Au travers de la fumée grise qui s'échappe par la chaume de la couverture, les rayons mordorés de la lune font briller les mille poussières cendrées en sustentation dans la hutte qui éloignent les insectes porteurs du fléau de lAfrique.
Dans le village tous les bruits d'activités humaines se sont tus, seul le martèlement éparse des sabots du troupeau qui s'est resserré au centre du boma, laisse percevoir l'équilibre de la précarité et des craintes de la savane.
Derrière l'enkang, rempart de ronces d'acacia protégeant le village, les hyènes et les chacals viennent trainer et se disputer les quelques détritus délaissés par les enfants le long de l'enclos, ces charognards sont les seuls animaux qui ne réfutent pas à vivre et à roder autour des tribus nomades.
Au loin de la rivière mara on entend les derniers glapissements des hippopotames et leurs bâillements annonciateurs de leurs déplacements pour aller se réfugier dans les hautes herbes qui bordent le ruban d'eaux boueuses pour y passer la nuit.
Youkoumé s'est allongé sur la natte au fond de la case, son bouclier et sa sagaie sont à ses pieds loin des esprits malfaisants. Il était détendu, la décoction préparée par koutadie l'ancien, aux racines de sempia utilisées pour cailler le mélange de lait et de sang, a été consommée pendant la fête initiatique des jeunes adultes, ajoutée à l'inhnalation de fumées de liane, tous les jeunes prétendants étaient plongés dans un état euphorique.
Youkoumé est l'aîné de la deuxième femme du fils de Koutadie, il a demandé officiellement à accéder à la succession de l'ancien contre l'avis de la communauté qui avait désigné le mâle de la première femme comme le voulait la tradition.
Youkoumé nétait pas le plus vaillant de tous les jeunes adultes, mais cétait le plus déterminé et obstiné. Il avait été encouragé dans sa démarche par l'ancien qui avait vu en lui une force intérieure et la sagesse de son père, qualités nécessaires pour devenir un chef spirituel. Demain il ira combattre l'animal qui incarne la suprématie clanique, un solitaire pour affirmer sa maturité. Laffrontement avec un lion est un rite qui se perd avec la sédentarisation des tribus masai autour des parcs naturels protégés de l'Afrique de l'est, pour Youkoumé c'était un point de passage obligé pour légitimer ses ambitions.
Les hyènes sapprochaient précautionneusement, elles faisaient un demi-cercle derrière la carcasse du zèbre, une à une elles venaient tirailler les restes et les éloigner des fauves en face, les lionnes repues ne défendaient plus vraiment le fruit de leur chasse, elles préféraient économiser leur énergie et sadonner à une longue sieste de récupération. Seuls les lionceaux continuaient de tailler des lambeaux de chairs tout en en se vautrant dans les viscères ensanglantés de l'animal.
Tous savaient que ce cycle universel de la nature était irréversible. Le temps était aussi compté pour les hyènes, déjà dans le ciel les vautours commençaient à tournoyer et attendaient dêtre suffisamment nombreux pour commencer leur travail de harcèlement et venir se repaitre de la charogne.
Matara avait mené la chasse, cette femelle de quatre ans étaient de la lignée de kéo, elle s'approchait du mâle pour l'aider à nettoyer sa crinière toute maculée du sang du zèbre et lui éviter ainsi qu'elle s'infecte de parasites.
Le soleil finissait d'atteindre son zénith, la horde composée de huit lionnes allait rechercher l'ombre d'un acacia et commencer une sieste qui pourrait durer plusieurs jours. L'immense territoire que Kéo s'était approprié était largement respecté de toutes les autres communautés félines.
Depuis plusieurs lunes les déplacements de la troupe étaient suivis par deux lions, des jeunes adultes qui s'étaient alliés et se préparaient à défier et combattre Kéo pour lui ravir ses femelles et son espace de chasse.
A douze ans le meneur de la horde était un robuste félin qui avait mené peu de combats pour garder sa souveraineté tant son imposante silhouette rehaussée d'une crinière flamboyante avait dissuadée les belligérants.
Il régnait sur son clan depuis neuf ans, celui de son père qu'il avait repris très jeune en broyant la nuque du félon qui avait profité des blessures de son géniteur pour s' accaparer facilement de cette tribu. Ses frères et surs ainsi que tous les lionceaux avaient été tués par le nouveau meneur de clan pour mettre les femelles en chaleur et procréer sa propre descendance.
Il sétait échappé de ce carnage et ne sétait jamais éloigné très loin de sa famille. Il nattendit pas longtemps pour lancer son premier défi et prendre la tête de son ancien clan.
Lcm
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Masaï (1) par Lechainonmanquant
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Pathologie Contra Cognitive par Ptit Bal Perdu
- "Hôpital Sainte-Anne, bonjour..."
- "Oui, ne quittez pas, je vous passe le service"
- "Oui, les urgences Psychiatriques, Dr Emma à l'appareil. Excusez-moi, vous êtes ? Ah, son mèdecin traitant, d'accord, bonjour cher confrère. Oui, il nous a parlé de vous."
- "En effet, il a été admis dimanche soir dans un état préoccupant. Heureusement, il est connu de plusieurs de nos internes, qui de plus déjà traité ce genre de cas."
- "Oui, effectivement, il était trés... agité. Non, pas agressif, mais vraiment confus. Il parlait d'une rencontre avec un certain... Wé..., attendez, Wes Montgomery, c'est ça"
- " Non, rien de concret, mais il semble vouer à ce personnage une haine indescriptible. Non, non, pas d'inquiétude, ce personnage semble fictif, il le rattache d'ailleurs à Agatha Christie, vus voyez, mais en le situant dans son propre univers contemporain."
- "Oui, c'est une variante de schizophrénie atypique. On la connaît sous le nom de "Syndrôme P.C.C." - Pathologie Contra Cognitive."
- "Non, rassurez-vous, le rétablissement des patients atteints du Syndrôme P.C.C. est généralement assez prompt. Les sédatifs qui lui ont été administrés lors de son admission l'ont remis en ligne ; il est assez calme depuis, même s'il supplie constamment qu'on aille lui chercher son ordinateur portable, ce que nous nous refusons naturellement à faire."
- "Vous savez ce que c'est, Docteur, les patients sédatés risquent de se mettre en danger s'ils communiquent par ce biais avec des proches lors de crises. Notamment parce que les proches en question ne peuvent pas se rendre compte que c'est lui qui s'adresse à eux."
- "Oui, naturellement, je vous tiens informé de l'évolution de son état. Vous me laissez vos coordonnées ? Je note. Pardon, vous dites? Docteur André comment ?"
- "Docteur André Bourvil ?"
- "Heu... vous allez bien, Docteur ?"
http://www.youtube.com/watch?v=ji6H_u-OLlo
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Expérience de désintégration d'un noyau d'abricot par Annaconte
Cétait après le repas de midi. Une petite faim de fruit frais. Une petite soif dété. Même pas besoin de le convoquer, il était déjà là, le bel abricot dans sa coupe de fruits, la vie est un paradis vraiment, il ny a quà tendre la main. Cueilli le matin même à la fraîche, il vibrait à mattendre.
Cela arrive quelque fois. A tout le monde. Je suppose.
Cela arrive nimporte où.
Nimporte quand.
Télescopage des choses et des mots ? Fuite du temps ?
Cette petite chose ronde, dorée, tachetée de brun, parfumée et sucrée, vertige du plaisir imminent des papilles, à lénoncer dans sa tête, par pur jeu, comme on chante, fut séparée soudain, sans bruit et sans raison, du mot qui était censé la désigner ! Il y avait désormais dun côté, dans la main, labricot le fruit -, tranquille, serein, inoffensif. Enfin disons, quil y avait UN fruit.
