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Masaï (1) par Lechainonmanquant

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Au travers de la fumée grise qui s'échappe par la chaume de la couverture, les rayons mordorés de la lune font briller les mille poussières cendrées en sustentation dans la hutte qui éloignent les insectes porteurs du fléau de l’Afrique. Dans le village tous les bruits d'activités humaines se sont tus, seul le martèlement éparse des sabots du troupeau qui s'est resserré au centre du boma, laisse percevoir l'équilibre de la précarité et des craintes de la savane. Derrière l'enkang, rempart de ronces d'acacia protégeant le village, les hyènes et les chacals viennent trainer et se disputer les quelques détritus délaissés par les enfants le long de l'enclos, ces charognards sont les seuls animaux qui ne réfutent pas à vivre et à roder autour des tribus nomades. Au loin de la rivière mara on entend les derniers glapissements des hippopotames et leurs bâillements annonciateurs de leurs déplacements pour aller se réfugier dans les hautes herbes qui bordent le ruban d'eaux boueuses pour y passer la nuit. Youkoumé s'est allongé sur la natte au fond de la case, son bouclier et sa sagaie sont à ses pieds loin des esprits malfaisants. Il était détendu, la décoction préparée par koutadie l'ancien, aux racines de sempia utilisées pour cailler le mélange de lait et de sang, a été consommée pendant la fête initiatique des jeunes adultes, ajoutée à l'inhnalation de fumées de liane, tous les jeunes prétendants étaient plongés dans un état euphorique. Youkoumé est l'aîné de la deuxième femme du fils de Koutadie, il a demandé officiellement à accéder à la succession de l'ancien contre l'avis de la communauté qui avait désigné le mâle de la première femme comme le voulait la tradition. Youkoumé n’était pas le plus vaillant de tous les jeunes adultes, mais c’était le plus déterminé et obstiné. Il avait été encouragé dans sa démarche par l'ancien qui avait vu en lui une force intérieure et la sagesse de son père, qualités nécessaires pour devenir un chef spirituel. Demain il ira combattre l'animal qui incarne la suprématie clanique, un solitaire pour affirmer sa maturité. L’affrontement avec un lion est un rite qui se perd avec la sédentarisation des tribus masai autour des parcs naturels protégés de l'Afrique de l'est, pour Youkoumé c'était un point de passage obligé pour légitimer ses ambitions. Les hyènes s’approchaient précautionneusement, elles faisaient un demi-cercle derrière la carcasse du zèbre, une à une elles venaient tirailler les restes et les éloigner des fauves en face, les lionnes repues ne défendaient plus vraiment le fruit de leur chasse, elles préféraient économiser leur énergie et s’adonner à une longue sieste de récupération. Seuls les lionceaux continuaient de tailler des lambeaux de chairs tout en en se vautrant dans les viscères ensanglantés de l'animal. Tous savaient que ce cycle universel de la nature était irréversible. Le temps était aussi compté pour les hyènes, déjà dans le ciel les vautours commençaient à tournoyer et attendaient d’être suffisamment nombreux pour commencer leur travail de harcèlement et venir se repaitre de la charogne. Matara avait mené la chasse, cette femelle de quatre ans étaient de la lignée de kéo, elle s'approchait du mâle pour l'aider à nettoyer sa crinière toute maculée du sang du zèbre et lui éviter ainsi qu'elle s'infecte de parasites. Le soleil finissait d'atteindre son zénith, la horde composée de huit lionnes allait rechercher l'ombre d'un acacia et commencer une sieste qui pourrait durer plusieurs jours. L'immense territoire que Kéo s'était approprié était largement respecté de toutes les autres communautés félines. Depuis plusieurs lunes les déplacements de la troupe étaient suivis par deux lions, des jeunes adultes qui s'étaient alliés et se préparaient à défier et combattre Kéo pour lui ravir ses femelles et son espace de chasse. A douze ans le meneur de la horde était un robuste félin qui avait mené peu de combats pour garder sa souveraineté tant son imposante silhouette rehaussée d'une crinière flamboyante avait dissuadée les belligérants. Il régnait sur son clan depuis neuf ans, celui de son père qu'il avait repris très jeune en broyant la nuque du félon qui avait profité des blessures de son géniteur pour s' accaparer facilement de cette tribu. Ses frères et sœurs ainsi que tous les lionceaux avaient été tués par le nouveau meneur de clan pour mettre les femelles en chaleur et procréer sa propre descendance. Il s’était échappé de ce carnage et ne s’était jamais éloigné très loin de sa famille. Il n’attendit pas longtemps pour lancer son premier défi et prendre la tête de son ancien clan. Lcm

Pathologie Contra Cognitive par Ptit Bal Perdu

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- "Hôpital Sainte-Anne, bonjour..." - "Oui, ne quittez pas, je vous passe le service"     - "Oui, les urgences Psychiatriques, Dr Emma à l'appareil. Excusez-moi, vous êtes ? Ah, son mèdecin traitant, d'accord, bonjour cher confrère. Oui, il nous a parlé de vous." - "En effet, il a été admis dimanche soir dans un état préoccupant. Heureusement, il est connu de plusieurs de nos internes, qui de plus déjà traité ce genre de cas." - "Oui, effectivement, il était trés... agité. Non, pas agressif, mais vraiment confus. Il parlait d'une rencontre avec un certain... Wé..., attendez, Wes Montgomery, c'est ça" - " Non, rien de concret, mais il semble vouer à ce personnage une haine indescriptible. Non, non, pas d'inquiétude, ce personnage semble fictif, il le rattache d'ailleurs à Agatha Christie, vus voyez, mais en le situant dans son propre univers contemporain." - "Oui, c'est une variante de schizophrénie atypique. On la connaît sous le nom de "Syndrôme P.C.C." - Pathologie Contra Cognitive." - "Non, rassurez-vous, le rétablissement des patients atteints du Syndrôme P.C.C. est généralement assez prompt. Les sédatifs qui lui ont été administrés lors de son admission l'ont remis en ligne ; il est assez calme depuis, même s'il supplie constamment qu'on aille lui chercher son ordinateur portable, ce que nous nous refusons naturellement à faire." - "Vous savez ce que c'est, Docteur, les patients sédatés risquent de se mettre en danger s'ils communiquent par ce biais avec des proches lors de crises. Notamment parce que les proches en question ne peuvent pas se rendre compte que c'est lui qui s'adresse à eux." - "Oui, naturellement, je vous tiens informé de l'évolution de son état. Vous me laissez vos coordonnées ? Je note. Pardon, vous dites? Docteur André comment ?"   - "Docteur André Bourvil ?" - "Heu... vous allez bien, Docteur ?" http://www.youtube.com/watch?v=ji6H_u-OLlo

