui les regarde (suffit de voir un de mes amis) et les blockbusters ont fait des gens des moutons. Il y a une façon de ne pas faire parti de ces gens : être soi-même et avoir sa propre personnalité en essayant de ne pas céder à l'influence hypnotique de l'Ecran qui rends zombie. De nos jours, c'est très dur, tant les médias apparaissent partout. Mais à titre personnel, et étonnamment pour moi qui ai passé une grande partie de ma vie derrière un écran, je suis arrivé à ne pas être bouffer par cela. Résultat, j'ai regardé "Videodrome" jusqu'au bout et j'en sors grandi. :)

# 18 - Quand dans la nuit, le temps se pavane par Ptite funambule

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C'est toujours à 1h41 que Ptite Fun devient plus attentive aux autres et spécialement, dans le métro parisien. 1h41 dans les couloirs Un couple et une copine de la demoiselle du couple. L'amoureux demande à sa mignonne, qui le tient par le bras : "Et si tu as des ennuis avec quelqu'un, genre un mec lourd... aimerais-tu que j'intervienne ?" L'amoureuse : "heu..." La copine : "Nan mais attends elle te le boxe fissa le mec là ! Attends tu l'as pas vu à l'action !!!" L'amoureux : ... L'amoureuse : ... L'amoureux : "Je suis sérieux, qu'est-ce que tu préfèrerais ? La réponse se perd dans le brouhaha des gens et de l'annonce des fins de circulation sur certaines lignes. 1h46 dans la wagon Un couple. La belle aux grandes lunettes et cheveux couleur blé, ne se tient pas. Son homme face à elle, tient d'une main à hauteur de son cou, la barre verticale. Il l'écoute attentivement. Elle parle de musées. Il la dévore des yeux, mais avec beaucoup de douceur. Aucune passion. Sensation de couple apaisé. Délicatement, il lui replace une mèche de cheveux qui lui tombe sur l'oeil gauche, du bout du doigt. Il en profite pour lui caresser la tempe. Le train freine brusquement, il la retient par les épaules, lâchant lui-même sa garantie d'équilibre. Instinct protecteur. L'homme a protégé sa belle. Ils se regardent. Se sourient. La vie reprend son rythme. 1h52 dans les couloirs. Un monsieur avec un gros sac de voyage à l'épaule. Une dame, petit sac à main en bandoulière. Ils font silence. Ils se parlent ailleurs. Ils se regardent entre chaque pas. Le temps n'a pas de prise sur eux. Il lui prend la main. Sourires. Cette nuit n'existe déjà plus pour le voyageur et sa dame. Ils sont ailleurs, chez eux, dans leur antre du coeur. 1h52 et demi Sur un strapontin Un jeune mec. Sa girl en amazone sur ses cuisses. Il lui tient la taille, le bras derrière son dos. Elle lui tient le cou, gratouilles du bout des ongles. Tempes contre temps. Ils me regardent tout doux, avec ce regard dans le vague. Le meme. Fatigue. Ils cherchent les limites de leur abandon. Est-ce que la soirée est plus douce ou est-ce ma façon d'appréhender mon environnement aurait changé en quelques semaines (Cf #4) ? En tout cas, cette nuit le coeur de Ptite Fun était apaisé. Elle a vu son soleil, en pleine nuit Qui ne Lit pas mais qui luit, lui. Et ca lui fait du bien de le voir, cela l'apaise la Ptite. Après une nuit et une journée furieuse. La raison commence à gagner, ou fait au moins bien semblant. C'est déjà ca. Ce ptit soleil, c'est le monsieur qu'elle aime. Son bonhomme, son nord. La réciproque n'est pas vraie, ou pas officielle. Alors on s'essaye à l'auto-persuation : Le ptit rayon de soleil jette des œillades à qui il veut, il ne veut pas faire évoluer la camaraderie qu'il a chargé dans le bateau, soit. Il faut essayer d'oublier qu'on a envie de se jeter dessus, bras dans les bras, et de l'embrasser de tout un corps fébrile. Scotomisation de toutes mes interrogations, qui n'en sont pas, au fond, mais qui assurément le font fuir. Monsieur Soleil n'écrit pas, et n'a pas connaissance de cette alcôve... SOIT ! Peut-être que Ptite Fun rêve. Un jour... Il lui dira peut être autre chose, lui dira les contours d'une grotte et ils riront fort tous les deux, parce qu'ils savent. Et ptet meme qu'ils s'aimeront fort aussi, naturellement, parce que ce sera vrai, spontané et réel. Et même si ca fait un mal de chien, même s'il y a des mensonges, de la duperie, même si ce n'est pas ce qu'elle aimerait, finalement, elle aime tant leurs moments qu'elle ne fait pas encore ce sacrifice. Elle ne veut pas qu'on lui arrache. Ca ne saurait durer trop longtemps évidemment, car c'est un animal, mais pour le moment, elle accepte encore un peu, un peu. Dans le règne animal, pour entrer sur le territoire de l'autre, il faut qu'il nous y invite. Sinon ils se battent. Instinct de protection. Territoires. Nan le vrai miracle de la soirée, la vraie victoire, les plus grandes douceurs pour mon esprit en tourment, ce sont son regard et son sourire. Elle les aime déjà de toutes ses forces. Mais ce soir, plus encore, avec une immense sensation toute soyeuse, car elle a eu l'impression que le combat avait cessé, il était plus doux, plus serein. Elle en a même lu de la tendresse. De la bienveillance. Enfin, ce soir. Enfin, peut-être. Terminés les regards : "et si ?". Pas d'interrogations. Il sait, elle sait. Même pas une petite ride rieuse ? Non un sourire simple, et les yeux droits dans les yeux qui la chérissaient. Temps éphémères. Quand dans leurs yeux, le sablier est d'or. Que la boite à trésors est partagée. Il n'y a plus d'enjeu de regarder l'autre en face, et de pétiller de mystère qui amuse mais qui fait chanceler. Pas d'épreuves de force. Pas de joute. Avec leurs légers et lourds secrets. Regards en pierres précieuses. Apaisement. Le combat a cessé. Elle l'a pensé en tout cas. Et c'est comme s'il l'observait maintenant. Ptite fun aussi, et comme le chat, elle vient ronronner près de lui. Elle est là leur cachette. Dans ce minuscule espace, ces 15 cm entre leurs prunelles. Et plongé l'un dans l'autre, il est là peut-être leur infini. Là où tout a commencé, là où tout s'ecrit. Là où personne n'est capable de venir les chercher. Les mots mentent. Les yeux, jamais. Et Ptite fun, elle avance pétrie de certitudes quand le doute a lui, remplit tous les recoins de l'espace. Et pourtant ! Et tant pis ! Mon soleil, a mis à l'abri leurs sentiments. Sourires. --------------------------------- Je vous invite à redécouvrir "La pavane" http://www.youtube.com/watch?v=mpgyTl8yqbw --------------------------------- https://vimeo.com/104731485 ---------------------------------