Alors que lABRICOT - le mot lui, sétait comme décollé du fruit. Evanoui. De lautre côté.... Ne me demandez pas trop. A ce sujet, jaurais du mal à vous répondre. Le mot ABRICOT, dhabitude associé au fruit, sétait comme résorbé en lui-même, autodétruit, carrément anéanti.
A le prononcer à voix haute pour être sûre- plus rien nen sortait. Javais beau répéter le mot ABRICOT plusieurs fois de suite pour le faire surgir, le sens faisait défaut. Accident de parcours, retard à lallumage ou absentéisme flagrant ? Il manquait à lappel. Cétait un squelette de vieux mot. Une espèce de caisson vide. Des lettres alignées. A B R I C O T . Point.
Et cette chose que je portais maintenant à la bouche, sans plus vraiment savoir de quoi il sagissait voilà quelle avait perdu toute sa densité. Sans son nom, le fruit laissait filer avec amertume un peu de sa substance originelle. Cependant que paradoxalement, de lui, autre chose émergeait, avec une nouvelle épaisseur, une autre matière inconnue, comme une météorite tombée du ciel directement entre mes doigts.....Glacée, rugueuse et pas encore nommée. ( comme il arrive à la dernière-née des étoiles dattendre impatiente quon la gratifie d un prénom).
De lautre côté.... le mot tout seul, répété jusquà lusure, comme une incantation pour faire réapparaître le sens, sétait desséché sur pied. Il navait plus de signification. Impossible de le rattacher à quoique ce soit. Aucun lien entre le mot et lobjet. Deux destins distincts...
ABRICOT comme un fruit sec soudain.
ABRICOT comme une poche retournée, avec rien dedans. Vide. Même plus de noyau. Plus de pulpe. Plus de chair. Une pelure de fruit.
ABRICOT inerte, isolé, posé là. Une miette de mot. Un semblant.
A force de tordre le mot comme on tord une note de musique, jen avais sans le vouloir essoré jusqu au sens. Il nen avait plus. La chose et le mot, la chose et son mot, sétaient comme dissociés.
Et moi je demeurais là, déconcertée, javais limpression dêtre dissoute moi-même...Désintégrée.
Heureusement, ce moment de désintégration ne dure jamais longtemps....Les choses reprennent très vite et naturellement leur place, et leur nom. Tout rentre dans lordre. Vous pouvez croquer dans votre bel abricot reconstitué.
Le plaisir est toujours au rendez-vous. Cest un soulagement.
En perdant le sens du mot, javais perdu la chose....Drôle de révélation ! Impression que derrière lécorce dure, au fond, il ny a pas grand-chose....
Jhabiterais donc une maison de mots, dans un village de mots....le nom des choses, des arbres, des fruits, des gens, le mien.....tout ne serait-il donc quune pellicule fine posée sur le réel tragique des choses ? ou pour habiller leur simple vanité ?
Ou bien cela se pourrait-il que ce soit linverse ?
Et comment sous la prose se cache, qui sait, la poésie des choses....
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Meurtre sur un divan. par Dellf
- "Bien..."
Monsieur PEUhh tourna aussitôt sa tête vers les tentures du fond de la pièce .
*Le rouge cramoisi lui fit penser à.... non il ne préfère pas y penser !
Il ne veut pas se compromettre !
Il perçoit la présence de l'autre près de lui. Elle le dérange. Qu'est ce qu'il fou là, c'est quoi cette galère ? Lui qui pensait rentrer tranquillement chez lui prendre son café au lait de 19h, avec quelques petits beurres. Pourquoi s'est il laisser convaincre de venir ?
Il retient son souffle.
Pendant ce temps, l'inspecteur Oedi, l'observe. Il le sent .
Ah, il peut s'accrocher pour l'entendre lui raconter quoi que cela soit celui là ! Il peut courir.
Le levrauder autant qu'il veut, il ne lâchera rien ! Il s'en fait une promesse obscure.
Plus jamais il ne laissera qui que cela soit le posséder ainsi, ni exercer de pression pour lui faire avouer d'horribles choses qu'il n'a jamais commises.
D'ailleurs cette attente silencieuse de l'autre est vraiment pesante .
Autant rester muet comme une énigme. S'il attend qu'il passe aux aveux, il se fourre le doigt dans lil . Tiens, d'ailleurs, ça lui rappelle le martinet accroché sur le mur de droite. Il pourrait peut être s'en servir et ainsi retourner la situation, lui coller une sacré rouste. L'autre a vraiment une salle tête. On dirait qu'il n'a pas dormi de la nuit. A force de faire parler les gens comme lui sans doute. Non, il faut qu'il se retienne encore un peu.
Oedi rompit le silence.
- "La dernière fois vous me disiez :« Dieu a dit : Je partage en deux, les riches auront de la nourriture, les pauvres de lappétit. », c'est de Coluche, non ?"
Voilà, ça y est, il se rappelle! Le rouge, le rouge de la jupe de sa mère . Bon dieu, ce type va le rendre cinglé ! Putain, pourquoi il lui dirait que sa mère était la plus belle à ses yeux .
Plus belle que sa maîtresse d'école . Une vraie femme. Comme il aurait aimé....Non ! Ne pas y penser.
- "Vous ne vouliez pas la partager c'est cela ?"
Ce type va me rendre dingue, il se tait et ensuite il me tient carrément une conversation !
Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi labile ! Je vais lui régler son compte à ce type.
Il croit qu'il va me la prendre , hein ? Il croit vraiment que je vais la lui laisser. il se trouve plus beau et plus fort que moi, hein ? Je ne vais pas le laisser me bistourner en me racontant que je pourrais trouver quelqu'un de mieux .
Si seulement j'avais quelque chose sous la main. Une épée, un révolver,...
Ça y est , là, je vois !
PEUhh, pencha la tête à gauche, regarda le davier accroché au dessus de sa tête.
Quelle idée de collectionner de vieux outils. Ce type a choisi inconsciemment sa mort . Il sentit les menottes sous ses fesses.
Elles pourront toujours servir s'il oppose une trop grande résistance. Il n'a pas l'air si costaud malgré ses airs de tout savoir.
Pris d'une soudaine anhélation, le corps tendu, il se leva, brandit la pince dans un mouvement brusque, et ...
- "Monsieur Martin,....monsieur Martin ! " " Calmez vous, calmez vous, c'est tout à fait normal ! Vous m'avez pris pour votre père."
- C'est juste que....
- Ah ah , c'est le complexe ddipe. OediPEUhhh ! Même à un bon flic comme vous, cela a échappé !
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Salope infâme ! par Jules Félix
Grosses moustaches, chevelure impressionnante et respectable, sourcils généreux, regard au fond de lil, stylo affûté comme le scalpel, persifleur comme on respire, bête et méchant quand il le faut, Cavanna est un monument de lhumour vache.
Hier (le 26 juin 2012) dans mon autoradio, je ne me rappelle plus la station, France Info peut-être, jai écouté François Cavanna. Il était interviewé tranquillement et il préférait se faire appeler "Cavanna" tout court, comme Gotlib, Cabu, Reiser ou encore Wolinski. Les trois derniers, dailleurs, cest lui qui les a fait découvrir par le grand public.
Tout le monde connaît un peu Cavanna.
Après des débuts comme dessinateur, il est surtout un écrivain et journaliste. Au début des années 1960, il a cofondé, avec le professeur Choron, le magazine satirique "Hara-Kiri". Il sest même désolé davoir été hospitalisé en plein mai 1968, lempêchant de participer à laventure.
