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Justin ou deux - 2 par Milude

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Maintenant que Colin ne bouge plus, il vit dans le monde de sa tête, et il me raconte les histoires de ce monde, de sa voix enrouée et lente. C’est notre secret à tous les deux. Personne ne sait ce que nous faisons ensemble. Papa et Maman s’étonnent car je peux rester des heures assis à côté de Colin, très calmement. Alors dès que Colin me réclame, on vient me chercher. Les grandes personnes sont très contentes et soulagées car elles aiment de moins en moins rester avec Colin, elles ne le regardent pas, leurs yeux volent dans la pièce. Elles ne lui disent plus de petits mots doux, elles disent qu’elles ne veulent pas le fatiguer et s’en vont très vite. Alors, je reste seul avec Colin, sur la chaise placée de biais, j’attends que Colin me raconte une histoire. La première histoire que Colin me raconte, le jour où il rentre de l’hôpital, est celle que nous préférons. Il me la raconte souvent. C’est l’histoire du début de nous deux. Pas le vrai début, quand nous étions dans la même bulle à l’intérieur du ventre de Maman, mais le début de nous deux séparés. Colin me raconte et je vois. Tout est vert, les murs de la pièce, les tabliers, masques et chapeaux des sages-hommes et des sages-femmes, les draps chiffonnés, l’abat-jour des lampes. Sur une table verte, Maman, grenouille aux cuisses écartées. C’est moi qui sors le premier, flamboyant avec ma tignasse rousse, hurlant. Papa rit, Maman pleure. Les gens en vert disent : "Mais, mais…il y en a un autre !" Papa ne rit plus. Maman gémit : "Oh non, s’il vous plaît, juste un." Me voilà baptisé Justin. Mais je ne reste pas seul. Mon petit double sort quand même, gluant comme un poisson, le derrière mal terminé, avec des pattes comme des nageoires. On l’appelle Colin. Colin termine toujours cette histoire en disant : "Quand je serai grand, je deviendrai un poisson, un vrai Colin, et je plongerai dans la mer, et toi tu seras un vrai Justin tout seul, tu seras un homme. Hein ? Hein ?" Si je ne réponds pas assez vite, il s’énerve :" Hein ? C’est vrai ? Hein ?" Je dis : "Oui." Je dis : "Oui, c’est vrai, je sais que c’est vrai." Je dis cela car je comprends que ce n’est pas drôle d’être très malade et de rester sans bouger dans un lit et je veux que ce soit vrai et qu’il devienne un poisson dans la mer. Je dis : "Oui, je te vois, Colin, tu nages dans la mer, dans la mer verte, tu nages, tu vas vite, tu fais des cabrioles dans l’eau, tu es content, tu ris, tu ris !" Colin s’emballe de bonheur, cligne des yeux, s’agite, bouge les bras, ses moignons de jambes, je le maintiens de toutes mes forces pour qu’il ne tombe pas du lit et pour ne pas me faire gronder. Colin est tellement content quand je lui dis cela. Pourtant, moi, je n’aime pas penser que Colin pourrait partir, plonger dans le vert de la mer. Si je pense à cela, à son absence vraie, à la fin de nous deux, je sens que mes cheveux s’éteignent, que je rétrécis. Je ne crois pas que tout seul, «juste un», je saurai devenir un homme. Je me dis que, tant que Colin aura des histoires à raconter, il restera avec moi. Alors, chaque jour, je lui apporte un objet et il me raconte l’histoire de cet objet dans le monde de sa tête. Je dois trouver chaque jour un nouvel objet. Au début, c’était facile. Maintenant, je dois le voler. Voilà comment je fais. Je pars loin du quartier de petites maisons jumelles où nous habitons. Je fonce droit sur la première personne que je vois, un vieux ou un parent. Je fais mon plus beau sourire d’ange. (Maman dit : "Tu as le sourire d’un ange mais les cheveux du diable.") Je pointe ma tignasse d’une main, offre l’autre pour un bonjour et claironne en clignant de l’œil : "Bonjour, c’est moi Justin ou Deux, ange ou démon." L’autre en face, interloqué, se questionne : "Je connais cet enfant ? Que dit-il ? Quel rapport avec ses cheveux ? Est-il débile ? Est-ce le gamin des voisins ?" Je vois toutes ces questions dans ses yeux. Pendant qu’il cherche la réponse, je gesticule, j’agite mes bras, et d’une main habile et rapide, je pique quelque chose dans la poche ou dans le sac ou au lobe de l’oreille, et je m’enfuis en courant, bousculant au passage des gens qui s’indignent : "Tu ne peux pas faire attention !" Et moi, je ris, je crie : "C’est pour Colin, c’est pour Colin ! ! !" - Donne-moi la «chose», demande Colin. Je la glisse dans sa main droite, celle qui est crispée en forme de griffe. Il la palpe des deux doigts mobiles de sa main gauche. - Ne dis rien, surtout, murmure-t-il de sa voix essoufflée, enrouée. Il garde longtemps les yeux fermés. Il se promène dans le monde de sa tête. J’attends. Je me tais. Je ne bouge pas. Je suis assis sur la chaise placée de biais. Enfin, Colin ouvre ses yeux qui brillent et il raconte. Il raconte l’histoire de la montre sans bras. (J’avais volé dans la poche d’une bonne femme brillante une montre très moche, avec deux moignons de bracelet coupés.) - Donne-moi la «chose». - Voilà, ce n’est pas très beau, je n’ai trouvé rien d’autre… - Ne dis rien, surtout. J’attends. Je me tais. Colin se promène longtemps dans son monde, puis il me dit : - C’est une montre sans bras mais ce n’est pas grave puisqu’elle a une belle paire d’aiguilles qui sont des ciseaux à découper le temps. Et Colin me raconte les temps de son monde. Le temps du sommeil, tout rond de rêves. Le temps de l’ennui, paralysé. Le temps perdu, pièce biscornue, impossible à placer. Le temps d’avant, narquois, qui nargue : "C’était mieux avant !" Le temps de maintenant, grille élastique qui s’enroule autour de nous et nous emprisonne. Le temps d’après, qui fuit toujours, impossible à attraper. Chaque jour, Colin me raconte une histoire de son monde. Et, toutes les histoires de Colin, je les garde dans mon cœur. Il y a la clé dentelée, l’œil du chat, la voiture élastique, la bougie rouge, la pipe-zizi, les lunettes de lune, le mouchoir-parloir, le soulier tordu, la queue du nuage, les princesses allumettes, la boîte à dents, le foulard volant, la photo-miroir, le carnet estropié, la monnaie du diable, la bague piquante, le peigne-hérisson…et plein d’autres. Dans le monde de Colin, les choses ont des histoires si intéressantes qu’il oublie sa maladie, et il rit en les racontant. Mais, malgré les histoires, le temps passe, puisqu’on ne peut pas l’arrêter. Peu à peu, Colin bouge et parle de moins en moins. Il n’a plus la force de regarder les choses, il n’a plus la force de me raconter leurs histoires. J’entasse dans ma chambre tout ce que je fauche, de plus en plus gros, de plus en plus brillant, mais ce ne sont que des choses fauchées, des choses sans histoire. Un jour, on lui met un masque transparent sur le nez et la bouche pour l’aider à respirer et je comprends que bientôt, Colin ne pourra plus respirer que dans l’eau. Je sais que bientôt, il quittera son lit-prison pour plonger dans le vert de la mer et je deviendrai «juste un». J’attends. J’ai peur. (à suivre)