# 12 - Papillons de nuit par Ptite funambule

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En remontant lentement le cours d'eau, mes pensées sautillaient de points lumineux, en surfaces sombres. De mains serrées en regard soudainement inquiet. De bras tendres en tempes collées. De lettres en prénoms. De souvenirs en réalité. De fantasmes en possibles. Et évidemment, tout un tas de questions m'assaillaient. Un doute amoindri ouvrant sur un autre, comme un torrent incontrôlable. Pensées au passé et présent. Comme à chaque fois, la nuit, cette envie de partir en courant, et de ne m'arrêter que lorsque plus de forces et prête à m'effondrer. De tout plaquer, être ailleurs, une autre, seule, sans attache et sans envie. Rejoindre la mer et hurler jusqu'à en perdre la voix, jusqu'à l'épuisement. Envie qu'on me retienne de toutes ses forces, avec l'énergie du désespoir, et qu'on me dise, reste. Évidemment, ce n'est pas possible. Alors j'ai juste mis la clé dans la serrure, pris comme à chaque fois, une grande respiration, et me suis mise en apnée. J'ai constaté que de nous, ne reste que la lumière du couloir allumée pour moi les soirs tard. Et cette même lumière de me peser. Envie que l'ampoule grille là, maintenant, tout de suite, et explose. Puisque de toute évidence, cette attention à contre cœur sera l'arme de demain. En équilibre, j'ai écouté le bruit du zip de mes bottes. Je les ai retiré et posé doucement au sol, en vrac. Et j'ai fait tomber le costume. D'abord le haut, toutes les couches, encore mouillées de cette soirée. Odeurs. Puis le bas, toutes les couches, encore agitées de cette soirée. Moiteurs. Un bout de coton doucement passé sur l’œil, puis l'autre. Simple appareil, et face à moi-même. Regard sur ce corps, maintenant calme, blanc, mutilé, renaissant. Popeline tombante sur l'épaule et pieds nus, je dis au revoir à cette image, jusqu'à une prochaine nuit, dans plusieurs nuits. Je me glisse sous les draps de coton, et sens mon petit ange tout chaud à côté de ma place. Elle vient souvent se mettre là, quand je lui manque, mais toujours, prends soin de me laisser mon espace, pour que nous finissions la nuit ensemble, dans les bras l'une de l'autre. Nous nous tournons face à face. Soupirs d'aises. Front contre front. Elle glisse sa petite main gauche dans la mienne, et me passe son bras droit autour de mon cou. Elle me chuchote : "e t'aime". Puis elle me passe la main sur la joue, sur le nez, les sourcils, les yeux, doucement tendrement et me dit : "dodo maman, dodo. Ferme les yeux, oui co' ça. Dodo." Elle chantonne d'une voix presque inaudible une petite rengaine dont elle seule a le secret et rajoute "Là, ça va aller, tu verras, çà va aller". Je m'exécute, ne voulant faire attendre ce tout petit coeur si rempli de naturelle et respectueuse tendresse. Qu'il est bon de la sentir petite, mon minuscule bout de femme. Les yeux fermés, et le coeur gonflé, mes pensées divaguent... Que j'aimerais devenir une femme. Une femme qu'on aimerait. Une femme épanouie. Devenir Moi. Pour qu'elle connaisse enfin celle qui a pris un rôle aussi, de maman. Pour lui apprendre que c'est possible, et qu'elle pourra le devenir elle aussi, que ce sera la plus belle d'entre toutes, un trésor pour qui l'aimera. Et je me suis endormie avec l'envie puissante de me faire kidnapper pour aller voir la mer... en tête à tête, et me sentir femme... -------------- Plein d'envie de vous mettre des liens musicaux mais je préfère vous laisser cet espace libre. -------------- Par contre, j'ai envie de partager avec vous, un extrait de "L'immeuble Yacoubian" de Alaa El Aswany. Une pépite. "En vérité les soixante-cinq années de son existence, avec toutes les péripéties de leurs incohérences, à la fois heureuses et tristes, ont essentiellement tourné autour d'un axe : la femme. Il fait partie de ceux qui ont sombré corps et biens dans la douce captivité des femmes. Pour lui la femme n'est pas un désir qui s'enflamme pour un temps seulement, que l'on rassasie et qui s'éteint, c'est un univers complet de tentations qui se renouvelle dans des images dont la diversité ensorcelante n'a pas de fin : des poitrines abondantes et pulpeuses avec leurs mamelons saillants comme de délicieux grains de raison ; des croupes tendres et souples qui tressaillent comme si elles s'attendaient à de furieux assauts à revers, par surprise ; des lèvres peintes qui sirotent les baisers et soupirent de plaisir ; des cheveux sous tous leurs avatars, longs et flottant calmement, ou lien longs, tombant en désordre en cascades éparses, ou bien mi-longs, stables et familiers, ou bien courts, à la garçonne, suggérant ainsi, sur les chemins des éphèbes, des formes alternatives de sexualité ; des yeux... ah ! Comme ils sont beaux les regards de ces yeux francs ou mensongers, fuyants, fiers ou timides ou pleins de colère, de blâme ou de réprobation. C'est à ce point, et même avec plus de force encore, que Zaki Bey aime les femmes. Il en connaît de toutes les conditions, depuis la nabila* Kamila, fille de l'oncle maternel du dernier roi avec qui il a appris le raffinement et les rites des alcôves royales : les bougies qui brûlent toute la nuit, les verres de vin français qui avivent le désir et chassent la crainte, le bain chaud avant la rencontre pour enduire le corps de crèmes et de parfums... Il a appris de la nabila Kamila, dont l'appétit sexuel était insatiable, comment s'y prendre pour commencer, quand se retenir, que les positions sexuelles les plus osées requièrent quelques mots français très délicats. Pourtant Zaki Bey a fait l'amour avec des femmes de toutes les classes sociales : des danseuses orientales, des étrangères, des femmes de la bonne société, des épouses d'hommes éminents, des étudiantes et des lycéennes mais également des femmes dévoyées, des paysannes, des domestiques. Chacune avait sa saveur particulière et, souvent, il compare en riant l'alcôve soumise au protocole de la nabila Kamila et cette mendiante qu'il a ramassée dans sa Buick, une nuit qu'il était ivre, et qu'il avait amenée dans son appartement, passage Bahlar. Quand il était rentré avec elle dans la salle de bains pour la laver lui-même, il avait découvert qu'elle était si pauvre qu'elle s'était fabriquée des sous-vêtements avec des sacs de ciment vides. Il se rappelle encore avec un mélange de tendresse et de chagrin la gêne de la femme lorsqu'elle enleva ses vêtements sur lequels étaient écrit en gros caractères "Ciment Portland". Il se souvient que c'était une des plus belles femmes qu'il ait connues et une des plus ardentes en amour." *Titre accordé à certains membre de la famille royale qui n'ont pas droit à celui de prince. -------------- La dédicace que l'on m'en avait fait, à l'époque, résonne aujourd'hui tout à fait étrangement : "Ma belle, plein de belles choses à toi. Que les étoiles qui ont guidé notre route te soutiennent, que ton sourire, à jamais, nourrisse comme le miel, que tes rêves rejoignent ton quotidien, Affectueusement" --------------

# 13 - "En une fraction d'éternité, tout change et se transfigure. " par Ptite funambule

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Il faut que je te raconte une histoire ! Oui parce que tu sais à chaque fois que Mon Ptit rayon de Soleil, joue au gentleman, je me demande toujours si c'est pour moi, ou si c'est un bonhomme bien éduqué. M'enfin, en général, je choisis le parti de me dire qu'il me bichonne. Même si je ne comprends pas bien ce qu'il me trouve. Mais ne crachons pas dans la soupe, c'est si bon ! Alors je te raconte ! Nous étions quelques uns dans un café, il n'y a pas si longtemps de cela. Ce jour là, assez naturellement, nous discutions en nous avançant et en nous reculant de la personne en face de nous. Et puis de temps en temps, nous changions de place. Sûrement pour voir le monde autrement. En deux temps trois mouvements, si nous n'étions pas tous synchron', j'avais mon voisin de gauche en face de moi mais à gauche. Tu suis ? Oui mais je ne changeais pas de place avec lui pour autant ! En face de mon Ptit Rayon de soleil, une jolie jeune femme. Brune aux cheveux lisses, raie de côté, et bien peignée, malgré les mouvements. Petit top à bretelles, mettant son cou en valeur. Une jolie demoiselle. Plutôt souriante, et contente d'être là, semble-t-il. En face de moi, un jeune homme, un peu fou. Cheveux d'or et mal peigné, raie... non pas de raie, dans les cheveux. Vêtu, oui assurément, mais plus de souvenirs. En tout cas, jeune homme au regard attendri par ma minuscule personne. Intelligent et délicat. L'instant va bon train, tout le monde rigole, ça s'avance, ça se recule, ça change de place, ça pousse même des ptits cris au son de la folklorique sono. Le plein de bonne humeur. Je jette des ptites œillades à mon soleil, il est content, et moi ça me remplit de joie. Quand tout à coup ! Ho ho ho hooo !! Non pas de Zorro dans l'histoire mais demoiselle en face de monsieur soleil, lui attrape les mains, et lui jette des sourires et des regards que je connais par cœur. Monsieur Soleil, flatté tel un corbeau, ronronne tout son plaisir. Quand tout à coup ! Il laisse tomber sa proie des yeux, cesse de sourire, et me jette un regard paniqué. Juste une minuscule fraction de secondes. Mais on s'est vu. Et je ne sais pas si le plus perturbant était la situation câline ou ce regard entre lui et moi, juste nous et ce qu'on avait à se dire. Évidemment, je peux difficilement cacher, ma pointe de jalousie, ma panique à moi, et ma surprise de le voir se tourner si vivement vers ma minuscule personne. Comme pour me demander si j'avais vu, ou constater l'effet sur moi. Bref, pas joyeuse la Ptite Fun, mais ! C'est mon Ptit rayon de Soleil, et je m'oblige à me souvenir qu'il est libre, que l'on ne se doit rien, mais alors rien du tout. Alors on se raidit un ptit coup, on se re-concentre sur son face à face, on lève le menton, et on essaye de rester digne. Une fois l'élan de va et vient terminé, les mains se lâchent et au son de la musique, les échanges de places cessent. Fatigant ce café, mais sympa. On reviendra. Je me lève et vais plus loin, sur une chaise libre, à une autre table. Besoin de prendre un peu le large de la situation. Faudrait pas que je me mette à chouiner comme je sais si bien le faire. Mais c'était sans compter sur un rayon de soleil tout en surprise et en délicatesse !! Il m'a fait revenir près de lui, pour discuter avec la demoiselle, parce qu'elle se demandait qui avait assuré le service sonore en salle quelques jours plus tôt ! Et de me présenter à elle, et comme la chef de cette fameuse journée, et que sans quoi, personne n'aurait pu bouloter de la noire et du silence. Je me suis sentie placée sur un pied d'estal. Je ne peux pas dire que j'ai tellement l'habitude de ça, et je comprenais les enjeux de cette mise en scène. Monsieur Soleil s'est effacé. A vrai dire, je l'ai senti satisfait, comme s'il avait lavé l'événement désagréable pour ma personne. La demoiselle, elle, semblait beaucoup moins intéressée d'un coup, presque blasée. Elle a écourté la conversation. J'ai donc proposé à Mon monsieur Soleil, de changer de table et de recommencer un nouveau jeu. Ben tu vois, avec un peu de recul, je n'ai toujours pas tout compris de ce qu'il s'est passé. On ne m'avait jamais mise en avant de cette façon avec autant de délicatesse. Une sorte de bouclier naturel. Mais ça m'a fait du bien, ça m'a rassuré aussi. Je me sens un peu comme un hérisson, oui. A contrario, mes sentiments piquants m'ont effrayé, je ne les aime pas du tout. Ca me rend triste, et je trouve cela inutile. Surtout que je n'ai pas besoin de les ressentir. Advienne que pourra, et le Soleil n'appartient qu'à lui. Alors ça se raisonne mais sur le moment, ça ne se contrôle pas. Le regard paniqué de Monsieur Soleil, lui, m'a fait prendre conscience que j'étais importante. Pas comme je le pensais, et j'en fus déstabilisée aussi. Néanmoins, je n'aime pas non plus ce regard. Il ne doit pas me craindre, ni moi, ni mes sentiments. Je n'ai pas envie de lire ça dans ses yeux qui me bouleversent tant. Je me suis demandée si ce genre d'événements, ne pourraient pas me ou nous faire chanceler. Je suis touchée par son geste chevalier, et contente d'avoir su calmer mon angoisse. Mais, une question me vient tout à coup... Et si tu m'embrassais, Soleil ? :) Bah quoi ? :P ----------------- Extrait : "Ce qui est beau, c'est ce qu'on saisit alors que ça passe. C'est la configuration éphémère des choses au moment où on en voit en même temps la beauté et la mort. Est-ce que ça veut dire que c'est comme ça qu'il faut mener sa vie ? Toujours en équilibre entre la beauté et la mort, le mouvement et sa disparition ? C'est peut-être ça, être vivant : traquer des instants qui meurent. " "Que faire Face à jamais Sinon chercher Dans quelques notes dérobées ? " "Les faveurs du sort ont un prix. Pour qui bénéficie des indulgences de la vie, l'obligation de rigueur dans la considération de la beauté n'est pas négociable. " "C'est très bien d'avoir régulièrement une pensée profonde mais je pense que ça ne suffit pas. Enfin je veux dire : je vais me suicider et mettre le feu à la maison dans quelques mois alors, évidemment, je ne peux pas considérer que j'ai le temps, il faut que je fasse quelque chose de consistant dans le peu qui me reste. " "(...) c'est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n'est plus le même. " "Ces instants où se révèle à nous la trame de notre existence sont des parenthèses magiques qui mettent le cœur au bord de l'âme, parce que, fugitivement mais intensément, un peu d'éternité est soudain venu féconder le temps."