En novembre 1970, "Hara-Kiri" fut interdit en raison de sa une très cynique pour annoncer la mort de De Gaulle (le 9 novembre) : « Bal tragique à Colombey : un mort », dun goût douteux puisquil reprenait un fait divers horrible très récent (le 1er novembre), celui de lincendie dune boîte de nuit de Saint-Laurent-du-Pont qui avait tué cent quarante-six jeunes gens (asphyxiés ou brûlés vif). Le titre a continué alors sous le nom de "Charlie Hebdo" jusquà sa disparition en 1982 et Philippe Val a repris le nom pour un journal quil a créé en 1992.
Le 30 janvier 1993, Cavanna fut dailleurs reconnu comme le seul auteur des expressions "Charlie Hebdo" et "Hara-Kiri" (troisième chambre du tribunal de grande instance de Paris).
Cavanna a écrit pas mal de bouquins et sest pas mal engagé contre certaines causes comme la réforme de lorthographe, la souffrance des animaux, etc. et il sest érigé un peu comme un symbole du temps qui ne passe pas.
Pierre Desproges, qui adorait Cavanna, la comparé à un Rabelais des temps modernes et lui a même fait une déclaration damour : « Seule la virulence de mon hétérosexualité ma empêché à ce jour de demander Cavanna en mariage ».
Dans linterview radiophonique que jai entendue, Cavanna expliquait que le professeur Choron avait été officiellement le patron et bien quil neût pas hésité à fustiger les patrons voyous, lui-même en était un puisquil avait fabriqué de fausses fiches de paie et navait pas du tout payé les cotisations retraite, si bien que Cavanna, indépendamment de son envie de ne pas arrêter, ne pourrait jamais réclamer de droits à la retraite pendant toutes ses années Hara-Kiri et Charlie Hebdo.
Retraite ? Mais au fait, cela lui fait quel âge ? Quatre-vingt-neuf ans ! Il va avoir quatre-vingt-dix ans le 22 février 2013 ! Et il na pas encore arrêté de travailler. Il écrit toujours une chronique hebdomadaire mais il est désormais très malade.
Il en parle de manière assez assumée, ce qui nest pas évident. Un jour quil voulut écrire, sa main ne lui répondit plus. Il est allé voir le médecin qui lui a tout de suite donné le nom de son mal : Parkinson. Il lappelle sa « salope infâme » et en parle dans son livre "Lune de miel" (éd. Gallimard, 2010).
Et il a constaté que les gens associaient fréquemment Alzheimer et Parkinson, avec cette boutade pas forcément rassurante : Bah, tant que tas pas Alzheimer !
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Tu veux mais tu peux pas ! par Capucine7434
Cinq ans que je l'invitais à venir passer une semaine à la maison...
Elle serait dans le sud du 10 au 17 juin, avec des amis, à quinze kilomètres de là, c'était donc l'occasion rêvée, dans la foulée de mettre enfin ce vieux projet à exécution.
Au départ, elle pensait qu'elle rejoindrait son chez elle par le train, mais je sentais bien qu'elle appréhendait son retour, surtout qu'elle ne voyage pas particulièrement léger...
Je lui ai enlevé une épine du pied quand j'ai annoncé que je la ramènerais en remontant voir mes jeunes dans ma haute-Savoie natale.
De notre côté, Julio et moi, avions prévu une sortie d'une journée à Albi, avec l'âge d'or, (notre club d'anciens jeunes) pour le dimanche 24 juin et, tentée qu'elle était de faire cette sortie avec nous, et pour ne pas la laisser seule, nous l'avons inscrite, surtout que le programme était sympa...
Tout était donc prévu et organisé, ça cadrait tip-top...
Je l'ai donc récupérée chez ses amis le dimanche 17 au matin, pour huit jours de vacances... Enfin, façon de parler, pour nous les vacances c'est permanent.
Cinq mois que nous ne nous étions pas vues... Heureuses de nous retrouver... Mais quand même, je me suis trouvée en face d'une petite vieille qui en avait pris un coup dans l'aile... Elle s'était confortablement arrondie et marchait en se dandinant... La fatigue sans doute de cette semaine un peu trop festive avec cette bande de copains, toujours par monts et par vaux, à tester les meilleurs restos du coin... Enfin, avec un peu de repos et une bonne nuit là-dessus, j'espérais retrouver ma surette comme au bon temps ou nos retrouvailles étaient une fête...
Macache ! les nuits, les siestes, le transat et mes soins attentifs n'ont rien amélioré, à tel point que je lui ai posé la question pour la sortie prévue à Albi... arguant que nous étions un groupe, avec un programme précis, et qu'il était encore tant d'annuler si elle ne se sentait pas capable d'aller du centre ville au débarcadère pour une croisière sur le Tarn et revenir jusqu'au restaurant des halles, et l'après-midi, de faire la visite guidée d'Albi, la visite de la cathédrale, et retour au parking des autocars.
Si, si, m'a-t-elle dit, on y va, on verra bien... et puis tu me dis que c'est des vieux...
- oui, mais des vieux en pleine forme... ai-je rétorqué.
Le dimanche matin, à six heures elle était debout, il ne lui a pas fallut longtemps pour se préparer, et si Julio est parti à pied jusqu'à l'arrêt du bus, je l'ai emmener en voiture pour ne pas la fatiguer, et puis la voiture serait là pour le retour, le soir...
Deux heures et demie d'autocar c'est long, mais de ce côté là tout c'est bien passé, il n'y a qu'a se laisser promener à travers l'arrière pays, puis le Larzac et le pays de cocagne...
A l'arrivée à Albi, nous étions attendu à l'embarcadère au bord du Tarn pour une mini croisière, mais pour y accéder, nous avons emprunté plusieurs volées d'escaliers dans le sens de la descente, et là, la progression a été ralentie par le rythme du marche par marche .
J'ai entendu quelques réflexions du genre quand on est handicapée, on reste chez soi... et ma sur de rétorquer "j'suis pas handicapée, j'peux pas descendre vite, ça me fait tourner la tête"...et là je me suis autorisée à répondre poliment mais fermement, (d'autant que deux autres personnes étaient dans le même cas),en invitant ces généreuses personnes à passer devant...
La mini croisière en gabarre, extra... un peu d'histoire de la ville et de la région narrée par un guide qui connait son Albi et son Tarn (fleuve et département) sur le bout du doigt... "La puissance des évêques et de l'église, les guerres de religion, la croisade contre les albigeois, après le massacre des templiers et des Cathares... Et Henri de Toulouse-Lautrec... un vrai régal...
Après une heure de navigation sur le fleuve, nous avons pris un chemin en pente douce pour remonter vers le restaurant... et là, ma pauvre frangine exténuée, a sué eau et sang à la traine pour enfin aller poser ses fesses sur une chaise devant un délicieux repas de produits régionaux..
Là, quand elle a pu reprendre son souffle, sur un ton de reproche elle m'a dit : "Vous ne m'aviez pas dit que ce serait aussi dur... cet après-midi je ne ferais pas la visite de la vieille ville, ni de la cathédrale".
- Si, souviens toi, je t'avais prévenue, nous aurions pu annuler... c'était dur pour toi, qui a des difficultés pour te déplacer, mais pas pour nous...
Parce qu'elle était mon invitée, et pour ne pas la laisser seule, l'après-midi je suis restée avec elle pendant la visite de la ville, nous aurions pu après cette heure de repos, visiter la cathédrale, mais là encore elle a refusé...
Elle n'a qu'un an de plus que moi, elle trouve plein de mauvaises raisons et d'excuses pour ne plus rien faire, mais ne veut renoncer à rien... je crois qu'elle a vraiment basculé dans la vieillesse...
Entre vouloir et pouvoir faire, il y a un gouffre...
Et le lendemain matin, nous prenions la route pour la Haute-Savoie, puis après un petit repas express chez moi, je l'ai ramenée chez elle....
Elle était ravie de son séjour et m'a chaudement remerciée...
Ah ! les vacances avec elles ne sont plus ce qu'elles étaient...