Quand Henri devient Sandra par Elorah

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Je me présente… Avant je m’appelais Henri et maintenant je me suis réincarné sous le doux prénom de Sandra. La décision été lente et douloureuse à prendre car si depuis l’enfance je sais que ma part est entièrement féminine j’ai néanmoins concédé à la « normalité «Mariage, trois enfants , métier épanouissant et cela,pendant quatre décennies. Et puis, un jour je suis tombé malade à force de feindre et j’ai alors j’ai résolu de vivre au lieu de survivre et quitter définitivement cet homme ce que je n’avais été La transformation sexuelle a pris du temps. Elle commence par un traitement hormonal long et difficile à supporter Je commençais à me transformer cela se voyait : Les hormones ont commencé à modifier ma silhouette, les contours de mon visage se sont doucement adoucis et la technique de l'épilation au laser m'a ôtée toute pilosité. Pas facile... J’étais encore entre parenthèse homme au boulot et femme dans ma sphère privée. Il me fallait vivre en femme le soir Pas facile aussi d’expliquer à sa hiérarchie. Je revois encore les yeux écarquillés de mon boss et de mes collègues lorsque j’ai annoncé autour d’un verre dans mon bureau un soir que je j’aurai désormais une case aux vestiaires des filles. Je deviens physiquement moi celle que j’ai toujours été en âme et conscience, cela me réconforte et m’aide à supporter le Tsunami qui déferle... Ma famille explose, mes amis et relations me fuient .Tout le monde me lâche et se détourne avec horreur de ma personne. Je suis un monstre anormal à leurs yeux. Mes parents sont sous antidépresseurs, ma mère pleure sans cesse et mon père refuse de me voir. Ma femme me hait mes enfants tout en m’aimant encore, je le sais, se détournent de moi Il me faut néanmoins continuer à vivre comme telle… sinon je vais mourir je le sais Et puis vint l'opération, vaginoplastie, implants mammaires correction de la pomme d'Adam. Souffrance pendant des semaines, angoisses terribles mais je devais en passer par là de cela je ne doutais et devenir celle que j'ai toujours été à l'intérieur. Pour obtenir un un changement d'état civil, j’ai subi une ablation de mon attribut sexuel une création d'organes artificiels Je pouvais dés lors demander mon changement de prénom au juge des affaires familiales mon apparence étant devenue complètement celle d’une femme Lorsque j'ai repris mon travail en tant que … Sandra, cela à fait tout drôle à mes collègues…Le controleur de gestion s’était mué en controleur de gestion au féminin ce qui ne ne changeait rien ni à mes compétences ni à ma fonction l’intitulé de ce ce poste ne se conjuguant pas au féminin. On m’a par la suite en douceur poussée vers un placard , cachée je ne dérangerai plus... J’ai réussi ma transformation malgré le divorce, les cris, les menaces, les larmes, la mise à l’écart sociétal et professionnel Je m’occupe de mes enfants, ils m’appellent Sandra et non plus Papa Je vais être transférée dans une nouvelle succursale ou personne ne sait qu’avant je m’appelais Henri Je commence à avoir de nouveaux amis, les hommes se retournent même sur mon passage Peut être qu’un jour plus tard, j’aimerai et serais aimée, je n’en suis pas encore là… Ma femme me reparle aprés de nombreux mois passés chez le psy Mes parents s’habituent lentement, Mes frères aussi Mon père avait toujours désiré une fille

Les com’s de mes ennemis sont … par Kinedimo

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. Je n'aime pas lire mais quelque fois je m'ennuie entre 2 siestes en lisant les commentaires sur PCC. Je ne réfléchis pas, je n’analyse rien mais me vient cette observation : Il y a peu d’inscrits sur ce site et des gens qui écrivent beaucoup pour remplir les vides sidéraux … dont moi d’ailleurs ! J’ai écris maintes fois des com’s sous des fakes divers, succès total assuré ! Mais je suis reconnaissante et même de temps en temps provocante. Et puis, il y a les fameux votes… Alors là y’a rien à dire, je suis toujours ébahie que des textes foireux récoltent presque tout ! N’est pas impétrant qui veut ici…Soit jeune PCCiste portant la banderole PCC c’était mieux avant et t’es irrémédiablement foutue ! Les autres tous ceux qu’écrivent aussi mal et qui sont dans ce panel et ben walou ! Ils peuvent toujours brosser leurs rimes à reluire, ils seront toujours au TOP. Je ne dis pas que les capel meister , vieux pccistes, beaux garçons et jolies filles écrivent mal ! C’est un site de rencontres et de quoi je me mêle, MJDCJDR Et SURTOUT, moi, J’OSE cocher la case autorisant les réactions à mon commentaire !

fleur du mal par Alvares18

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Un jour tu me demanderas, de choisir entre toi et la vie, je choisirai la vie, et toi tu partiras, sans savoir que ma vie... cest toi!!!!!!!! Je ne suis pas Victor Hugo pour te dire des grands mots, Je ne suis pas Verlaine pour t'écrire des poèmes, Mais je suis moi-même pour te dire que "Je t'aime". Ma main te l'écrit, Mon coeur te le dit, Je t'aime pour la vie ! branes

Un temps fou par Misty44

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“Who could mistake that smile!” J’en ai rêvé, c’est arrivé. L’autre nuit, j’ai rêvé de mon amour irlandais, c’était mon orange de mai 68 sur le sol anglais. J’ai rêvé de cet homme Irlandais, disparu dans le vent, disparu dans le temps. Il était là, à portée de main et je ne le savais pas. Mon mai 68 se passait à Londres, j’y étais pour une année en tant qu’Assistante de Français dans un lycée de garçons. J’avais 24 ans Il s’était passé un phénomène étrange au sujet de cet homme, un peu, (vous allez rire, moi qui ne suis pas croyante …) comme « l’annonce faite à Marie »… ! Dans la salle des profs de ce lycée, j’entendais souvent parler d’un certain Paddy, dont tout le monde semblait avoir un excellent souvenir. Il avait été prof de Français dans le lycée où j’étais, avant d’exercer dans le lycée de filles voisin. Les anecdotes sur lui en faisaient une sorte de légende et il y apparaissait comme un excellent pédagogue et un joyeux luron très populaire auprès des élèves et de ses collègues. Malgré moi, j’avais hâte de le connaître. Et un jour, je suis allée faire un remplacement dans le lycée de filles et je l’ai rencontré pour travailler avec lui. Surprise de le voir si jeune, il avait 30 ans. Immédiatement, un je-ne-sais-quoi entre nous. Dans le regard. Dans le sourire. Il montait une pièce de théâtre avec ses élèves, du Molière ou du Marivaux, et il avait besoin de mon aide pour les faire répéter. J’étais impressionnée par son travail et je le lui ai dit. Il m’invitait souvent après les répétitions dans un pub et nous parlions, parlions… Je savais déjà, par le prof de Français de mon lycée, qu’il était marié et père de quatre enfants, je savais cela et donc….j’y allais pianissimo avec lui… Et puis, un soir, je m’en souviens comme si c’était hier, nous allions à ce pub avec ma 2CV et il pleuvait des cordes. Nous avons donc attendu que la pluie se calme pour sortir de la voiture et soudain….il m’a embrassée…longuement, tendrement, fougueusement. Je ne m’y attendais pas du tout. Par la suite, il vint chez moi, j’avais un studio. Nous ne faisions que nous embrasser longuement et parler, on se racontait nos vies. Je lui parlais de mes nombreuses aventures, il me parlait de son passé, de ses passions et de ses ambitions. Nos moments rien qu’à nous étaient toujours trop courts mais extrêmement intenses… Je fis la connaissance de sa famille. Sa femme, qui était Française, était charmante, plus que cela, elle avait du charme. C’est en la regardant, en la voyant regarder Paddy que j’ai ressenti les premières brûlures. J’allais chez eux très souvent, je faisais parfois la baby-sitter. J’étais morte de jalousie quand ils revenaient de leurs soirées à deux, joyeux. Ils formaient un couple très uni, apparemment. Je devins de plus en plus amoureuse de Paddy, je le lui disais, lui me disait qu’il ne pouvait pas me dire qu’il m’aimait car il aimait sa femme. Il passait me voir presque tous les soirs avant de rentrer chez lui. Je voulais faire l’amour avec lui, il disait qu’il en avait envie, mais qu’il ne voulait pas. Je finis par le convaincre plusieurs fois, mais ce ne fut pas une réussite, il n’avait pas fait ce choix. Nous avons continué à travailler ensemble et à nous voir jusqu’à la fin de mon séjour et je suis revenue en France. C’était la fin de mon contrat. Je l’ai revu une fois, 3 ans après, il était venu à Paris pour un nouveau job. J’étais mariée et maman de ma première fille. Et je suis allée avec Paddy dans sa chambre de bébé pour qu’il la voie. Paddy m’a prise dans ses bras….mais je ne me suis pas laissée embrasser. Ce n’était plus le moment, ce n’était plus notre temps à nous. Je repensais parfois, le cœur battant, à ce temps d’avant … Après ce rêve aussi précis de lui, l’autre nuit, il me fallait y voir un signe qui me demandait d’agir pour le retrouver, pour savoir s’il était toujours vivant. Je me suis adressée à mon habituelle agence de recherche maison et ce fut l’affaire de quelques heures pour le retrouver. Quelques heures après 40 ans de presqu’oubli. Des tonnes d’informations sur lui, sur sa brillante carrière internationale. Et … son adresse mail… Je suis timide, mais je me soigne... en fonçant, je lui ai donc envoyé un bref courrier avec ma photo, sans trop d’illusion. Et….ta-laaaaa ! “Who could mistake that smile! Formidable de te revoir après tant d'années. En un mot j'existe, je vis en France près de Fontainebleau, j'ai une deuxième famille (deux filles de 14 et 17 ans) et j'aimerais un jour te revoir et faire la connaissance de ta famille. Où habitez-vous en Bretagne? Je t'embrasse. Paddy » (Réponse accompagnée d’une photo de lui et de sa nouvelle famille, ainsi que de son téléphone) Je l’ai appelé aussitôt, j’ai retrouvé intacts sa voix, son rire, sa gentillesse, j’ai cru même sentir le Vétiver de sa peau… J’ai 68 ans, il en a 73…mais il ne les fait pas…. moi … je ne sais pas ??? Le reverrai-je ?.... je ne sais pas. Ces émotions sont-elles ridicules ?.... je ne sais pas. C’est une belle histoire ?... de ça je suis sûre, en tout cas.