Expérience de désintégration d'un noyau d'abricot par Annaconte

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C’était après le repas de midi. Une petite faim de fruit frais. Une petite soif d’été. Même pas besoin de le convoquer, il était déjà là, le bel abricot dans sa coupe de fruits, la vie est un paradis vraiment, il n’y a qu’à tendre la main. Cueilli le matin même à la fraîche, il vibrait à m’attendre. Cela arrive quelque fois. A tout le monde. Je suppose. Cela arrive n’importe où. N’importe quand. Télescopage des choses et des mots ? Fuite du temps ? Cette petite chose ronde, dorée, tachetée de brun, parfumée et sucrée, vertige du plaisir imminent des papilles, à l’énoncer dans sa tête, par pur jeu, comme on chante, fut séparée soudain, sans bruit et sans raison, du mot qui était censé la désigner ! Il y avait désormais d’un côté, dans la main, l’abricot – le fruit -, tranquille, serein, inoffensif. Enfin disons, qu’il y avait UN fruit. Alors que l’ABRICOT - le mot – lui, s’était comme décollé du fruit. Evanoui. De l’autre côté.... Ne me demandez pas trop. A ce sujet, j’aurais du mal à vous répondre. Le mot ABRICOT, d’habitude associé au fruit, s’était comme résorbé en lui-même, autodétruit, carrément anéanti. A le prononcer à voix haute –pour être sûre- plus rien n’en sortait. J’avais beau répéter le mot ABRICOT plusieurs fois de suite pour le faire surgir, le sens faisait défaut. Accident de parcours, retard à l’allumage ou absentéisme flagrant ? Il manquait à l’appel. C’était un squelette de vieux mot. Une espèce de caisson vide. Des lettres alignées. A B R I C O T . Point. Et cette chose que je portais maintenant à la bouche, sans plus vraiment savoir de quoi il s’agissait voilà qu’elle avait perdu toute sa densité. Sans son nom, le fruit laissait filer avec amertume un peu de sa substance originelle. Cependant que paradoxalement, de lui, autre chose émergeait, avec une nouvelle épaisseur, une autre matière inconnue, comme une météorite tombée du ciel directement entre mes doigts.....Glacée, rugueuse et pas encore nommée. ( comme il arrive à la dernière-née des étoiles d’attendre impatiente qu’on la gratifie d’ un prénom). De l’autre côté.... le mot tout seul, répété jusqu’à l’usure, comme une incantation pour faire réapparaître le sens, s’était desséché sur pied. Il n’avait plus de signification. Impossible de le rattacher à quoique ce soit. Aucun lien entre le mot et l’objet. Deux destins distincts... ABRICOT comme un fruit sec soudain. ABRICOT comme une poche retournée, avec rien dedans. Vide. Même plus de noyau. Plus de pulpe. Plus de chair. Une pelure de fruit. ABRICOT inerte, isolé, posé là. Une miette de mot. Un semblant. A force de tordre le mot comme on tord une note de musique, j’en avais sans le vouloir essoré jusqu’ au sens. Il n’en avait plus. La chose et le mot, la chose et son mot, s’étaient comme dissociés. Et moi je demeurais là, déconcertée, j’avais l’impression d’être dissoute moi-même...Désintégrée. Heureusement, ce moment de désintégration ne dure jamais longtemps....Les choses reprennent très vite et naturellement leur place, et leur nom. Tout rentre dans l’ordre. Vous pouvez croquer dans votre bel abricot reconstitué. Le plaisir est toujours au rendez-vous. C’est un soulagement. En perdant le sens du mot, j’avais perdu la chose....Drôle de révélation ! Impression que derrière l’écorce dure, au fond, il n’y a pas grand-chose.... J’habiterais donc une maison de mots, dans un village de mots....le nom des choses, des arbres, des fruits, des gens, le mien.....tout ne serait-il donc qu’une pellicule fine posée sur le réel tragique des choses ? ou pour habiller leur simple vanité ? Ou bien cela se pourrait-il que ce soit l’inverse ? Et comment sous la prose se cache, qui sait, la poésie des choses....

Meurtre sur un divan. par Dellf

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- "Bien..." Monsieur PEUhh tourna aussitôt sa tête vers les tentures du fond de la pièce . *Le rouge cramoisi lui fit penser à.... non il ne préfère pas y penser ! Il ne veut pas se compromettre ! Il perçoit la présence de l'autre près de lui. Elle le dérange. Qu'est ce qu'il fou là, c'est quoi cette galère ? Lui qui pensait rentrer tranquillement chez lui prendre son café au lait de 19h, avec quelques petits beurres. Pourquoi s'est il laisser convaincre de venir ? Il retient son souffle. Pendant ce temps, l'inspecteur Oedi, l'observe. Il le sent . Ah, il peut s'accrocher pour l'entendre lui raconter quoi que cela soit celui là ! Il peut courir. Le levrauder autant qu'il veut, il ne lâchera rien ! Il s'en fait une promesse obscure. Plus jamais il ne laissera qui que cela soit le posséder ainsi, ni exercer de pression pour lui faire avouer d'horribles choses qu'il n'a jamais commises. D'ailleurs cette attente silencieuse de l'autre est vraiment pesante . Autant rester muet comme une énigme. S'il attend qu'il passe aux aveux, il se fourre le doigt dans l’œil . Tiens, d'ailleurs, ça lui rappelle le martinet accroché sur le mur de droite. Il pourrait peut être s'en servir et ainsi retourner la situation, lui coller une sacré rouste. L'autre a vraiment une salle tête. On dirait qu'il n'a pas dormi de la nuit. A force de faire parler les gens comme lui sans doute. Non, il faut qu'il se retienne encore un peu. Oedi rompit le silence. - "La dernière fois vous me disiez :« Dieu a dit : “Je partage en deux, les riches auront de la nourriture, les pauvres de l’appétit.” », c'est de Coluche, non ?" Voilà, ça y est, il se rappelle! Le rouge, le rouge de la jupe de sa mère . Bon dieu, ce type va le rendre cinglé ! Putain, pourquoi il lui dirait que sa mère était la plus belle à ses yeux . Plus belle que sa maîtresse d'école . Une vraie femme. Comme il aurait aimé....Non ! Ne pas y penser. - "Vous ne vouliez pas la partager c'est cela ?" Ce type va me rendre dingue, il se tait et ensuite il me tient carrément une conversation ! Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi labile ! Je vais lui régler son compte à ce type. Il croit qu'il va me la prendre , hein ? Il croit vraiment que je vais la lui laisser. il se trouve plus beau et plus fort que moi, hein ? Je ne vais pas le laisser me bistourner en me racontant que je pourrais trouver quelqu'un de mieux . Si seulement j'avais quelque chose sous la main. Une épée, un révolver,... Ça y est , là, je vois ! PEUhh, pencha la tête à gauche, regarda le davier accroché au dessus de sa tête. Quelle idée de collectionner de vieux outils. Ce type a choisi inconsciemment sa mort . Il sentit les menottes sous ses fesses. Elles pourront toujours servir s'il oppose une trop grande résistance. Il n'a pas l'air si costaud malgré ses airs de tout savoir. Pris d'une soudaine anhélation, le corps tendu, il se leva, brandit la pince dans un mouvement brusque, et ... - "Monsieur Martin,....monsieur Martin ! " " Calmez vous, calmez vous, c'est tout à fait normal ! Vous m'avez pris pour votre père." - C'est juste que.... - Ah ah , c'est le complexe d’œdipe. OediPEUhhh ! Même à un bon flic comme vous, cela a échappé !

Salope infâme ! par Jules Félix

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Grosses moustaches, chevelure impressionnante et respectable, sourcils généreux, regard au fond de l’œil, stylo affûté comme le scalpel, persifleur comme on respire, bête et méchant quand il le faut, Cavanna est un monument de l’humour vache. Hier (le 26 juin 2012) dans mon autoradio, je ne me rappelle plus la station, France Info peut-être, j’ai écouté François Cavanna. Il était interviewé tranquillement et il préférait se faire appeler "Cavanna" tout court, comme Gotlib, Cabu, Reiser ou encore Wolinski. Les trois derniers, d’ailleurs, c’est lui qui les a fait découvrir par le grand public. Tout le monde connaît un peu Cavanna. Après des débuts comme dessinateur, il est surtout un écrivain et journaliste. Au début des années 1960, il a cofondé, avec le professeur Choron, le magazine satirique "Hara-Kiri". Il s’est même désolé d’avoir été hospitalisé en plein mai 1968, l’empêchant de participer à l’aventure. En novembre 1970, "Hara-Kiri" fut interdit en raison de sa une très cynique pour annoncer la mort de De Gaulle (le 9 novembre) : « Bal tragique à Colombey : un mort », d’un goût douteux puisqu’il reprenait un fait divers horrible très récent (le 1er novembre), celui de l’incendie d’une boîte de nuit de Saint-Laurent-du-Pont qui avait tué cent quarante-six jeunes gens (asphyxiés ou brûlés vif). Le titre a continué alors sous le nom de "Charlie Hebdo" jusqu’à sa disparition en 1982 et Philippe Val a repris le nom pour un journal qu’il a créé en 1992. Le 30 janvier 1993, Cavanna fut d’ailleurs reconnu comme le seul auteur des expressions "Charlie Hebdo" et "Hara-Kiri" (troisième chambre du tribunal de grande instance de Paris). Cavanna a écrit pas mal de bouquins et s’est pas mal engagé contre certaines causes comme la réforme de l’orthographe, la souffrance des animaux, etc. et il s’est érigé un peu comme un symbole du temps qui ne passe pas. Pierre Desproges, qui adorait Cavanna, l’a comparé à un Rabelais des temps modernes et lui a même fait une déclaration d’amour : « Seule la virulence de mon hétérosexualité m’a empêché à ce jour de demander Cavanna en mariage ». Dans l’interview radiophonique que j’ai entendue, Cavanna expliquait que le professeur Choron avait été officiellement le patron et bien qu’il n’eût pas hésité à fustiger les patrons voyous, lui-même en était un puisqu’il avait fabriqué de fausses fiches de paie et n’avait pas du tout payé les cotisations retraite, si bien que Cavanna, indépendamment de son envie de ne pas arrêter, ne pourrait jamais réclamer de droits à la retraite pendant toutes ses années Hara-Kiri et Charlie Hebdo. Retraite ? Mais au fait, cela lui fait quel âge ? Quatre-vingt-neuf ans ! Il va avoir quatre-vingt-dix ans le 22 février 2013 ! Et il n’a pas encore arrêté de travailler. Il écrit toujours une chronique hebdomadaire mais il est désormais très malade. Il en parle de manière assez assumée, ce qui n’est pas évident. Un jour qu’il voulut écrire, sa main ne lui répondit plus. Il est allé voir le médecin qui lui a tout de suite donné le nom de son mal : Parkinson. Il l’appelle sa « salope infâme » et en parle dans son livre "Lune de miel" (éd. Gallimard, 2010). Et il a constaté que les gens associaient fréquemment Alzheimer et Parkinson, avec cette boutade pas forcément rassurante : Bah, tant que t’as pas Alzheimer !…