Capucine7434 27 juin 2012
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"L'horreur est humaine" par Street
KT Tunstall chante Black horse and the cherry tree : les HOU HOU vibrent dans l'air et les pigeons et tourterelles plus inspirés que jamais reprennent en choeur pendant que les martinets zèbrent le ciel. Je sirote mon whisky affalé sur le transat à ma place préférée.
Je ne l'ai pas entendue venir, j'aurais du pourtant.
Elle m'a fracassé le crâne avec un objet, je ne sais pas lequel, un bruit sourd, une douleur, pas eu le temps de comprendre ce qui m'arrivait.
Maintenant, je la regarde, l'impression de flotter dans l'air, labile, c'est donc vrai ces conneries...j'en reviens pas.
C'est ça qui m'étonne le plus pour l'instant, cet état désincarné, plus que ce qu'elle vient de m'asséner derrière les oreilles
Je domine la scène, je vois celle qui fut ma maîtresse semblant soudain désamparée à côté de mon corps ensanglanté, affalé sur le sol, prostré.
Les HOU HOU sont couverts par son ahnélation qui me parvient amplifiée.
Voilà une femme que j'ai aimée, et ce qu'elle vient de me faire subir m'apparaît comme une énigme.
Elle bredouille « salop !». Je la vois qui trifouille dans son sac, en sort une pince, "un davier" dira plus tard l'inspecteur qui ramassera cette pièce à conviction avec toutes les précautions d'usage. Elle s'acharne sur mon corps, je ne sens plus rien heureusement.
Quant au médecin, il utilisera le terme de « bistourner », j'en aurai appris jusque dans l'antichambre de la mort, quelle ironie !
Qu'aurait-elle voulu posséder de plus que ce que je lui ai donné ?
La première fois que je l'ai rencontrée, elle m'avait fait rire en citant Coluche : « Dieu a dit : Je partage en deux, les riches auront de la nourriture, les pauvres de lappétit. »
C'ést plutôt rare une femme avec de l'humour. Je l'avais tout de suite engagée.
Qu'est ce qui lui a pris ?
Je n'étais pourtant pas du genre à levrauder la gente féminine, mais qu'est ce qui lui est passé par la tête à cette folle ?
C'est ce que lui demandera également l'inspecteur en lui mettant les menottes. Elle lui répondra avec un petit sourire : « On croit que les rêves, cest fait pour se réaliser. C'est ça, le problème des rêves : cest que cest fait pour être rêvé. »
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la plus belle femme du monde par Pivert
Elle a des seins d'un autre monde.
Et son cul d'abondance est le style parfait.
Elle s'appelle Isabelle ou Annabelle.
Elle fait les ufs aux plats comme personne.
Elle excelle au judo, dit de très gros mots sur le tatami de la vie.
Annabelle elle est belle, belle à en crever de rire, à devenir chat d'eau douce ou bien chien abandonné au mois d'août en Espagne dixit Johnny Kidd.
Isabelle est la reine des pommes, des poires, des fraises, des figues sans oublier les fruits défendus et la banane de Côte d'Ivoire s'il vous plait.
Cheveux attachés, le calme règne sur son visage. Libérés, le désordre en fait son lit.
Mon dieu quelle beauté !
Du temps des pointes courtes, elle avait la douceur d'une vague océane. Son petit nez troussé donnant le ton des réjouissances de la journée, de la nuit aussi.
Aujourd'hui, ce sont ses lèvres qui gouvernent l'empire. Toujours entrouvertes, abandonnées pour un baiser sans cesse articulé.
Front serein, menton léger, autant de traits délicats que même monsieur Rembrandt n'a jamais dessiné, hélas pour lui.
Cela chante tous les matins la chanson de l'espoir, la certitude certaine d'une joie prochaine, des beaux lendemains.
Cerise sur le gâteau, sa voix un peu voilée, profonde, venant du fond des âges telle la bise dans la grotte de l'Escaut. Zéphir rossignol, mouette enchantée, pic vert des îles aux trésors, des faces B de l'enfance, de tous les piafs de quartier. Parce que sous les pavés la plage.
Et justement, ses yeux verts attrapent la lumière, parfument les hivers d'une jouissance infinie. Musique de la nique ou pierre philosophale. Le truc impossible à décrire et qu'on cherche parfois toute une vie durant.
Mais ne chercher plus camarades.
Isabelle, Annabelle, Bénédicte, Sarah, Djamila... Elle est là, dans la tête.
Et ça, promis, c'est plus fort que toi !
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Mots croisés par Rolando68
Quand le téléphone a sonné j'étais allongé sur mon canapé, j'étais en train de faire des mots croisés. J'avais justement un problème avec une définition horizontale: "Parfois choisie souvent subie". J'avais tout essayé mais rien ne rentrait dans la grille. A la cinquième sonnerie j'ai décroché.
-oui allo?
- .... rien... personne! J'ai insisté
- Oui allo j'écoute...
- ... Rien que du silence à perte d'ouïe!
J'allais raccroché lorsque j'ai entendu quelque chose, un bruit, une sorte de respiration!
- Oui je vous écoute ai-je répété.
Pas de réponse, mais à cet instant précis j'ai entendu très distinctement une sorte de sanglot.
Oui! maintenant j'en étais sûr quelqu'un pleurait au bout du fil!!! j'étais persuadé que c'était une femme pour sangloter de cette façon. J'ai aussitôt pensé à une fille que j'aurais peut-être salement largué ou à une cinglée comme il en traîne des paquets dans les rue de la ville... Pourtant un prénom me venait à l'esprit. Je n'osais pas le prononcer.
- Qui êtes vous? ai-je demandé, mais il était déjà trop tard, la personne avait raccroché et le signal occupé résonnait dans mon oreille comme une balise de détresse.
J'ai reposé le combiné et je me suis levé. Tout mon linge était en train de sécher sur un fil tendu en travers de la pièce. j'ai touché mes jean's qui pendaient au-dessus de ma tête. Il étaient presque secs. Je me suis planté devant ma fenêtre. Derrière celle d'en face un petit vieux regardait la télé. Il a tourné la tête vers moi. Je lui est fait un signe de la main mais il ne m'a pas répondu.
J'ai repris mes mots croisés. J'ai tout de suite trouvé le mot qui rentrait bien dans la grille: "Solitude".
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Résultat du concours de juin 2012 par Pointscommuns
Cher tous,
Le moment des résultats du concours du mois de juin 2012 est arrivé et nous allons enfin vous dévoiler la liste des heureux gagnants qui nous le rappelons vont gagner un mois d'abonnement d'une valeur de 39 euros.
- abicyclette
- agnes51
- voltuan
- Nonchalante
- RasparCapac
- Varoumnirnirnir
- elena21
- olga2048
- Anais9
- jirofar
Merci à tous pour votre participation et vos commentaires !
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Ton ombre par Cyn0484
Ta filoute caméléonne ta une fois encore échappé !
Je te soupçonne de la laisser sarracher à toi un peu trop souvent, comme un masque poisseux dont tu ne sais plus que faire, un épiderme encombrant qui te brûle et te devient insupportable.
Ainsi elle se retrouve là, seule et coulante, enivrée de sa soudaine liberté de cent formes.
Elle sessaye à de nouvelles poses, accroche quelques talons traînant ici et là, sinvente une silhouette sitôt évaporée ; le costume est bien mal ajusté.
Je lai vue pâlir, mordre à dents acérées, se recroqueviller en pelote noire.
Je tai vu ten détourner sans façon, la dédaigner dun bout de pied cambré, tétirer crânement les dorsales.
Jusquà ce que tu y perdes ton propre reflet.
Jusquà ce que tu lattrape par le collet et la remette à sa place.
Au bout des sombres dédales, ton ombre enfin tacquittait.