Le rêve du Président par Annaconte

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François en était bien conscient. Il se serait bien, et honnêtement, contenté d’une vie toute simple. Il s'étonnait de sa faculté à se satisfaire de peu et paradoxalement de sa volonté de remplir sa vie, en convoquant d’incessants désirs, qui le faisaient avancer vers quelque destin sublime. C’est comme cela qu’il s’était retrouvé investi d’un pouvoir qui risquait fort de le dépasser. Il était ainsi passé du rôle subalterne et ingrat de bras droit –si j‘ose dire- au rôle prestigieux de Chef d’Etat. Comme ça, sans rien trop faire. Jamais même ministre, au jeu de l’oie républicain, il était passé directement de la case Terre à la case Ciel, par un concours de circonstances comme on en voit peu dans l’Histoire. Il refusait d’épiloguer sur ce parcours. Il devrait désormais tirer les marrons du feu et la tâche s’avérait difficile. Il devait se concentrer. Comme avait proclamé le Grand Charles « Le plus difficile n’est pas de sortir de l’X, mais de sortir de l’ordinaire ». Il n’avait pas tort et cela l’angoissait un peu quand même , lui l'Enarque émérite. Avant d’essayer de convaincre les autres, le Président –avant d’être élu- avait du se persuader qu’il était l’homme de la situation, qu’il détenait les meilleures réponses aux problèmes économiques ou sociaux. Heureusement qu’il était doué d’un solide narcissisme, et d’un certain goût pour la compétition et le jeu : il devait par-dessus tout gagner… et donc avait pris en même temps le risque de perdre ! Etre président, il le savait, c’était comprendre les situations, avoir une vision pragmatique du monde de façon à s’adapter rapidement aux événements et y réagir sans précipitation mais efficacité : pour tout cela, même entouré de conseillers, ministres, hauts-fonctionnaires, il serait seul. Il avait beau aimer la solitude des cimes, il savait que ce serait éprouvant. Il se mit alors à songer à Moïse, là-haut sur le Mont Sinaï, recevant les Tables de la Loi de la main même de Dieu dans le fracas du tonnerre et des éclairs, et se surprit à se plaire …Lui aussi infléchirait le sens de son pays, du monde même. Lui aussi laisserait une trace dans l’histoire de la nation. Il se doutait bien qu’à force d’être au centre de tout, parmi des gens qui le couvriraient de louanges et d’illusions, il finirait par perdre le sens des réalités. Et puis, cette ivresse de prendre la parole en public, de la porter officiellement, au nom du peuple tout entier, d’être acclamé, plébiscité, élu. Il lui faudrait se méfier de lui-même, pour ne pas devenir mégalo. C’était le plus grand risque. Que cette toute-puissance ne lui monte à la tête ! C’est arrivé à d’autres et meilleurs que lui… Un bon énarque oui il l'était, un bon père aussi (de ça il était sûr), un bon camarade bien entendu (il en était convaincu) un bon amant (il le découvrait), ne font pas forcément un bon président. Il devrait désormais veiller au grain, tout en faisant preuve d’imagination et de lucidité. Il allait être l’incontournable, l’intouchable. Il lui faudrait être innovant, et ne décevoir personne. Ce serait un défi ! Fallait-il qu'il soit kamikase ou maso ! Il tombait en plein crise (son taux d’adrénaline montait à son paroxysme) et on ne lui ferait aucun cadeau. Il savait déjà qu’il ne pourrait pas tenir toutes ses promesses ! Bruxelles et le FMI se chargeraient bien de le lui faire admettre ! L'énormité du travail qui l'attendait lui donnait des sueurs. Mais il resterait fidèle à lui-même. Il s'y attelerait sans délai. Il saurait cependant que répondre à ceux qui lui poseraient la question « Qu’est-ce qui vous fait courir, Monsieur le Président » ? Non ce n’était pas l’argent comme tous le croyaient. Il avait suffisamment et largement de quoi. Ce n’était pas non plus la puissance et la gloire. Il avait déjà eu sa part de gloriole dans les meetings, il connaissait déjà ce goût amer qui demeure une fois les lumières éteintes. Ce n’était pas non plus l’utopie de changer les choses, ou de sauver le pays, il était conscient qu’il ne serait qu’un rouage au service et à la botte de la finance, l’éternelle gagnante en fin de compte, personne n’est dupe ! Non. Ce dont il rêvait en secret était plus prosaïque que tout cela. Le nouveau Président était un homme simple. Un Champêtre. Un homme de racines avec un peu de terre séchée sur ses chaussures. Un du pays de France. De la véritable France. La profonde. La pacifiste. La tolérante et hospitalière. La toute poétique France. Ce qu’il voulait par-dessus tout, Monsieur le Président, c’était de laisser les voitures de fonction au garage et de prendre le train. Et profiter de son pouvoir tout neuf pour en abuser un peu. Juste un peu. Il rêvait de faire arrêter un jour le convoi en pleine campagne. Comme le sous-préfet des Lettres de mon Moulin d’ Alphonse Daudet, qui las de sa fonction, et fatigué des inaugurations en tous genres qui lui incombait, choisit un beau matin de faire l’école buissonnière, et s’invita dans les champs, au mépris de ses obligations, allant jusqu’à s’y endormir après avoir ôté ses bretelles* ! "Lorsque, au bout d'une heure, les gens de la sous-préfecture, inquiets de leur maître, sont entrés dans le petit bois, ils ont vu un spectacle qui les a fait reculer d'horreur... M. le sous-préfet était couché sur le ventre, dans l'herbe, débraillé comme un bohème. Il avait mis son habit bas... et, tout en mâchonnant des violettes, M. le sous-préfet faisait des vers." Alors, la vie en vers ou en rose ? *(clin d'oeil à Sablaise !!)