Tu veux mais tu peux pas ! par Capucine7434

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Cinq ans que je l'invitais à venir passer une semaine à la maison... Elle serait dans le sud du 10 au 17 juin, avec des amis, à quinze kilomètres de là, c'était donc l'occasion rêvée, dans la foulée de mettre enfin ce vieux projet à exécution. Au départ, elle pensait qu'elle rejoindrait son chez elle par le train, mais je sentais bien qu'elle appréhendait son retour, surtout qu'elle ne voyage pas particulièrement léger... Je lui ai enlevé une épine du pied quand j'ai annoncé que je la ramènerais en remontant voir mes jeunes dans ma haute-Savoie natale. De notre côté, Julio et moi, avions prévu une sortie d'une journée à Albi, avec l'âge d'or, (notre club d'anciens jeunes) pour le dimanche 24 juin et, tentée qu'elle était de faire cette sortie avec nous, et pour ne pas la laisser seule, nous l'avons inscrite, surtout que le programme était sympa... Tout était donc prévu et organisé, ça cadrait tip-top... Je l'ai donc récupérée chez ses amis le dimanche 17 au matin, pour huit jours de vacances... Enfin, façon de parler, pour nous les vacances c'est permanent. Cinq mois que nous ne nous étions pas vues... Heureuses de nous retrouver... Mais quand même, je me suis trouvée en face d'une petite vieille qui en avait pris un coup dans l'aile... Elle s'était confortablement arrondie et marchait en se dandinant... La fatigue sans doute de cette semaine un peu trop festive avec cette bande de copains, toujours par monts et par vaux, à tester les meilleurs restos du coin... Enfin, avec un peu de repos et une bonne nuit là-dessus, j'espérais retrouver ma sœurette comme au bon temps ou nos retrouvailles étaient une fête... Macache ! les nuits, les siestes, le transat et mes soins attentifs n'ont rien amélioré, à tel point que je lui ai posé la question pour la sortie prévue à Albi... arguant que nous étions un groupe, avec un programme précis, et qu'il était encore tant d'annuler si elle ne se sentait pas capable d'aller du centre ville au débarcadère pour une croisière sur le Tarn et revenir jusqu'au restaurant des halles, et l'après-midi, de faire la visite guidée d'Albi, la visite de la cathédrale, et retour au parking des autocars. Si, si, m'a-t-elle dit, on y va, on verra bien... et puis tu me dis que c'est des vieux... - oui, mais des vieux en pleine forme... ai-je rétorqué. Le dimanche matin, à six heures elle était debout, il ne lui a pas fallut longtemps pour se préparer, et si Julio est parti à pied jusqu'à l'arrêt du bus, je l'ai emmener en voiture pour ne pas la fatiguer, et puis la voiture serait là pour le retour, le soir... Deux heures et demie d'autocar c'est long, mais de ce côté là tout c'est bien passé, il n'y a qu'a se laisser promener à travers l'arrière pays, puis le Larzac et le pays de cocagne... A l'arrivée à Albi, nous étions attendu à l'embarcadère au bord du Tarn pour une mini croisière, mais pour y accéder, nous avons emprunté plusieurs volées d'escaliers dans le sens de la descente, et là, la progression a été ralentie par le rythme du marche par marche . J'ai entendu quelques réflexions du genre quand on est handicapée, on reste chez soi... et ma sœur de rétorquer "j'suis pas handicapée, j'peux pas descendre vite, ça me fait tourner la tête"...et là je me suis autorisée à répondre poliment mais fermement, (d'autant que deux autres personnes étaient dans le même cas),en invitant ces généreuses personnes à passer devant... La mini croisière en gabarre, extra... un peu d'histoire de la ville et de la région narrée par un guide qui connait son Albi et son Tarn (fleuve et département) sur le bout du doigt... "La puissance des évêques et de l'église, les guerres de religion, la croisade contre les albigeois, après le massacre des templiers et des Cathares... Et Henri de Toulouse-Lautrec... un vrai régal... Après une heure de navigation sur le fleuve, nous avons pris un chemin en pente douce pour remonter vers le restaurant... et là, ma pauvre frangine exténuée, a sué eau et sang à la traine pour enfin aller poser ses fesses sur une chaise devant un délicieux repas de produits régionaux.. Là, quand elle a pu reprendre son souffle, sur un ton de reproche elle m'a dit : "Vous ne m'aviez pas dit que ce serait aussi dur... cet après-midi je ne ferais pas la visite de la vieille ville, ni de la cathédrale". - Si, souviens toi, je t'avais prévenue, nous aurions pu annuler... c'était dur pour toi, qui a des difficultés pour te déplacer, mais pas pour nous... Parce qu'elle était mon invitée, et pour ne pas la laisser seule, l'après-midi je suis restée avec elle pendant la visite de la ville, nous aurions pu après cette heure de repos, visiter la cathédrale, mais là encore elle a refusé... Elle n'a qu'un an de plus que moi, elle trouve plein de mauvaises raisons et d'excuses pour ne plus rien faire, mais ne veut renoncer à rien... je crois qu'elle a vraiment basculé dans la vieillesse... Entre vouloir et pouvoir faire, il y a un gouffre... Et le lendemain matin, nous prenions la route pour la Haute-Savoie, puis après un petit repas express chez moi, je l'ai ramenée chez elle.... Elle était ravie de son séjour et m'a chaudement remerciée... Ah ! les vacances avec elles ne sont plus ce qu'elles étaient... Capucine7434 27 juin 2012

"L'horreur est humaine" par Street

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KT Tunstall chante Black horse and the cherry tree : les HOU HOU vibrent dans l'air et les pigeons et tourterelles plus inspirés que jamais reprennent en choeur pendant que les martinets zèbrent le ciel. Je sirote mon whisky affalé sur le transat à ma place préférée. Je ne l'ai pas entendue venir, j'aurais du pourtant. Elle m'a fracassé le crâne avec un objet, je ne sais pas lequel, un bruit sourd, une douleur, pas eu le temps de comprendre ce qui m'arrivait. Maintenant, je la regarde, l'impression de flotter dans l'air, labile, c'est donc vrai ces conneries...j'en reviens pas. C'est ça qui m'étonne le plus pour l'instant, cet état désincarné, plus que ce qu'elle vient de m'asséner derrière les oreilles Je domine la scène, je vois celle qui fut ma maîtresse semblant soudain désamparée à côté de mon corps ensanglanté, affalé sur le sol, prostré. Les HOU HOU sont couverts par son ahnélation qui me parvient amplifiée. Voilà une femme que j'ai aimée, et ce qu'elle vient de me faire subir m'apparaît comme une énigme. Elle bredouille « salop !». Je la vois qui trifouille dans son sac, en sort une pince, "un davier" dira plus tard l'inspecteur qui ramassera cette pièce à conviction avec toutes les précautions d'usage. Elle s'acharne sur mon corps, je ne sens plus rien heureusement. Quant au médecin, il utilisera le terme de « bistourner », j'en aurai appris jusque dans l'antichambre de la mort, quelle ironie ! Qu'aurait-elle voulu posséder de plus que ce que je lui ai donné ? La première fois que je l'ai rencontrée, elle m'avait fait rire en citant Coluche : « Dieu a dit : “Je partage en deux, les riches auront de la nourriture, les pauvres de l’appétit.” » C'ést plutôt rare une femme avec de l'humour. Je l'avais tout de suite engagée. Qu'est ce qui lui a pris ? Je n'étais pourtant pas du genre à levrauder la gente féminine, mais qu'est ce qui lui est passé par la tête à cette folle ? C'est ce que lui demandera également l'inspecteur en lui mettant les menottes. Elle lui répondra avec un petit sourire : « On croit que les rêves, c’est fait pour se réaliser. C'est ça, le problème des rêves : c’est que c’est fait pour être rêvé. »