DIALOGUE AVEC UN PIED DE TOMATE par Minos36

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DIALOGUE AVEC UN PIED DE TOMATE Après mon COM qui se terminait par le voyage avec M.M.L.P. vers le château de Grignan, où madame de Sévigné nous reçut avec grâce et classe, j’aurais voulu faire d’autres COM. Je voulais écrire sur le cinéma oulivoudien, en effet je suis devenu un grand fan, mais Avril prend toute la place sur le sujet, il l’assume très bien, et je ne voulais pas le pousser pour m’y mettre. Je voulais parler de POLANSKY, mais la donna passa et l’herbe ne repousse plus. Je voulais écrire un poème érotique, mais l’impératrice d’Autriche –Hongrie, occupe le segment de marché tous les week-ends. Je voulais vous faire une bonne chronique documentée mais Bebé Chaton court derrière cette souris depuis longtemps, il l’attrape par la queue, mais son Com n’a ni queue ni tête. En désespoir de cause j’ai décidé de vous rapporter, en guise de COM, le dialogue que j’ai eu avec un pied de tomate dans mon potager. La rosée de la nuit faisait briller ses feuilles au soleil du matin calme d’avril. « Bonjour, joli pied de tomate, comment vas-tu ? » « La nuit fait encore frisquet, mais les belles journées printanières me réchauffent et me font plaisir » « Beaucoup de gens me reprochent de planter trop tôt et ne pas attendre le SAINTS GLACES, mais ils oublient, ces braves gens, que nous avons avancé nos calendriers au XVI siècle de 13 jours et que les Saints de Glace n’ont plus rien à voir avec le 10 Mai » « Tu as raison ! » « La semaine dernière, lorsque je suis passé à la caisse du BIO PLANTES ECOLOS, j’en ai entendu des vertes et des pas mûres sur les tomates que tu donneras et sur leur nom. Une caissière les a nommées : le clitoris des Andes, du fait qu’elles soient pointues, une autre s’est esclaffée de rire en disant qu’elles ressemblaient à une bitte d’Indien Quechua, une autre encore les a appelées tête de nœud bolivien. Je voudrais te poser une question : es tu agacé, mon cher pied de tomate, par tous ces noms les uns plus farfelus que les autres, sachant qu’on te les affuble pour combattre ta concurrence avec la misérable tomate ronde hollandaise, alors que ton vrai nom est la tomate pointue du Pérou ? Tu ne crains pas qu’il y ait un peu de racisme dans tout cela ? » « Oui, c’est sûr, mais je m’en tamponne le coquillard comme dirait demoiselle Garin de LIMA. » « Je n’en peux pas en dire autant, je suis attristé de fait que ma fille souffre du racisme bête et méchant de ses collègues à la FAC DE MEDECINE : infirmiers, médecins, étudiants : tous rient et la charrient à cause de son nom italien difficile à prononcer, l’autre jour elle est rentrée en larmes … » Que veux tu les gens sont jaloux, méchant, égoïstes, il n’y avait que l’idiot de Rousseau pour penser que l’homme est bon. L’homme n’est qu’un loup pour l’homme, comme disaient les Romains qui ne connaissaient pas la tomate du Pérou. Parlons d’autre chose pour nous distraire. Comment vas- tu assaisonner les tomates que je te donnerai dès juillet ? » « Bonne question. Je vais les couper en rondelle et les disposer sur le fond de l’assiette, ensuite je dispose sur les tranches des fines rondelles d’oignon de TROPEA du basilique, des tranches de mozzarella Santa Lucia, des pincées d’origan et enfin j’arroserai d’huile d’olive extra vierge, première pression à froid. Je me régale rien qu’à y penser !! » « A demain » « A demain »

cette mélancolie par Pivert

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Elle marchait dans la ville comme Jésus sur les eaux. Les belles sont ainsi ; souvent, elles s’envolent comme pour dire la démesure du monde. Même les ciels magiques ne nous délivrent pas de nos blessures. La mélancolie mon amie, la mélancolie… Vivre, c’est goûter la terre âcre, c’est attendre, toujours attendre. Vivre, c’est espérer l’invisible, voir et éprouver la pulsation terrestre. Elle est loin maintenant. Elle va dans le paysage. Naufrage. Elle va son chemin sans savoir où elle va, d’où elle vient. Incertaine à l’horizon. Solitude de la mélancolie. Solitude des steppes, du loup solitaire dans la neige, là où personne ne l’attend. Seule au murmure des pierres, au chant des choses, dans la pénombre. Avec ce vert soudain dans l’azur, elle glisse comme la lumière, la mélancolie mon amie, plus lourde que le poids des années, comme un arbre qui croit au cœur de la vie, au beau milieu du jardin des humains. Parfois elle semble converser avec un oiseau ici et là, elle lui demande sa route et repart sans tenir compte de la réponse donnée. Elle va s’égarer, cheminer aux imprévus, elle l’oubliée qui a traversé tant d’orages, nue, menue. Elle n’a jamais renoncé. Non. Sur les chemins, mille fois a remisé sa vie, pareil à la feuille d’automne que le vent déporte. Elle écrit le plus grand livre qui soit où les morts vivent au jour, où nos ancêtres mangent à la table et les enfants savent par cœur le nom des arbres et des capitales. Il pleut sur la mer. C’est une langue de poésie, elle enrage parfois, elle bruisse souvent, elle trottine dans des contrées hostiles saisir la vie qui s’en va à folle allure. On l’insulte, on la traite de gitane du bout des langues perfides. Derrière le poison, elle vacille, elle brûle. La mélancolie mon amie sait que les choses prennent fin un jour, une nuit. Mais le miracle de l’infini, c’est elle. Aujourd’hui règne de l’immédiat, la seule légende vivante c’est elle, la mélancolie mon amie tombée maintes fois mais debout, seule, essentielle, merveille.