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ah les filles par Magic one
Les prénoms
C est Gertrude qui me plait
Et puis aussi Eugenie
Tout ça
Cetait quand jetais petit
Et depuis jai grandi
.
Jen ai connu des nouveaux
Mais jamais aucun de plus beau
Que la jolie félicie
Et les autres aussi (sic)
Tu me diras
C est comme les pots de confitures
Y en a des bonnes
Qui assurent
le gout de miel
Sans piqure
Du sucre
Jusqu'à démesure
Mais toi taimes
Jessica et tous ces
Prénoms anglais
Moi cest le français
Qui me plait
Elles et moi
Je ne fais quy penser
Jai inventé des histoires
Et jai fini pas y croire
Je tenais bon
en silence
je connaissais la distance
entre le temps
et la romance
et puis un jour
Gertrude est arrivée
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Une affaire de sensibilité par Kadjagoogoo
Le poulet du dimanche est-il de gauche ? Et la crème chantilly ? Et le foot ? Et qu'est-ce que ça veut dire "être de droite" ou "de gauche" ?
Un grand-père interloqué (Jean Rochefort) et son petit-fils curieux (Batiste Rebotier) dialoguent à propos de ce qui peut définir cette fameuse "sensibilité de gauche". Car Léonard a dix ans et se pose un tas de questions : il voudrait comprendre ce que veut dire "être de gauche", savoir si "de droite" ça existe et ce qui distingue les deux ; et, dans l'absolu, si on a une plus belle vie quand on est "de gauche".
Le grand-père, déconcerté par la curiosité légitime de Léonard, doit parfois avoir recours aux exemples les plus improbables pour illustrer son propos, et c'est ainsi que, notamment, il explique à l'enfant qui le pousse dans ses retranchements que une équipe de foot qui ne joue pas que pour la gagne mais pour l'amour du "beau jeu", eh bien elle est nécessairement de gauche. CQFD !
Une conversation tendre et loufoque rythmée par les chansons sensibles de Vincent Delerm. Un petit bonheur de discussion tendre et malicieuse à déguster entre parents et enfants, dès 8 ans.
Un album enthousiasmant et particulièrement d'actualité depuis le 6 mai dernier, à déguster ici : http://www.deezer.com/music/vincent-delerm/leonard-a-une-sensibilite-de-gauche-1310820
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ce soir par Elena21
Ce soir
jaime ce mot inaudible
loiseau
blanc brin daile
jaime le boire silencieusement
du bout de tes lèvres
jaime lespace où ma peau apaisée
trouve à ta peau douce et ferme
le signe dun accord advenu
nos mains
et ton visage nu ou enfoui
disent le plaisir
et la douceur de ton retour
jaime nos conversations
pour ce quelles sont déjà
et pour ce quelles seront
jaime quand tes yeux
murmurent ladéquation
je la sais totale
jaime tes mots dans ma bouche
et le livre que tu écris
de ton graphe tumultueux
paraphe me prenant
dans lenchevêtrement
de mes errances à venir
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Tout repeindre en bleu... à Cat par Sentiers 79
Hier soir, jai repeint tout en bleu...
Hier soir jai eu envie drepeindre le monde en bleu
Un bleu dazur pour que tous les gens soient heureux
Jaurais pu bien sûr choisir aussi d'autres couleurs
Mais jai pensé que le bleu était celle du bonheur
Dès le matin, en écoutant Johny chanter « bleu cest bleu », jétais déjà frais et dispo.
Je prenais mon café bleu, tout en lisant mon dernier roman de la « Série Bleu » Une série où lhumour bleu nest pas en reste. Je navais pas fini de déjeuner, que mon beau-frère qui est pied-bleu passa me voir pour me parler dune émission quil avait vu la veille à la télé, concernant le travail noir. Je lui répondis que le travail noir nexistait plus et que plus personne ne pouvait maintenant sopposer au travail bleu.
Surpris, il me regarda dun il bleu et ne tarda pas, car il fallait quil passe à la librairie pour acheter
« Le Rouge et le Bleu »
Jétais dans la salle de bain à éliminer mes points bleus lorsque le téléphone sonna. Cétait un ami bleu américain qui rentrait dAfrique bleu. Un ami très cher, que je connaissais depuis lécole primaire. Nous allions à lécole de la rue Richard le Bleu. Le pauvre, nous étions encore à lépoque où la discrimination raciale sévissait. De par sa couleur de peau bleue, mon ami fut souvent la bête bleue de la classe.
Heureux de le revoir, je linvitais au restaurant. Il choisit un boudin bleu, tandis que je faisais le choix dune galette de blé bleu. Nous parlâmes de tout et de rien. De la dernière marée bleue, de la boîte bleue retrouvée sur lavion qui venait de sabîmer en mer bleu, et aussi de ses trente-trois gueules bleus enterrées dans une mine au Chili. Il y avait de quoi broyer du bleu sur toute cette série bleue.
Nous prîmes congé lun de lautre autour dun petit bleu bien serré, servi avec un chocolat bleu, en écoutant « laigle bleu » cet inoubliable succès de Barbara.
Nous étions pressés, lui filait pour voir un film bleu et je partais sur Bleumoutier
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Mes femmes sont des gens simples par Jules Félix
Cest ce quil disait, Degas, de ses tableaux de nus : « Mes femmes sont des gens simples (
). Je les montre sans coquetterie, à létat de bêtes qui se nettoient ».
Il ne reste plus que deux jours...
De bon matin, jai trouvé une place rue Saint-Dominique, pas très loin, jai marché rue Solferino et découvert le siège du parti socialiste, doù traînaient encore des affiches électorales sur le changement, ce serait maintenant à ce quil paraîtrait, juste en face de la Fondation De Gaulle, puis je suis arrivé sur le parvis du Musée dOrsay. Déjà beaucoup de monde à la queue, ce dimanche 24 juin 2012, mais je nai pas renoncé au petit chocolat chaud au "Royal Orsay".
Jai réussi à entrer au musée un peu après onze heures et sans trop attendre grâce à une méthode personnelle. Fouilles inutiles à lentrée (jai bipé dans le portique à cause de ma ceinture mais on ma quand même laissé passer, jaurais donc pu faire entrer une arme dans mon slip).
Évidemment, comme chaque fois que je vais à ce musée depuis une bonne décennie, jai renoncé à la collection permanente et jai foncé sur lurgence du jour, à savoir : "Degas et le nu".
Inutile de dire que dans ce titre, il y a un double générateur de buzz : Degas est un peintre très connu et très populaire, et le mot "nu" est évidemment suffisamment évocateur pour se sentir concerné. Voyeurisme, exhibitionnisme, la libidinerie avait bon dos dans la seconde moitié du XIXe siècle pour couvrir du voile pudique de lart ce qui, finalement, pourrait se ranger au rayon de revues cochonnes et des films X.
Beaucoup de monde était là, et la foule na cessé de croître au fur et à mesure que je déambulais dans les salles. Cette exposition temporaire est très complète, beaucoup de toiles ou de gravures ont été présentées, on en a pour son argent (surtout moi, hihi).
Il était dailleurs assez amusant de voir toute cette foule scruter ces nus, parfois obscènes. Parmi les visiteurs, il y avait des personnes parfois âgées qui se tenaient avec une allure bien puritaine, et qui opinaient du chef en observant la série de prostituées très vulgaires quEdgar Degas avaient peintes ou dessinées dans leur gestuelle quotidienne.
Dailleurs, il ny a pas que des Degas exposés mais aussi dautres grands peintres de la même époque (ou pas).
En ce qui me concernait, je me suis rincé les yeux pendant une heure vingt, essayant de faire un passage à mes regards entre des dos et des coudes.