la plus belle femme du monde par Pivert

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Elle a des seins d'un autre monde. Et son cul d'abondance est le style parfait. Elle s'appelle Isabelle ou Annabelle. Elle fait les œufs aux plats comme personne. Elle excelle au judo, dit de très gros mots sur le tatami de la vie. Annabelle elle est belle, belle à en crever de rire, à devenir chat d'eau douce ou bien chien abandonné au mois d'août en Espagne dixit Johnny Kidd. Isabelle est la reine des pommes, des poires, des fraises, des figues sans oublier les fruits défendus et la banane de Côte d'Ivoire s'il vous plait. Cheveux attachés, le calme règne sur son visage. Libérés, le désordre en fait son lit. Mon dieu quelle beauté ! Du temps des pointes courtes, elle avait la douceur d'une vague océane. Son petit nez troussé donnant le ton des réjouissances de la journée, de la nuit aussi. Aujourd'hui, ce sont ses lèvres qui gouvernent l'empire. Toujours entrouvertes, abandonnées pour un baiser sans cesse articulé. Front serein, menton léger, autant de traits délicats que même monsieur Rembrandt n'a jamais dessiné, hélas pour lui. Cela chante tous les matins la chanson de l'espoir, la certitude certaine d'une joie prochaine, des beaux lendemains. Cerise sur le gâteau, sa voix un peu voilée, profonde, venant du fond des âges telle la bise dans la grotte de l'Escaut. Zéphir rossignol, mouette enchantée, pic vert des îles aux trésors, des faces B de l'enfance, de tous les piafs de quartier. Parce que sous les pavés la plage. Et justement, ses yeux verts attrapent la lumière, parfument les hivers d'une jouissance infinie. Musique de la nique ou pierre philosophale. Le truc impossible à décrire et qu'on cherche parfois toute une vie durant. Mais ne chercher plus camarades. Isabelle, Annabelle, Bénédicte, Sarah, Djamila... Elle est là, dans la tête. Et ça, promis, c'est plus fort que toi !

Mots croisés par Rolando68

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Quand le téléphone a sonné j'étais allongé sur mon canapé, j'étais en train de faire des mots croisés. J'avais justement un problème avec une définition horizontale: "Parfois choisie souvent subie". J'avais tout essayé mais rien ne rentrait dans la grille. A la cinquième sonnerie j'ai décroché. -oui allo? - .... rien... personne! J'ai insisté - Oui allo j'écoute... - ... Rien que du silence à perte d'ouïe! J'allais raccroché lorsque j'ai entendu quelque chose, un bruit, une sorte de respiration! - Oui je vous écoute ai-je répété. Pas de réponse, mais à cet instant précis j'ai entendu très distinctement une sorte de sanglot. Oui! maintenant j'en étais sûr quelqu'un pleurait au bout du fil!!! j'étais persuadé que c'était une femme pour sangloter de cette façon. J'ai aussitôt pensé à une fille que j'aurais peut-être salement largué ou à une cinglée comme il en traîne des paquets dans les rue de la ville... Pourtant un prénom me venait à l'esprit. Je n'osais pas le prononcer. - Qui êtes vous? ai-je demandé, mais il était déjà trop tard, la personne avait raccroché et le signal occupé résonnait dans mon oreille comme une balise de détresse. J'ai reposé le combiné et je me suis levé. Tout mon linge était en train de sécher sur un fil tendu en travers de la pièce. j'ai touché mes jean's qui pendaient au-dessus de ma tête. Il étaient presque secs. Je me suis planté devant ma fenêtre. Derrière celle d'en face un petit vieux regardait la télé. Il a tourné la tête vers moi. Je lui est fait un signe de la main mais il ne m'a pas répondu. J'ai repris mes mots croisés. J'ai tout de suite trouvé le mot qui rentrait bien dans la grille: "Solitude".

Résultat du concours de juin 2012 par Pointscommuns

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Cher tous, Le moment des résultats du concours du mois de juin 2012 est arrivé et nous allons enfin vous dévoiler la liste des heureux gagnants qui nous le rappelons vont gagner un mois d'abonnement d'une valeur de 39 euros. - abicyclette - agnes51 - voltuan - Nonchalante - RasparCapac - Varoumnirnirnir - elena21 - olga2048 - Anais9 - jirofar Merci à tous pour votre participation et vos commentaires !

Ton ombre par Cyn0484

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Ta filoute caméléonne t’a une fois encore échappé ! Je te soupçonne de la laisser s’arracher à toi un peu trop souvent, comme un masque poisseux dont tu ne sais plus que faire, un épiderme encombrant qui te brûle et te devient insupportable. Ainsi elle se retrouve là, seule et coulante, enivrée de sa soudaine liberté de cent formes. Elle s’essaye à de nouvelles poses, accroche quelques talons traînant ici et là, s’invente une silhouette sitôt évaporée ; le costume est bien mal ajusté. Je l’ai vue pâlir, mordre à dents acérées, se recroqueviller en pelote noire. Je t’ai vu t’en détourner sans façon, la dédaigner d’un bout de pied cambré, t’étirer crânement les dorsales. Jusqu’à ce que tu y perdes ton propre reflet. Jusqu’à ce que tu l’attrape par le collet et la remette à sa place. Au bout des sombres dédales, ton ombre enfin t’acquittait.

ah les filles par Magic one

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Les prénoms C est Gertrude qui me plait Et puis aussi Eugenie Tout ça C’etait quand jetais petit Et depuis j’ai grandi…. J’en ai connu des nouveaux Mais jamais aucun de plus beau Que la jolie félicie Et les autres aussi (sic)… Tu me diras C est comme les pots de confitures Y en a des bonnes Qui assurent le gout de miel Sans piqure Du sucre Jusqu'à démesure Mais toi t’aimes Jessica et tous ces Prénoms anglais Moi c’est le français Qui me plait Elles et moi Je ne fais qu’y penser J’ai inventé des histoires Et j’ai fini pas y croire Je tenais bon en silence je connaissais la distance entre le temps et la romance et puis un jour Gertrude est arrivée ☼

Une affaire de sensibilité par Kadjagoogoo

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Le poulet du dimanche est-il de gauche ? Et la crème chantilly ? Et le foot ? Et qu'est-ce que ça veut dire "être de droite" ou "de gauche" ? Un grand-père interloqué (Jean Rochefort) et son petit-fils curieux (Batiste Rebotier) dialoguent à propos de ce qui peut définir cette fameuse "sensibilité de gauche". Car Léonard a dix ans et se pose un tas de questions : il voudrait comprendre ce que veut dire "être de gauche", savoir si "de droite" ça existe et ce qui distingue les deux ; et, dans l'absolu, si on a une plus belle vie quand on est "de gauche". Le grand-père, déconcerté par la curiosité légitime de Léonard, doit parfois avoir recours aux exemples les plus improbables pour illustrer son propos, et c'est ainsi que, notamment, il explique à l'enfant qui le pousse dans ses retranchements que une équipe de foot qui ne joue pas que pour la gagne mais pour l'amour du "beau jeu", eh bien elle est nécessairement de gauche. CQFD ! Une conversation tendre et loufoque rythmée par les chansons sensibles de Vincent Delerm. Un petit bonheur de discussion tendre et malicieuse à déguster entre parents et enfants, dès 8 ans. Un album enthousiasmant et particulièrement d'actualité depuis le 6 mai dernier, à déguster ici : http://www.deezer.com/music/vincent-delerm/leonard-a-une-sensibilite-de-gauche-1310820

ce soir par Elena21

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Ce soir j’aime ce mot inaudible l’oiseau blanc brin d’aile j’aime le boire silencieusement du bout de tes lèvres j’aime l’espace où ma peau apaisée trouve à ta peau douce et ferme le signe d’un accord advenu nos mains et ton visage nu ou enfoui disent le plaisir et la douceur de ton retour j’aime nos conversations pour ce qu’elles sont déjà et pour ce qu’elles seront j’aime quand tes yeux murmurent l’adéquation je la sais totale j’aime tes mots dans ma bouche et le livre que tu écris de ton graphe tumultueux paraphe me prenant dans l’enchevêtrement de mes errances à venir