Grève (pré)historique par Jules Félix

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Le titre n’est pas de moi mais trouvé sur le net. Le net est vraiment formidable, c’est un véritable tremplin à l’imagination collective. On avait déjà pu s’en apercevoir avec les attentats contre Charlie, tous les dessinateurs s’y sont mis pour exprimer leur émotion, leur tristesse, leur colère, leur peur… Le web, c’est la nouvelle rue des manifestants, ceux qui peuvent rester tranquillou assis sur leur fauteuil. Lundi, vingt-sixième jour de grève et à quinze heures, l’heure de la mort du Christ, reconduction de la grève. Cela la fout mal parce que le médiateur nommé par l’agaçante et autoritaire ministre avait dit, après les négociations du dimanche soir (et le travail le dimanche ?), que c’était le dernier compromis possible, c’était ça ou rien. Après quelques hésitations (l’assemblée des grévistes devait se prononcer le matin), c’est finalement la reconduction (pas des cheminots) mais des quatre préavis illimités. Il ne faut rien lâcher. Oui, mais rien lâcher sur quoi ? Et si à la Saint-Maxime, il y a encore reconduction, faudra-t-il attendre la Saint-Parfait (le 18 avril) pour enfin libérer les antennes ? ou la Sainte-Prudence ? Le jour même, quelques heures après, les contrôleurs aériens, eux, étaient un peu plus raisonnables, ils levaient leur préavis déposé pour le week-end suivant. Pourtant, je ne résiste pas à recopier une excellente réaction lâchée sur twitter : « Le gouvernement envisagerait une fusion entre Air France et Radio France pour créer le leader mondial de la grève ». Tout de suite, le nom s’étale dans mon esprit : Air Radio. C’est rigolo… mais pas forcément vrai : la Lufthansa est, elle aussi, souvent en grève (et grosse grève). La concurrence est rude. Et puis, franchement, ne plus pouvoir planer avec la radio dans les oreilles, ça ne fait pas attendre des nuits entières dans de lugubres salles d’embarquement d’aéroport… Air France : http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=111261

Sur la corde raide par Pepi pepo

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Je suis en classe de CM1, j’ai donc 9 ans passés si je n’m’abuse. Très bonne élève, j’excelle dans toutes les matières, sauf le sport… Je suis de celles qu’on ne choisit pas dans son équipe. Je ne suis pas très à l’aise avec mon corps. Beaucoup trop timide, je ne parviens pas à m’en extirper pour le manipuler avec aise. Arrive le trimestre de la gymnastique. Nous prenons le bus et arrivons dans une immense salle où les bruits n’en finissent pas de mourir sur les gigantesques parois du gymnase. Il y a de larges rais de lumière qui strient le sol plastifié. Je n’aime pas ce lieu, je me sens toute petite, il y fait froid. Les équipements ont été installés à l’avance : le cheval d’arçon, la poutre, les barres parallèles, la corde… Un à un, je les observe comme autant d’instruments de torture… Des tapis de sol sont disposés près des agrès pour amortir d’éventuelles chutes. Je ne suis pas rassurée. Il va falloir être courageuse ! Advienne que pourra... ...C'est une interminable corde. Elle est solidement fixée au plafond. Le but à atteindre ne laisse aucun doute : y monter à mains nues. Un adhésif rouge marque la hauteur idéale. C’est très, très haut ! Mon Dieu ! Notre maîtresse nous explique la technique : enrouler la corde autour d’un pied, la bloquer avec l’autre et à la force des bras, se hisser… Et ainsi de suite, jusqu’au trait. Les garçons sont très forts. Ce sont les premiers à s’essayer. Nous les admirons. Vient mon tour… Je suis très impressionnée. Je saisis la corde d’une main, la soupèse. Elle est lourde et rêche entre mes doigts… torsadée très serrée comme mon cœur à cet instant. Je la devine rebelle. Je tente l’ascension, c’est parti ! Je suis très concentrée, je prends un léger élan et mes mains empoignent la corde suffisamment haut, il ne me reste plus qu’à la bloquer avec mes pieds. Impossible ! Lorsque j’arrive à la maintenir, elle vient s’écraser trop douloureusement sur la fine toile de mes chaussons. Je renonce. Mais je ne m’avoue pas vaincue, je réessaye. Un petit élan et hop je saisis à bout de bras la corde et la bloque entre mes cuisses. Ça marche ! De nouveau, mes mains se retrouvent bien au-dessus de ma tête et par la force des bras aidée par un mouvement du bassin, la corde vient se coincer tout naturellement dans le creux de mon entrejambe. Je suis encore loin du but, mes mouvements se répètent assez péniblement, une fois, deux fois, trois fois et bientôt je ne compte plus… Je ne sens plus la fatigue. Mon souffle s’accélère… Aussi quelque chose se trame dans mon corps, quelque chose d’indéfinissable se passe dans le bas de mon ventre et me pousse à continuer l’ascension malgré la douleur de l’effort et mes mains lacérées par la corde … Je ne peux plus et ne veux plus m’arrêter. Le trait rouge est à portée de main, bientôt dépassé... Et c’est une explosion de sensations auto-centrées qui irradient mon corps entier. J’étrangle la corde encore un peu plus, m’y frotte, mes yeux se plissent. Je me lie à elle avec dévotion, je la fais mienne éperdument... Enfin, je reprends mes esprits et regarde au sol, je suis beaucoup trop haut, j’ai le tournis… Et à bout de forces, je me laisse couler par saccades le long de la corde, ma nouvelle amie, jusqu’en bas. J’ai les jambes coupées, la respiration haletante, je me rassois parmi mes camarades qui me fixent du regard. Je constate que mes mains sont écarlates tout autant que mes joues imaginé-je. Depuis ce jour, les cours de gymnastique me sont devenus indispensables. Pour rien au monde, je ne les aurais ratés ! Le trimestre terminé, me voici prise au dépourvu… J’ai dû parler à la maison de ma nouvelle passion à plusieurs reprises car peu de temps après, papa est rentré un soir du travail avec une magnifique corde qu’il accrocha à une solide branche d’un grand pin au fond du jardin. Il travaillait à cette époque près du port autonome de Marseille. Quelle chance ! J’ai pu m’adonner au plaisir de grimper à toute heure de la journée autant de fois que je le désirais. Je me souviens, ma sœur a eu la même passion que moi… Et en redescendant, on se disait la même chose : « Han ! Qu'est-ce que ça fait du bien ! » Inutile de dire que la corde est restée accrochée longtemps dans le jardin. Plusieurs années… Et puis un jour, j’ai compris toute seule et à l’abri des regards ce qu'était cette indéfinissable explosion de sensations auto-centrées… Et j’ai souri. Je ne remercierai jamais assez mes pieds et leur peau si délicate. PS : réédition donc ne pas sur-réagir pour ceux qui l'avaient déjà lu ;)

Méditerranée mon amour.... par Annaconte

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« Sa mère lui a caché les yeux » ....afin qu’il ne voie pas son grand père précipité dans la mer. « Puis les mains de sa mère l’ont empêché de voir » son père à son tour balancé par-dessus-bord, par les Barbares, et son frère noyé, plongé dans l’eau noire et glacée, la tête la première et les pieds ligotés à la proue. A présent, sa mère est morte, engloutie, elle aussi,....... « à moins qu’elle ne soit fatiguée de lui cacher les yeux ». Une guerre de religions vient d’avoir lieu à bord. Réfugié au fond de la frêle embarcation, caché sous les jupes larges d’une femme en prière muette, l’enfant qui a vieilli de cent ans en moins d’une heure, regarde derrière lui, du côté de la terre qu’il vient de quitter. Il revoit la fumée qui monte du village. Son petit hameau de rien du tout, perdu dans le désert, que le reste du monde et même dieu semblent avoir abandonné, incendié cette nuit par les bombes. Depuis des jours, la région toute entière tonne sous l' artillerie et tremble de voir surgir les rebelles, assoiffés de sang, le couteau entre les dents, la machette dressée contre leurs propres frères. Il imagine, dans la nuit, les longues files impatientes d'hommes et de femmes, piétinant sur le rivage, en quête éperdue d’un bateau, d’un esquif, pour s’enfuir à leur tour. En direction d’un Occident d’où filtre, croient-ils, de la lumière. Ces derniers mois, des centaines de barques, canots et autres radeaux de fortune ont quitté les côtes pour tenter la traversée. Ils ont pris la mer houleuse en direction d’un autre monde. Où la plupart n’arriveront jamais. L’ enfant orphelin désormais est entouré des fantômes des siens. Blafards, silencieux, semblables à lui. Sur le bateau à la dérive, il n’y a rien de vivant. Il le sait maintenant : « Les vivants sont des morts qui font semblant ». Sur la mer, « il ne s’est rien passé, il ne s’y passe et ne s’y passera jamais rien. »* pour la traversée : http://youtu.be/RRXEO-v-CJ8 Venetian Centre for Baroque Music Mare Nostrum Note : * dans Cent ans de solitude bien sûr ...."A Macondo, il ne s'est rien passé ....." de Gabriel García Márquez Et parce que décidément le monde semble ne pas vouloir changer, que l’enfer semble bien se complaire sur la terre, et aussi sur les mers, que l’espoir même semble désespérer, il fallait bien un enfant pour régler son compte à tant d'horreurs, un enfant inspiré d'un autre enfant, venu de l'univers tourmenté d' Eduardo Galeano, journaliste et poète d’ Uruguay, mort la semaine dernière à Montevideo, qui a chanté la mémoire des peuples d’Amérique Latine, meurtris et bafoués, dans une fresque épique et remarquable. Mémoire de Feu , chez Plon, 1986, en trois tomes