Les souffrances du jeune Werther par Tcherenkov

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Durant un mois de juillet dont j'ai un souvenir lourd et épais, Pauline me plongea dans une grande perplexité et cela commença à la seule évocation de son existence par mon ami Werther. La cause de cette fascination ne s’expliquait pourtant ni par sa beauté, ni par la subtilité de son discret bavardage, ni dans les qualités qu'elle déployait naturellement dans ses relations avec autrui. Elle avait certes un peu de tout cela, mais pas de prime abord. C’était une beauté qu’il fallait aller chercher pas à pas car l’harmonie s’y tenait d’un seul bloc, sous les strates qu’une éducation sans discordance avait inaltéré. Werther était né doté de multiples talents dont il usait avec légèreté et désinvolture, et bien que cela fut souvent exprimé par nos entourages respectifs lorsque nous étions enfants, je n'eus jamais le sentiment de sa supériorité, ni que cela me porta ombrage. J'avais deux ans de plus que lui mais il m'arrivait de penser qu'une génération nous séparait, tant il accueillait ses contemporains avec enthousiasme, tandis que je me tenais paresseusement retiré dans un classicisme qui me fut néanmoins utile pour approcher mes semblables, et surtout me convaincre que je n'avais nul besoin, à mon âge, d'aller voir ce qui depuis longtemps ne représentait à mes yeux qu'une pâle copie souvent bien approximative des sources vives qui abreuvèrent jadis ma soif de connaissances. Après vingt ans passés à l'étranger, Werther revint en France et nous reprîmes nos échanges. Lorsqu'il fit la rencontre de Pauline, peu de temps après son retour, son excitation était telle qu'il m'en entretint jusqu'en des aubes déraisonnables. Cet épisode nous ramena très loin en arrière, lorsque adolescents nous passions des journées entières dans les arbres à parler des filles, et nous fûmes à nouveau heureux comme dans ces temps anciens. Il avait vieilli plus vite que moi. L'agitation et la confusion dans lesquelles sont précipités ceux que les miroirs obsèdent, n'ayant de cesse de se regarder dans les pupilles dilatées des femmes désirées, ont le visage bien souvent traversé de rides larges et profondes comme les fleuves que les courants n'ont pas épargné. Cela leur offre un atout de séduction supplémentaire dont l'apaisement se passerait bien, vieillesse oblige. Mais les voilà suant et soufflant encore. J'avais vieilli, moi aussi, mais protégé de ces incandescences puériles. Quelques femmes traversèrent ma vie, cela ne changea jamais rien, et mon visage resta longtemps celui d'un jeune homme inexpérimenté qu'aucun tremblement de coeur ne creusa de fissures. Avant même de la connaître et tandis que Werther ne cessait de m'en dire de grandes choses, j'avais déjà esquissé dans mon esprit un portrait de Pauline, et lorsque je la rencontrai pour la première fois chez moi lors d'un repas que j'avais organisé à cette intention, je compris que mes sentiments à son égard étaient complexes, car si ma fascination pour elle était plus que vive, j'eus l'intime certitude que je ne l'aimerais néanmoins jamais de cet amour un peu replet qui nous fait parfois penser "comme une évidence" que nous venons de rencontrer cette "moitié" un peu ridicule qui manquerait à notre accomplissement. Le temps passa. De cette étrange attirance pour cette femme je ne dis rien à Werther, et cela permit au trio assez joyeux que nous formions de survivre encore quelques temps. Un jour elle vint me voir seule. Elle s'était fâchée avec Werther à cause de ses nombreuses absences. Elle lui soupçonnait des infidélités et souhaitait en parler avec moi. Je me montrai compréhensif et raisonnable, comme à mon habitude, lui expliquant que le tempérament de Werther méritait de la patience et qu'elle pouvait faire confiance à sa fidélité. Tout cela était faux, bien entendu. Werther était amoureux de cette femme, mais c'était un homme fondamentalement infidèle à tout, à ses idées, à moi même, à sa famille qu'il avait tenu éloignée de lui durant vingt ans, et enfin à lui même, dont il ne cessait de trahir les promesses. Semblant douter de mon explication, Pauline restait songeuse. Son visage, légèrement penché contre la vitre de la porte fenêtre du salon derrière laquelle des allées couvertes de pavots couraient le long du canal de Cambrai, se délitait imperceptiblement. Des ombres venaient peu à peu se coucher au bord de ses yeux. Je ne la quittais pas des yeux. Tout convergeait vers ce point là qu'un fil invisible tendait entre elle et moi, ce point posé contre la fenêtre, immobile et pensant, qu'une légère inquiétude troublait à peine et qui devenait pour moi non plus l'objet d'une fascination obsédante, mais le seul but à atteindre, ce qu'elle sembla comprendre car d'un mouvement vif elle se retourna, s'approcha lentement de moi et m'offrit un visage que le désir crispait comme une souffrance lancinante, à moins qu'elle ne joua, ce qui convint mieux à mon imagination. Alors qu'elle m'attend maintenant chaque soir dans l'appartement que nous partageons ensemble depuis quelques mois - nous sommes bien loin de Juillet - et que je sais, aussi sûrement qu'elle imagine le contraire, que rien de tout cela ne durera, je me demande comment je vais pouvoir lui expliquer qu’en réalité le véritable objet de ma fascination, c'est Werther. Nous sommes comme deux éléments distincts entre lesquels les femmes forment un rayon de lumière qui, partant du désir de Werther, rebondit sur moi par un phénomène de réflexion que je ne m’explique pas, sauf à admettre que j’aime Werther. Ne pouvant néanmoins souffrir cette homosexualité latente, je me contente d’aimer les femmes qui le désirent. "Et sur mon corps ton corps étend La nappe de son miroir clair" Voilà qui n'est pas simple.

Au revoir Justin le rouquin. par Barioline

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à M. quand il est joyeux ses cheveux rougeoient quand il est heureux ses cheveux flamboient quand il est inquiet ses yeux bleus s'élargissent quand il est triste ses yeux bleus se pervenchent quand il est colère ses yeux bleus foncent quand il se fâche ses lèvres deviennent blanches et ses joues toutes rouges et sa voix tremble quand il sera grand ses cheveux seront blancs quand il sera grand il soignera les enfants bleus * *enfants atteints de la maladie bleue

2 - L'aventure est au bout du site par Embrun 12

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Marenka se rendait souvent sur la place du site. Oh, il ne s'agissait pas d'une place de facture militaire, organisée pour la parade ou le défilé enrégimenté, non plus qu'une place pour harangueurs professionnels, vomissant de sinistres oracles ou flattant les vils instincts d'auditeurs soumis au rituel de la claque.  Non, c'était une place commune, ouverte à tous les vents, bien qu'à la vérité deux de ses côtés fussent fermés par de jolis portiques en pierre de taille. Un estaminet encombrés d’ustensiles baroques s’ouvrait sur une terrasse ombragée. On y venait pour discuter, débattre, écouter telle muse déclamer son dernier poème, se délecter de saynettes composées par des théâtreux encostumés, retenir son souffle devant les prouesses de tel équilibriste, disserter avec une inutile passion autour d’un vers sibyllin, ou assister aux défilés hauts en couleurs qui faisaient la notoriété du site, bien au-delà du cercle somme toute limité de ses habitués. Ces jours-là, la place s'emplissait de rires et de musique. L'ambiance y était bon enfant. L'occasion de telles festivités ? Tout et rien. L'accueil de nouveaux fidèles, une victoire au dernier concours de poésie, de photographie ou de «comme» (car ces choses existaient sur ce site commun), une naissance, ou l'anniversaire d'une rencontre ayant acquis la notabilité de la durée. Marenka aimait ces moments festifs où elle se mêlait à la foule bariolée et tapageuse. Elle affectionnait particulièrement la danse rock, et c'était merveille de la voir virevolter et se trémousser en cadence sur des rythmes surannés. Parfois, un cercle se créait autour d'elle et du danseur qu'elle avait choisi pour effectuer cette sarabande endiablée. Et les vivats fusaient de la masse frétillante des spectateurs. Non que Marenka fut une célébrité sur ce site commun, tout le contraire. La demoiselle se mêlait peu aux activités où certains rivalisaient d'adresse, de virtuosité et d'intelligence. Elle était plutôt réservée, cachant maladroitement sa timidité derrière un vernis d'assurance rieuse. Mais elle avait du talent et beaucoup de volonté, ce qui fait que peu savaient entrevoir derrière cette aisance convenue la fragilité de son cœur d'artiste. à suivre...