Sélection purement subjective, jai en particulier apprécié les uvres suivantes
(quand je nai pas indiqué lauteur, cest que cest de Degas).
1. "Petites filles spartiates provocant des garçons" réalisé vers 1860, dabord sous forme desquisse ("étude") que jai trouvée meilleure que la toile finale malgré une connotation sans doute trop "grecque".
On voit un petit groupe de jeunes adolescentes vêtues seulement dun pagne qui aguichent une petit groupe de garçons complètement nus dans des positions suggestives.
2. "Femme nue de dos montant dans un char, étude pour Sémiramis construisant Babylone" vers 1860, étude pour le même tableau aussi : "Femme nue accroupie".
Au début, Degas a cherché à peintre des scènes historiques, mais très rapidement, il sest aperçu que cela napporterait rien. Comme les autres peintres de son époque, et ceux dun peu plus tard, il leur a fallu innover un peu, en finir avec le trop classique.
Il a même imité certaines uvres classiques.
3. Comme "La mort de Sardanapale" par Delacroix.
4. Objet de nombreuses études afin daboutir (certaines esquisses ont même été abandonnées pour le tableau final) : "Scène de guerre au Moyen-Âge", en 1863-1865. Ce sont des femmes nues tuées par des archers, et apparemment, lun des archers est une femme, et semble androgyne.
Degas avait pour inspirateurs Delacroix, Ingres, Botticelli, Puvis de Chavannes, et Goya.
5. Sans doute le tableau que jai le plus aimé de cette expo, et que je ne connaissais pas : "Petites paysannes se baignant à la mer le soir", en 1869-1875. Ce qui est rigolo, cest que les gens qui étaient à côté de moi, sans doute influencés par les commentaires officiels, considéraient le tableau inachevé et se détournaient de regard, alors quau contraire, je lai trouvé juste comme il le fallait : trois femmes énergiques dansent nues dans la mer mouvementée par les flots au premier plan, avec une grande vitalité, une force presque violente, celle de la danse, celle des vagues, et à larrière-plan, au fond, il y a du calme et de la sérénité, le soleil qui se couche discrètement et paisiblement sur le paysage. Ce tableau a une dynamique du mouvement extraordinaire.
Sans doute est-ce le tournant dans la peinture de Degas : il a rangé les compositions trop académiques et a commencé à se "lâcher".
6. Autre tableau très énigmatique : "Intérieur, dit aussi le viol", en 1868-1869. Dans une chambre, on voit une femme assise, éclairée et derrière elle, debout, collé le dos au mur, dans la pénombre, un homme (barbu), plus vieux, lair presque sévère. Les ombres donnent une idée de cauchemar.
7. "Les Baigneuses" vers 1879.
8. "Femme nue accroupie de dos", en 1876-1877.
9. Donnant une idée dautres inspirations de Degas, cette estampes japonaise appartenant je crois à un ami de Degas, qui est beaucoup moins "prude" et bien avant : "Intérieur dun bain public" peint en 1787 par Torii Kiyonaga (1752-1815) qui montre des aspects anatomiques très détaillés des femmes.
10. Il y a aussi : "Seule, esquisse pour lalbum Elles" de Toulouse-Lautrec, en 1896.
Degas a peint beaucoup de tableaux représentant des prostituées qui se lavent, qui se couchent, qui se lèvent, qui lisent en attendant le client, et qui sont très loin des déesses, en insistant sur leurs bourrelets, fruits de linactivité
et certaines uvres trop obscènes nont jamais été montrées publiquement de son vivant.
Des tableaux comme ces deux représentations :
11. "Femme nue sessuyant les pieds" en 1879-1883.
12. "Femme nue se coiffant" (même époque).
Toutes les deux se montrent naturelles, mystérieuses, avec une lumière particulière sur le corps qui les rend envoûtantes.
13. Autre tableau éclatant, léquivalent masculin de Degas : "Homme au bain" par Caillebotte en 1884. Cest très rare de voir une représentation dun homme nu se lavant. On le voit de dos, les fesses bien en évidence (au centre du tableau), les mollets sportifs, avec des traces des pieds sur le sol (du parquet). La scène paraît ordinaire, et en même temps mise en spectacle.
14. Autre peintre encore : "Rolla" dHenri Gervex en 1878, très beau tableau inspiré dAlfred de Musset, une femme nue étendue sur le lit, les jambes abandonnées, pendant que le client ou lamant respire à la fenêtre et ladmire (uvre interdite comme "Olympia" de Manet car scandaleusement immorale). Un récent com sur pcc en a dailleurs parlé, ici :
http://www.pointscommuns.com/degas-commentaire-lecture-102518.html
15. "Femme nue sessuyant ", en 1884, "Femme au tub", en 1892
Quelques traits noirs, le visage et le corps sont en mouvement.
Il y a aussi beaucoup de statues de bronze (surtout) et en bois de Degas représentant des femmes nues, les mêmes que ses tableaux. Parfois, des études de bronze pour parachever une uvre importante (comme "La Petite danseuse de quatorze ans" que lon voit ici nue en attendant la version finale en 1879-1881).
16. Un Renoir à ne pas rater : "Femme nue dans un paysage" de Renoir, en 1883.
17. "Femme à sa toilette sessuyant le pied gauche" en 1885-1886 (jadore les titres bidon duvres pas du tout bidon). Là, on trouve un parallèle avec Bonnard, à la différence près que Degas peignait des prostituées alors que Bonnard magnifiait sa femme.
Bonnard :
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=41859
18. "Le Tub" par Manet, en 1878.
19. Un tableau que jaime beaucoup et qui change de la corpulence préférée de lépoque : "Rousse, la toilette", par Toulouse-Lautrec, en 1889 (une femme assise qui nest pas déshabillée).
20. "Baigneuse allongée sur le sol", en 1886, et son jumeau :"Après le bain, femme nue couchée" en 1895, même composition que le précédent tableau, en pastel.
21. "Le Tub" en 1886, qui montre une femme nue accroupie vue plongeante avec une étagère en premier plan, comme si le spectateur y était.
22. Un bronze de Degas très audacieux, une femme nue se trémoussant dans son tub, non, en fait, allongée sur le dos en croisant une jambe avec un élan de mouvement indéniable : "Le Tub" en 1886-1889, fonte faite en 1921-1931.
23. "Femme nue sessuyant la nuque" en 1884 (affiche de lexpo), avec de très belles couleurs pastel. Cest cela aussi lambivalence de Degas, capable de faire du noir et blanc aussi bien que des toiles avec des couleurs très vives.
24. "Femme se coiffant" en 1887-1898. La composition est très étudiée, tant pour les trait que pour les couleurs.
25. "Le petit-déjeuner à la sortie du bain", en 1895-1898, où il y a trois tableaux avec la même composition.
26. Dans cette expo, on peut aussi admirer le plâtre "Danaïde" de Rodin, en 1889-1890.
27. Bronze très appréciable : "Petite fille pleurant" dAlbert Bartholomé, en 1894.
28. "Hina Tefatou, la lune et la terre" de Gauguin, en 1893.
29. "Lindolente dit aussi Femme assoupie sur un lit" de Bonnard, en 1899.
30. Un très beau tableau de Degas : "Après le bain" en 1896 qui montre la femme nue de dos, la colonne vertébrale jusquau commencement des fesses forme une sorte de fleuve voluptueux.
31. "Après le bain, femme sessuyant" en 1896 daprès la photo dune femme nue qui est aussi exposée. Ce tableau a une force éclatante avec les couleurs orangées.
32. "Carmelina" de Matisse, en 1903, tableau encore très académique représentant une femme assise sur une chaise.
Matisse :
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=103469
33. "Nu sur fond rouge"
de Picasso, en 1906, qui a un petit air de la Joconde et cest intéressant de voir le nombre de peintres mis à contribution pour cette expo (il manque quand même Gala de Dali, mais il est arrivé trop tard).