L'IMPROVISATION par Minos36

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La semaine venait à peine de commencer et les tragédies de toute nature s’accumulaient en se bousculant sur nos écrans. Madame BEN CASSINE, princesse de Marrakech, présentement ministre de l’Education au Rabais, était invitée par le Barbu d’Info-Moins. On allait voir ce qu’on allait entendre ! Après quelques escarmouches de lèche bottes habituelles, auxquelles Madame BEN CASSINE portait une attention particulière du fait qu’elles lui permettaient de rouler ses yeux de biche effarée et travestir son sourire de carnassière, le journaliste d’Info-Moins posa la question qui pouvait fâcher : pour quelle raison on trouve en Méditerranée des requins de plus en plus gros, des thons en surnombre et des sardines trop grasses ? L’allusion métaphorique aux tragédies maritimes en Mare Nostrum échappa à BEN CASSINE, ou alors son envie de parler d’un autre sujet qui lui tenait à cœur la fit dévier de la question après un large et sensuel sourire dont elle enveloppa le journaliste qui rougit sous sa barbe presque rousse ! Elle souhaitait parler d’un grand événement qui venait de se dérouler dans un collège en sa présence et celle de l’Excité du Bocal. Après avoir à nouveau sourit au pisse copie de l’audiovisuel, elle annonça Urbi et orbi, avec la même attitude sirupeuse d’un évêque d’antan, que vendredi dernier s’était déroulée la première épreuve Interdisciplinaire dans un collège de l’Education au Rabais. Elle continua, sourire narquois pour avoir imposé le déroulement de l’entretien. « Nous avons réuni un prof d’EPS, un d’Histoire et Géo et un de Physique et Chimie. La preuve soumise aux élèves de cinquième était la suivante : « Se déplacer dans un milieu aquatique profond standardisé… Créer la vitesse de traverser le dit milieu aquatique profond en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête. » (Page 22 cycle 4 de la reforme du Collège). Les explications du texte furent commencées par le prof de Physique Chimie… Le milieu aquatique profond standardisé n’est autre que la piscine. L’eau se compose d’hydrogène et oxygène, auxquels il convient d’ajouter le clore, sans lequel on attraperait la gale…. Créer la vitesse de traverser le dit milieu aquatique en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête » cela veut dire savoir nager …. Le prof d’EPS fit des gestes comme s’il se trouvait en milieu aquatique…. Puis le Prof d’histoire raconta comment et en quelle année la mairie avait décidée la construction de la piscine. Les élèves étaient enthousiastes…. Aucun signe d’ennui … » En attendant on sentait que l’enthousiasme submergeait Madame BEN CASSINE… et elle devait mouiller son string de plaisir. Le barbu d’INFO MOINS n’ayant pas le courage de l’interrompre ( pour ne pas casser l’enthousiasme et l’orgasme de la Dame ?) elle continua de plus belle : « Nous allons intégrer dans l’école l’art de l’improvisation que porte D. J., fort intéressant pour la maîtrise de la langue française… mais aussi l’improvisation est une façon efficace pour apprendre le vivre ensemble… voyez vous ces cours de stand-up, comme dit le premier Ministre… Et puis nous n’oublions pas que pour « aller de soi et de l’ici vers l’autre et l’ailleurs (page 17 cycle 4) nous devons produire des messages à l’oral et à l’écrit, étant entendu que l’éducation aux médias sera mise en œuvre, et organisée de façon spiralaire ( page 53 cycle 4). A la fin le journaliste insista : et Mares Nostrum…. Madame la Ministre ne répondit pas, ne sachant pas ce que voulait dire Mare Nostrum… sans quoi elle aurait compris pourquoi les requins, les thons et les sardines étaient trop bien nourris en méditerranée.