Cabourg / Fort-de-France par Abicyclette

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Cet espace est sans espace. Irisations vaguement bleuasses, vagues dégueulasses. Le ciel la mer en l’horizon bouchon. La nébuleuse tremblante, cuisine soupe-au-lait, façon Rothko, grumelle à mesure que l’œil s’élève ; floches chevelures. … Décor de sable et quidams, vieilles baleines échouées, autres sirènes (mi-femmes/mi-thons) … Peu vêtue, tantinet snob, roulée comme des galets d’Etretat, une jeune mère sachant ses appâts traîne sa nonchalance d’apparat. Seins gonflés : ardentes lactescences (prés hyalins, neigeuses glanes) profitant à son mouflet et son bourgeois … Belles formes qui m’accordent aussi un point où me fixer : je tête… «… comme je voudrais vous remercier Madame,… » L’ouest souffle : la mer monte, mon outil itou : désir ! … Le temps à double tour comme toujours. D’autres formes apparaissent que des plaques plus haut dissocient : le lait caille, s’écaille, se coupe en peau de reptile à joint d’azur. Peut-être existe-t-il un nuage parfaitement carré quelque part ? … Si je projette au-delà, l’avion m’est encore une abstraction. Trouille immatérielle d’espaces matériels… Fesses et arpions fichés en sol : faut que je m’accroche. … La ligne maintenant discernable, faussement plate, semble un havre pas trop loin. Le Havre là-bas et son légo de Tancarville sont un jeu d’enfant. Il existe en face un continent pour le moment inaccessible, une terre telle que ne l’ont point rêvées mes logiques. Il faudrait me retourner vers Cabourg, aux bouches de jeunes filles en fleurs … … Fixe la mer qui monte encore ; encore mon désir. Là-bas, au sud, un nègre ultramarin m’ensorcelle : je prise ici ses mystères. Audiblement les youcas tintent … Des nuées diffusent des incantations. Il faudrait savoir traverser l’océan intérieur… … Mais laissant si facilement s’évaporer là ces névroses je ravis vite-vite ces relents salés, par le nez, par les pores ; les incessantes joies des instants. Il faut mieux aimer ces airs.

Pourtant j'aurais voulu par Coucou c est ginou

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Pourtant j'aurais voulu savoir te consoler de cette petite pluie froide qui te tombait dessus te réchauffer la nuque j'aurais voulu pour protéger le chaud du cou le chaud le tendre pour le protéger de cette impression d'être vieux d'être fragile de ce vent glacé qui soufflait obstiné se glissait là où j'aurais voulu que seuls mes baisers et mes doigts doux glissés et mon souffle tiède. J'aurais voulu rester près de toi la nuit tu conduis fatigué mais je suis près de toi je te lis des poèmes avec ma lampe frontale et pouvoir croire que rester près de toi ça te protège de tout danger, le dos fatigué la fatigue la vue qui se brouille et cet œil irrité et la fatigue plein les bras ou dans les reins cette douleur lancinante. Comme à Ostende et comme partout Quand sur la ville tombe la pluie Et qu'on s'demande si c'est utile Et puis surtout si ça vaut l'coup Si ça vaut l'coup d'vivre sa vie Et repartir rouler de nouveau de jour cette fois la pluie la route le camion la fatigue j'aurais voulu chanter ou lire la suite de ce petit bouquin léger pour sourire de ce coup de vieux. Et du café dans la thermos. Et puis aussi j'avoue j'aurais voulu être très jeune ou très jolie ou d'un charme indicible d'une élégance folle ou tout ça à la fois ou n'importe quoi qu'ont parfois les femmes et qui fait les hommes se redresser. Pas peu fier très content de soi cette belle femme à son bras à son cou ou à son/ Et vlan ça te leur fiche un coup de jeune un brin de bombé dans le torse de cambrure beau mâle et de ventre frrrrt effacé. Trop joli. La barmaid avait dix-huit ans Et moi qui suis vieux comme l'hiver Au lieu d'me noyer dans un verre Je m'suis baladé dans l'printemps De ses yeux taillés en amande (Mais moi même plus la beauté du diable toute ma beauté se résume à la grâce éphémère d'avoir joui, si bien, de toi, mais tu ne la vois pas. Ou parfois d'être si solidement campée dans ce que j'aime et la plante du pied ancrée au sol en prise avec le monde, son énergie sa joie sa beauté.) Ou alors être la femme pleine d'énergie et d'enthousiasme auprès de qui tout est facile et qui s'active tout le temps et en un tournemain hop hop vous emballe mille petites difficultés pratiques aplanit les programmes les organisations la logistique et tout le tintoin si bien que youkaïdi youkaïda on se sent comme un ado en colo ou comme Yves Montand avec Paulette mais non soyons lucide ça non j'aurais pas voulu. Moi c'est aussi l'incertitude et l'équilibre précaire jamais gagné pas vraiment rassurant toujours à la limite de la maladresse et "solutionner" le mot décidément et la chose même je les trouve moches. Non plutôt j'aurais voulu juste rester encore à jouir de toi encore et encore de ta main de ta bouche encore de ta queue encore rien que pour cette lueur là dans ton regard pour cette fierté d'amant magnifique (rien que pour ça faut pas charrier pour cette lueur oui mais pour moi aussi pardi pour cette gaieté qui me prend alors cette gaieté tendre cette joie) Ou aussi ou surtout j'aurais voulu encore encore que toi toi que tu jouisse de moi et crie de plaisir et cette jeunesse dans ton regard ah là tu t'en fous de savoir si tes cheveux ta fatigue ton corps plus ceci moins cela j'aurais voulu juste ces moments là quand tu n'y songes pas oui c'est ça quoi de plus consolant que faire l'amour ? On voyait les chevaux d'la mer Qui fonçaient la tête la première... Mais tout le temps on ne peut pas je sais. Et que penché à la fenêtre devant le ciel ce matin ton épaule contre la mienne je t'aurais montré les moutons là-bas à la lisière du pré d'Armand sortant en vrac de la bergerie les brumes le crachin l'odeur des jardins mouillés le coin de ciel bleu qui s'élargit peut-être toi tu aurais su prendre une photo de tout ça mouillée presque, et sentant le printemps et la laine mouillée (mais de très loin). Et d'entendre clocher le troupeau dans l'air léger ça t'aurait fait venir et moi aussi les larmes aux yeux mais douces, la nostalgie. Mais voilà que tout au bout d'la rue Est arrivé un limonaire Avec un vieil air du tonnerre A vous faire chialer tant et plus Tu vois je n'ai rien que du passager du fugace une caresse un peu de soleil un bol de café la surface du monde et quelques un de ses replis mais pour ce qui est de consoler l'inconsolable le nombril de tristesse le ressac de chagrin qui cogne la coque le noyau de désespoir muet qui brise la voix au détour d'une phrase et la fatigue de vivre comment veux tu. http://www.ina.fr/divertissement/chansons/video/I00009389/leo-ferre-comme-a-ostende.fr.html