34. "Copie daprès Minerve chassant les vices du jardin de la vertu dAdrea Mantegna", en 1897, montrant une série de corps nus.
35. Enfin, "Deux baigneuses sur lherbe" en 1895. Degas na placé aucun second plan et cette toile très forte en couleurs, du rose sur du vert, pourrait être le détail dune plus vaste composition, limaginaire peut jouer à plein.
Je viens de sélectionner trente-cinq uvres, cest encore beaucoup mais juste un très court aperçu de cette très riche exposition.
Ce nest pas que le nu ou les femmes qui sont intéressants dans cette rétrospective mais somme toute, toute cette communauté dartistes qui se connaissaient, qui sappréciaient et qui, collectivement, ont amené lart à un stade nouveau, loin de tout académisme et de toute obséquiosité.
« Lart, cest le même mot quartifice, cest-à-dire une chose trompeuse. Il doit arriver à donner limpression de la nature avec des moyens faux ; mais il faut que cela paraisse vrai. »
Edgar Degas (1834-1917)
Cette exposition na pas encore fermé ses portes, il reste encore ce week-end. Cela sarrêtera le dimanche 1er juillet 2012, à dix-huit heures.
Et cest au Musée dOrsay, 1 rue de la Légion-dHonneur, Paris 7e.
Ouvert de 9h30 à 18h00.
LIENS
1.
http://www.litterales.com/peinture/1/95.jpg
Esquisses :
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2.
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Esquisses :
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3.
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4.
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Esquisses :
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5.
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6.
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7.
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8.
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9.
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10.
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11.
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12.
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13.
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14.
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15.1.
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15.2.
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http://la-lanterne.eu/wp-content/uploads/2012/03/degas-02.jpg
http://www.impressionism-art.org/data/media/134/degas-edgar-36.jpg
15.5. "La petite danseuse" de Degas :
http://img820.imageshack.us/img820/7716/degas2lapetitedanseuse.jpg
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/41/Glyptoteket_Degas1.jpg
16.
http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0023/m503004_88ee660_p.jpg
17.
http://www.muzeocollection.co.uk/data/modules/oeuvre/ec/8d/ec8df290331d0712-moyen2-femme-toilette-essuyant-pied-gauche-degas-edgar-dit.jpg
18.
http://lewebpedagogique.com/bred2009/files/2010/12/manet-tub.jpg
19.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/64/Henri_de_Toulouse-Lautrec_017.jpg
20.1.
http://payload44.cargocollective.com/1/3/108969/3197033/94613_1332241303_13-femme-nue-couchee-musee-d-orsay.gif
20.2. (?)
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21.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/df/Edgar_Germain_Hilaire_Degas_031.jpg
22.
http://www.cadependdesjours.com/wp-content/uploads/2012/03/Degas-Le-tub-400x299.jpg
23.
http://4.bp.blogspot.com/-8mln4Uo5c7s/T1Sb_jOiaXI/AAAAAAAAK4I/SeAFK4L7HCE/s1600/Edgar+Degas,+Apr%C3%A8s+le+bain,+Femme+nue+s%E2%80%99essuyant+la+nuque.jpg
24.
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25.
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26.
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http://www.bc.edu/bc_org/avp/cas/fnart/rodin/rodin_danaid.jpg
27.
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28.
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29.
http://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/1TL8NH/04-510026.jpg
30.
http://www.latribunedelart.com/IMG/jpg/Degas_Bain.jpg
31.
http://media.paperblog.fr/i/540/5400237/degas-nu-musee-dorsay-L-ypREQ4.jpeg
32.
http://www.henry-matisse.com/carmelina.jpg
33.
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34.
http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0535/m506001_86-001621_p.jpg
Version d'Andrea Mantegna :
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/53/VicesVertusMantegna.jpg
35.
http://www.cadependdesjours.com/wp-content/uploads/2012/03/Edgar-Degas-Deux-baigneuses-sur-lherbe.jpg
BONUS...
36. "Femme au bain" de Degas :
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37. "Après le bain, femme se séchant" :
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38. "Femme se peignant" de Degas :
http://www.passion-estampes.com/deco/affiches/degas/degas-la-chevelure.jpg
39. "Femme dans son bain s'épongeant la jambe" de Degas :
http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0535/m506001_05-530644_p.jpg
40. "Femme nue assise s'essuyant" de Degas :
http://www.edgar-degas.org/Femme-nue-assise,-s'essuyant.jpg
41. "Après le bain" de Degas :
http://images.easyart.com/i/prints/rw/fr_easyart/sm/5/7/Apr-s-le-bain-Edgar-Degas-5792.jpg
42. "Le Client sérieux" de Degas :
http://www.spectacles-selection.com/archives/expositions/fiche_expo_D/degas-nu/18-Degas-le-client-serieux.jpg
43. "Le Repos sur le lit" de Degas :
http://artmight.com/albums/artists/edgar-degas/1876-1877-Degas-Edgar-Repos-sur-le-lit-Rest-on-the-bed.jpg
http://www.stephanieburns.com.au/images/fiximages/DEGAS/Degasrestingonthebed2.jpg
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F e m m e B l e u e par Persone_sz
F e m m e B l e u e
Rêve ou réalité
Elle est calme et sereine
Rien semble atteindre sa destinée
Comme une sirène elle se joue des murènes
Elle a vécue tant de vies
Elle a souvent jouée et perdue
Qu'aujourd'hui de sa vie elle en rit
Même si le miroir est brisé
Même si certaines rencontres n'ont pas eu lieu
En fait c'est une Déesse bleue
Bleue comme la source de vie
Et tous les regards s'arrêtent sur elle
Les mots deviennent silencieux
Au ciel brille Vénus
Dans cette nuit-là j'ai rêvé que l'on me disait sa venue
Elle est partout
Dans l'été qui commence à peine
Dans la voix de Donna Elvira
Dans les roses des jardins anglais
Je ne connaissais pas toutes ses rives
Je ne connaissais ni les débuts ni les fins
Je me laissais entraîner dans une vie qui n'existe pas
Et la Femme bleue se changea en Femme pourpre
Comme si elle venait de l'autre monde
.
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Lettre de soie par Misty44
Beaucoup de commentaires ont été écrits sur "Soie", d'Alessandro Baricco, qui est en tête de liste de mes livres préférés.
C'est un livre que j'ai lu et relu à maintes reprises, avec une prédilection pour le passage de cette fameuse lettre de la jeune Japonaise à Hervé Joncour.
Pour moi, cette lettre est un summum de sensualité, mais je peux comprendre que pour certaines personnes, il est bien vain de faire preuve de sensualité par écrit, lorsqu'on est séparé à jamais de l'autre, alors que rien n'a été rendu possible pour la vivre.
Joncour se fait traduire cette lettre longtemps après son retour en France, elle lui donne envie de "mourir de nostalgie pour quelque chose qu'(il) ne vivra jamais", comme il le confie à son ami. Elle a été écrite par la jeune Japonaise quil avait aimée et quelle avait glissée dans sa main au moment de son départ :
« Mon seigneur bien-aimé
naie pas peur, ne bouge pas, garde le silence
personne ne nous verra.