La poésie québécoise d'aujourd'hui par Platonov

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Que se passe-t-il donc avec la jeune génération québécoise ? A surfer sur les sites de poésie francophone, je ne cesse de m'émerveiller de l'incroyable potentiel de créativité qui se déchaîne, avec une énergie folle, tous azimuts, une rage d'écrire, à ruer contre les brancards, à mettre à bas tous les codes et conventions des aînés trop envahissants, des figures trop respectées d'une culture et d'une histoire il est vrai imposantes (Gaston Miron, pour ne citer que lui, ou Emile Nelligan, véritable mythe), cette envie d'imposer autre chose, une autre voie, une autre voix, celle d'une jeunesse qui ne veut rien savoir de son glorieux passé, soucieuse de s'inventer au présent sans le moindre complexe, sans la moindre révérence ni référence aux traditions. Je me suis fait ma propre idée en découvrant au hasard de mes pérégrinations sur le web, ce site intitulé « Poème sale », animé par Fabrice Masson-Goulet et Charles Dionne, et auquel un article est consacré sur www.lapresse.ca (« Pas des messieurs en cardigan »). Ces derniers revendiquent une poésie anti-éditoriale, et dénoncent la sclérose des grandes maisons d'édition canadiennes. Ils tonnent contre une poésie « trop hermétique et trop formaliste ». Ils s'énervent, et ils ont raison. On lit sur la page de présentation de « Poème sale » (www.poemesale.com) : « ...La poésie est dans un état herméneutique notable : elle est morte. Complètement. Elle s'est même cachée pour mourir. Sa résurrection ne nous intéresse pas. Nous intéresse une poésie, sale, sanglante et en lambeaux. Nous nous emploierons à en disperser les restes. » Cette citation vaut manifeste. Elle le dit d'ailleurs expressément : la poésie est morte, on s'en fout. Et l'on ne peut qu'apprécier ce salutaire je-m'en-foutisme congédiant avec allégresse les discours convenus sur la mort de la poésie, sur sa crise éditoriale, la soit-disant antinomie entre lyrisme et avant-garde, esthétisme et formalisme. Constat de mort lui-même désormais caduc, dépassé, fini, nul et non avenu. Voilà de jeunes écrivains qui écrivent ce qu'ils ont à écrire, sans se poser de (mauvaises) questions. ET CELA FAIT UN BIEN FOU !!!! Car à quoi bon la poésie si ce n'est pas pour mettre ses tripes sur la table ? Alors, allons-y, jetons par-dessus bord tout ce vocabulaire engoncé dans ses platitudes héritées de plusieurs siècles d'insupportable lyrisme, tous ces paysages bucoliques de prairies, de forêts en hiver, d'arbres et de lune, de mers et autres étendues douteuses dont nous n'avons que faire et qui ne nous parlent pas. Parce qu'on est en 2015, qu'on vit dans des mégapoles hérissées de tours, qu'on prend le TER pour bosser dans des bureaux sans âme, qu'on drague dans les macdo, qu'on passe notre temps à surfer sur le net quand ce n'est pas à faire les courses dans des supermarchés pourris où l'on doit subir une musique de radio en boucle ad nauseam, et que nous sommes bien loin de la clairière heideggérienne et autres robinsonnades ou bergeries de l'Etre. La vraie vie, c'est ça, si on regarde le réel comme il est, NOTRE réel : une vie aliénée. Et la poésie se doit d'exprimer cette aliénation, d'en être le cri. Libre à vous d'entendre ce cri comme un cri de révolte ou un cri de souffrance, ou juste un cri dans la jungle de nos existences urbaines. Un cri. Force est de constater qu'on retrouve alors un certain lyrisme : mais un lyrisme du mac do, du kijiji, et de l'internet. Un lyrisme d'aujourd'hui. Comme l'écrit Matthieu Simoneau : « même la beauté je ne la nommerai plus que de biais parce que de face on ne sait plus ce qui la grève et la gruge l’horizon n’est plus qu’un trou où l’on jette nos espoirs de seconde main que Kijiji ne peut même plus écouler » Ou encore, ces quelques mots qui peuvent servir pour une poétique de la ville, enfin ! « les jours en la ville se fracassent un à un à la face des tours à bureaux sans aucun frissonnement de chair triste hélas et nous ne lisons plus de livres mais des rapports bien lourds qui ne passent pas » Voici une poésie du moi, une poésie qui dit « je », mais sans se perdre : gardons les pieds sur terre, c'est la meilleurs façon de faire entendre le cri, et donc autre chose que ce réel bien triste et dénué de chair. Le point de vue sociologique devient encore plus incisif sous la plume (ou plutôt, la souris) de Marie Darsigny avec cette analyse serrée et acérée de l'imposture (post) moderne, « Slice of life littéraire » : « je bullshit sur des textes que je n'ai pas lus fin prête pour les séminaires de maîtrise check moi ben citer Brigitte Fontaine » Avec ce style un peu rock and roll d'une génération de poètes québécois qui n'hésite pas à mélanger l'anglais au français sans se préoccuper le moins du monde des frontières linguistiques, pas plus que des frontières littéraires dans un champ largement sclérosé par les oppositions d'école. On dit « je » et « bullshit », voilà. Il y a aussi Nina Feather « l'effeuilleuse » (eh oui!), autrement dit Astrid Apissoghomian (sauf erreur de ma part, car je continue à me demander si elles sont deux, ou si c'est bien elle qui se cache derrière ce pseudo), avec sa promesse de montrer ses fesses au Festival Off de poésie de Trois Rivières (« voir que tu manquerais ça »!). Festival où elle a lu ce texte magnifique, comme on se déshabille : « Sur la terrasse de tes cheveux mes identités flottent dans ton café. J’ai jamais autant regardé le cadran. Si j’avais l’air moins conne, tu me payerai tu un BigMac ? Tu m’as traversé de la canicule au verbe du plus petit chapelet de boas. Des hirondelles viennent se noyer sur ma poitrine, tu y a soudé le cri... » Lyrisme, vous avez dit lyrisme ? Et elle y va franco, la petite ! Extrait : « J’ai jamais su exactement qui tu regardais. M’entends-tu souffrir l’extase la salive en tôle. Tu serais tu game de sceller mes cicatrices avec de l’or? L’hiver grimpe sous ma jupe pour y dormir comme un bijou. Aide-moi à prendre parti Dans l’incendie sous ma peau. Les yeux scotchés à mon cul, les flocons demeurent au plexus. Si seulement tu cherchais à mes mamelons la source de leur rondeur. Toutes ces mains sont des insultes...» J'ignore d'ailleurs si « Poème sale » entretient un rapport avec cet autre site canadien, très « hot », www.jesuisvenu.com, site de nouvelles érotiques traversées de fulgurances inspirées, et très explicite sur les fantasmes, postures et situations sexuels en tous genres. Là encore, du reste, on sent une certaine jeunesse. Dire, en effet, que tous ces auteurs hyper-talentueux, et dont on n'est jamais certain qu'ils en soient conscients, tant ils affichent de désinvolture et de spontanéité, n'ont peut-être guère qu'un peu plus de vingt ans pour la plupart ! Ou la trentaine pour les plus âgés ? Cette jeunesse de style, à quoi la reconnaît-on ? A une extrême maturité, paradoxalement : pas seulement dans la façon très simple de dire le désir par les mots les plus transparents, les plus disponibles (j'aime cette idée que pour trouver les mots, il faille rencontrer ceux qui se rendent disponibles, qu'il y a une disponibilité de la langue qui se laisse faire, qui veut bien), pas seulement dans cette gerbe d'images jaillissante, cette longueur du débit qui confine parfois à l'ode organisée (l'ode-onanisme?) en strophes (on croirait lire du Vigny, bon sang! Le cul en moins, il est vrai...), cette fluidité qui coule de source, cette urgence ressentie dans le flux, cette nécessité de ne surtout rien laisser en reste, de ne rien retenir, cette passion, en un mot, et surtout la violence !, mais peut-être plus obscurément dans ces vécus que l'on devine ici et là, car il en est qui à vingt ans sont déjà passés par beaucoup de choses. Mais rien n'est vraiment dévoilé. Comme si la prolixité confinait à une espèce de pudeur : trop en dire pour ne pas trop en montrer, en somme. Et ce trop est tellement jouissif ! Comme l'illustre le troublant poème-fleuve de Nina Feather donné en extrait, la poésie « sale » du Québec d'aujourd'hui, dont « Poème sale » n'est que la face (la farce?) émergée de l'iceberg, est aussi une poétique du coup : coup de foudre amoureux, coup de foudre poétique, coups de gueule, coups dans la gueule.. ça cogne dur. Que se passe-t-il donc avec la jeunesse québécoise ? Voici venir la génération du printemps québécois des grandes grèves étudiantes, juste retour du balancier générationnel et réponse aux luttes des « anciens », ceux de la Crise d'Octobre 1970, des grands mouvements de contestation autour de la Question nationale, etc., cette génération qui s'exprime à travers le cinéma de Xavier Dolan, parvenant à faire oublier Denys Arcand, voire même Atom Egoyan (le néophyte que je suis ne connais guère les autres cinéastes québécois), cette génération qui affiche ses ambitions, qui n'a aucun complexe par rapport à ses illustres devanciers sanctuarisés et sanctifiés par leur engagement politique et artistique... Une génération qui n'a décidément rien à leur envier. Alors, une idée me vient, juste comme ça : et si j'allais faire un tour là-bas, histoire de trainâsser dans les cafés à poètes de Montréal ou dans les festivals de performance un peu olé-olé des environs ? « Voir que tu manquerais ça ! »

L’Enfer, c’est les Autres par Jules Félix

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Discussion entendue dans une brasserie parisienne en mars dernier. "Son problème, ce ne sont pas ses idées, c’est sa personnalité qui refuse de se remettre en cause et qui met en cause systématiquement les autres. En ce sens, il est assez proche de tous ces extrémistes d’un bord ou d’un autre qui pensent que le seul problème, ce sont les autres ; au choix, les riches, les immigrés, les étrangers, les musulmans, et même, bien sûr, les Juifs qui seraient partout (encore entendu récemment). Qu’importe qui, en fait, chacun pourra cocher sur la petite croix qui lui sied, mais l’essentiel, c’est que c’est ailleurs, des sortes de boucs émissaires lointains (pas les "miens"). C’est le principe de dire que le problème provient toujours des autres et jamais de soi. Du coup, d’office, tu t’imposes l’impuissance, puisque, quoi que tu fasses, tu ne pourras pas changer les autres, tu ne changeras pas la situation, le problème ne sera jamais résolu. Tu te réduis à l’immobilisme et à l’impuissance. Bref, l’Enfer, c’est les autres…" « L’Enfer, c’est les Autres », c’est Garcin qui le dit dans "Huis clos". L’auteur le lui a fait dire pas forcément avec mon interprétation, c’est vrai, mais c’est toujours une très belle formule. L’auteur ? Trente-cinq ans ce 15 avril 2015 que l’auteur de cette formule a disparu, quelques jours après Barthes (lui d’un accident de la circulation non sanguine). Il n’était pas excessivement vieux, soixante-quatorze ans. Homme gringalet, Sartre était incontestablement un génie du verbe. De la littérature. De philosophie ? Pas forcément sûr, peut-être néanmoins. J’ai mis longtemps avant de lire Sartre. Je ne dis pas que j’appréhendais sa lecture. Enfin, si un peu. J’avais peur d’apprécier. Fou d’Albert Camus, j’étais, adolescent, à une époque où l’on aime bien les choses tranchées, les manichéismes simplets. J’étais Dali, donc je devais haïr Picasso (là aussi, j’ai mis un certain temps avant d’apprécier Picasso, mais à l’époque, j’en étais encore au stade du "mon petit frère de cinq ans fait les mêmes pâtés"). J’étais Camus, je devais donc forcément haïr Sartre. C’est un ami malicieux qui m’a offert le premier bouquin de Sartre. En connaissance de cause. J’ai honte car je ne me souviens plus du titre, et je l’ai posé sur une étagère, comme une pierre précieuse qu’on n’ose pas toucher, un peu fasciné. Un peu le bout de bois dans "2001, l’Odyssée de l’Espace". Au bout de quelques mois, par une sorte d’orage intellectuel qui entraîna une tempête dans mon bol de lait, j’ai pris le bouquin, je l’ai lu et j’ai adoré. Comme je ne fonctionne jamais que par auteur, je suis donc allé très rapidement dans une librairie pour rechercher d’autres livres de Sartre. Un peu au pif, avec les quatrièmes de couverture pour seuls guides. "Les Mots", "Les Mains sales", "L’Existentialisme est un humanisme", "Huis clos", "Morts sans sépulture", "La Putain respectueuse", "Les Mouches", "Le Diable et le Bon Dieu", "La Nausée", "Le Mur", Qu’est-ce que la littérature ?". Tous en collection de poche Folio. J’ai laissé de côté "L’Être et le Néant". Il faut dire que les titres sont percutants. Rien que pour les titres, il faut lire Sartre ! Je dois dire que j’ai avalé ces livres avec délectation et la rapidité de l’addictomanie. Le meilleur est à mon avis plus littéraire que philosophique. Comme Camus, ses phrases sont courtes, rapides, bien sectionnées, bien acérées. Comme Camus, Sartre joue sur plusieurs formes, le théâtre, la nouvelle, le roman, l’essai. Le meilleur, pour moi, ce sont "Les Mots", une autobiographie décapante, des phrases précises, concises, nettes, qui emportent le lecteur jusque dans la vie de l’auteur. J’étais Camus, j’étais donc contre Sartre, et donc, j’étais essentialiste parce que je ne pouvais être existentialiste, puisque contre Sartre. Prendre position pour prendre position, sans qu’on ne sache rien de l’affaire, sans avoir rien lu, juste par idéologie personnelle débile. Quand j’ai lu "L’Existentialisme est un humanisme", qui est juste la retranscription d’une conférence publique de Sartre peu de temps après la guerre, j’ai été convaincu. Je suis devenu existentialiste. L’’essence précède l’existence ou l’inverse ? Je me suis retourné les concepts comme on fait des pirouettes d’enfant sur le lit des parents. Je n’ai pas l’impression que Sartre est célébré aujourd’hui pour ce petit anniversaire. Bientôt aussi les cent dix ans de sa naissance. Sartre était déjà dépassé par les événements de son époque, comment l’imaginer réfléchir sur la chute du mur de Berlin puis de la si adorée Union soviétique, les attentats islamistes, le chômage croissant, la mondialisation des échanges, la civilisation du zapping et de l’immédiateté égocentrée avec des moyens technologiques invraisemblables… ? Sartre n’est donc plus à la mode, et c’est sans doute tant mieux. Mais cela ne vous empêche pas de lire ou relire au moins ces deux petits livres très rapides, "Les Mots" et "L’Existentialisme est un humanisme", c’est une ouverture à Sartre qui me paraît, en ce qui me concerne, capable de complexifier la pensée personnelle : oui, on peut continuer à adorer Camus et quand même aimer Sartre. Et puis, franchement, il ne faut pas cracher sur le génie. Des époques qui donnent à la fois des Camus et des Sartre, ce n’est pas courant. Vous en connaissez, vous, de nos jours, des auteurs de cette hauteur ?