Maille à l'envers, Maille à l'endroit par Brian K

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Le milieu des années 70, sur la plage. Comment cela arrive si souvent, j’écoute les deux vieilles dames qui parlent en tricotant. Je les connais depuis toujours. L’une est d’ici, l’autre est une parisienne venue s’installer avec son mari retraité. Le bruit court qu’il a été garde du corps du général de Gaulle. C’est peut-vrai, qui sait. La seule chose qui compte vraiment est que je me trouve sur cette plage, à deux pas de la maison. Ce sont encore les temps reculés d’avant le disco et d’avant internet - et d'avant plein d'autres choses aussi. Comme je disais, les deux dames bavardent de tout et de rien, passant du coq à l’âne et tortillant les orteils. On entend le cliquetis insistant de deux paires d’aiguilles à tricoter. Lorsqu’elles ne trouvent plus rien à dire l’espace de quelques secondes, elles comptent leurs mailles à voix basse, d’un chuchotement que le bruit des vagues couvre à peine car c’est un après-midi sans vent. Une mer d’huile, comme on dit. - Vous n’avez pas trop chaud avec votre foulard sur la tête ? - Si, bien sûr. Mais je ne peux pas faire autrement. - Ah bon ? _ Après tout, je peux bien vous le raconter. C’est à cause de la nouvelle coiffeuse. Celle qui a ouvert au printemps à côté du fleuriste. Ses parents ont longtemps été mes voisins et je sentais bien qu’il fallait que je fasse un geste. Alors j’y suis allée, pour faire une bonne action. Je ne sais pas si ce sont les produits ou le sèche-cheveux, mais je suis sortie avec le crâne tout rouge. Et je ne vous parle pas des picotements. _ Alors vous ne retournerez pas, forcément. - Non, d’autant plus qu’elle m’a trop serré mes boucles. Pourtant, je lui avais dit : quelque chose d’un peu flou. Flou, ce n'est pas bien difficile à comprendre, non ? _ Tout de même, Anne-Aymone, quel drôle de prénom. Et je ne peux pas dire que je la trouve particulièrement sympathique. - Vous avez raison, elle a l’air pincé. Madame Pompidou était d’un style plus agréable. Et j’aimais bien aussi Madame de Gaulle. Elle n’avait l’air de rien mais justement, son côté effacé n’était pas déplaisant. - Georges Marchais me fait toujours autant rire, et pourtant, Dieu sait que je ne suis pas communiste. Comme je dis toujours à ces gens-là : le communisme, si c’est que vous voulez, tant mieux pour vous mais rien ne vous empêche de prendre un billet pour Moscou. Chez nous, franchement, non merci. - En tout cas, Raymond Barre, j’ai un peu de mal à m’y habituer. Je le trouve mou. Oui, c’est ça : pas antipathique mais mou. Chirac était plus dynamique. Un peu trop, même. Il paraît que le courant ne passait pas avec GIscard. Mais il présentait bien. _ Au fait, voilà que je me rappelle plus. A côté du fleuriste, chez votre coiffeuse justement, il y avait quoi avant ? - Rien du tout. Un logement. Mais jusque dans le milieu des années soixante, il y avait encore la droguerie. C’était bien pratique. Vous n’avez sans doute pas connu parce vous étiez encore à Paris. - Ah bon, une droguerie ? Ils ont fermé à cause de l’hypermarché qui a ouvert dans la zone ? - Pas du tout. Oh les pauvres, si vous saviez. C’est arrivé un lundi, le jour de la fermeture. La dame était partie faire des courses en ville. Quand elle est rentrée le soir figurez-vous qu’il y avait un mot écrit sur la porte de l’appartement : Ne rentre pas seule ce soir. Son mari s’était fait sauter la cervelle avec son pistolet. On a dit qu’il était malade. Ou qu’il buvait, je ne sais plus. - Et vous ne regrettez pas Paris ? - Pas du tout. C’était très bien pour la carrière de mon mari mais nous n’avons jamais vraiment beaucoup aimé la ville. J’aurais bien aimé la Côte d’Azur mais lui non, il trouve qu’il fait trop chaud. - Il a raison. Moi, quand je descends chez ma fille à Manosque, j’ai toujours un peu peur du temps. L’hiver le mistral me glace et l’été les cigales m’empêchent de faire la sieste. Ici aussi bien sûr qu’il y a du vent mais je ne sais pas comment dire. Ce n’est pas pareil. Même par grosse tempête ce n’est jamais déplaisant. D’ailleurs, en Provence, il y a beaucoup de gens de nos âges qui viennent passer quelques semaines en Bretagne pendant l’automne, pour respirer. Je les comprends. _ Je vous ai dit que nous avons la télé en couleurs ? - Non, mais maintenant je le sais. Nous aussi, nous l’avons. Depuis quelques mois. - Pour les films et les documentaires, c’est très bien. Le commandant Cousteau, maintenant c’est autre chose qu’en noir et blanc. Mais on ne peut pas dire que les programmes se soient beaucoup améliorés. - C’est toujours la même chose. Bis repetita, comme dirait mon mari. Par exemple, il y en a une qu’il ne peut plus supporter, c’est la pauvre Danièle Gilbert. Elle n’est pourtant pas bien dérangeante. - Le mien ne supporte pas Guy Lux. D’ailleurs il y a deux choses qu’il ne peut pas supporter : Guy Lux et que je passe l’aspirateur. Alors quand je veux avoir la paix, je sais quoi faire. - Oh non, ça durait depuis des années. Et sa femme le savait. Une maîtresse à trois-cent mètres de chez soi, quelle idée - ça ne passe pas longtemps inaperçu. - Et c’est arrivé comment ? - C’est elle qui l’a menacé de faire un scandale s’il ne divorçait pas. Alors il est allé la supplier un après-midi et elle, pas démontée pour un sou, elle lui a dit que c’était fini. Il paraît qu’elle n’a pas vu tout de suite parce qu’elle était dans le fond du jardin, et c’est en rentrant qu’elle l’a trouvé dans la cage d’escalier. - C’est vrai qu’elle a téléphoné à sa femme ? - Oui, parfaitement. Elle lui a dit tu ferais bien d’appeler les pompiers, ton imbécile de mari s’est pendu chez moi et je ne bougerai certainement pas le petit doigt pour le décrocher. - A propos d’aspirateur, c’est Madame Gautier là-bas ? - Oui, mal attifée comme ça il n’y a qu’elle. Mais quel rapport avec l’aspirateur ? - Figurez-vous que c’est une maniaque de la propreté. Elle javellise son garage tous les jours, par peur des microbes. Et vous savez ce qu’elle et son mari font tout l’été ? Tenez-vous bien : ils vont prendre leur douche au camping municipal, pour ne pas avoir à salir leur salle de bain. - C’est vrai ce qu’on dit ? Que son mari a une perruque ? - C’est tellement vrai que je peux vous le jurer : j’étais en train d’acheter mes huîtres le jour où elle s’est envolée en plein marché. Elle a volé à quatre mètres. On ne devrait pas rire des ces choses-là, mais on peut pas s’en empêcher.

Perdu en chemins par Itinerrance

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Une bonne partie de sa vie il a menti, compartimentant, cloisonnant des pans entiers, des routes parrallèles qu'il empruntait. Il jonglait dans ces itinéraires jusqu'au moment où il n'a plus su. Du moment où il n'a plus su, la maladie l'avait déjà ravagé et il était devenu autre.  Toute sa vie il avait refusé la transparence des itinéraires tracés et là, il en était à ne plus savoir sur quelle route il s'était arrêté, ni même la raison de cette pause. Réduit à ne plus savoir composer, à ne même plus savoir énoncer les choses, ni se diriger. Il était là et ailleurs dans un nouveau monde où il a commencé à se réfugier de plus en plus mais qui le contraignait à être de plus en plus seul pour atteindre l'essence même de la fin.  Les secrets créent des lésions pour les générations à venir. Il y a largement contribué sans que l'on comprenne pourquoi il a continué ainsi si longtemps à tout cacher, à inventer ou à broder sur une réalité qui s'effritait peu à peu. Son indifférence au moment de la découverte d'une route parallèle est à ce titre éloquent, il n'a pu que nommer sans rien révéler de l'identité de celle dont il avait toujours caché l'existence. A charge pour les autres de démêler les liens noués qu'il avait enterré au plus profond de sa mémoire défaillante. Il n'était plus acteur de sa vie. Réduit à être son propre spectateur, son attention lui jouait des tours et zappait sur des chaines qui le faisaient voyager dans des sphères inconnues. A t-il voulu un moment arrêter ces différents paraître, et n'a t-il pas trouvé d'autres solutions que de se réfugier dans un oubli progressif de son passé et de ce qu'il résulterait de cette découverte ? Les montagnes qu'il avait dressées n'étaient que de faibles reliefs pas très corrosifs pourtant. Il s'est leurré sur les conséquences que leur connaissance provoquerait. Les ravages n'ont été que pour lui-même, perdu dans les arcanes neuronales et les synapses défaillantes. Pas de reconnaissance en plan qui permette de reprendre pied, son monde devenait intangible et flottait dans un flou l'envahissant progressivement.  Ses liens avec les autres ont changé en même temps pour se définir uniquement sur l'émotion, lui le chantre de la distanciation et de l'auto-dérision,  pour qui toute déclaration sonnait faiblesse. A la fin de sa vie il était devenu sentimental. Seules les émotions et le ressenti avaient de l'importance, le reste a glissé dans le ravin des pertes mnémoniques. Sa communication peu à peu s'est limité au monde tactile. Toucher l'autre lui permettait un temps encore d'exister et de se différencier du magma dans lequel il s'enlisait.  Une bonne partie de sa vie il a menti, compartimentant, cloisonnant des pans entiers, des routes parallèles qu'il empruntait. Du moment où il n'a plus su, il était déjà bien avancé sur le chemin de la mort. Nul ne sait où il se trouvait quand le tocsin a sonné, il y a trop longtemps qu'il s"était évaporé sur des routes inconnues de ce monde même si finalement tous les chemins finissent par aboutir à l'ultime soupir. 