Reste ainsi, je veux te regarder, je tai tellement regardé
mais tu nétais pas pour moi,
ne tapproche pas, je ten prie, reste comme tu es,
nous avons une nuit pour nous seuls,
et je veux te regarder, je ne tai jamais vu ainsi,
ton corps pour moi, ta peau,
ferme les yeux, et caresse-toi,
je ten prie, nouvre pas les yeux, si tu le peux,
et caresse-toi, tes mains sont si belles,
jai rêvé delles tant de fois que je veux les voir maintenant,
jaime les voir ainsi, sur ta peau, continue je ten prie
nouvre pas les yeux, je suis là, personne ne peut nous voir
et je suis près de toi,
caresse-toi mon bien-aimé seigneur,
caresse ton sexe, je ten prie, tout doucement,
elle est belle, ta main sur ton sexe, ne tarrête pas,
jaime le regarder et te regarder, mon bien-aimé seigneur,
nouvre pas les yeux, pas encore, tu ne dois pas avoir peur,
je suis près de toi, mentends-tu ?
je suis là, à te frôler, cest de la soie, la sens-tu ?
cest la soie de ma robe, nouvre pas les yeux
et tu auras ma peau, tu auras mes lèvres,
quand je te toucherai pour la première fois ce sera avec mes lèvres,
tu ne sauras pas où, à un certain moment tu sentiras la chaleur de mes lèvres,
sur toi tu ne sauras pas où si tu nouvres pas les yeux,
ne les ouvre pas
tu sentiras ma bouche, tu ne sauras pas où,
tout à coup, ce sera peut-être dans tes yeux,
jappuierai ma bouche sur tes paupières et sur tes cils,
tu sentiras la chaleur pénétrer à lintérieur de ta tête,
et mes lèvres dans tes yeux, dedans,
ou bien ce sera sur ton sexe, jappuierai mes lèvres, là,
et je les entrouvrirai en descendant peu à peu,
je laisserai ton sexe ouvrir ma bouche, pénétrer entre mes lèvres,
presser contre ma langue, ma salive descendra le long de ta peau
jusque dans ta main, mon baiser et ta main,
lun et lautre mêlés, sur ton sexe,
et puis à la fin, je baiserai ton cur, parce que je te veux,
je mordrai la peau qui bat sur ton cur, parce que je te veux,
et quand jaurai ton cur sous mes lèvres tu seras à moi vraiment
avec ma bouche dans ton cur tu seras à moi, pour toujours,
si tu ne me crois pas alors ouvre les yeux mon bien-aimé seigneur
et regarde-moi, je suis là
quelquun pourra-t-il jamais effacer cet instant,
mon corps que la soie ne recouvre plus,
tes mains qui le touchent, tes yeux qui le regardent,
tes doigts dans mon sexe, ta langue sur mes lèvres,
toi qui glisses sous moi, et prends mes hanches,
et tu me soulèves, et me laisses glisser sur ton sexe, doucement
quelquun pourra-t-il effacer cela,
toi qui en moi lentement bouges,
tes mains sur mon visage, tes doigts dans ma bouche,
le plaisir dans tes yeux, ta voix,
tu bouges lentement et cela me fait presque mal,
mon plaisir, ma voix, mon corps sur le tien, ton dos qui me soulève,
tes bras qui ne me laisse pas partir, les coups à lintérieur de moi,
la violence et la douceur, je vois tes yeux chercher les miens,
ils veulent savoir jusquoù me faire mal,
jusquoù tu veux, mon bien-aimé seigneur, il ny a pas de fin,
cela ne peut finir, ne le vois-tu pas ?
personne ne pourra effacer cet instant,
pour toujours tu lanceras ta tête en arrière, en criant,
pour toujours je fermerai les yeux, laissant mes larmes se détacher de mes cils,ma voix dans la tienne, ta violence à me tenir serrée,
il ny a plus de temps pour fuir ni de force pour résister,
cet instant-là devait être, cet instant est,
crois-moi, mon bien-aimé seigneur, et cet instant sera,
maintenant et à jamais, il sera, jusquà la fin,
Nous ne nous verrons plus, mon seigneur,
Ce qui était pour nous, nous lavons fait et vous le savez.
Croyez-moi : nous lavons fait pour toujours.
Gardez votre vie à labri de moi.
Et nhésitez pas un instant, si cest utile à votre bonheur,
A oublier cette femme qui à présent vous dit, sans regret, adieu. »
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Etoile, la gitane par Misty44
ETOILE, LA GITANE
En hommage à Federico Garcia Lorca, ma bien modeste contribution.
Une fille
Marche dans la nuit venue.
Le long des façades colorées,
Un froissement de bas résilles
Crisse dans la ruelle
Aux senteurs dépices et de fleurs
Au fond d'un patio,
Crépite un flamenco,
Devant elle se dresse une église sombre
Doù séchappent des parfums dencens
Ni sainte, ni mauvaise
Ni tolérante ni hostile
Seulement passionnée
Hautaine
Pathétique
Indifférente
Fière sur ses talons trop hauts
Sensuelle, terriblement
Maternelle en secret
Menteuse, tricheuse,
Tendre et fervente
Les épaules nues
L'il de braise
Amante
Les lèvres fardées de sang.
La mélopée sempare delle,
Faite du bruit des jets deau qui jasent,
Des accords violents dune guitare,
Du pas dun cheval noir
Piaffant près des oliviers.
Relisons le grand poète :
« Presse ta bouche pourpre sur la mienne,
Etoile, la gitane !
Et sous lor solaire du grand midi
Je mordrai à la pomme.
Par les verts oliviers de la colline,
Il est une tour maure
Qui rappelle le teint de ta peau brune
Fleurant miel et aurore.
Ton corps brûlé au soleil me dispense
Le divin aliment
Qui fait fleurir le cours deau apaisé
Et sétoiler les vents.
Pourquoi tes-tu livrée, lumière brune ?
Pourquoi mas-tu donné remplis
Damour ton sexe de lys
Et la rumeur de tes seins ?
Serait-ce pour mon air si triste ?
(O ma lourde démarche !)
Ou si ma vie ta fait pitié
Qui à chanter se fane ?
Pourquoi nas-tu préféré à mes plaintes
Les cuisses en sueur
Dun saint Chrisptophe campagnard, lentes
Dans lamour et superbes ?
Danaïde des voluptés, tu es
Un Sylvain féminin
Dont les baisers ont le parfum des blés
Grillés par le soleil.
Obscurcis-moi les yeux avec ton chant.
Laisse ta chevelure
Sépandre solennelle comme un voile
Dombre sur la verdure.
Rougis pour moi de ta bouche sanglante
Tout un ciel damour
Où sur un fond de chair luit la violette
Etoile des douleurs.
Mon Pégase andalou est le captif
De tes yeux ouverts.
Il senvolera dolent et pensif
Lorsquil les verra morts.
Quand tu ne maimerais pas, moi je taime
Pour ton regard sombre
Ainsi que pour sa rosée lalouette
Aime le jour nouveau.
Presse ta bouche pourpre sur la mienne,
Etoile, la gitane !
Et laisse-moi sous le feu de midi
Mordre à la pomme. »
( FEDERICO GARCIA LORCA , Véga de Zujaira, Aout 1920)
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Fais comme l'Oiseau ! par Petit_chemin
La main est élégante l'hygiène en est sommaire
les gants sont de cuir rose ou bien de tulle blanc
selon la saison douce ou tempérée c'est tuant
comme les prémisses du doute qui ronge un avant-guerre
jadis des hommes des femmes et même des enfants
ont été tourmentés pour des querelles ainsi
jettées entre les uns et les autres en ces temps
non les accents des tueurs ne sont apôtres oui
aujourd'hui seuls à l'aise par devant un écran
nos théâtres exilés en nos chers sémaphores
numériques pour fort peu proposent en mal d'aurores
de sales noms dédiés mais si peu très méchants
et nos âmes d'élites se sentant du Progrès
donnent de l'encensoir devant quelque faillite
de la raison commune qui foire sous le juillet
vers le bal des Pompiers s'envolent tuent et débitent
trois sales syllabes usuelles comme jadis demain
nous n'aurons rien voulu de tout ça nous dirons
que les gens dont nous sommes sont tous des gens de bien
et que la vérité c'est que l'autre est un con
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