Tout repeindre en bleu... à Cat par Sentiers 79

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Hier soir, j’ai repeint tout en bleu... Hier soir j’ai eu envie d’repeindre le monde en bleu Un bleu d’azur pour que tous les gens soient heureux J’aurais pu bien sûr choisir aussi d'autres couleurs Mais j’ai pensé que le bleu était celle du bonheur Dès le matin, en écoutant Johny chanter « bleu c’est bleu », j’étais déjà frais et dispo. Je prenais mon café bleu, tout en lisant mon dernier roman de la « Série Bleu » Une série où l’humour bleu n’est pas en reste. Je n’avais pas fini de déjeuner, que mon beau-frère qui est pied-bleu passa me voir pour me parler d’une émission qu’il avait vu la veille à la télé, concernant le travail noir. Je lui répondis que le travail noir n’existait plus et que plus personne ne pouvait maintenant s’opposer au travail bleu. Surpris, il me regarda d’un œil bleu et ne tarda pas, car il fallait qu’il passe à la librairie pour acheter « Le Rouge et le Bleu » J’étais dans la salle de bain à éliminer mes points bleus lorsque le téléphone sonna. C’était un ami bleu américain qui rentrait d’Afrique bleu. Un ami très cher, que je connaissais depuis l’école primaire. Nous allions à l’école de la rue Richard le Bleu. Le pauvre, nous étions encore à l’époque où la discrimination raciale sévissait. De par sa couleur de peau bleue, mon ami fut souvent la bête bleue de la classe. Heureux de le revoir, je l’invitais au restaurant. Il choisit un boudin bleu, tandis que je faisais le choix d’une galette de blé bleu. Nous parlâmes de tout et de rien. De la dernière marée bleue, de la boîte bleue retrouvée sur l’avion qui venait de s’abîmer en mer bleu, et aussi de ses trente-trois gueules bleus enterrées dans une mine au Chili. Il y avait de quoi broyer du bleu sur toute cette série bleue. Nous prîmes congé l’un de l’autre autour d’un petit bleu bien serré, servi avec un chocolat bleu, en écoutant « l’aigle bleu » cet inoubliable succès de Barbara. Nous étions pressés, lui filait pour voir un film bleu et je partais sur Bleumoutier…