Grève (pré)historique par Jules Félix

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Le titre n’est pas de moi mais trouvé sur le net. Le net est vraiment formidable, c’est un véritable tremplin à l’imagination collective. On avait déjà pu s’en apercevoir avec les attentats contre Charlie, tous les dessinateurs s’y sont mis pour exprimer leur émotion, leur tristesse, leur colère, leur peur… Le web, c’est la nouvelle rue des manifestants, ceux qui peuvent rester tranquillou assis sur leur fauteuil. Lundi, vingt-sixième jour de grève et à quinze heures, l’heure de la mort du Christ, reconduction de la grève. Cela la fout mal parce que le médiateur nommé par l’agaçante et autoritaire ministre avait dit, après les négociations du dimanche soir (et le travail le dimanche ?), que c’était le dernier compromis possible, c’était ça ou rien. Après quelques hésitations (l’assemblée des grévistes devait se prononcer le matin), c’est finalement la reconduction (pas des cheminots) mais des quatre préavis illimités. Il ne faut rien lâcher. Oui, mais rien lâcher sur quoi ? Et si à la Saint-Maxime, il y a encore reconduction, faudra-t-il attendre la Saint-Parfait (le 18 avril) pour enfin libérer les antennes ? ou la Sainte-Prudence ? Le jour même, quelques heures après, les contrôleurs aériens, eux, étaient un peu plus raisonnables, ils levaient leur préavis déposé pour le week-end suivant. Pourtant, je ne résiste pas à recopier une excellente réaction lâchée sur twitter : « Le gouvernement envisagerait une fusion entre Air France et Radio France pour créer le leader mondial de la grève ». Tout de suite, le nom s’étale dans mon esprit : Air Radio. C’est rigolo… mais pas forcément vrai : la Lufthansa est, elle aussi, souvent en grève (et grosse grève). La concurrence est rude. Et puis, franchement, ne plus pouvoir planer avec la radio dans les oreilles, ça ne fait pas attendre des nuits entières dans de lugubres salles d’embarquement d’aéroport… Air France : http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=111261

Ab ovo par Sysy serenity

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La ville est belle mais je m'en fous du nom des rues. Là où je vais personne ne m'attend. Tout m'éloigne de tout puisque je reste seule. Par manque d'oxygène je manque à tout ce que j'aime. J'aime cette aire de jeux virtuelle qui nous unit parfois. Avec l'air de rien je voudrais me perdre, dans les va-et-vient de quelques coups de rein. C'est bon d'être en vie sur la même terre que lui, j'observe les nuages qui passent, le ciel est gris et je ne crois en rien. J'aimerais bien m'en griller une, comme ça, juste pour le plaisir, pour la manière. M'installer en bordure de terrasse, le décolletard pigeonnant, la cigarette au coin des lèvres, le regard flou, les jupes remontées pas plus qu'il ne faut, et allumer tous les hommes. Tous. Comme ça, par plaisir, par égo, par lassitude du vide de ma vie. Jouer les belles indifférentes quand les regards des passants refoulent tout espoir. Comme je hais le dimanche, l'ennui du tram muet qui file, du tabac, du shit, de la bière rotée, du café fort en bouche, des amants sur les trottoirs et des rires dans ma tête. Je flâne le long des sucreries, tout ce sucre blanc à l'envi, me rappelle nos peaux claires. J'attends le commencement de toute chose puisque je n'ai rien. C'est à partir d'un œuf que tout commence, à condition de laisser chaque embryon grandir... Graine d'amour en mon cœur ne demande qu'à croître, croître à la douceur qui nous sauve comme l'amour est tendre. Et si son coeur ne me convenait pas ou si l'amour n'existe pas chez lui, alors qu'on me laisse le choix entre la douceur d'être ou n'être pas celle qu'il lui faut. En mon âme le désert est pur. L'amour, comme la mort, ce clou en or massif au cœur de ma vie, me révèle comme je suis, blessée et condamnée à aimer. Et ce clou toujours au cœur... La vie est monstrueuse quand le bonheur est vide et le malheur trop plein. Qu'on me balance un litre de vin, la corde pour me pendre, ou le revolver chargé, mais je ne veux pas partir fâchée, encore moins frustrée de ne pas l'avoir connu, comme je hais les dimanches et ses questionnements stériles à l'orée de tout commencement. « Ab ovo » comme disait Horace. Ma fin est mon commencement et ma noblesse.

Mein blondes baby par Sysy serenity

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Mon ange de la terre au coeur ailé, En ta voix coule un filet de miel, La profondeur de deux anges volés A l'azur de tes yeux bleus ciel, Ton rire cristallin de coquine insoumise Résonne en mon cœur grave et docile, Tu exprimes des mimiques exquises Par tes mensonges anodins et futiles, Inquiète dans l'âme pour la vie incertaine, Tu aimes me chanter la grande Céline Et son hymne au Titanic, dans le silence, Tes lèvres me sourient, joli lys d'innocence, Mon beau bébé aux cheveux d'or blanc, Perle divine dans le calice du lys, Ta blondeur hypnotique tisse Une noble pâleur sur ton visage innocent, Mon enfant, Mon ange, Ma fille, Ma seule réponse à l'infini.

La danse des souvenirs par Roisin

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Des souvenirs resurgissent de très très loin…. Il se tenait là, assis à sa petite table, le dos courbé. Un vieux Monsieur qui peinait un peu à tenir son corps, mais l’esprit vif ! A chaque visite, il se levait péniblement tout doucement pour recevoir ses invités. Puis, il se rasseyait, reprenait place à son petit bureau la plume à la main. Comme il aimait écrire…matin…midi…et soir… Des petits carnets de poésie ornaient ses étagères. Il les rangeait avec grand soin et méthode, pour ensuite recommencer à écrire. Car il écrivait…matin…midi...et soir, la main tremblante. De temps en temps, quand il était satisfait de ses mots, il m’autorisait à lire sa prose, Tout en s’excusant de l’image chancelante que renvoyaient ses écrits. Certes, ses mains le trahissaient, mais l’élégance de sa pensée demeurait bien là. Alors, il se remettait à écrire…encore…et encore… Cependant, l’écriture devenait de plus en plus illisible et les mots cherchaient entre eux leur sens. Et ses mains !!! Elles ne tremblaient plus, elles s’étaient figées. Les étagères restaient vides et son vieux corps immobile. Il n’écrivait plus. Un petit texte pour vous parler du film de Naomi Kawase, La danse des souvenirs … Un ami photographe de la réalisatrice lui demande de le filmer alors qu’il est hospitalisé pour une maladie incurable. Au départ, ils échangent normalement mais au fur et à mesure la maladie va prendre le pas d’abord sur le physique et ensuite sur son intellect. La danse des souvenirs pourrait vous paraître un film impudique mais non, il montre la maladie, la fin de vie, l’amitié, la dualité entre la mort et la vie, celle-ci est représentée par le Renouveau du printemps à travers un cerisier observé par la fenêtre. Oui, ce film bouleverse, il nous fait partager le temps qui reste à cet homme à vivre et sa volonté d’immortaliser ses derniers instants sur terre à travers le regard de son amie. Et pour une fois, ni musique…ni image…juste ces quelques mots.