Les grenouilles de bénitier (sonnet) par The Dreamer

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Elles prêchent les mots de l’Enfant dans la paille : « Ne juge point et tu ne seras point jugé ! » Ma foi… à petits pas, hérauts et valetaille, Se rapprochant un peu de l’Eden, haut perché. Leur esprit est sujet parfois aux courbatures, Au doux bruit des cancans, au souffle des « on dits ». Ragots, petits potins - Ô, saintes écritures ! Que l’on dit à mi-voix en un salmigondis. « Donnez, vous recevrez ! » Elles vont à confesse Prier ! Dieu, espérant contre quelque largesse, Gagner le paradis en ouvrant leur missel. Et lorsqu’un jour enfin, elles lâchent leur bible, A regret ! Soyez-sûrs que la chose est possible, St Pierre en leur ouvrant, plaint le père éternel !

Le bruit des silences. par Barioline

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- écouter aux portes - vous le faites souvent ? - je le fais tout le temps, enfin quand c'est possible - ce n'est pas toujours possible ? - je préfère ne pas être vu - vous avez honte ? - pas du tout, mais j'ai besoin de me concentrer - pourtant vous ne pouvez entendre que des bribes - détrompez-vous je peux entendre tout ce qui gravite autour des bribes - ? ? ? ? - le plus important n'est pas la bribe mais ce qu'il y a autour de la bribe - vous regardez par le trou de la serrure? - non monsieur, je ne suis pas un voyeur, je suis un entendeur - qu'entendez-vous autour de la bribe? - j'entends les cris - les cris ? - oui monsieur, les cris des non-dits, et croyez-moi c'est assourdissant - y a-t-il souvent des non-dits ? - il y en a toujours monsieur, les non-dits sont plus nombreux que les dits - c'est vous qui le dîtes - c'est moi qui l'entends monsieur et croyez-moi ça fait du bruit - vous devez avoir l'oreille fine? - ce n'est pas une question d'oreille monsieur, c'est une question de qualité d'écoute - donc vous entendez ce que les gens ne disent pas? - pas exactement, j'entends ce que les gens ne veulent pas dire - ce qu'ils ne veulent pas dire ils ne le disent pas ? - voilà : j'entends les cris de ce que les gens ne disent pas parce que ils ne veulent pas le dire - ce sont des cris ? - des cris perçants, des cris de souffrance, souvent des hurlements - dîtes-donc ce n'est pas drôle ? - je ne dis pas que c'est drôle, loin s'en faut - surtout que vous n'y pouvez rien - n'en croyez rien, dans certains cas j'interviens - comment pouvez-vous intervenir, personne ne sait que vous entendez - j'enfonce la porte, c'est tout - je ne comprends pas - il n'y a rien à comprendre, il y a juste à entendre - entendre quoi? - entendre ce que je ne veux pas vous dire - les cris de ce que vous ne voulez pas me dire? - exactement monsieur vous commencez à comprendre - en effet j'entends des cris - vous y êtes monsieur - je les entends très mal - ils sont couverts par les cris de ce que vous ne voulez pas me dire - moi ? Mais moi je suis là pour vous poser des questions, c'est tout - rappelez-vous monsieur il y a toujours des non-dits - mais moi je ne peux pas avoir de non-dits puisque je n'ai rien à ne pas dire - si vous n'aviez rien à ne pas dire vous n'entendriez pas les cris de vos non-dits - .....

cercles par Petit_chemin

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Rond dans le soleil de vivre où fournaise ivre va le plein du vide en crue qui se délivre d'avoir la peur du trop humain labélisé de par le siècle qui commença fort en devant rite d'escalier babel couvercle que vers le ciel on prie souvent le bâtiment s'effondre et croule ainsi les aimants de leur nuit ont mémoire lente mais si se coule un vivre seul tout y suffit je rentre vers toi beau réveil où vivre au jour aura raison des cécités sous leur sommeil au jour d'avant d'où vient le Nom

Un destin peu commun. par Barioline

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Le chien de F.R. se prend pour un cube. Il est beau comme un cube,fin, racé, élégant. Il est vif, il démarre au quart de tour, il comprend tout, il ne parle que de ce qu'il connaît. S'il était un vrai cube il serait tout aussi rapide, il réfléchirait plus, il irait droit au but. Il vivrait une vie de cube, lisse, agrémentée, sans penser au qu'en dira-t-on. Il tendrait vers un absolu tout à fait respectable : devenir le chien de F.R. Le cube de F.R. n'est pas n'importe quel cube. Il est le cube de F.R. Il le sait. Il assume. Il tient son rang. Sa fidélité n'a d'égale que sa discrétion. Il se manifeste exclusivement par sa présence. Il est là. Toujours prêt. Un regard: il change de côté. Un signe: il s'éloigne. Un clignement: il revient. Ses postures sont bien des postures de cube. Il a un côté carré qui ne trompe personne. Le cube de F.R. a de nouveaux amis. L'un d'eux est venu ce matin. Leur relation est fusionnelle autant que tourmentée. Ils se sont regardés en chiens de faïence, à distance respectable, puis ils se sont ignorés férocement. Entre eux l'air était chargé d'électricité, les mouches s'écartaient prudemment, le temps était présent, suspendu. Nous nous tenions prêts à intervenir. Le cube de F.R. s'est résolu à se résoudre. Cette résolution, inéluctable, est forcément soluble, le solvant étant tout trouvé. Entre le cube du chien et le chien du cube la ligne de fuite est directe. Aucun préambule n'est envisageable, le moindre retournement de situation rentre dans les ordres. L'arrière train veille. Quand les lignes de fuite se rejoindront en leur apogée, il en sera fini du cube qui avait un compte à régler avec son chien. Réédition à la demande générale de A

Uppercut par Cyn0484

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Quatre mains de nouveau sur le ring. Balance d’un pied sur l’autre, esquive ma gauche, pare ma droite. Combat incessant et inévitable d’ombres hérissées et d’épidermes irrités à l’excès. Les cordes se distendent, un immense instant s’étend devant moi qu’il me faut parcourir. Il me tord, il me tient aussi à mesure que le grondement s’amplifie en moi, que mon sang roule en tonnerre jusqu’au bout de mes orteils. Plus je m’approche, plus les lignes se faussent, de parallèles elles finissent par se croiser et se jouent de mes poings. Alors je joue de jambe, je me détourne, et te voilà t’entourant d’une brume subtile, savant enfumage dont tu as le secret...Où est la sortie ? Je fais l’inventaire au milieu de la lumière jaune sale qui tamise à peine la poussière environnante. Comme je n’ai jamais su compter, je décompte, je vais à l’encontre de tous les bons sens, et la colère se fait mélancolie, qui se fait violence, qui se fait velours ouateux. Mes yeux fendent l’air, tu t’effiloches en torpeur, je terrasse ma peur fantoche, me voilà à deux pas... Évanescence oblige, j’assène le sabordage en règle, ta transparence s’affirme, je sors des cordes. J’ouvre les yeux groggy. MA LIBERTÉ... !