Mes femmes sont des gens simples par Jules Félix

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C’est ce qu’il disait, Degas, de ses tableaux de nus : « Mes femmes sont des gens simples (…). Je les montre sans coquetterie, à l’état de bêtes qui se nettoient ». Il ne reste plus que deux jours... De bon matin, j’ai trouvé une place rue Saint-Dominique, pas très loin, j’ai marché rue Solferino et découvert le siège du parti socialiste, d’où traînaient encore des affiches électorales sur le changement, ce serait maintenant à ce qu’il paraîtrait, juste en face de la Fondation De Gaulle, puis je suis arrivé sur le parvis du Musée d’Orsay. Déjà beaucoup de monde à la queue, ce dimanche 24 juin 2012, mais je n’ai pas renoncé au petit chocolat chaud au "Royal Orsay". J’ai réussi à entrer au musée un peu après onze heures et sans trop attendre grâce à une méthode personnelle. Fouilles inutiles à l’entrée (j’ai bipé dans le portique à cause de ma ceinture mais on m’a quand même laissé passer, j’aurais donc pu faire entrer une arme dans mon slip). Évidemment, comme chaque fois que je vais à ce musée depuis une bonne décennie, j’ai renoncé à la collection permanente et j’ai foncé sur l’urgence du jour, à savoir : "Degas et le nu". Inutile de dire que dans ce titre, il y a un double générateur de buzz : Degas est un peintre très connu et très populaire, et le mot "nu" est évidemment suffisamment évocateur pour se sentir concerné. Voyeurisme, exhibitionnisme, la libidinerie avait bon dos dans la seconde moitié du XIXe siècle pour couvrir du voile pudique de l’art ce qui, finalement, pourrait se ranger au rayon de revues cochonnes et des films X. Beaucoup de monde était là, et la foule n’a cessé de croître au fur et à mesure que je déambulais dans les salles. Cette exposition temporaire est très complète, beaucoup de toiles ou de gravures ont été présentées, on en a pour son argent (surtout moi, hihi). Il était d’ailleurs assez amusant de voir toute cette foule scruter ces nus, parfois obscènes. Parmi les visiteurs, il y avait des personnes parfois âgées qui se tenaient avec une allure bien puritaine, et qui opinaient du chef en observant la série de prostituées très vulgaires qu’Edgar Degas avaient peintes ou dessinées dans leur gestuelle quotidienne. D’ailleurs, il n’y a pas que des Degas exposés mais aussi d’autres grands peintres de la même époque (ou pas). En ce qui me concernait, je me suis rincé les yeux pendant une heure vingt, essayant de faire un passage à mes regards entre des dos et des coudes. Sélection purement subjective, j’ai en particulier apprécié les œuvres suivantes… (quand je n’ai pas indiqué l’auteur, c’est que c’est de Degas). 1. "Petites filles spartiates provocant des garçons" réalisé vers 1860, d’abord sous forme d’esquisse ("étude") que j’ai trouvée meilleure que la toile finale malgré une connotation sans doute trop "grecque". On voit un petit groupe de jeunes adolescentes vêtues seulement d’un pagne qui aguichent une petit groupe de garçons complètement nus dans des positions suggestives. 2. "Femme nue de dos montant dans un char, étude pour Sémiramis construisant Babylone" vers 1860, étude pour le même tableau aussi : "Femme nue accroupie". Au début, Degas a cherché à peintre des scènes historiques, mais très rapidement, il s’est aperçu que cela n’apporterait rien. Comme les autres peintres de son époque, et ceux d’un peu plus tard, il leur a fallu innover un peu, en finir avec le trop classique. Il a même imité certaines œuvres classiques. 3. Comme "La mort de Sardanapale" par Delacroix. 4. Objet de nombreuses études afin d’aboutir (certaines esquisses ont même été abandonnées pour le tableau final) : "Scène de guerre au Moyen-Âge", en 1863-1865. Ce sont des femmes nues tuées par des archers, et apparemment, l’un des archers est une femme, et semble androgyne. Degas avait pour inspirateurs Delacroix, Ingres, Botticelli, Puvis de Chavannes, et Goya. 5. Sans doute le tableau que j’ai le plus aimé de cette expo, et que je ne connaissais pas : "Petites paysannes se baignant à la mer le soir", en 1869-1875. Ce qui est rigolo, c’est que les gens qui étaient à côté de moi, sans doute influencés par les commentaires officiels, considéraient le tableau inachevé et se détournaient de regard, alors qu’au contraire, je l’ai trouvé juste comme il le fallait : trois femmes énergiques dansent nues dans la mer mouvementée par les flots au premier plan, avec une grande vitalité, une force presque violente, celle de la danse, celle des vagues, et à l’arrière-plan, au fond, il y a du calme et de la sérénité, le soleil qui se couche discrètement et paisiblement sur le paysage. Ce tableau a une dynamique du mouvement extraordinaire. Sans doute est-ce le tournant dans la peinture de Degas : il a rangé les compositions trop académiques et a commencé à se "lâcher". 6. Autre tableau très énigmatique : "Intérieur, dit aussi le viol", en 1868-1869. Dans une chambre, on voit une femme assise, éclairée et derrière elle, debout, collé le dos au mur, dans la pénombre, un homme (barbu), plus vieux, l’air presque sévère. Les ombres donnent une idée de cauchemar. 7. "Les Baigneuses" vers 1879. 8. "Femme nue accroupie de dos", en 1876-1877. 9. Donnant une idée d’autres inspirations de Degas, cette estampes japonaise appartenant je crois à un ami de Degas, qui est beaucoup moins "prude" et bien avant : "Intérieur d’un bain public" peint en 1787 par Torii Kiyonaga (1752-1815) qui montre des aspects anatomiques très détaillés des femmes. 10. Il y a aussi : "Seule, esquisse pour l’album Elles" de Toulouse-Lautrec, en 1896. Degas a peint beaucoup de tableaux représentant des prostituées qui se lavent, qui se couchent, qui se lèvent, qui lisent en attendant le client, et qui sont très loin des déesses, en insistant sur leurs bourrelets, fruits de l’inactivité… et certaines œuvres trop obscènes n’ont jamais été montrées publiquement de son vivant. Des tableaux comme ces deux représentations : 11. "Femme nue s’essuyant les pieds" en 1879-1883. 12. "Femme nue se coiffant" (même époque). Toutes les deux se montrent naturelles, mystérieuses, avec une lumière particulière sur le corps qui les rend envoûtantes. 13. Autre tableau éclatant, l’équivalent masculin de Degas : "Homme au bain" par Caillebotte en 1884. C’est très rare de voir une représentation d’un homme nu se lavant. On le voit de dos, les fesses bien en évidence (au centre du tableau), les mollets sportifs, avec des traces des pieds sur le sol (du parquet). La scène paraît ordinaire, et en même temps mise en spectacle. 14. Autre peintre encore : "Rolla" d’Henri Gervex en 1878, très beau tableau inspiré d’Alfred de Musset, une femme nue étendue sur le lit, les jambes abandonnées, pendant que le client ou l’amant respire à la fenêtre et l’admire (œuvre interdite comme "Olympia" de Manet car scandaleusement immorale). Un récent com’ sur pcc en a d’ailleurs parlé, ici : http://www.pointscommuns.com/degas-commentaire-lecture-102518.html 15. "Femme nue s’essuyant ", en 1884, "Femme au tub", en 1892… Quelques traits noirs, le visage et le corps sont en mouvement. Il y a aussi beaucoup de statues de bronze (surtout) et en bois de Degas représentant des femmes nues, les mêmes que ses tableaux. Parfois, des études de bronze pour parachever une œuvre importante (comme "La Petite danseuse de quatorze ans" que l’on voit ici nue en attendant la version finale en 1879-1881). 16. Un Renoir à ne pas rater : "Femme nue dans un paysage" de Renoir, en 1883. 17. "Femme à sa toilette s’essuyant le pied gauche" en 1885-1886 (j’adore les titres bidon d’œuvres pas du tout bidon). Là, on trouve un parallèle avec Bonnard, à la différence près que Degas peignait des prostituées alors que Bonnard magnifiait sa femme. Bonnard : http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=41859 18. "Le Tub" par Manet, en 1878. 19. Un tableau que j’aime beaucoup et qui change de la corpulence préférée de l’époque : "Rousse, la toilette", par Toulouse-Lautrec, en 1889 (une femme assise qui n’est pas déshabillée). 20. "Baigneuse allongée sur le sol", en 1886, et son jumeau :"Après le bain, femme nue couchée" en 1895, même composition que le précédent tableau, en pastel. 21. "Le Tub" en 1886, qui montre une femme nue accroupie vue plongeante avec une étagère en premier plan, comme si le spectateur y était. 22. Un bronze de Degas très audacieux, une femme nue se trémoussant dans son tub, non, en fait, allongée sur le dos en croisant une jambe avec un élan de mouvement indéniable : "Le Tub" en 1886-1889, fonte faite en 1921-1931. 23. "Femme nue s’essuyant la nuque" en 1884 (affiche de l’expo), avec de très belles couleurs pastel. C’est cela aussi l’ambivalence de Degas, capable de faire du noir et blanc aussi bien que des toiles avec des couleurs très vives. 24. "Femme se coiffant" en 1887-1898. La composition est très étudiée, tant pour les trait que pour les couleurs. 25. "Le petit-déjeuner à la sortie du bain", en 1895-1898, où il y a trois tableaux avec la même composition. 