Un mouchard dans votre mouchoir par Jules Félix

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Mercredi 15 avril 2015, les députés ont adopté la mise sous surveillance du surf internautique avec une petite boîte noire algorithmique qui dira si le surfeur est bon pour les requins ou pas. Je reprends le sujet de la semaine, la discussion fort discrète du projet de loi sur le renseignement qui permettra à la police dirigée par Matignon la surveillance de tous les faits et gestes de n’importe quel citoyen sans contrôle d’un juge. Le projet est en discussion depuis lundi et jeudi, il devrait être adopté dans un large consensus, sans beaucoup de surprise puisque les principaux groupes politiques avaient déjà annoncé leur accord. Il faut dire que dans cette période d’attentats, le climat ne se prête guère à l’insoumission sur le thème de la sûreté de l’État, et pourtant, cette surveillance n’est pas seulement sous motif de terrorisme ; elle pourra même être déclenchée quand "l’intérêt économique de la France" est en jeu (terme si vague que cela concerne tout le monde et même, tout l’environnement de ce tout le monde, ce qui élargit l’assiette). J’avais déjà évoqué le sujet très récemment ici : http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=112617 Le journal "20 Minutes" a ainsi pris un exemple de ce qui se fera dans quelques semaines : « L’entourage d’un suspect peut désormais être branché par la police. Concrètement, un concierge pourra être placé sur écoute pour savoir si le voisin du dessus fabrique une bombe chez lui en secret durant la nuit ». Ce journal a aussi imaginé d’autres possibilités qui deviendront réalité dans quelques semaines : « Une caméra dans le salon, une balise sous la voiture, un mouchard dans l’ordinateur ». Le président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme (fait pas bon d’être président d’honneur !), à savoir Michel Tubiana râle férocement contre ce projet : « C’est une escroquerie. Le gouvernement a récupéré ces événements dramatiques pour faire passer une loi qui fait de chaque Français un suspect potentiel. Il joue avec la peur des gens. Les Français se disent "Je ne suis pas un terroriste donc je n’ai rien à craindre". Mais ils ne se rendent pas compte qu’ils peuvent tout de même être surveillés pour bien d’autres raisons ». Et quand le projet sera adopté dans quelques jours, de dire : « Il sera alors trop tard pour revenir en arrière »… Avant de mourir, Günter Grass avait cosigné avec plusieurs centaines d’écrivains cette mise en garde contre l’espionnite d’État qui tend à se généraliser dans le monde pour surveiller la vie privée des citoyens (je l’ai déjà cité) : « Dans leurs pensées et dans leurs environnements personnels et de communication, tous les êtres humains ont le droit à une intimité sans encombre. Ce droit fondamental est rendu caduc par l’abus de l’évolution technologique par les États et par les sociétés organisées à des fins de surveillance de masse. Une personne placée sous surveillance n’est plus libre ; une société sous surveillance n’est plus une démocratie. (…) La surveillance de masse traite chaque citoyen comme un suspect potentiel. Elle remet en question un de nos triomphes historiques : celui de la présomption d’innocence. (…) Quand [nos données] sont utilisées pour prédire notre comportement, nous sommes spoliés d’autre chose : du principe de la libre volonté, essentiel à la liberté démocratique ». Le projet est lisible ici : http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/projets/pl2669.pdf Les citoyens révoltés par ce projet peuvent toujours manifester leur colère d’une manière ou d’une autre. Même si les râlements seront "visiblement" très timides et peu bruyants, ceux qui auront manifesté leur opposition pourront au moins se regarder sereinement dans leur glace le matin lorsqu’un agent de la sécurité aura placé une caméra derrière ce miroir sans teint. Tonton l’a rêvé, Guimauve l’a fait. On a dit qu’il était mou ? Ben non, c’est le plus dur de tous ! NB. Le vote sur ce texte aura lieu, par scrutin public, mardi 5 mai 2015 à 16h15 au Palais-Bourbon.

A votre mémoire. par Barioline

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Hier je suis allée au vernissage d'une ''exposition ''Anne Frank'' à Nice. Je vous le dis suite à mon commentaire où je vous dis que je suis juive. Je suis ce qu'on appelle une enfant sauvée. J'y suis allée parce que désormais j'habite Nice et aussi grâce à une très chère amie qui habite Nice . Gratitude envers elle. C'est tellement important quand on arrive dans une ville où on ne connaît personne, c'est tellement important d'être accueillie. Surtout quand on est juive. Tout autour de la salle, sur les murs, il y avait des photos et des textes et des articles et bien sûr des extraits de son journal.Au milieu de la salle il y avait les visiteurs. J'allais dire les juifs mais il ne faut pas généraliser. Retrouvailles, embrassades, présentations des uns et des autres. Moi je jouais des coudes et je suivais l'exposition. C'était un peu comme le '' chemin de croix''. Enfin je crois. Après il y a eu les ''allocutions''. La demi-soeur d'Anne Frank a parlé.Des personnalités ont parlé. Après il y a eu le buffet. Et après la demi soeur d'Anne Frank a dédicacé le dernier de ses livres.Dans son allocution elle a dit qu'elle n'a jamais parlé de ça avant 1986. Maintenant elle consacre sa vie à faire perdurer la mémoire. Pour que ça ne recommence jamais. Ceci n'est pas un commentaire de Barioline. Je viens juste vous parler en amitié de ce qui est important pour moi. Mais pas que pour moi.

date anniversaire par Taupa_z

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Je me sers de Jules pour donner quelques nouvelles et résoudre son énigme. Côté nouvelles, après 5 semaines d'hosto avec rayon X+chimio+greffe de cellules souches, je suis rentré chez moi très fatigué. Un mois après, j'ai repris le boulot à 50 %. Je n'aurais pas dû, je me sentais en forme, avais envie de revoir les copains/copines, voulais ne plus être seul à la maison, mais la grande fatigue a très vite repris le dessus. Les médecins m'avaient prévenu. Donc arrêt buffet durant 3 semaines supplémentaires. Depuis dimanche d'il y a une semaine, je ressens un tout petit mieux. J'ai repris le boulot à 50 % le mardi 14 dernier. Ça a l'air de tenir, mais la fatigue (inévitable) est toujours là. Pour la tête, ça fonctionne toujours. la preuve. Quand Dominique dit qu'il sait que Claude ne peut pas savoir la date, il nous dit qu'on lui a susurré avril ou juin, car ce sont les seuls mois dont chaque jour est commun avec un autre des quatre autres mois. Claude connait le jour. En disant qu'il vient de trouver la date, il donne une indication importante à Dominique qui connait le mois et qui finit par dire que lui aussi, connait la date; En effet, supposons que Dominique ait entendu "juin". Le jour ne peut être que le 20 ou 21, car le 22 ne convient pas (commun à avril, Claude n'aurait pas pu trouver). Mais si c'est le 20 ou 21 juin, Dominique ne peut trouver la date. Or, puisqu'il l'a trouvée, c'est qu'il a entendu "avril" et que Claude a entendu "19". C'était donc le 19 avril. Q. E. D

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? par Jules Félix

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Et j’entends siffler le train… (qui ne sifflera plus trois fois). Il n'a pas traversé la mer, mais il n'était pas loin. Sur la plage, les crabes. D’abord, cinquante millions d'exemplaires vendus, plus de six cents chansons dont dix-sept "tubes" classés vingt et une fois numéro un des ventes, le record français. Dernier concert à l’Olympia le 12 février 2012. Ensuite, un cas de jurisprudence de contrainte par corps en 1983 pour non paiement au fisc qui valut quatre jours de prison (il pouvait bien plus). Un pccnaute s’inquiétait que les jeunes de nos jours ne connaissaient pas ce chanteur de soixante-dix-sept ans en excès de pesanteur. Cette tragédie totale va enfin cesser, la justice va lui enfin être rendue. Tous les jeunes vont aujourd’hui avoir dans la tête cette musique de 1962… http://www.youtube.com/watch?v=9J80X1niH38 Petit message personnel : http://richard-anthony.fr.gd/Le-mot-de-Richard-.htm « Que c’est loin où tu t’en vas. Auras-tu jamais le temps de revenir ? J’ai pensé qu’il valait mieux Nous quitter sans un adieu, Mais je sens que maintenant, tout est fini ! » NB. N'oubliez pas : Anthony avec hache.
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