NOM DE RUE par JP2A43

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ETIENNE DOLET(1509-1546) Orléans sa ville natale ,a conservé le souvenirs de l'humaniste: un buste d'étienne dolet se trouve dans le jardin de la mairie, enfin un collége et une rue portent son nom. Etienne dolet a vu le jour à orleans dans une famille appartenant à la haute bourgeoisie.à l'age de 12ans ,il se rend à paris.il rejoint ensuite padoue afin d'y poursuivre son s cursus scolaire.au début des années 1530,agée d'une vingtaine d'années,il rentre en france ou il fréquente l'université de toulouse.a la fin de ses études,il connait lev latin,le grec,les auteurs anciens;il posséde une maitrise du droit et de la jurisprudence.bref,il fait partie de ceux que l'on appelle les humanistes de la renaissance.installé à lyon en 1535 comme imprimeur et éditeur,il veut,en bon humaniste,faire connaitre les auteurs de son temps et la littérature latine:il écrit un ouvrage dédié au roi françois 1ér"commentariorum linguae latinae"et édite "les psaumes"de clément marot qui était soupçonné de sympathie pour les réformés.il publie le médecin grec galien,des oeuvres d'erasme,une trduction de la bible pae lefévre d'etaples ainsi que gargantua et pantagruel dans leur version non expurgée.mais les études littéraires mettent souvent en danger la vie de ceux qui s'en occupent.les catholiques en cette période troublée vécue par l'église,reprochent à etienne dolet d'etre un hérétique,de contester la conception catholique de la messe,de s'etre élevé contre les superstitions. HERETIQUE dénonçant les processions,n'avait-il pas écrit notamment cette phrase lourde de sens"n'est-ce pas de la superstition encore que de faire promener dans toute la ville par les enfants,des troncs pourris de certaines statues quand la sécheresse fait désirer la pluie".sur ordre de l'inquisition ,dolet est arreté en 1542 pour hérésie et pour blasphémes contre la foi catholique.grace à ses appuis dont celui de françois 1er,il est relaché aprés quinze mois de détention.toutefois ,le tribunal ecclésiastique obtient que tous ses livres ,ceux dont ils est l'auteur et ceux qu'il a publiés,soient livrés au feu.cette premiére intervention de l'inquisition n'intimide pas étienne dolet qui reprend ses activités d'éditeur.arrété une second fois en 1544,il parvient à échapper à ses géoliers et à trouver refuge dans le piémont mais il commet l'erreur de revenir à lyon pour y retrouver son épose et so fils claude auxquels il était profondemment attaché.il n'y aura cette fois plus d'issue.françois 1er l'abandonne à son sort.transféré à paris,il est condamné par l'inqusition comme"maulvais,scandaleux,schismatique,hérétique,fauteur et deffenseur des hérésies et des erreurs"et laissé au bras séculier.l'excecution aura lieu le 3 aout 1545 sur la place maubert à paris.ayant accepté d'invoquer marie,son supplice est abrégé:il est étrangler avant que s'allume le bucher. ses biographes se sont interrogés sur les convictions profondes de étienne dolet.on l'a dit déiste,panthéiste,on l'a soupçonné d'etre proche des réformés voire meme d'etre trés(trop)rationaliste.ses écrits ne permettent pas de se pronocer avec certitude.il semble certain toutefois qu'il ne croyait pas aux miracles et qu'il contestait les rites catholiques.il serait toutefois abusif de lui attribuer la qualité de libre penseur.il était davantage,semble-t-il un penseur llibre. PENSEUR LIBRE c'est à la fin du XIXe siécle qu'est vraiment redécouverte la personnalité de l'humaniste dolet.elle prend place dans un vaste courant républicain et radical qui voit la municipalité parisienne désireuse d'honorer les victimes de l'intolérance et de celebrer la libre pensée.le projet d'élever une statue à sa mémoire est évoqué en 1884.porté par le conseiller municipal delhomme,sculpteur et franc-maçon,et soutenu par diverses associations de libres penseurs,le projet aboutit cinq ans plus tard.le monument,du à ernest charles guibert,est élevé à l'endroit meme ou fut dressé le bucher,sur la place maubert,non loin de la cathédrale notre dame.il est conforme au cahier de charges"il y a lieu,écrivaient les commanditaires,d'exprimer sur le piédestal(...)au moyen d'une figure de ronde bosse et de bas-reliefs la revanche des idées modernes contre le fanatisme(....)une figure unique traduisant le caractére du héros de la libre pensée peut bien rappeler son souvenir mais ne saurait à elle seule constituer un monument qui soit la commération du martyre.un tel monument doit parler aux yeux de la foule et au sens des ignorants comme au souvenir de ceux plus heureux qui savent l'histoire de leur pays".l'oeuvre qui devait donc avoir un caractére didactique et symbolique,fut inauguée le 19 mai 1889 lors d'une grande manifestation qui réunit plus de 6000 personnes en présence d'un parterre d'élus et de libres penseurs venus de divers horizons. par la suite,la polémique fut vive entre les partisans de dolet et ses détracteurs qui essayérent de le présenter comme un personnage prétentieux et médiocre,comme un latiniste et un érudit raté,un simple éditeur"des oeuvres d'autrui".la place maubert,devenue le lieu de rassemblements et de manifestations,fut à plusieurs reprises l'occasion d'affrontements entre libres penseurs,républicains et socialistes et les mouvements réactionnaires et catholiques.ce fut notamment le cas à l'occasion de l'adoption de la loi de 1905 instaurant la séparation entre les églises et l' Etat en france.devenue un symbole qui dépassait largement la personnalité d'étienne dolet,la statue aujourd'hui n'existe plus.les allemands,sous prétexte de récuperer le métlal pour l'industrie de guerre,oedonnérent au gouvernement de vichy de faire fondre les statues de bronze.toute n'ont pas cependant été détruites(elle de lafayette au puy-en-velay fut deboulonnée par la résistance et cachée dans une ferme sous un tas de fumier!).l'occupant n'avait pas fourni une liste nominative des statues à démanteler.ainsi celle de jeanne d'arc ,de certains roi ne subirent pas ce sort funeste.par contre,mais est-ce un hazard,celles du chevalier de la barre,de diderot,de voltaire,de condorcet,de maria deraismes,cofondatrice du droit humain et de dolet entre autres,disparurent dans les forges.l'humaniste qui avait bravé la censure et s'était montré tres critique vis-à-vis du catholicisme,fut condamné a etre "brulé" une seconde fois. NB:nous connaissons le monument dolet grace à des descriptions et des cartes postales.dolet était représenté en pourpoint,les mains attachées.son visage marqué par la détention était sévére et déterminé.sur la face avant du monument,une femme,la tete crénelée,l'allégorie de paris,levait les chaines brisées qui entravaient jusque là la libre pensée représentée par une femme assise à ses cotés?sur les deux faces latérales,deux bas-reliefs représentaient l'un l'arrestation à lyon de étienne dolet dans son imprimerie,l'autre l'étranglement de dolet sur le bucher.sur une troisiéme face du dé supportant la statue figurait une inscription"ce monument a été érigé à étienne dolet,victime de l'intolérance religieuse et de la royauté-5 mai 1889". logos 59 ,

Symphonie de couteaux en Os majeur par Moleskine pdf

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^O ^ Chaipas vous, Mais terminer un livre, roman s’entend (l’exposé de la vie des castors québécois, dans le genre « essai », ça me saoule assez vite), laisse souvent comme un vide. Là, je viens de refermer cet ouvrage, et me sens « orphelin », envie de plus, envie d’encore, envie de rester dans la vie des personnages. Entre l’entame « boucherie » sur les tranchées du front de 1917, et la poursuite « boucherie », cette fois au sens « propre », d’un émigré allemand, ancien tireur d’élite dans les bourbiers de la Marne, vers le Dakota du Nord, avec dans ses bagages les meilleures saucisses confectionnées par son père, boucher bien sûr, et juste les meilleurs couteaux à dépecer, en acier de Soligen. Ce récit m'a laissé coi, avec, chose peu fréquente, des paupières embuant mes lunettes au détour d'un paragraphe, d'une page... Histoires entremêlées, destins entrecroisés, couteaux locaux et guerres internationales croisées, alcooliques notoires et thanatopractrice avérée, misère obsédante, prégnante autant que cette survie dans ce bled de barges dans ce pays « où tout est possible », surtout le chacun pour soi. Références appuyées à des causes insignifiantes, respect de l'existence des Amérindiens, homosexualité, alcoolisme, individualisme... insignifiantes, disais-je... Pas de « happy end » ; en revanche (clin d’œil à Janus), des chiens en abondance, à quatre et à deux pattes. Mais… bon, j’arrête, lisez-le (y’a quelques pages quand même, pas possible en une nuit) et… vous regarderez peut-être la côtelette de porc dans l’assiette avec un regard différent... Et, peut-être, les relations entre humains, aussi… http://www.youtube.com/watch?v=w-8JmG8XqEY
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