26. Dans cette expo, on peut aussi admirer le plâtre "Danaïde" de Rodin, en 1889-1890. 27. Bronze très appréciable : "Petite fille pleurant" d’Albert Bartholomé, en 1894. 28. "Hina Tefatou, la lune et la terre" de Gauguin, en 1893. 29. "L’indolente dit aussi Femme assoupie sur un lit" de Bonnard, en 1899. 30. Un très beau tableau de Degas : "Après le bain" en 1896 qui montre la femme nue de dos, la colonne vertébrale jusqu’au commencement des fesses forme une sorte de fleuve voluptueux. 31. "Après le bain, femme s’essuyant" en 1896 d’après la photo d’une femme nue qui est aussi exposée. Ce tableau a une force éclatante avec les couleurs orangées. 32. "Carmelina" de Matisse, en 1903, tableau encore très académique représentant une femme assise sur une chaise. Matisse : http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=103469 33. "Nu sur fond rouge" …de Picasso, en 1906, qui a un petit air de la Joconde et c’est intéressant de voir le nombre de peintres mis à contribution pour cette expo (il manque quand même Gala de Dali, mais il est arrivé trop tard). 34. "Copie d’après Minerve chassant les vices du jardin de la vertu d’Adrea Mantegna", en 1897, montrant une série de corps nus. 35. Enfin, "Deux baigneuses sur l’herbe" en 1895. Degas n’a placé aucun second plan et cette toile très forte en couleurs, du rose sur du vert, pourrait être le détail d’une plus vaste composition, l’imaginaire peut jouer à plein. Je viens de sélectionner trente-cinq œuvres, c’est encore beaucoup mais juste un très court aperçu de cette très riche exposition. Ce n’est pas que le nu ou les femmes qui sont intéressants dans cette rétrospective mais somme toute, toute cette communauté d’artistes qui se connaissaient, qui s’appréciaient et qui, collectivement, ont amené l’art à un stade nouveau, loin de tout académisme et de toute obséquiosité. « L’art, c’est le même mot qu’artifice, c’est-à-dire une chose trompeuse. Il doit arriver à donner l’impression de la nature avec des moyens faux ; mais il faut que cela paraisse vrai. » Edgar Degas (1834-1917) Cette exposition n’a pas encore fermé ses portes, il reste encore ce week-end. Cela s’arrêtera le dimanche 1er juillet 2012, à dix-huit heures. Et c’est au Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion-d’Honneur, Paris 7e. Ouvert de 9h30 à 18h00. LIENS… 1. http://www.litterales.com/peinture/1/95.jpg Esquisses : http://raf.dessins.free.fr/2bgal/img/dessins%20peintures%20pastels%20degas/dessin%20peinture%20degas%2010027%20jeunes%20filles%20spartiates%20provoquant%20des%20jeunes%20gens%20a%20la%20lutte.jpg http://static.skynetblogs.be/media/39530/dyn006_original_330_507_pjpeg_58519_93aae04b0afc0c4b13036b4fa9435745.jpg 2. http://www.musee-orsay.fr/typo3conf/ext/dam_zoom/tmp_img/tmp_54555b04a2ab0dce1ed126892f12cafe.gif Esquisses : http://www.muzeocollection.com/data/modules/oeuvre/d7/14/d714a7dd9ed8b47c-moyen2-femme-nue-vue-dos-degas-edgar.jpg http://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/HT67MF/94-054776.jpg 3. http://art.mygalerie.com/lesmaitres/delacroix/sardanapale_large.jpg 4. http://payload44.cargocollective.com/1/3/108969/3197033/Degas-Scene-de-guerre-au-moyen-age.jpg Esquisses : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c0/Degas-Femme-nue-%C3%A9tendue.jpg http://www.cadependdesjours.com/wp-content/uploads/2012/03/degas-nu-dessin1-350.jpg http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0154/m503501_d0123582-000_p.jpg http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0155/m503501_d0026139-000_v.jpg http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0155/m503501_d0034707-000_v.jpg http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0155/m503501_d0026152-000_v.jpg http://www.muzeocollection.com/data/modules/oeuvre/a7/61/a76175e3f099fbe9-moyen2-femme-nue-allongee-sur-dos-etude-pour-scene-guerre-degas-edgar.jpg 5. http://www.repro-tableaux.com/kunst/edgar_degas_641/jkl66634.jpg 6. http://www.photosmarval.org/images/peintres_gr/impressionnisme/edgar-degas-02.jpg 7. http://www.art-prints-on-demand.com/kunst/edgar_degas_641/lesbaigneuses.jpg 8. http://www.affiches-et-posters.com/images/products/xl_NI-110.002215.00-peinture-edgar-degas-femme-nue-accroupie-de-dos.jpg 9. http://img843.imageshack.us/img843/9615/degas3kiyonaga.jpg 10. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b3/Alone.jpg 11. http://img98.imageshack.us/img98/9636/degas1femmenuesessuyant.jpg 12. http://www.cadependdesjours.com/wp-content/uploads/2012/03/Femme-nue-se-coiffant1-357x400.jpg 13. http://www.spectacles-selection.com/archives/expositions/fiche_expo_D/degas-nu/28-Caillebotte-homme-au-bain.jpg 14. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/93/Rolla.jpg 15.1. http://www.galerie-creation.com/edgar-degas-femme-nue-s-essuyant-apres-le-bain-n-1512952-0.jpg 15.2. http://www.eternels-eclairs.fr/images/peinture/tableaux/edgar-degas/edgar-degas-femme-au-tub.jpg http://la-lanterne.eu/wp-content/uploads/2012/03/degas-02.jpg http://www.impressionism-art.org/data/media/134/degas-edgar-36.jpg 15.5. "La petite danseuse" de Degas : http://img820.imageshack.us/img820/7716/degas2lapetitedanseuse.jpg http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/41/Glyptoteket_Degas1.jpg 16. http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0023/m503004_88ee660_p.jpg 17. http://www.muzeocollection.co.uk/data/modules/oeuvre/ec/8d/ec8df290331d0712-moyen2-femme-toilette-essuyant-pied-gauche-degas-edgar-dit.jpg 18. http://lewebpedagogique.com/bred2009/files/2010/12/manet-tub.jpg 19. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/64/Henri_de_Toulouse-Lautrec_017.jpg 20.1. http://payload44.cargocollective.com/1/3/108969/3197033/94613_1332241303_13-femme-nue-couchee-musee-d-orsay.gif 20.2. (?) http://2.bp.blogspot.com/-FrHtK6o8QWw/T9yiNfC060I/AAAAAAAAAlY/5lCg3vt8hQo/s1600/IMAG0523.jpg 21. http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/df/Edgar_Germain_Hilaire_Degas_031.jpg 22. http://www.cadependdesjours.com/wp-content/uploads/2012/03/Degas-Le-tub-400x299.jpg 23. http://4.bp.blogspot.com/-8mln4Uo5c7s/T1Sb_jOiaXI/AAAAAAAAK4I/SeAFK4L7HCE/s1600/Edgar+Degas,+Apr%C3%A8s+le+bain,+Femme+nue+s%E2%80%99essuyant+la+nuque.jpg 24. http://masmoulin.blog.lemonde.fr/files/2011/12/Degas-Femme-nue-se-coiffant.jpg 25. http://artmight.com/albums/artists/edgar-degas/1883-Le-petit-dejeuner-a-la-sortie-du-bain-Pastel-121x92-cm-Londres-Collection-particuliere.jpg http://media.paperblog.fr/i/52/525251/degas-papier-calque-3-L-4.jpeg http://www.spectacles-selection.com/archives/expositions/fiche_expo_D/degas-nu/10-le-petit-dejeuner-apres-le-bain_Fondation-Beyeler.jpg http://marshyframe.com/wp-content/uploads/2011/08/Edgar-Degas-1883-Le-Bain-le-bain-matinal-Papier-sur-papier-verg%C3%A9-705x432-cm-Chicago-art-Institute.jpg 26. http://storage.canalblog.com/86/65/258864/11413010.gif http://citizenzoo.files.wordpress.com/2011/01/la-danaide-rodin-3.jpg http://lauray34.files.wordpress.com/2008/04/la-danaide6.jpg http://www.bc.edu/bc_org/avp/cas/fnart/rodin/rodin_danaid.jpg 27. http://images.arcadja.com/bartholom%C3%A9_albert-petite_fille_pleurant_a_young_girl_cr~OMe93300~10000_20070628_L07230_153.jpg 28. http://ecx.images-amazon.com/images/I/41Ttik9cVnL._SS500_.jpg 29. http://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/1TL8NH/04-510026.jpg 30. http://www.latribunedelart.com/IMG/jpg/Degas_Bain.jpg 31. http://media.paperblog.fr/i/540/5400237/degas-nu-musee-dorsay-L-ypREQ4.jpeg 32. http://www.henry-matisse.com/carmelina.jpg 33. http://www.spectacles-selection.com/archives/expositions/fiche_expo_D/degas-nu/35-Picasso-nu-sur-fond-rouge-1906.jpg 34. http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0535/m506001_86-001621_p.jpg Version d'Andrea Mantegna : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/53/VicesVertusMantegna.jpg 35. http://www.cadependdesjours.com/wp-content/uploads/2012/03/Edgar-Degas-Deux-baigneuses-sur-l’herbe.jpg BONUS... 36. "Femme au bain" de Degas : http://www.cadependdesjours.com/wp-content/uploads/2012/03/Degas-Femme-au-bain-400x321.jpg 37. "Après le bain, femme se séchant" : http://kerdonis.fr/ZDEGAS01/wpimages/wp23cc8dfb_0f.jpg 38. "Femme se peignant" de Degas : http://www.passion-estampes.com/deco/affiches/degas/degas-la-chevelure.jpg 39. "Femme dans son bain s'épongeant la jambe" de Degas : http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0535/m506001_05-530644_p.jpg 40. "Femme nue assise s'essuyant" de Degas : http://www.edgar-degas.org/Femme-nue-assise,-s'essuyant.jpg 41. "Après le bain" de Degas : http://images.easyart.com/i/prints/rw/fr_easyart/sm/5/7/Apr-s-le-bain-Edgar-Degas-5792.jpg 42. "Le Client sérieux" de Degas : http://www.spectacles-selection.com/archives/expositions/fiche_expo_D/degas-nu/18-Degas-le-client-serieux.jpg 43. "Le Repos sur le lit" de Degas : http://artmight.com/albums/artists/edgar-degas/1876-1877-Degas-Edgar-Repos-sur-le-lit-Rest-on-the-bed.jpg http://www.stephanieburns.com.au/images/fiximages/DEGAS/Degasrestingonthebed2.jpg

F e m m e B l e u e par Persone_sz

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F e m m e B l e u e Rêve ou réalité Elle est calme et sereine Rien semble atteindre sa destinée Comme une sirène elle se joue des murènes Elle a vécue tant de vies Elle a souvent jouée et perdue Qu'aujourd'hui de sa vie elle en rit Même si le miroir est brisé Même si certaines rencontres n'ont pas eu lieu En fait c'est une Déesse bleue Bleue comme la source de vie Et tous les regards s'arrêtent sur elle Les mots deviennent silencieux Au ciel brille Vénus Dans cette nuit-là j'ai rêvé que l'on me disait sa venue Elle est partout Dans l'été qui commence à peine Dans la voix de Donna Elvira Dans les roses des jardins anglais Je ne connaissais pas toutes ses rives Je ne connaissais ni les débuts ni les fins Je me laissais entraîner dans une vie qui n'existe pas Et la Femme bleue se changea en Femme pourpre Comme si elle venait de l'autre monde .

Lettre de soie par Misty44

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Beaucoup de commentaires ont été écrits sur "Soie", d'Alessandro Baricco, qui est en tête de liste de mes livres préférés. C'est un livre que j'ai lu et relu à maintes reprises, avec une prédilection pour le passage de cette fameuse lettre de la jeune Japonaise à Hervé Joncour. Pour moi, cette lettre est un summum de sensualité, mais je peux comprendre que pour certaines personnes, il est bien vain de faire preuve de sensualité par écrit, lorsqu'on est séparé à jamais de l'autre, alors que rien n'a été rendu possible pour la vivre. Joncour se fait traduire cette lettre longtemps après son retour en France, elle lui donne envie de "mourir de nostalgie pour quelque chose qu'(il) ne vivra jamais", comme il le confie à son ami. Elle a été écrite par la jeune Japonaise qu’il avait aimée et qu’elle avait glissée dans sa main au moment de son départ : « Mon seigneur bien-aimé n’aie pas peur, ne bouge pas, garde le silence personne ne nous verra. Reste ainsi, je veux te regarder, je t’ai tellement regardé mais tu n’étais pas pour moi, ne t’approche pas, je t’en prie, reste comme tu es, nous avons une nuit pour nous seuls, et je veux te regarder, je ne t’ai jamais vu ainsi, ton corps pour moi, ta peau, ferme les yeux, et caresse-toi, je t’en prie, n’ouvre pas les yeux, si tu le peux, et caresse-toi, tes mains sont si belles, j’ai rêvé d’elles tant de fois que je veux les voir maintenant, j’aime les voir ainsi, sur ta peau, continue je t’en prie n’ouvre pas les yeux, je suis là, personne ne peut nous voir et je suis près de toi, caresse-toi mon bien-aimé seigneur, caresse ton sexe, je t’en prie, tout doucement, elle est belle, ta main sur ton sexe, ne t’arrête pas, j’aime le regarder et te regarder, mon bien-aimé seigneur, n’ouvre pas les yeux, pas encore, tu ne dois pas avoir peur, je suis près de toi, m’entends-tu ? je suis là, à te frôler, c’est de la soie, la sens-tu ? c’est la soie de ma robe, n’ouvre pas les yeux et tu auras ma peau, tu auras mes lèvres, quand je te toucherai pour la première fois ce sera avec mes lèvres, tu ne sauras pas où, à un certain moment tu sentiras la chaleur de mes lèvres, sur toi tu ne sauras pas où si tu n’ouvres pas les yeux, ne les ouvre pas tu sentiras ma bouche, tu ne sauras pas où, tout à coup, ce sera peut-être dans tes yeux, j’appuierai ma bouche sur tes paupières et sur tes cils, tu sentiras la chaleur pénétrer à l’intérieur de ta tête, et mes lèvres dans tes yeux, dedans, ou bien ce sera sur ton sexe, j’appuierai mes lèvres, là, et je les entrouvrirai en descendant peu à peu, je laisserai ton sexe ouvrir ma bouche, pénétrer entre mes lèvres, presser contre ma langue, ma salive descendra le long de ta peau jusque dans ta main, mon baiser et ta main, l’un et l’autre mêlés, sur ton sexe, et puis à la fin, je baiserai ton cœur, parce que je te veux, je mordrai la peau qui bat sur ton cœur, parce que je te veux, et quand j’aurai ton cœur sous mes lèvres tu seras à moi vraiment avec ma bouche dans ton cœur tu seras à moi, pour toujours, si tu ne me crois pas alors ouvre les yeux mon bien-aimé seigneur et regarde-moi, je suis là quelqu’un pourra-t-il jamais effacer cet instant, mon corps que la soie ne recouvre plus, tes mains qui le touchent, tes yeux qui le regardent, tes doigts dans mon sexe, ta langue sur mes lèvres, toi qui glisses sous moi, et prends mes hanches, et tu me soulèves, et me laisses glisser sur ton sexe, doucement quelqu’un pourra-t-il effacer cela, toi qui en moi lentement bouges, tes mains sur mon visage, tes doigts dans ma bouche, le plaisir dans tes yeux, ta voix, tu bouges lentement et cela me fait presque mal, mon plaisir, ma voix, mon corps sur le tien, ton dos qui me soulève, tes bras qui ne me laisse pas partir, les coups à l’intérieur de moi, la violence et la douceur, je vois tes yeux chercher les miens, ils veulent savoir jusqu’où me faire mal, jusqu’où tu veux, mon bien-aimé seigneur, il n’y a pas de fin, cela ne peut finir, ne le vois-tu pas ? personne ne pourra effacer cet instant, pour toujours tu lanceras ta tête en arrière, en criant, pour toujours je fermerai les yeux, laissant mes larmes se détacher de mes cils,ma voix dans la tienne, ta violence à me tenir serrée, il n’y a plus de temps pour fuir ni de force pour résister, cet instant-là devait être, cet instant est, crois-moi, mon bien-aimé seigneur, et cet instant sera, maintenant et à jamais, il sera, jusqu’à la fin, Nous ne nous verrons plus, mon seigneur, Ce qui était pour nous, nous l’avons fait et vous le savez. Croyez-moi : nous l’avons fait pour toujours. Gardez votre vie à l’abri de moi. Et n’hésitez pas un instant, si c’est utile à votre bonheur, A oublier cette femme qui à présent vous dit, sans regret, adieu. »

Etoile, la gitane par Misty44

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ETOILE, LA GITANE En hommage à Federico Garcia Lorca, ma bien modeste contribution. Une fille Marche dans la nuit venue. Le long des façades colorées, Un froissement de bas résilles Crisse dans la ruelle Aux senteurs d’épices et de fleurs Au fond d'un patio, Crépite un flamenco, Devant elle se dresse une église sombre D’où s’échappent des parfums d’encens Ni sainte, ni mauvaise Ni tolérante ni hostile Seulement passionnée Hautaine Pathétique Indifférente Fière sur ses talons trop hauts Sensuelle, terriblement Maternelle en secret Menteuse, tricheuse, Tendre et fervente Les épaules nues L'œil de braise Amante Les lèvres fardées de sang. La mélopée s’empare d’elle, Faite du bruit des jets d’eau qui jasent, Des accords violents d’une guitare, Du pas d’un cheval noir Piaffant près des oliviers. Relisons le grand poète : « Presse ta bouche pourpre sur la mienne, Etoile, la gitane ! Et sous l’or solaire du grand midi Je mordrai à la pomme. Par les verts oliviers de la colline, Il est une tour maure Qui rappelle le teint de ta peau brune Fleurant miel et aurore. Ton corps brûlé au soleil me dispense Le divin aliment Qui fait fleurir le cours d’eau apaisé Et s’étoiler les vents. Pourquoi t’es-tu livrée, lumière brune ? Pourquoi m’as-tu donné remplis D’amour ton sexe de lys Et la rumeur de tes seins ? Serait-ce pour mon air si triste ? (O ma lourde démarche !) Ou si ma vie t’a fait pitié Qui à chanter se fane ? Pourquoi n’as-tu préféré à mes plaintes Les cuisses en sueur D’un saint Chrisptophe campagnard, lentes Dans l’amour et superbes ? Danaïde des voluptés, tu es Un Sylvain féminin Dont les baisers ont le parfum des blés Grillés par le soleil. Obscurcis-moi les yeux avec ton chant. Laisse ta chevelure S’épandre solennelle comme un voile D’ombre sur la verdure. Rougis pour moi de ta bouche sanglante Tout un ciel d’amour Où sur un fond de chair luit la violette Etoile des douleurs. Mon Pégase andalou est le captif De tes yeux ouverts. Il s’envolera dolent et pensif Lorsqu’il les verra morts. Quand tu ne m’aimerais pas, moi je t’aime Pour ton regard sombre Ainsi que pour sa rosée l’alouette Aime le jour nouveau. Presse ta bouche pourpre sur la mienne, Etoile, la gitane ! Et laisse-moi sous le feu de midi Mordre à la pomme. » ( FEDERICO GARCIA LORCA , Véga de Zujaira, Aout 1920)

Fais comme l'Oiseau ! par Petit_chemin

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La main est élégante l'hygiène en est sommaire les gants sont de cuir rose ou bien de tulle blanc selon la saison douce ou tempérée c'est tuant comme les prémisses du doute qui ronge un avant-guerre jadis des hommes des femmes et même des enfants ont été tourmentés pour des querelles ainsi jettées entre les uns et les autres en ces temps non les accents des tueurs ne sont apôtres oui aujourd'hui seuls à l'aise par devant un écran nos théâtres exilés en nos chers sémaphores numériques pour fort peu proposent en mal d'aurores de sales noms dédiés mais si peu très méchants et nos âmes d'élites se sentant du Progrès donnent de l'encensoir devant quelque faillite de la raison commune qui foire sous le juillet vers le bal des Pompiers s'envolent tuent et débitent trois sales syllabes usuelles comme jadis demain nous n'aurons rien voulu de tout ça nous dirons que les gens dont nous sommes sont tous des gens de bien et que la vérité c'est que l'autre est un con
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